Jacques
Rimbault à la tête d'une liste d'union communistes
- socialistes conquiert la mairie de Bourges en mars 1977. Il
demeurera maire jusqu'à sa mort en 1993 soit 16 ans, et
la fonction sera assurée par le nouveau maire élu,
son premier adjoint Jean Claude Sandrier.
Entre J. Rimbault et J.C. Sandrier ce sont 18 ans de gestion
de gauche.
1973 :
un inconnu à Bourges, Jacques Rimbault
Dans les années 1970, dans le Cher,
le Parti communiste reste puissant, tout comme le syndicat C.G.T.
qui lui sert parfois de relais dans les entreprises du département.
C'est dans ce contexte que se déroule le samedi 12 février
1972, une grande manifestation, visant à inaugurer la
Maison des Syndicats, située place Malus.
C'est Georges Séguy, alors secrétaire général
de la C.G.T., qui vient à Bourges afin de clôturer
le congrès de l'Union Départementale C.G.T. du
Cher et il en profite pour couper le ruban rouge de l'inauguration,
en prononçant quelques paroles aimables :
"Cette nouvelle maison, sans être luxueuse et tout
en restant de dimension modeste, est bien équipée
et bien agencée".
M. Séguy, que les Français avaient beaucoup vu
à la télévision en 1968 est resté
très populaire. "En grande forme", il rend hommage
à Maurice Renaudat, qui est à la direction de l'Union
départementale C.G.T., et en profite pour "regretter
de ne pouvoir remercier la municipalité de Bourges de
son aide pour la réalisation de cette Maison des Syndicats".
Il faut dire que la municipalité Boisdé n'a accordé
aucune subvention au syndicat C.G.T......
C'est ensuite un discours très offensif que développe
Georges Séguy ; il parle des " 55% de travailleurs
du Cher qui gagnent moins de 1000 francs par mois et ont un retard
de 20% sur la moyenne nationale".
Puis il s'en prend au patronat qui "poursuit la répression
des militants syndicaux et voudrait utiliser le vieil adage,
mieux vaut gagner moins et conserver son emploi". Puis il
termine en reprenant le thème de la collusion du grand
patronat et de "l'Etat bourgeois".
C'est aussi à cette époque que les communistes
du Cher se structurent avec, au cours de l'année 1973,
l'arrivée de Jacques Rimbault à Bourges où
il est né en 1929, issu d'une vieille famille berruyère.
Il est de ces militants communistes formés très
jeunes dans les structures de la Résistance. Ainsi, dès
le mois de septembre 1944, alors qu'il n'a que 15 ans, il est
dans les maquis de la Libération, rejoignant les Forces
unies de la jeunesse patriotique. Deux ans plus tard, il adhère
au Parti communiste Français et suit les écoles
de formation des cadres du Parti avec un an passé à
Moscou.
Sur le plan professionnel, il occupe diverses fonctions dans
les Etablissements Militaires, comme ajusteur, mais la vie de
militant va assez vite l'écarter de ces tâches.
Jacques Rimbault
document du Parti Communiste Français
Résidant à Vierzon à
partir de 1949, M. Rimbault est élu conseiller municipal
de la seconde ville du Cher en 1954, et occupe à partir
de 1959 les fonctions de maire-adjoint de Vierzon aux côtés
de Léo Mérigot, un maire communiste et humaniste.
Pas à pas, il franchit les marches
dans la hiérarchie du P.C.F., et se retrouve membre du
Comité central en 1964. Mais sa carrière à
Bourges ne commence qu'aux cantonales de 1973, il est désigné
par le PC puis élu conseiller général dans
le canton de Bourges 1, à la place d'un certain Jean Claude
Sandrier et se présente la même année aux
élections législatives dans le Cher contre Raymond
Boisdé.
Progressivement, Jacques Rimbault tisse
sa toile dans le milieu berruyer. Il est présent partout,
il écrit, discute, propose des solutions pour les problèmes
de Bourges. Il travaille en profondeur sur les difficultés
concrètes des Berruyers. Il rédige deux articles
dans le Berry Républicain des 6 et 7 mars 1975 sur la
circulation dans la ville de Bourges.
Sur le plan politique, les vainqueurs des
élections municipales de 1977 sont aux commandes, une
équipe de gauche, avec un maire communiste commence à
se faire connaître, elle prend en mains ses premiers dossiers.
L'héritage
à gérer
Chaque fois qu'une nouvelle équipe
arrive " aux affaires ", il faut trouver ses marques
et après 18 ans de gestion par Raymond Boisdé,
la municipalité communiste et socialiste se met en place.
L'enthousiasme de l'équipe fait
contrepoids à la faible expérience.
Dans son premier discours, le 27 mars 1977,
le tout nouveau maire de Bourges s'exprime ainsi :
"
Nous essaierons de donner le meilleur de nous-mêmes aux
belles et nobles causes de la Justice, de la Liberté,
du respect de la Dignité de chaque homme.
