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EMILE POPINEAU, SCULPTEUR DE BOURGES
Par Roland NARBOUX

Sans doute le plus grand sculpteur berrichon, il a laissé de nombreuses sculptures à Bourges.

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Version 2009

 

FRANÇOIS EMILE POPINEAU, est le grand SCULPTEUR BERRICHON qui va compter à Bourges dans l'entre-deux guerre.

Il sera en quelque sorte le "sculpteur officiel " de la municipalité et il va participer à la plupart des oeuvres d'art de cette période.

La pêcheuse des Prés Fichaux, le bandeau de la Maison de la Culture, les deux monuments aux morts de Bourges... etc. C'est Popineau.

Une partie des sculptures de Bourges est issue du ciseau de cet artiste berrichon.

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François Emile Popineau est né à Saint Amand Montrond le 2 octobre 1887. Il passe son enfance et son adolescence dans le Boischaut. Très tôt, il a des dispositions pour l'art : le dessin et la sculpture. Son frère dira que dès son jeune âge, à 14 ans, Emile maniait le ciseau et le maillet.

Il a la sculpture dans le sang et c'est à Paris qu'il perfectionnera son art, comme étudiant.

Emile Popineau participera à la Guerre de 1914, il en reviendra et reprendra son métier de sculpteur. De retour en Berry, il s'installe à Bourges comme enseignant à l'Ecole des Beaux Arts, place Cujas. Ses spécialités connues appartiennent au domaine du modelage et du dessin. Par la suite, il enseignera aussi à Rouen.
Avec l'après-guerre, Popineau commence véritablement une carrière de sculpteur local, en Berry, mais sans négliger quelques présentations à Paris. En 1924, lors d'un salon, il va obtenir une bourse de voyage, de la part du Conseil Supérieur des Beaux Arts. Il participe à de nombreux concours, et c'est ainsi qu'il obtient à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs sa première médaille d'Or. Deux ans plus tard, au salon annuel, Popineau reçoit le prix Puvis de Chavannes pour une statue appelée "La Baigneuse".

Emile Popineau va mettre son art au service de la demande de l'Epoque : il sera sculpteur des Monuments aux Morts. Par la suite, les commandes se tarissant, il se reconvertira dans les nus en pierre, puis dans le bas-relief. Il devient alors le "sculpteur officiel" de la Ville de Bourges. L'administration Laudier lui confie de nombreuses réalisations locales. Une de ses dernières oeuvres sera juste après la guerre de 1945, l'érection du Monument de la Résistance.
Popineau meurt à Paris à l'âge de 63 ans, le jeudi 29 mars 1951, il était miné par la silicose, une maladie courante chez les sculpteurs et qui l'avait fait souffrir de nombreuses années.


POPINEAU AUX PRES FICHAUX

La femme à la carpe est située au centre du bassin des Prés Fichaux, il s'agit d'une statue de pierre d'Emile Popineau.

Lors de la création et de l'inauguration du jardin par Henri Laudier, ce bassin, rond et central était occupé par une statue de Blanchard. Cette oeuvre s'appelait Diane Surprise. Il s'agissait d'un nu féminin. Dans l'esprit des berruyers, il y a souvent confusion quant au nom de la statue ancienne et celle actuelle de Popineau. Le nu que l'on admire aujourd'hui représente une forte femme, avec à ses pieds un enfant debout, et, sur son épaule, elle porte une magnifique carpe, semblable à celles qui se prélassent dans l'onde claire du bassin.

Diane Surprise était une très belle statue, un peu frêle. Son défaut était simple : elle ne plaisait pas aux autorités locales de l'époque. En effet, de part et d'autre du bassin, se trouvaient deux vases monumentaux de Sèvres, hauts de 6 mètres, et la belle Diane, semblait un peu petite. Il était donc question de la changer, et de la remplacer dès l'année 1930.

Certains avaient pensé mettre un groupe de Max Blondet, il s'agissait là d'un vrai monument. Mais cela ne se fit pas. Les années passèrent, la guerre arriva, les berruyers pensèrent à autre chose. En 1948, par une note, Monsieur Falucci signala au Conseil Municipal qu'il "ne fallait peut-être pas se désintéresser de cette affaire".
Le résultat ne se fit pas attendre. La Municipalité commanda à Emile Popineau, devenu sculpteur attitré de la Ville de Bourges, une statue que certains appelèrent "La Pécheuse". C'est cette oeuvre que chacun peut admirer, il s'agit d'une des dernières compositions du sculpteur natif de Saint Amand.


LA DANSE A LA MAISON DE LA CULTURE

Dans la Ville de Bourges, on peut trouver, en levant quelque peu la tête, un certain nombre de bas reliefs. Le plus grand d'entre eux est une vaste fresque d'Emile Popineau, elle est située au milieu de la façade centrale de la Maison de la Culture de Bourges. Cet édifice fut commencé en 1936, la grande époque de Laudier. Mais contrairement aux Prés Fichaux, Laudier ne considérera pas cette salle des fêtes comme une priorité.

A cet emplacement, se trouvait le Palmarium. Dans les années 1930, le Palmarium était le phare de la vie culturelle berruyère, avec ses bals, ses concerts, et ses meetings politiques.

C'est l'architecte Pinon, qui fera édifier ce grand bâtiment de briques rouges, et le sculpteur Emile Popineau sera chargé de réaliser la façade, d'où La Danse. Ce bas relief est très représentatif de l'art majeur des années 1930, et si vous regardez bien, les personnages centraux dansent...la lambada, une danse éphémère des années 1990, décidément, ce sculpteur était en avance sur son temps !

