FRANÇOIS EMILE POPINEAU, est
le grand SCULPTEUR BERRICHON qui va compter à Bourges
dans l'entre-deux guerre.
Il sera en quelque sorte le "sculpteur
officiel " de la municipalité et il va participer
à la plupart des oeuvres d'art de cette période.
La pêcheuse des Prés Fichaux,
le bandeau de la Maison de la Culture, les deux monuments aux
morts de Bourges... etc. C'est Popineau.
Une partie des sculptures
de Bourges est issue du ciseau de cet artiste berrichon.
On cherche aussi Messaouda un bronze
de Popineau : CLIQUER ICI
François Emile Popineau est né
à Saint Amand Montrond le 2 octobre 1887. Il passe son
enfance et son adolescence dans le Boischaut. Très tôt,
il a des dispositions pour l'art : le dessin et la sculpture.
Son frère dira que dès son jeune âge, à
14 ans, Emile maniait le ciseau et le maillet.
Il a la sculpture dans le sang et c'est
à Paris qu'il perfectionnera son art, comme étudiant.
Emile Popineau participera à la
Guerre de 1914, il en reviendra et reprendra son métier
de sculpteur. De retour en Berry, il s'installe à Bourges
comme enseignant à l'Ecole des Beaux Arts, place Cujas.
Ses spécialités connues appartiennent au domaine
du modelage et du dessin. Par la suite, il enseignera aussi à
Rouen.
Avec l'après-guerre, Popineau commence véritablement
une carrière de sculpteur local, en Berry, mais sans négliger
quelques présentations à Paris. En 1924, lors d'un
salon, il va obtenir une bourse de voyage, de la part du Conseil
Supérieur des Beaux Arts. Il participe à de nombreux
concours, et c'est ainsi qu'il obtient à l'Exposition
Internationale des Arts Décoratifs sa première
médaille d'Or. Deux ans plus tard, au salon annuel, Popineau
reçoit le prix Puvis de Chavannes pour une statue appelée
"La Baigneuse".
Emile Popineau va mettre son art au service
de la demande de l'Epoque : il sera sculpteur des Monuments aux
Morts. Par la suite, les commandes se tarissant, il se reconvertira
dans les nus en pierre, puis dans le bas-relief. Il devient alors
le "sculpteur officiel" de la Ville de Bourges. L'administration
Laudier lui confie de nombreuses réalisations locales.
Une de ses dernières oeuvres sera juste après la
guerre de 1945, l'érection du Monument de la Résistance.
Popineau meurt à Paris à l'âge de 63 ans,
le jeudi 29 mars 1951, il était miné par la silicose,
une maladie courante chez les sculpteurs et qui l'avait fait
souffrir de nombreuses années.
POPINEAU
AUX PRES FICHAUX
La femme à la carpe est située au centre du bassin des Prés
Fichaux, il s'agit d'une statue de pierre d'Emile Popineau.
Lors de la création et de l'inauguration
du jardin par Henri Laudier, ce bassin, rond et central était
occupé par une statue de Blanchard. Cette oeuvre s'appelait
Diane Surprise. Il s'agissait d'un nu féminin. Dans l'esprit
des berruyers, il y a souvent confusion quant au nom de la statue
ancienne et celle actuelle de Popineau. Le nu que l'on admire
aujourd'hui représente une forte femme, avec à
ses pieds un enfant debout, et, sur son épaule, elle porte
une magnifique carpe, semblable à celles qui se prélassent
dans l'onde claire du bassin.
Diane Surprise
était une très belle statue, un peu frêle.
Son défaut était simple : elle ne plaisait pas
aux autorités locales de l'époque. En effet, de
part et d'autre du bassin, se trouvaient deux vases monumentaux
de Sèvres, hauts de 6 mètres, et la belle Diane,
semblait un peu petite. Il était donc question de la changer,
et de la remplacer dès l'année 1930.
Certains avaient pensé mettre un
groupe de Max Blondet, il s'agissait là d'un vrai monument.