Nous sommes prêts à faire face à nos responsabilités,
parce que nous sommes au service du peuple, au service du bien
public, parce que nous avons le sens de l'intérêt
général, et que nous bénéficierons
de la participation active de milliers de citoyens.
Tout confirme que rien d'important ne peut-être fait sans
l'instauration de la démocratie, sans la participation
de tous dans la vie de la cité. Nous ne voulons écarter
personne, car tout esprit mesquin de revanche nous est profondément
étranger. Nous refusons tout esprit partisan étroit.
La mairie de Bourges est ouverte à tous."
Le premier acte de la nouvelle municipalité
est le vote du budget 1977, le chiffre des augmentations est
repris de celui prévu par la municipalité précédente,
c'est à dire 13,5%. C'était l'époque, pour
la France, d'une inflation à deux chiffres.
Après inventaire, le maire, ce 9 juin 1977 lors du Conseil
municipal emploie les mots suivants :
" Un bilan que nous continuerons à approfondir,
car nous devons à la vérité de dire que
chaque semaine, chaque jour, nous découvrons une situation
qui pose problème".
Quelques exemples sont développés comme celui du
manque de prospectives dans le domaine scolaire, alors qu'il
y a encore 50 classes préfabriquées.
Après le budget d'investissement,
celui de fonctionnement ne semble pas plus clair :
" Nous avons constaté des dépenses disproportionnées
avec les moyens de la Ville. Un service de chauffeurs en missions
spéciales permanentes auprès du cabinet, qui a
coûté en salaire et charges sociales 26 millions
d'anciens francs en 1976 ".
En conclusion, après avoir multiplié
les exemples, le maire affirme et ces phrases sont soulignées
dans le compte rendu du Conseil municipal :
" La nouvelle
Municipalité n'entend pas porter la responsabilité
de la gestion antérieure, et à plus forte raison
la faire supporter à la population berruyère ".
Jacques
Rimbault et son équipe
Autour du maire de Bourges, l'équipe
s'affirme et apprend à se connaître. Les communistes
tiennent les manettes, avec G. Camuzat, M. Renaudat et M. Picard,
les socialistes sont présents avec J. Roger leur leader,
mais la présence de C. Parnet et J. Chavannaz est forte,
alors que les gaullistes de gauche sont représentés
par E. Boiché.
Au cours du Conseil municipal du 13 octobre
1977 alors qu'il faut voter le compte administratif de l'exercice
76, après avoir rappelé le chiffre des déficits,
le maire s'alarme de la situation financière : "Et
nous disons très haut que Bourges ne pourra s'acquitter
de telles dettes que si elle bénéficie d'aides
accrues, si elle obtient de longs délais de paiement.....
Il faut le dire, en juin, nous n'avions pas une vue complète
de la situation. En octobre, elle nous paraît encore plus
grave que nous l'avions imaginée."
A la fin de l'année 1977, se place le premier acte important
de la nouvelle équipe avec le vote le 15 décembre
du budget primitif 1978. Ce premier budget, tel qu'il est commenté
par le maire, prend en compte plusieurs soucis comme :
" Le respect des engagements pris devant la population,
c'est à dire gérer de la manière la plus
démocratique, en favorisant le social en faveur des plus
défavorisés, et en gérant non pas en gestionnaire
de la crise, mais en combattant de façon permanente, pour
obtenir les moyens du pouvoir de satisfaire le maximum de besoins".
Les législatives
de 1978, Rimbault battu
Les élections législatives
se profilent pour le printemps, elles devraient être difficiles
pour la majorité en place ; Giscard et Barre sont sur
le fil, car les municipales ont été très
favorables à la Gauche, et malgré la rupture du
Programme commun, le vent souffle à gauche en ce début
d'année 1978.
A 54 jours des scrutins, prévus
les 12 et 19 mars, les sondages donnent la gauche gagnante avec
51% de voix contre 44 % à la majorité et 5% aux
écologistes et divers. Il y a un sentiment de changement
dans le pays, et les responsables de gauche, Mitterrand, Marchais
et Fabre sont persuadés qu'ils vont gagner. A droite,
c'est une bataille perdue, malgré l'engagement de Giscard
à Verdun-Sur-le-Doubs et l'action de Barre et Chirac qui
exhortent les Français à faire " le bon choix
".
Au soir du 19 mars, la majorité l'emporte avec 290 sièges
contre 201 à la gauche qui perd pour la troisième
fois. C'est " une divine surprise " pour la majorité
titrent les journaux.
Dans le Cher, la première circonscription
comprend entièrement la commune de Bourges, les cantons
des Aix d'Angillon, Charost, Levet, Henrichemont, Lignières
et Saint-Martin d'Auxigny. C'est dans cette circonscription que
Jean
François Deniau qui occupe
le poste de ministre du Commerce extérieur dans le gouvernement
Barre, vient se battre.
A priori, un an après les municipales gagnées par
la gauche, il n'a guère de chance de l'emporter, et le
fait d'être ministre n'est qu'un faible avantage. Il est
opposé à Jacques Rimbault, pour le P.C., Charles
Parnet pour le P.S. et à deux autres candidats.
