Léandre Boizeau est instituteur
dans l'Indre, et comme il dit "l'idée m'est venue
comme ça...;" . En fait, ce militant de gauche avait
déjà écrit deux ouvrages : son premier à
l'âge de 37 ans, en 1977, dont le titre était "Gêne",
et le second, dont le succès ne se dément pas vingt
ans, puisqu'il s'agit du célèbre "Ils sont
innocents", la contre enquête qui relança "
l'affaire Mis et Thiennot ".
Léandre
Boizeau a toujours eu la passion de l'écriture. Il
aurait voulu être journaliste et pour lui, l'objectif c'est
d'écrire dans son propre magazine. Il y avait à
l'époque, vers 1982, une publication qui s'intitulait
"Indre Actualité", un périodique qui
n'allait pas tarder à disparaître. Pour le futur
créateur de La Bouinotte, il s'agissait de reprendre partiellement
la formule, en traitant cependant moins d'actualité, et
d'une manière plus littéraire. Il propose l'aventure
à deux amis, également écrivains locaux,
Rolland Hénault et Gérard Coulon.
Léandre BOIZEAU
Le premier avait (et a toujours) une plume sulfureuse : de tendance
"anar", il avait créé un journal intitulé
" le Provisoire" (qui tirait tout de même à
6000 exemplaires), sorte de Canard Enchaîné local.
Gérard Coulon, lui, est un historien passionné
par la période gallo-romaine, également auteur
d'une Histoire de la Brenne.
L'idée pour commencer, c'était de trouver un listing
de bonnes adresses, ainsi que de l'argent pour la réalisation
et l'impression du magazine.
Tous trois avaient déjà écrit un premier
ouvrage et ils possédaient des adresses de lecteurs. Il
s'agissait, compte tenu de la personnalité de chacun,
de trois lectorats différents et complémentaires.
Pour l'argent, c'était, si l'on peut dire assez simple
: "il suffisait que chacun puise dans ses économies",
et ils mirent sur la table 2000 francs chacun. (une belle somme,
déjà, en 1982).
Et
La Bouinotte va naître
Le nom "La Bouinotte" (petite
fenêtre) est assez vite trouvé. Comme le rappelle
Léandre Boizeau, le magazine aurait pu s'intituler "Crève
Bouchure, mais La Bouinotte ça faisait rond".
Grâce aux carnets d'adresses, les premières souscriptions
arrivent : agréable surprise, le magazine, qui n'existe
pas encore, compte déjà 300 abonnés !
A trois, c'est donc le départ d'une
grande aventure et le partage des premières tâche,
tout en écrivant.
La direction va à Léandre Boizeau, la gestion est
confiée à Gérard Coulon, et c'est lui qui
va négocier le premier contrat avec un imprimeur local.
Quant à Rolland Hénault, il fait le reste...
Le premier numéro de ce trimestriel est tiré à
2000 exemplaires et tout semble bien fonctionner
sauf la
facture de l'imprimeur, qui se révèle bien plus
chère que prévu
Mais si l'on excepte le numéro 2, les 6 premiers numéros
de La Bouinotte ne marchent pas. Les ventes ne décollent
guère et chacun sent que cela ne peut pas durer ainsi.
Dans les articles, les trois auteurs "prennent le parti
de dire ce qu'ils pensent", et les premières lettres
de lecteurs.... sont bien souvent des lettres d'insulte
L'adolescence
: premier changement de formule
Le changement de formule s'opère
à partir du numéro 7. Il sera surtout visite dans
le contenu rédactionnel, avec une formule "moins
historienne" et "plus magazine". Mais le changement
essentiel est d'ordre financier : le prix du numéro en
kiosque est revu "à la baisse" (ce qui est assez
rarement le cas) passant de 30 à 25 francs.
Dans ce célèbre numéro 7, on fait un
sondage sur le Berry et les Berrichons, et c'est ce numéro
qui fait décoller les autres. Les articles de cette époque
sont très longs, et les photos sont en noir et blanc.
De 1984 à 1987, La Bouinotte s'affine, devient un magazine
reconnu, il traite la vie d'autrefois et d'aujourd'hui à
travers des témoignages mais aussi des tribunes assez
libres de ton. Ils sont une quinzaine à composer l'équipe
rédactionnel du magazine qui conserve son fonctionnement
associatif. Le nombre d'abonné est alors de 600.
Les soubressaults
de l'âge adulte
C'est en 1987 que survient la première crise de La Bouinotte.
Une rupture s'opère entre les fondateurs. Les membres
de l'association se divisent de la même façon. La
moitié de l'équipe s'en va, c'est le cas de Gérard
Coulon qui s'en va fonder une autre revue appelée Berry
magazine. Il entraîne des gens comme Daniel Bernard et
quelques autres.
