Bourges
possède 5 musées municipaux, qui furent gratuits
de 1996 à 2016, avec Serge Lepeltier avant le retour au
payant par une décision imbécile de l'adjoint au
tourisme et au patrimoine.
Quatre sont largement connus des Berrichons.
Chacun, un jour d'automne, est allé visiter la salle des
lapidaires gallo-romains du musée
du Berry, admirer les plafonds mystérieux de l'oratoire
de l'Hôtel Lallemant ou encore voir les toiles d'Estève
de la première époque à l'Hôtel des
Echevins sans oublier les vitrines montrant le travail et l'habilité
des Meilleurs Ouvriers de France qui
ont leur musée place Etienne Dolet.
Mais combien ignoraient ce curieux petit musée, qui était
alors situé dans le vieux Bourges, à deux pas de
la cathédrale, mais qu'il fallait chercher quelque peu.
Ce musée était celui de l'école.
Un bijoux dans son genre... avant son transfert aux 4 Piliers
!
Une existence
récente :
Le Musée
de l'Ecole est situé dans l'ancienne "rue des rats",
ce qui donne une certaine image du lieu. Cette rue, aujourd'hui,
a pour nom rue de la Thaumassière, elle est perpendiculaire
à la rue Bourbonnoux et parallèle à la rue
des Juifs. Un quartier situé au bas du rempart gallo romain,
dans les fossés souvent mal famés au moyen âge,
ce qui explique ce nom peu "ragoûtant" d'autrefois.
C'est dans les années 1980 que
ces locaux furent transformés en musée par le Service
de l'Enseignement de la ville de Bourges. En effet, c'est à
la rentrée 1979 avec le maire Jacques Rimbault que les
activités de cet établissement sont transférés
rue Nicolas Leblanc, dans le cadre de la "chasse aux locaux
vétustes",
Et le lieu est transformé en
musée avec une inauguration le 25 juin 1981, à
l'occasion du centenaire des lois sur l'école publique.
Ouvert aux visiteurs et aux groupes
d'adultes et d'enfants, il représente un outil pédagogique
important et un lieu plein de souvenir pour plusieurs générations.
Il définit parfaitement la volonté de Jules Ferry,
fondateur d'une école publique, laïque, gratuite
et obligatoire. Donner à tous les enfants de France le
nécessaire pour se bien comporter dans l'existence. C'est
le savoir lire, savoir écrire et savoir compter. Au delà
de ces bases, vont entrer en jeu des matières comme la
géographie, la couture, la science ou la morale, c'est
ce que montre le Musée de la rue de la Thaumassière.
Une histoire
traditionnelle :
L'histoire de cette bâtisse remonte,
de ce que nous savons, à 1845. A cette époque,
c'est un lieu d'accueil pour les enfants du quartier, mais très
vite, elle devient un "asile" utilisé par la
commune pour les enfants, garçons et filles, dits "gratuits"
du quartier. Ils sont entre 130 et 200 gosses selon les années.
Pour ce nombre d'enfants, les locaux sont exigus, puisqu'ils
comprennent une salle d'accueil de 6 mètres sur 12, un
préau de même surface et une cour carrée
de 12 mètres de côté.
Avec les lois nouvelles de la République de la grande
époque de Jules Ferry, à partir de 1881, cet asile
devient une école maternelle.
Une seconde pièce est alors construite, avec, curiosité
d'alors, d'immenses fenêtres très hautes, définies
à partir des normes d'hygiène, afin de lutter contre
la tuberculose.
Un vestiaire et des toilettes seront réalisés,
jouxtant sur l'arrière une grande cour d'école,
la célèbre "cour de récréation".
L'ensemble des "trésors" exposés dans
ces salles provient des écoles de Bourges mais aussi du
sud du département, comme la région de Saint-Amand
ou de Charost.
Entrons
dans le Musée :
Une petite porte nous fait entrer dans
une cour pavée, de dimension modeste, avant de franchir
une dizaine de marches et pénétrer dans une vaste
pièce, la salle d'accueil et d'exposition.