La campagne est rude, M. Deniau fait appel pour le soutenir à
Simone Veil, alors très populaire et ministre de la Santé.
Elle est à Bourges le 6 mars, à la Salle des Fêtes
de la Chancellerie. Devant 1000 personnes, au cours du meeting,
elle déclare : "Ceux qui voteront pour le Programme
commun savent très bien qu'il ne sera pas appliqué".
Le premier tour du 12 mars donne au plan
national une poussée du P.S., mais la majorité
résiste bien et rien n'est joué.
A Bourges, M. Deniau fait 43,9% (28610 voix) contre 34,2% (23306
voix) à M. Rimbault et 16,2% (10590 voix) à M.
Parnet alors que 3% des électeurs votent à l'extrême
gauche. Mathématiquement, pour le second tour, si les
voix de gauche se portent bien sur M. Rimbault, le ministre du
Commerce extérieur sera battu.
Le second tour se déroule le 19
mars, et Jean François Deniau l'emporte par 51,95%
(34916 voix) face au maire de Bourges qui n'obtient que 48,05%.
(32295 voix) Le coup est sévère, et sur le
plan national, F. Mitterrand attribue la responsabilité
de la défaite au Parti communiste. A Bourges, entre le
premier et le second tour, il y a eu une défection incontestable
des électeurs socialistes le P.C. réagit mal, la
municipalité n'a qu'un an d'ancienneté et des inscriptions
" démissions " apparaissent sur quelques murs
de la ville.
Le maire battu fait une déclaration
dans laquelle il souligne :
"le caractère
injuste de la loi électorale qui prive 88 000 électeurs
de ce département de toute représentation parlementaire.
La droite conserve le siège qu'elle avait depuis 1951,
mais la campagne a été tapageuse et haineuse, avec
la présence de ministres.... et des inscriptions souillant
la ville de Bourges avec un anticommunisme plus vil et plus primaire
que jamais.
En 1977, lorsque la gauche a eu la mairie, elle n'a pas demandé
la démission du député de la circonscription
qui venait de réaliser 44%, sachant faire la différence
entre élection municipale et législative "
1981, une
année qui entre dans l'Histoire
C'est l'élection de François
Mitterrand à la présidence de la république,
suivie d'élections législatives.
Au premier tour, le 14 juin 1981, c'est
pourtant Jean François Deniau qui devance largement Jacques
Rimbault qui a 28,6% des suffrages (17151) et dépasse
d'assez peu Bernard Gourdon le socialiste qui obtient 25,2% (15120)
des voix.
Seulement M. Deniau a fait le plein des
voix à droite, il a 42,9% des suffrages (25 773).
Au second tour, une semaine plus tard, avec 33440 voix, c'est
à dire près de 52%, des suffrages, Jacques Rimbault
l'emporte face à Jean François Deniau, il conforte
ainsi de manière éclatante sa position à
Bourges et prend sa revanche sur 1978
.
La séance du Conseil municipal du 1er juillet est historique
et émouvante, le maire Jacques Rimbault devenu député
parle en ces termes :
" Cette
séance intervient immédiatement après des
évènements de très grande portée,
le résultat dans notre ville a confirmé la volonté
des Berruyers de placer leur cité dans la majorité
nouvelle, avec l'ambition de la faire pleinement participer au
changement nécessaire".
Jacques Rimbault a tout lieu d'être satisfait, pour la
première fois depuis la Libération, la France va
être gouvernée à gauche, avec la présence
de 4 ministres communistes, dont Charles Fiterman ministre d'Etat,
ministre des Transport
Le triomphe de Rimbault aux municipales de 83
Les élections
municipales de 1983
A la veille du scrutin, la confiance règne
dans les deux camps. L'équipe de gauche se sent soutenue
par ses partisans, et pense que son travail de dialogue et de
concertation va " payer ", et entraîner des Berruyers
qui votent davantage pour une équipe fut-elle communiste
ou socialiste que pour une étiquette. Chacun se dit persuadé
que la liste de droite, conduite par un ancien préfet,
particulièrement hargneux n'est pas un atout, les Berruyers
n'aiment pas ce type d'attitude.
Inversement, chez Camille Michel, beaucoup pensent que
1977 a été un accident, que les Berruyers ont voté
contre Boisdé et pas pour des communistes. Les "stratèges"
se disent persuadés que "la bourgeoisie du Centre-ville"
va revenir au bercail et voter à droite.
Le 6 mars 1983, c'est le premier tour de ces municipales avec
trois listes en présence : l'Union pour Bourges de Jacques
Rimbault, à droite, Camille Michel, et enfin Colette Cordat
est leader de la liste Lutte Ouvrière.
A 19 heures, à la permanence de Camille Michel, rue Messire
Jacques, " on y croit ". Le journaliste Alain Fourgeot
retrace cette soirée pour le Berry Républicain,
il constate que certains des pronostics donnent une droite à
56%, et pour les plus pessimistes, un score un peu au-dessus
de 50%!