En fait, le motif central représente la danse antique et moderne. Il a des dimensions impressionnantes, avec 10,5 mètres de longueur et 2,80 mètres de hauteur. Les motifs latéraux plus petits montrent la danse et la musique régionale de notre province. Il y a par exemple la bourrée, la vielle et la cornemuse d'un côté. De l'autre côté, deux femmes, chanteuses classiques et berrichonnes. La surface totale de l'oeuvre est de 56 mètres carrés. Il en coûtera 230 000 francs à la Ville de Bourges.

Pour cet immense travail, le Conseil Municipal de Bourges a aussi demandé que Popineau se fasse aider par un sculpteur local, Monsieur Thébault. La Danse est sans aucun doute une oeuvre collective.
Aujourd'hui, cette fresque est toujours au fronton d'une des premières Maisons de la Culture de France, inaugurée par trois fois, M. Biasani, puis André Malraux et enfin le Général de Gaulle.


PLACE DE VERDUN LE MONUMENT AUX MORTS D'EMILE POPINEAU

C'est en 1919, au lendemain de la Grande Guerre, que le conseil municipal de Bourges, sous la présidence du nouveau Maire Henri Laudier décide de voter un crédit de 5000 francs pour édifier un Monument aux Morts. Comme dans toutes les communes de France, l'émotion est à son comble, il faut honorer ces milliers de poilus qui sont tombés dans cette grande boucherie. Les monuments aux morts pleuvent dans tout le département du Cher, et le sculpteur Emile Popineau devient un des grands créateurs de ce type de monument.
A Bourges, un comité se forme sous la présidence de Jean Foucrier, le patron du journal local "La Dépêche du Berry". Foucrier est aussi un homme politique, c'est sur sa liste que Laudier le socialiste est élu, et puis, cet homme de presse venait de perdre dans les tranchées quelques mois auparavant son fils unique.
C'est ce comité qui choisira le sculpteur Emile Popineau pour créer le monument. Il s'agit, semble-t-il d'une des premières commandes importantes de la Municipalité Laudier à ce natif de Saint Amand qui travaillait à Paris, ce ne sera pas la dernière.

Sur cette carte postale, il a été ajouté au crayon: "on dirait que le poilu de droite satisfait un besoin naturel".
Le Monument sera édifié en face de l'Abbaye Saint Ambroix, juste devant ce qui deviendra le jardin des Prés Fichaux cinq ans plus tard. Pour être plus précis, il était posé sur la terrasse actuelle qui surplombe le jardin des Prés Fichaux. A cet emplacement, aujourd'hui on peut trouver...une table d'orientation.

L'inauguration du Monument aux Morts va se dérouler avec toute la solennité due aux morts de la guerre, ce sera le 29 mars 1925.
Depuis cette date, le monument a été déplacé, car, quelques années seulement après son édification, le sol a commencé à s'affaisser, il était situé assez près des marais, et de l'Yèvre, le terrain était trop mouvant ou l'oeuvre de Popineau trop lourde. Mauvais présage, pensèrent certains anciens, alors que nous n'étions qu'en 1928.
Dans l'été de l'année suivante, en 1929, pierre par pierre, le Monument de Popineau fut déplacé d'une cinquantaine de mètres. Il est réinstallé dans ce qui est le prolongement de l'avenue Henri Laudier, il s'y trouve toujours.

Après la dernière guerre, on a gravé dans la pierre le souvenir des morts de Bourges de la Guerre de 39/45. Plus récemment, une plaque de cuivre, gravée par Robert Barriot, de Chezal Benoît, pour les morts des campagnes d'Afrique du Nord a été ajoutée.


PLACE DU 8 MAI 45 : LA FRANCE ROMPANT SES CHAINES

La Place du 8 Mai 45, est située à l'entrée Sud de la Ville de Bourges, à deux pas de la Maison de la Culture, et juste en face du Jardin de l'Hôtel de Ville.
Sur le rond point de cette Place, se dresse un monument intitulé " La France rompant ses chaînes". C'est la dernière oeuvre du sculpteur "officiel" de la Ville de Bourges de cette époque : Emile Popineau.
Dans l'après-guerre, Popineau, le sculpteur de Saint Amand vivait et travaillait principalement à Paris. Il va gagner le concours entre plusieurs artistes, pour l'érection d'un monument commémorant la Résistance.

A l'origine, il s'agissait d'une initiative de la Ville de Bourges, et des Comités locaux de la Résistance qui voulaient honorer les Résistants, ainsi que les victimes du nazisme. Le Monument prévu devant être le pendant sur le sud, de celui des poilus situé au nord et.... lui aussi de Popineau.

La maquette de Popineau qu'il appelle "La France rompant ses chaînes" obtient la faveur du comité responsable du choix de l'oeuvre. Il représente une femme, un peu lourde, mais au regard dur et énergique, elle a le masque des souffrances endurées. Derrière la statue, deux grandes ailes s'élancent vers le ciel.

Avec cette dernière oeuvre, et de manière bien involontaire, Emile Popineau va déclencher une belle polémique. En effet, derrière la statue principale, il y a une croix de Lorraine, elle symbolise la Résistance. Mais nous sommes en 1949, cette croix est encore acceptée par tous.

Deux ans plus tard, cette même croix est devenue le symbole d'un parti politique, le RPF. Certains mouvements de Résistance ne se reconnaissent pas dans ce symbole, en particulier ceux d'obédience communiste. Ces derniers vont boycotter l'inauguration officielle du Monument, le 8 mai 1951, en présence d'un ministre, Monsieur Louis Jacquinot.

La querelle sera dure, parfois odieuse. Un conseiller Municipal ne dira-t-il pas: " On ne peut même pas retirer la Croix de Lorraine sculptée, le sculpteur est mort... ".
C'était vrai, Emile Popineau s'était éteint 5 semaines auparavant, à Paris, victime de la silicose, cette maladie des sculpteurs.

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