Une série de vitrines et de panneaux
montrent des objets d'autrefois. Chacun va vers ses propres centres
d'intérêt ou ses souvenirs. Ce sont les différents
témoins du système décimal, comme les poids
et mesures. Les capacités du décilitre, du litre
sont bien alignés le long de la fenêtre. C'est aussi
cet objet mythique que fut la chaîne d'arpenteurs avec
ses maillons de 20 centimètres et ses piquets qui constituaient
un des grands moments des travaux pratiques de la cours de derrière
que chaque génération a mesuré plutôt
deux fois qu'une.
Une des disciples de base de l'école
de la fin du siècle dernier, c'était, pour les
filles, la couture. Chaque fillette se devait de savoir crocheter,
ourler, festonner
.. et le chef d'uvre était
la marquette, un petit carré brodé au point de
croix comportant l'alphabet, exercice indispensable, puisque
le trousseau quelques années plus tard utilisera ces acquis
Une autre vitrine montre des cahiers,
dont l'écriture, avec ses pleins et ses déliés
est une merveille. La bouteille d'encre et son bec verseur si
caractéristique, à côté duquel, se
trouve la poudre noire, qui, ajoutée à l'eau donnera
cette encre violette que beaucoup avaient plus sur les doigts
que sur le cahier. On explique aussi "que le porte plume
se tient à l'horizontal, l'extrémité vers
l'épaule et la partie bombée de la plume vers le
plafond".
A proximité, quelques reproductions d'aliments que les
écoliers apportaient pour se nourrir, c'est la pomme,
le quignon de pain. Dans le panier qui servait de cartable, deux
pots en métal faisaient partie du nécessaire de
l'écolier, l'un pour transporter le lait, l'autre pour
mettre la soupe
et ils côtoyaient avec difficultés
quelques livres.
Accrochés à des patères,
les vêtements des petits berrichons sont accrochés,
c'est le capuchon noir et pointu, plus loin, sont exposés
les galoches et les sabots
. A ne pas confondre.
Sur une partie de cette salle une reconstitution de la classe
a été réalisée avec des mannequins.
Le boulier trône, car c'est un élément essentiel
du calcul. Sur un mur, les diplômes dont le plus important
est le certificat d'études, qui est l'objectif ultime
de ces années d'école et il sera accroché
dans la maison bien en vue.
Sur le bureau, les motifs d'absence de ces gosses de 7 à
13 ans. C'est Adèle, excusée car elle est occupée
à la "gardes des bestiaux", tout comme Jeannette
et Marie. Jean, dont le père est journalier, est absent
car il est domestique, alors que Jean Baptiste est malade
..
Il faudra beaucoup de temps pour faire comprendre aux parents
l'utilité de l'école.
Dans le pupitre du maître, se trouvent deux objets. Le
premier est très connu, c'est le "bonnet d'âne"
qui faisait partie des punitions classiques comme la baguette,
la retenue et le piquet. Il était souvent en papier et
formait deux cornes. Le second objet est moins connu; c'est la
"langue de buf en carton rouge" qui était
accrochée dans le dos des écoliers bavards. C'est
entre les deux guerres avec Edouard Herriot que ces "symboles
humiliants" disparaîtront.
La salle
de classe de 1882 :
Ce n'est pas à proprement parler
une reconstitution, c'est La salle de classe de 1882, telle qu'elle
était à cette époque. On s'attend à
y voir pénétrer une vingtaine d'écoliers
en blouse noire et galoches. Au mur, sont suspendues quelques
cartes de France, montrant "qu'ils nous avaient pris l'Alsace
et la Lorraine", de place le "maître" sur
une estrade et d'ajouter la Marianne en plâtre, symbole
de la République, coiffée de son bonnet phrygien.
Cette Marianne était une sculpture en haut-relief, oeuvre
de Marguerite Syamour (1861 - 1885).
Les pupitres et bureaux sont bien alignés,
à l'horizontale comme autrefois, avec au centre de la
pièce, le poêle à charbon, de marque Rosières,
et sur le côté, des lampes à pétrole
pour faire la classe, les soirs d'hiver. Le tableau noir comporte
des lettres parfaitement écrites à la craie. A
proximité, la balance de ce cher Roberval, matériel
très représentatif d'un enseignement qui se voulait
aussi scientifique.
C'est en conséquence, le domaine des sciences naturelles
avec une série de serpents placée dans des bouteilles
d'alcool : la couleuvre à collier, la coronelle ou la
vipère aspic qui effraient tant d'enfants de la ville,
sous les rires des petits campagnards.