Vers 19 heures 15, Jean François Deniau quitte Bourges
et rentre sur Paris, afin d'assister à une émission
de télévision sur Antenne 2. Il n'a pas les chiffres
et dit simplement "je suivrais les résultats à
la radio".
A même moment, à gauche, c'est la sérénité.
Marguerite Renaudat calcule qu'en Centre-ville c'est le même
écart qu'en 1977, c'est bon signe
.. Mais à
Auron, Camille Michel est en tête
très
vite d'autres chiffres sont donnés. Les militants passent
par toutes les couleurs, ils ne se prononcent pas, puis "
c'est foutu " dit l'un d'entre eux.
A 20 H 15, les chiffres tombent, la liste de Jacques Rimbault
obtient 54% des suffrages, le nom du maire de Bourges est scandé,
alors qu'à 21 heures, l'Internationale éclate dans
les salons de la Mairie.
Les chiffres précis sont communiqués, ils sont
sans bavure :
Rimbault 18537 voix 54,04%
Cordat 733 voix 2,13%
Michel 15032 voix 43,83%
Il y a davantage d'électeurs inscrits,
mais globalement, les résultats de ces élections
sont proches de ceux du second tour de 1977. Jacques Rimbault
est heureux et satisfait, et en annonçant le prochain
Conseil municipal pour le dimanche suivant à 11 heures,
il poursuit :
" Nous serons à quelques jours de 2 printemps,
celui des saisons et celui de la chanson".
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Les élections
législatives de 1986
La loi électorale a remis en place
le scrutin uninominal par circonscriptions à deux tours.
Dans le Cher, le changement de type de
scrutin modifie assez peu les élus qui vont aller au parlement.
Jacques Rimbault est réélu sans problème,
avec 41400 voix, il est accompagné par Jean François
Deniau, 64 642 voix et par Alain Calmat, 39 700 voix.
Par la victoire de la Droite et de Jacques Chirac, le nouvel
élu du Cher, Alain Calmat perd son portefeuille de ministre,
mais il est bien accueilli en Berry.
Ainsi, au printemps 1986, le paysage berruyer
se recompose. Jacques Rimbault reste en place plus solide que
jamais. La victoire nationale de la droite de Jean François
Deniau, présent à Bourges depuis une dizaine d'année
ouvre des perspectives. Il semble promis à un retour au
plus haut niveau, ne parle-t-on pas régulièrement
de lui comme d'un possible Premier ministre.
Jean François Deniau est réélu, il bat Jean Pierre Saulnier (27 400 voix contre
25 400). Jacques Rimbault est réélu largement
face à Pierre Le Coq (27 200 voix contre 18 200) et Alain
Calmat est lui aussi réélu face à Serge
Vinçon ( 32 900 voix contre 28900). Que ce soit en 1986
ou en 1988, rien n'a changé dans le Cher. Mais cette défaite
de J.P. Saulnier bloque le PS pour les prochaines élections
municipales, élu député, il serait devenu
la tête de liste socialiste contre Rimbault
Prochain
rendez-vous législatif : 1993.
A Bourges, vers la fin de l'année
1988, la droite se met en ordre de marche afin de conquérir
la Mairie de Bourges. La gauche est en place depuis bientôt
une douzaine d'années, et "l'alternance doit jouer",
c'est le sentiment des équipes de l'UDF et du RPR, respectivement
emmenées par Jean François Deniau et François
Deschamps.
Pour
reprendre la mairie, les " jeunes loups " de l'UDF
aimeraient bien changer quelques têtes, et la première
au niveau municipal, c'est à dire celle de Camille Michel.
Comme en 1983, beaucoup pensent que seul Jean François
Deniau, en 1989, peut emporter les Municipales face à
Jacques Rimbault. Mais le président du Conseil général,
une fois encore décline " l'offre de ses amis ",
et certains élus de son entourage sont persuadés
qu'il y a un " discret contrat " entre J.F. Deniau
et le maire de Bourges : le terrain entre les deux hommes est
parfaitement délimité, la ville pour l'un, le département
pour l'autre
. Une coexistence pacifique. Mais est-ce bien
la réalité ? Nul ne le saura jamais.
C'est dans cette ambiance qu'Alain Tanton
" monte à Paris " pour dénoncer la défaite
programmée de Bourges pour l'UDF, et la nécessité
de changer le chef de file. Camille Michel devant cette offensive,
décide de se retirer
.. Et il quitte la ville de
Bourges. Des tractations suivent pour choisir entre A. Tanton,
Y. Mautret. De son côté, le RPR veut obtenir une
place, la première, avec François Deschamps. Cela
donne une belle cacophonie et Camille Michel est "rappelé".
Il revient pour conduire la liste de droite comme en 83 !
A gauche, c'est plus simple, la prédominance
de Jacques Rimbault est telle que les socialistes suivent sans
broncher. Leur tentative de "petit putsch" quelques
années plus tôt en 1985, à la veille des
élections législatives de 1986, où ils refusèrent
de voter le budget reste un mauvais souvenir, comme cela est
noté dans l'ouvrage sur Jacques Rimbault, "l'incident
de 1985 ne se renouvellera pas. L'Union pour Bourges a duré.
