
LE CHATEAU D'EAU DE SERAUCOURT est un monument situé en bordure de la place
Séraucourt. Sa construction débuta en 1865 et il
fut inauguré le 18 août 1867 par le maire de l'époque
Pierre Planchat. De style néoclassique il est du
à l'architecte parisien Albert Tissandier, célèbre
à l'époque comme physicien mais aussi comme aéronaute,
passion qu'il partageait avec son frère Gaston.
Il a été construit après
une bonne cinquantaine d'années de tergiversations pour
savoir comment améliorer le réseau d'eau potable
de la ville, laquelle comprend alors près de 30 000 habitants.
Les installations sont vétustes et le maire, Pierre Planchat
demande à un de ses adjoints, Paul-Adrien Bourdaloue,
de concevoir un château d'eau dont la partie essentielle
est souterraine et la partie visible d'une vraie esthétique.
Ce Bourdaloue est un savant de renommée mondiale à
qui l'on doit les mesures nécessaires au percement du
canal de Suez, et en France la mesure des lignes de niveau, c'est
à dire le nivellement du sol de notre pays.
Un concours est lancé en février
1865 pour la partie décorative, le maire insiste sur "la
façade avec une fontaine monumentale, décorative
ou tout autre édifice ou motif pittoresque".
Dans ce concours, ce n'est pas l'architecte
Henri Tarlier qui est préféré par la jury,
mais Albert Tissandier, plus connu à cette époque
pour ses exploits d'aéronaute et son action sur les dirigeables
que pour plans de monuments.
Bâtisse de briques rouges, le Château d'eau mesure
14 ,70 mètres de haut pour un diamètre de 29 mètres,
soit 91,10 mètres de circonférence.
La façade a peu changé depuis
l'origine, les sculptures sont dues à l'artiste berrichon
Jules Dumoutet. Les réservoirs à l'intérieur
étaient alimentés par une station de captage située
dans la vallée de l'Auron. Il comportera à partir
de 1900 un réservoir en hauteur, appelé "
le chapiteau de Mirpied ", du nom du maire de cette époque
le docteur Henri Mirpied. Cet ajout était assez disgracieux
a aujourd'hui disparu. Il comprend deux réservoirs de
1600 mètres cubes chacun, et le réservoir inférieur
est souterrain, il est à une profondeur de plus de 8 mètres
par rapport au niveau du sol ou de la salle qui sert aujourd'hui
pour des expositions de peintures ou de sculptures.
Dans les années 1940 l'édifice
perd sa vocation de château d'eau, pour devenir progressivement
un lieu d'expositions.
La partie visible du château d'eau,
de style néoclassique est due à l'architecte parisien
Albert Tissandier, célèbre à l'époque
comme voyageur, physicien mais aussi comme aéronaute et
architecte, passion qu'il partageait avec son frère Gaston.
- Albert Tissandier (et son frère
Gaston).:
-
- Il est l'auteur du motif décoratif
du château d'eau.
- Il naquit à Anglure dans le Jura
en 1839 et c'est à Jurançon qu'il mourut en 1906,
commune d'un vin fameux.
- Il fut élève de l'Ecole
des Beaux Arts.
- En 1865, la ville de Bourges lance un
concours pour orner la tour massive du château d'eau de
la place Séraucourt. Et face à 2 autres candidats,
M Tarlier et M Leclerc, architectes bien connus à Bourges,
c'est le jeune Tissandier qui n'a que 26 ans qui gagne le concours.
- Il avait collaboré de manière
modeste à des travaux à l'Opéra du Havre
et sur l'Hôtel Frascali au Havre, mais à Bourges,
son projet architectural fut confié pour la direction
à M Bourbon, "le père Bourbon" comme
on le disait alors, qui était architecte municipal et
capitaine des pompiers. C'était un vieux berrichon.
-
- Albert Tissandier fut connu par la suite
comme voyageur et explorateur, car en 1887, 1890 et 1891, il
parcourut l'Amérique, l'Océanie, les Indes, la
vallée du Kachgar, le Chine et le Japon. Il ramena beaucoup
d'écrits , et quelques ouvrages qu'il publia.
- Albert Tissandier depuis 1868 était
un aéronaute, il se distingua par plusieurs ascensions,
comme l'utilisation du "Jean Bart",
- Pendant le siège de Paris en 1870
/71, afin d'assurer le service des dépêches, son
ballon-poste qui a à bord, outre Tissandier, Ranc l'ami
de Gambetta et Ferrand, qui franchirent les lignes ennemies.
- Ensuite, Tissandier fut nommé au
grade de capitaine au corps des aérostiers de la Loire.
- Mais on ne peut évoquer Tissandier
l'architecte de son frère Gaston, un ingénieur
qui construisit aussi des ballons comme le "Zénith"
et l'Univers".
- C'est à bord du "Zénith"
que Gaston Tissandier échappe à la mort :
- Il était en l'air, lorsque brusquement,
le ballon descendit, l'aéronaute lâche du lest et
tout aussi brusquement, le ballon prend de l'altitude, s'élevant
à plus de 8000 mètres et provoquant l'asphyxie
des trois hommes à bord. Plusieurs heures après,
le ballon est récupéré à Ciron en
Berry, deux hommes sont morts Crocé et Spinelli, mais
Tissandier respire encore... et il sera sauvé.
-
- Depuis 1975, l'édifice est inscrit
sur la liste supplémentaire des monuments historiques.
Il est intéressant, avant de terminer
ce chapitre, de relire le discours prononcé par Pierre
Planchat, maire à l'époque de la construction du
château d'eau, lors de l'inauguration de 1867 :
"L'histoire
de cette province nous apprend que sous la domination romaine,
par un grand système de canalisations dont nos contrées
conservent encore de nombreux vestiges, la ville de Bourges recevait
les eaux de plusieurs sources lointaines.
Toutes les familles jouissant de quelque aisance possédaient
une salle de bains ; chacun des membres de ces familles en usait
régulièrement pour se délasser. Pourquoi
ne verrait-on pas cet usage s'introduire et se généraliser
dans cette ville ? "
Et le maire de Bourges, contemporain de Napoléon III poursuit
:
"Pourquoi des
bains publics, à prix réduit, n'auraient-ils pas
chance de succès s'ils étaient établis en
faveur de nos vigoureux travailleurs, qui pourraient se procurer
cette jouissance à domicile ?"
Le château d'eau , par la volonté
de la municipalité de Serge Lepeltier va devenir un des
hauts lieux d'exposition. Mais auparavant, il faudra réaliser
des travaux importants d'étanchéité, car
les exposants se plaignaient de l'humidité, et les tableaux
comme les aquarelles subissaient souvent des dégâts
importants.
Les actions de Alain Meillant directeur
de la culture à la ville de Bourges et de Philippe Moreux
pour la partie opérationnelle, vont redonner vie à
ce monument.
L'électricité, l'éclairage
seront revus, mais surtout le chauffage.
Depuis de nombreuses expositions ont été
faites dont Sylvie Paulhiac et plus trad en 2007, l'exposition
hommage à Bernard Delagrange.
Outre ces expositions invitées,
le Mouciau montre chaque année ses travaux dans ce lieu
qui est devenu très important.
Le château d'eau est devenu le centre
de la biennale d'Art contemporain de Bourges voulue par Philippe
Gitton, maire-adjoint à la culture de Bourges.
A suivre