Autour de Léandre Boizeau, il reste Rolland Hénault,
le fidèle et quelques autres tel Maxime Bonnet...
Il faut Alors retrouver des plumes. Léandre Boizeau reprend
son bâton de pèlerin. Il recrute Et, bientôt,
acueille autour de la table de nouveaux rédacteurs comme
Andrée et Maurice Aujeu, Patrick et Maryse Ferron, Jean-Claude
et Josette Berran, François Beigneux, etc
Jeanine
Berducat, qui prendra, plus tard, la direction de la rédaction,
arrive elle aussi en 1987.
La Bouinotte prend un nouvel envol : les articles sont plus variés
mais toujours aussi longs. A cette époque, la concurrence
entre les deux magazines du Berry est terrible : Berry Magazine
a été racheté par le groupe Nouvelle République.
C'est une période très difficile.
De plus, il faut tout faire, La Bouinotte fonctionne toujours
sur le mode associatif avec des bénévoles. Le problème
d'alors n'est pas tant d'écrire, mais diffuser dans le
moindre des villages du Berry. C'est un travail harassant d'autant
que chacun dans l'équipe a une profession.
Cette période difficile va de 1987 à 1990. A
cette époque, "ça tourne bien lorsque
deux coups imprévus viennent gripper cette belle mécanique".
C'est d'abord la fiscalisation qui se met en route en 1994, une
conséquence de la loi Sapin, avec, pour La Bouinotte,
un effet rétroactif. Et en terme de coût c'est assez
considérable. C'est à cette période que
Léandre Boizeau songe à s'arrêter. A cette
occasion, se souvient-il, il reçu pas moins de 13 lettres
recommandées.
Le second coup du, fut plus difficile à gérer,
il s'agissait d'un procès en diffamation contre La Bouinotte
au sujet d'un article anodin traitant de la seconde guerre mondiale
dans le Berry et issu de coupures de presse insérées
dans la rubrique " ca s'est passé il y a 40 ans".
Plusieurs procès se dérouleront contre La Bouinotte
et son directeur Léandre Boizeau.
Cela va laisser des traces à la fois dans les têtes
et dans les finances. C'est l'aide morale de l'équipe
de La Bouinotte qui a permis à chacun de continuer. Ce
fut la période la plus difficile du magazine en 23 ans
d'existence.
Les
éditions de La Bouinotte
C'est à partir de 1897 que les éditions
de La Bouinotte apparaissent. Au commencement, c'est de la "
fausse édition ", car les livres sont édités
à compte d'auteur, le label " Bouinotte " servant
à mieux identifier les livrés édités.
La
période "moderne"
C'est Maurice Aujeu qui trouve un des éléments
essentiels au bon fonctionnement de La Bouinotte avec le local
de la Rue de Provence.
Un tournant de plus s'opère à partir de 1998, avec
l'arrivée de Gilles Boizeau, le fils du patron, à
sa sortie de l'école de journalisme de Tours. Il se charge
à la fois du contenu rédactionnel et doit moderniser
la forme. La Bouinotte se dote aussi d'un comité de rédaction,
et le père et le fils se partagent un peu les tâches,
Léandre Boizeau assurant la gestion, un domaine de plus
en plus complexe.
Depuis 1995, toutes les publications de La Bouinotte sont imprimées
par Color 36, à Villedieu sur Indre, près vde Châteauroux,
un partenaire précieux dans l'aventure.
La même année, Maurice Aujeu devient Président
de l'Association La Bouinotte.
20 ans déjà
EN 2002, La Bouinotte
a soufflé ses 20 bougies.
Un très bel âge et une belle santé : le magazine
comptre désormais 2000 abonnés et
trois salariés.
Nadine Labaye, la secrétaire et Gilles Boizeau ont été
rejoints par Isabelle, une jeune graphiste qui va permettre de
donner un nouvel élan au secteur édition. L'année
2004 marque d'ailleurs une rupture avec la publication de sept
livres et d'ouvrages de prestiges, comme " Les Vins du Berry
".
Autre nouveauté : depuis 2000, Les Causeux de La Bouinotte,
Léandre Boizeau, Guy et Mireille Boistard, se produisent
lors de veillée, dans le Berry et même au delà,
pour livrer leur spectacle mêlant contes et chansons. Ils
ont été rejoints depuis par Pascal Pauvrehomme
et Gérard Guillaume, qui composent la deuxième
équipe de conteurs.
Voilà qui augure d'un nouveau millénaire prometteur
pour ce qui est une aventure certainement unique en France
Pour vous procurer ce magazine :
LA BOUINOTTE
26 rue de Provence
- 36 000 Châteauroux
- tél 02 54 60 08 06