Elle durera".
Le style
Jacques Rimbault
En 1988, cela fait 12 ans que Jacques Rimbault
est à la tête de la mairie de Bourges. A l'exception
de 1978, il traverse les crises et les élections sans
aucune difficulté.
Il règne sur Bourges.
Le 15 décembre 1983, alors que l'année a été
faste, lors d'un Conseil municipal, c'est l'euphorie pour l'équipe
en place et son maire déclare :
"Notre cité a encore une fois montrées
sa grandeur et son originalité. Les temps de l'audace
et du dynamisme industriel viennent, les temps viennent où
il faut savoir investir, mesurer les enjeux, leur grandeur, leur
difficulté
. Tout nous permet de passer à
une deuxième phase de notre activité : celle de
la percée vers l'avenir".
Dans Bourges, il est incomparable pour
parler aux gens, il sait dire les choses simplement, et chacun
sent qu'il aime sa ville. Il est de la trempe de Laudier autre
Grand Maire qui s'est identifié à "sa"
Ville de Bourges. Il est à l'aise dans la rue, sur les
marchés et aussi dans les "Assises pour Bourges"
où, pendant de nombreuses années, il calme les
demandes de chacun, promettant souvent, expliquant parfois, se
fâchant rarement.
Les grosses colères, il se les réserve pour les
Conseils municipaux. En particulier face à son opposition
présente à partir de 1983. Il devient intraitable.
Avec François Deschamps, il répond, argumente,
fait de l'humour. Mais devant Camille Michel, c'est l'horreur,
il y a une caricature du débat politique entre ces deux
hommes. Ce ne sont plus des adversaires mais des combattants
avec un comportement unique à Bourges au XXe siècle.
En référence à un feuilleton américain
de l'époque, Dallas, Jacques Rimbault est de plus en plus
appelé par ses initiales "JR".
La méthode " JR " C'est
la prise en compte d'une communication très populaire,
avec les mots de tout le monde, il dit souvent qu'il n'a pas
fait l'ENA, et à partir de 1989, qu'il ne sort pas de
HEC. Il dit et redit les choses.
Il parle aussi bien des réalisations que des projets ou
autres pré études, avec une rare conviction, certains
Berruyers penseront parfois que " ça existe ",
alors que c'est encore dans les cartons
... Il y avait aussi
chez cet homme, un côté visionnaire, une idée
lui plaisait et c'était parti, et au plan des réalisations,
même si la théorie " dite du clientélisme"
apparaît souvent, il ne s'est pas souvent trompé,
par rapport aux attentes des Berruyers.
A l'Assemblée nationale, Jacques
Rimbault devient député en 1981. Il ne marque pas
sa présence au Palais Bourbon de manière indélébile.
Au contraire, au dire de ses amis, "il n'aimait pas les
bancs de l'Assemblée. Ce n'était pas son genre".
Il se montre assidu uniquement lorsque les sujets concernent
sa ville, c'est pourquoi il s'intéresse et siège
à la Commission de la Défense. Les grands débats
de politique générale l'ennuient et il y participe
peu. Il dira, " je ne suis pas fait pour les lustres",
et c'est vrai qu'il est plus à l'aise au marché
de la halle au blé ou dans la rue Moyenne. Seule exception,
la bonne chère, et sa présence, plus que fidèle,
à la table du "restaurant Jacques Cur"
Sur un autre plan, il n'aime pas que ses amis, au premier rang
desquels se trouve Jean Claude Gayssot " érigent
sa ville et ses actions, comme un modèle", C'est
contre sa volonté que l'Association des Elus communistes
donne en exemple la concertation qu'il avait mis en place avec
les "Assises pour Bourges".
Jacques Rimbault, maire et député,
devient une " vedette ", et c'est ainsi qu'il est un
des 4 invités de Michel Pollac, le vendredi 20 février
1987, pour un de ces débats télévisés
qui font de cette émission, " Droit de Réponse
", un des rendez-vous incontournables du petit écran.
Le sujet concerne les maires, et autour de Jacques Rimbault,
il y a 3 " pointures " d'alors, Dominique Baudis, pour
Toulouse, Alain Carignon pour Grenoble et Georges Frêche
pour Montpellier. Cette émission qui se voulait être
" la fête des maires " ne tient pas ses promesses,
et déçoit les téléspectateurs. Les
Berruyers eux-mêmes ressentent beaucoup d'amertume en voyant
leur maire ainsi déstabilisé. Comme le dit Claude
Forget, alors directeur de Recto Verso qui assiste, dans les
coulisses, à l'émission, " JR était
méconnaissable, comme s'il avait oublié Bourges,
sa ville, et ne s'exprimait que par des directives venant de
la place du Colonel Fabien". Il est vrai, qu'à Bourges,
Jacques Rimbault ne brandissait jamais de manière ostensible
" la faucille et le marteau ", au contraire, il était
le maire de tous les Berruyers, même ceux des beaux quartiers.