Les symboles
forts de l'enseignement :
Deux types de symboles très forts
apparaissent dans cette classe, ils peuvent surprendre aujourd'hui.
Le premier c'est la batterie de fusils de bois, bien alignés
dans un présentoir, au fond de la classe.
C'est curieux, mais ces fusils proviennent
de la commune de Bouleret qui avait en 1884 décidé
d'en acquérir une cinquantaine.
Leur utilisation faisait partie de l'enseignement,
avec des exercices d'alignements, de manipulation, c'était
le pendant de la carte montrant Strasbourg et l'Alsace tout comme
Metz et la Lorraine, qu'il faudra un jour reconquérir
! C'est bien l'école de la III ième République.
La seconde série de symboles concerne la morale. A partir
de 1882, la prière et le catéchisme ont été
remplacés par la morale et l'instruction civique. Au fond
de la classe, plusieurs tableaux muraux définissent en
très gros caractères, ce que sont les devoirs de
l'enfant dans sa famille et à l'école.
Ces devoirs concernent l'attitude de tout enfant envers ses parents,
ses frères et surs, "les auxiliaires de la
famille" et les animaux qui ne doivent pas subir de mauvais
traitements. Les mots sont très forts, c'est le respect
et l'obéissance, l'amour et la reconnaissance, la politesse,
la bonté et la justice
..
Pour l'école, le panneau insiste sur l'assiduité,
l'émulation et combat l'hypocrisie et la délation.
Autant de symboles qui manquent
cruellement aujourd'hui.
Dans la même veine, un panneau
montre les dégâts causés par l'alcool dans
les familles, avec pour titre "l'alcool empoisonne lentement".
C'est cru avec des figures très suggestives sur les aspects
héréditaires.
En conclusion
:
Chacun aura compris la qualité
d'un tel Musée et sa valeur historique et pédagogique.
Le Musée de l'école de Bourges est gratuit mais
pas encore ouvert tous les jours, il suffit pour le visiter sur
rendez-vous de s'adresser à l'Office de Tourisme situé
à quelques 150 mètres. C'est un véritable
trésor, pas encore assez connu, mais toutes les générations
se reconnaîtront dans cette école de nos parents
et grands parents, ils prendront du plaisir à s'assoire
sur ces bancs de bois et à écrire sur l'ardoise
en relisant les livres de lecture d'autrefois.
Vers la fin du musée
En mai 2011, la nouvelle fut donnée
publiquement le 13 mai 2011 au cours des "Rencontres pour
Bourges" par l'adjointe à l'urbanisme : la ville,
à la recherche d'argent, décide de vendre plusieurs
de ses immeubles dont le local de la rue de La Thaumassière
qui abrite le musée de l'école.
Les responsables voulant par ailleurs
transporter la classe et l'exposition de ce musée dans
une école comme celle de l'aéroport.
Puis, après réflexion,
le Musée sera implanté en 2012 / 2013 (?) dans
l'Hôtel Témoin de la place des 4 Piliers.
en savoir plus dans le N° 151 des
CAHB (septembre 2002)
Voici ce qui
avait été écrit dans l'Encyclopédie
en 2011 et qui n'est plus d'actualité :
Musée de l'Ecole
2 rue de la Thaumassière
Tél 02 48 57 81 15
Office de Tourisme = 02 48 23 02 60
Ouverture gratuite les mercredis de 14 H à 17 H
Pour les classes (CP, CE et CM), des animations pédagogiques
sont proposées aux élèves. Avec la présence
d'un intervenant spécialiste, il est prévu une
visite des lieux, mais aussi une animation comprenant, chaque
élève assis dans la salle de classe, des fiches
enquêtes thématiques sur l'habillement, le matériel
scolaire, l'emploi du temps, les lois scolaires sous Jules Ferry
.
Etc
La durée est de 1 H 30 à 2 H , il faut simplement
apporter des feuilles blanches et des crayons
.. les feuilles
pour écrire et les portes plumes sont fournis
. Ils
sont d'époque !
Un site évoque les musées
des écoles :
nom: La Maison d'Ecole de Pouilly le
Fort
email: ecolepouilly@free.fr
http://ecolepouilly.free.fr