Mais cela ne se fit pas. Les années passèrent,
la guerre arriva, les berruyers pensèrent à autre
chose. En 1948, par une note, Monsieur Falucci signala au Conseil
Municipal qu'il "ne fallait peut-être pas se désintéresser
de cette affaire".
Le résultat ne se fit pas attendre. La Municipalité
commanda à Emile Popineau, devenu sculpteur attitré
de la Ville de Bourges, une statue que certains appelèrent
"La Pécheuse". C'est cette oeuvre que chacun
peut admirer, il s'agit d'une des dernières compositions
du sculpteur natif de Saint Amand.
LA DANSE
A LA MAISON DE LA CULTURE
Dans la Ville de Bourges, on peut trouver,
en levant quelque peu la tête, un certain nombre de bas
reliefs. Le plus grand d'entre eux est une vaste fresque d'Emile
Popineau, elle est située au milieu de la façade
centrale de la Maison de la Culture de Bourges. Cet édifice
fut commencé en 1936, la grande époque de Laudier.
Mais contrairement aux Prés Fichaux, Laudier ne considérera
pas cette salle des fêtes comme une priorité.
A cet emplacement, se trouvait le Palmarium.
Dans les années 1930, le Palmarium était le
phare de la vie culturelle berruyère, avec ses bals, ses
concerts, et ses meetings politiques.
C'est l'architecte Pinon, qui fera
édifier ce grand bâtiment de briques rouges, et
le sculpteur Emile Popineau sera chargé de réaliser
la façade, d'où La Danse. Ce bas relief est très
représentatif de l'art majeur des années 1930,
et si vous regardez bien, les personnages centraux dansent...la
lambada, une danse éphémère des années
1990, décidément, ce sculpteur était en
avance sur son temps !
En fait, le motif central représente
la danse antique et moderne. Il a des dimensions impressionnantes,
avec 10,5 mètres de longueur et 2,80 mètres de
hauteur. Les motifs latéraux plus petits montrent la danse
et la musique régionale de notre province. Il y a par
exemple la bourrée, la vielle et la cornemuse d'un côté.
De l'autre côté, deux femmes, chanteuses classiques
et berrichonnes. La surface totale de l'oeuvre est de 56 mètres
carrés. Il en coûtera 230 000 francs à la
Ville de Bourges.
Pour cet immense travail, le Conseil Municipal
de Bourges a aussi demandé que Popineau se fasse aider
par un sculpteur local, Monsieur Thébault. La Danse est
sans aucun doute une oeuvre collective.
Aujourd'hui, cette fresque est toujours au fronton d'une des
premières Maisons de la Culture de France, inaugurée
par trois fois, M. Biasani, puis André Malraux et enfin
le Général de Gaulle.
PLACE DE
VERDUN LE MONUMENT AUX MORTS D'EMILE POPINEAU
C'est en 1919, au lendemain de la Grande
Guerre, que le conseil municipal de Bourges, sous la présidence
du nouveau Maire Henri Laudier décide de voter un crédit
de 5000 francs pour édifier un Monument aux Morts. Comme
dans toutes les communes de France, l'émotion est à
son comble, il faut honorer ces milliers de poilus qui sont tombés
dans cette grande boucherie. Les monuments aux morts pleuvent
dans tout le département du Cher, et le sculpteur Emile
Popineau devient un des grands créateurs de ce type de
monument.
A Bourges, un comité se forme sous la présidence
de Jean Foucrier, le patron du journal local "La Dépêche
du Berry". Foucrier est aussi un homme politique, c'est
sur sa liste que Laudier le socialiste est élu, et puis,
cet homme de presse venait de perdre dans les tranchées
quelques mois auparavant son fils unique.
C'est ce comité qui choisira le sculpteur Emile Popineau
pour créer le monument. Il s'agit, semble-t-il d'une des
premières commandes importantes de la Municipalité
Laudier à ce natif de Saint Amand qui travaillait à
Paris, ce ne sera pas la dernière.