Ce soir là, beaucoup ne l'avait pas reconnu. Ce sera sans
doute la seule " fausse note médiatique " de
sa carrière.
La campagne
des municipales de mars 1989
Pour les élections municipales de
1989, c'est presque un " remake " de celles de 1983.
En effet, si la majorité municipale retourne devant les
électeurs avec l'équipe qui fait son succès
depuis 12 ans, à droite, " on reprend les mêmes,
ou presque et on recommence"
. à perdre.
Surprise toutefois avec l'arrivée de deux autres listes,
l'une emmenée par Jacques Grégoire pour les Ecologistes
et la quatrième représente le Front national avec
Jean d'Ogny. Ce dernier intitule sa liste " Bourges ville
française " il affirme : "grâce à
la proportionnelle, nous aurons des élus". Camille
Michel conduit la liste " Un nouvel essor pour Bourges ",
alors que Jacques Rimbault propose la sienne " Bourges union
pour notre Ville " .
En préliminaire à la campagne, Camille Michel interpelle
le maire de Bourges sur la fraude électorale et M. Rimbault
réplique : " Il n'est pas besoin d'être
préfet de police honoraire pour condamner toutes les fraudes
électorales d'où qu'elles viennent" et
de terminer à l'usage de tous : il ne faut pas cultiver
la suspicion
..
Le résultat
des municipales : Rimbault " facile "
Les derniers jours de la campagne sont
consacrés aux grandes réunions publiques, celles
de la dernière heure. Au Palais des Congrès, près
de 2000 personnes écoutent et applaudissent la liste de
gauche.
A 5 jours du scrutin, Jacques Rimbault déclare en conclusion
de ce grand meeting :
" Bourges, c'est la cité aux 80 000 acteurs, dimanche,
ce sera un grand enjeu, celui de choisir entre le développement
économique et social, contre l'austérité
et la rigueur".
A droite, devant leurs militants, à la salle des fêtes
de La Chancellerie, Christine Branchu monte au créneau,
" il faut que Bourges brise son isolement économique"
alors que Jean François Deniau
veut "mettre fin à la mainmise du Parti communiste
sur Bourges".
Enfin, Camille Michel l'affirme : "Nous sommes partis
pour gagner", quant il parle de Jacques Rimbault, il
le peint ainsi : " C'est un homme qui administre Bourges
seul, qui décide de tout".
Au soir du premier tour, le 12 mars, les
résultats tombent, la surprise est considérable
à droite. Si la liste de Jacques Rimbault l'emporte
facilement, un peu comme en 1977 et 1983, c'est l'écroulement
de la liste de Camille Michel, il n'obtient que 27,9%, soit 16%
de moins que six ans auparavant. Ce n'est pas une gifle,
c'est une correction. Dans un bureau du Centre-ville il n'a recueilli
que 260 voix contre 708 en 1983.
Les chiffres sont en effet triomphants pour la gauche et consternants
pour la droite :
Jacques Rimbault 15071 voix 54,11% 38
sièges
Camille Michel 7773 voix 27,9% 7 sièges
Jacques Grégoire 2554 voix 9,16% 2 sièges
Jean D'Ogny 2454 voix 8,81% 2 sièges
Le nouveau Conseil municipal se réuni
comme prévu le 17 mars 1989 à 18 heures. On remarque
tout de suite l'absence de Camille Michel, le leader de la liste
de droite. Les élections se déroulent sans trop
de surprise, Jacques Rimbault est réélu maire,
et son premier adjoint, le " dauphin " se nomme Jean Claude Sandrier, alors que beaucoup
pronostiquaient Gilbert Camuzat ou Marguerite Renaudat, ils seront
respectivement 4e et 6e adjoint. Le lendemain, Camille Michel
réapparaît et s'explique face à la presse
: " Je ne suis pas venu à la séance du
Conseil municipal, car je ne voulais pas être soumis à
une séance humiliante comme en 1983",
Il poursuit par ce qui est une petite bombe,
le leader de la droite locale annonce en effet sa démission
:
"
Je considère les résultats obtenus par la liste
que j'ai conduite comme un désaveu personnel. En démocrate
je me retire du combat. La politique menée par le Parti
communiste à Bourges entraîne la ville sur la voie
du déclin, comme c'est le cas de Vierzon depuis 30 ans,
Bourges sera vierzonnalisée".
Il est aussitôt remplacé par le suivant de la liste,
un entrepreneur en travaux public, Serge Lepeltier, peu ou pas connu des Berruyers. Quant au successeur
dans le leadership de la droite, C. Michel dit simplement "
je ne peux empêcher d'autres de prendre la relève",
c'est une question importante que se posent les États-Majors
d'une droite encore sonnée.
Lorsque Jacques Rimbault reçoit la lettre de démission,
il n'est pas très content, Camille Michel va lui manquer,
les joutes oratoires en Conseil municipal étaient de grands
moments pour l'un et l'autre. J. Rimbault déclare à
ce moment : " Cette démission n'est pas un encouragement
pour la démocratie car une semaine après l'élection,
on ne doit pas dire à son électorat " débrouillez-vous,
je me retire ".
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Le 1 er
sondage local, J. Rimbault super star
L'année 1991 est particulièrement
faste pour le maire de Bourges, le sport, avec le FCB est au
sommet, après avoir battu les Girondins de Bordeaux en
Coupe de France, le 3 avril, par le score de 1 à 0. La
presse va titrer, " Bourges dans la légende de la
Coupe ", et ce sont des milliers de Berruyers qui vont sillonner
les rues de Bourges, avec champagne et klaxon, un grand moment
de bonheur. L'inauguration du stade des Grosses plantes prévue
quelques semaines plus tard, le 29 juin est un sommet du foot
local.
Il est assez rare que des sondages locaux
soient menés de manière sérieuse, tout simplement
parce qu'ils sont très onéreux. Fin octobre 1991,
le quotidien "La Nouvelle République" commande
à la société ARSH un sondage sur 500 personnes
de plus de 18 ans.
Les résultats montrent une ville
en totale adéquation avec son maire. 61% des réponses
affirment qu'ils ont une bonne opinion du maire et 16 % mauvaise, et parmi ceux qui ont voté
pour Camille Michel en 1989, ils sont 53% à avoir une
bonne opinion de Jacques Rimbault contre 38% plutôt mauvaise.
Même à droite, les Berruyers plébiscitent
JR !
Sur le plan de la notoriété, Jacques Rimbault
arrive largement en tête des hommes politiques locaux les
plus cités avec 77% contre seulement 24% à Jean
François Deniau et 15% à Alain Calmat. Il bat
largement ses alliés et amis puisque Jean Pierre Saulnier
ne recueille que 6%, Gilbert Camuzat et Marguerite Renaudat 4%.
Cela signifie qu'il n'y a pas grand monde derrière le
maire ; Jean Claude Sandrier, ne recueille que 2%, le futur chef
de file de la gauche locale, et futur maire de Bourges n'est
pas encore très connu.
Populaire, super star, mais sans dauphin proche, Jacques Rimbault
est bien le chef incontesté, le patron de Bourges et le
titre de la page est évocateur :
Jacques
Rimbault a épousé sa ville.
Il est aussi très populaire dans
tous les milieux et son action est plébiscitée.
Enfin, 80 % des "sondés" se sentent bien dans
leur ville contre 18% qui voudraient vivre ailleurs. Un succès
tel que nul ne voit d'évolution dans la gestion de la
ville pour les années à venir.
Jacques
Rimbault malade
En ce début d'année 1992,
Bourges va bien, la vie tranquille de tous les jours. C'est alors
qu'une information inquiétante traverse la Ville, "JR"
est à l'Hôpital.
Le 14 janvier 1992, Jacques Rimbault est hospitalisé
dans le service de neuro chirurgie de la Pitié Salpétrière
à Paris dans les services du professeur Denis Fohanno.
Le 21 janvier, un communiqué précise que "l'état
du patient est stable", puis que " les jours de M.
Rimbault ne sont pas en danger" et enfin "qu'il n'y
a aucune raison de s'alarmer".
C'est en début d'après midi du lundi 14, à
l'issue d'une réunion de travail que le maire de Bourges,
a été victime, dans son bureau, d'un malaise.
Quelques jours plus tard, comme toujours
à cette époque avec les hommes politiques malades,
c'est le silence, pour ne pas dire plus. Rémy Perrot déclare
" Jacques n'est pas en danger
A ce jour, les examens
succèdent aux examens. Ils n'ont rien révélé
d'alarmant". Chacun se veut plus rassurant que son voisin,
alors que de nombreux élus, de la majorité comme
de l'opposition "déplorent le manque d'information
sur l'état de santé du maire de Bourges".
Plus tard Jacques Rimbault évoquera lui-même les
premiers instants de son malaise :
"Une fois
sur le brancard, je ne me suis aperçu de rien. Ca a été
le trou noir. Je ne me souviens pas de mon transport à
l'hôpital de Bourges, du tubage, ni de mon évacuation
vers La Pitié-Salpétrière. J'ai repris vraiment
connaissance que le dixième jour".
Sur le plan municipal, c'est le premier
adjoint qui remplace le maire dans toutes ses fonctions en cas
d'empêchement de ce dernier, selon l'article L122 13. Et
c'est ainsi que Jean Claude Sandrier prend provisoirement la
fonction, en attendant le retour "du patron".
Après des moments difficiles, et
contre l'avis de ses médecins, Jacques Rimbault reprend
avant l'été 1992 ses activités municipales.
Le samedi 13 juin 1992, c'est l'inauguration de la Foire de Bourges,
avec un " échange musclé " entre le maire
Jacques Rimbault et le préfet Roland Hodel, ce dernier
faisant remarquer qu'il n'avait pas été invité
à la manifestation
.