Sur cette carte postale, il a été
ajouté au crayon: "on dirait que le poilu de droite
satisfait un besoin naturel".
Le Monument sera édifié en face de l'Abbaye Saint
Ambroix, juste devant ce qui deviendra le jardin des Prés
Fichaux cinq ans plus tard. Pour être plus précis,
il était posé sur la terrasse actuelle qui surplombe
le jardin des Prés Fichaux. A cet emplacement, aujourd'hui
on peut trouver...une table d'orientation.
L'inauguration du Monument aux Morts va
se dérouler avec toute la solennité due aux morts
de la guerre, ce sera le 29 mars 1925.
Depuis cette date, le monument a été déplacé,
car, quelques années seulement après son édification,
le sol a commencé à s'affaisser, il était
situé assez près des marais, et de l'Yèvre,
le terrain était trop mouvant ou l'oeuvre de Popineau
trop lourde. Mauvais présage, pensèrent certains
anciens, alors que nous n'étions qu'en 1928.
Dans l'été de l'année suivante, en 1929,
pierre par pierre, le Monument de Popineau fut déplacé
d'une cinquantaine de mètres. Il est réinstallé
dans ce qui est le prolongement de l'avenue Henri Laudier, il
s'y trouve toujours.
Après la dernière guerre,
on a gravé dans la pierre le souvenir des morts de Bourges
de la Guerre de 39/45. Plus récemment, une plaque de cuivre,
gravée par Robert Barriot, de Chezal Benoît, pour
les morts des campagnes d'Afrique du Nord a été
ajoutée.
PLACE DU
8 MAI 45 : LA FRANCE ROMPANT SES CHAINES
La Place du 8 Mai 45, est située
à l'entrée Sud de la Ville de Bourges, à
deux pas de la Maison de la Culture, et juste en face du Jardin
de l'Hôtel de Ville.
Sur le rond point de cette Place, se dresse un monument intitulé
" La France rompant ses chaînes". C'est la dernière
oeuvre du sculpteur "officiel" de la Ville de Bourges
de cette époque : Emile Popineau.
Dans l'après-guerre, Popineau, le sculpteur de Saint Amand
vivait et travaillait principalement à Paris. Il va gagner
le concours entre plusieurs artistes, pour l'érection
d'un monument commémorant la Résistance.
A l'origine, il s'agissait d'une initiative
de la Ville de Bourges, et des Comités locaux de la Résistance
qui voulaient honorer les Résistants, ainsi que les victimes
du nazisme. Le Monument prévu devant être le pendant
sur le sud, de celui des poilus situé au nord et.... lui
aussi de Popineau.
La maquette de Popineau qu'il appelle "La
France rompant ses chaînes" obtient la faveur du comité
responsable du choix de l'oeuvre. Il représente une femme,
un peu lourde, mais au regard dur et énergique, elle a
le masque des souffrances endurées. Derrière la
statue, deux grandes ailes s'élancent vers le ciel.
Avec cette dernière oeuvre, et de
manière bien involontaire, Emile Popineau va déclencher
une belle polémique. En effet, derrière la statue
principale, il y a une croix de Lorraine, elle symbolise la Résistance.
Mais nous sommes en 1949, cette croix est encore acceptée
par tous.
Deux ans plus tard, cette même croix
est devenue le symbole d'un parti politique, le RPF. Certains
mouvements de Résistance ne se reconnaissent pas dans
ce symbole, en particulier ceux d'obédience communiste.
Ces derniers vont boycotter l'inauguration officielle du Monument,
le 8 mai 1951, en présence d'un ministre, Monsieur Louis
Jacquinot.
La querelle sera dure, parfois odieuse.
Un conseiller Municipal ne dira-t-il pas: " On ne peut même
pas retirer la Croix de Lorraine sculptée, le sculpteur
est mort... ".
C'était vrai, Emile Popineau s'était éteint
5 semaines auparavant, à Paris, victime de la silicose,
cette maladie des sculpteurs.