A la fin de l'été 1992, Jacques Rimbault "lève
le pied". Il est fatigué, il avait fait le voyage
à Augsbourg pour les cérémonies d'anniversaire
des 25 ans de jumelage et participé à la campagne
du référendum sur Maastricht. Il quitte Bourges
à la fin du mois de septembre pour se reposer. Le 15 octobre,
il est à nouveau hospitalisé pour une dizaine de
jours.
Ce même jour, le Conseil municipal se réunit, il
doit permettre de définir les orientations budgétaires,
le maire est donc absent. Jean Claude Sandrier le remplace, mais
se refuse à fixer une date de retour, "il sera bientôt
parmi nous" se contente-t-il de dire.
Le maire sort de l'hôpital le 20 novembre 1992, pour
une courte convalescence.
Mais le 25 novembre 1992, alors qu'il n'est toujours pas réapparus,
la presse informe l'opinion que J. Rimbault repart pour le mandat
de député, les élections devant se dérouler
au mois de mars 1993, François Dumont sera son suppléant.
C'est une énorme surprise.
Vendredi 11 décembre 1992, c'est
le retour de Jacques Rimbault. Il est présent aux 10 ans
des "amis d'Estève", à côté
du peintre et avec beaucoup d'émotions, il reçoit
le "cadeau surprise" du maître de Culan qui offre
à la Ville l'une de ses palettes, utilisée pendant
une trentaine d'années.
Le maire termine son propos par ces mots très personnels
à la centaine de personnes présentes :
"Chacun sait que j'ai dû subir un long repos, des
soins médicaux, suivis d'une longue convalescence. Dans
ces cas il arrive que vous traversiez des trous noirs".
Jeudi 17 décembre 1992, c'est le
Conseil municipal, dirigé par le maire de Bourges Jacques
Rimbault. Il reste une heure trente en séance, et parle
pendant une demi-heure, assis entre Jean Claude Sandrier et Jean
Pierre Saulnier, le maire de Bourges a un propos encore hésitant,
il est calme et sur les orientations budgétaires de 1993,
il n'a plus la pugnacité d'avant sa maladie. Chacun note
le courage du maire, et au fil des minutes son humour revient,
lorsqu'il répond à l'opposition sur le budget :
"Vous me dites "vous dépensez trop",
c'est habituellement ma femme qui me fait ce genre de réflexion".
Les législatives
de mars 1993
Au niveau national, le président
de la République, François Mitterrand, en "fin
de règne", est malade, il souffre d'un cancer de
la prostate ce qui fait dire à beaucoup qu'il ne terminera
pas son second septennat. Le gouvernement est aussi à
bout de course. Pierre Bérégovoy s'empêtre,
lui aussi, dans des " d'Affaires politico financières
"
Le département du Cher est découpé
en trois circonscriptions et la ville de Bourges aussi. Ce découpage
a été réalisé par Charles Pasqua
en 1986/88, il veut "bétonner" comme le disent
ses adversaires la 1e circonscription pour Deniau et
celle
de Bourges-Vierzon pour Rimbault affirmera la Droite.
On a Bourges-Vierzon avec Jacques Rimbault pour député,
un tracé sur mesure pour la gauche et le Parti communiste.
Inversement Bourges, le pays Fort et Sancerre, sont tracés
pour la droite, c'est le fief de Jean François Deniau
que Maxime Camuzat veut conquérir. Enfin, Bourges, le
Boischaud et Saint-Amand, est plus indécis. Le siège
est détenu par le socialiste Alain Calmat, il est visé
par Jean Claude Sandrier pour le Parti communiste et Serge Lepeltier
pour le RPR.
Le premier tour se déroule le 21
mars 1993, et c'est la première surprise. La NR titre
"Coup de tabac dans la Cher". Le Parti socialiste
s'effondre, avec en premier lieu Alain Calmat qui est dans une
situation désespérée avec 20% des suffrages
face au RPR Serge Lepeltier qui a 34% des suffrages, quant à
Jean Claude Sandrier, il n'en obtient que 14%.
Il n'a manqué que 221 voix pour Jean François Deniau
afin d'être élu au premier tour, et la grande surprise,
c'est le "mano à mano" de Frank Thomas-Richard,
et de Jacques Rimbault, tous deux à 28% alors que Jean
Rousseau, maire de Vierzon ne fait pas 10%.
Le second tour est rude, mais le Cher envoie au Palais Bourbon
trois députés de droite, Deniau, Lepeltier et Thomas-Richard,
Jacques Rimbault est battu.
Le pays se retrouve dans les derniers jours de mars 1993 avec
un président de gauche, François Mitterrand, et
un gouvernement de droite, le Premier ministre étant Edouard
Balladur. Parmi les "poids lourds", Juppé, Léotard,
Sarkozy et Bayrou. Jean François Deniau n'est pas ministre
contrairement aux pronostics
"il a donné, beaucoup
donné".
Le premier Conseil municipal qui suit ces
élections est intéressant. Jean Claude Sandrier
remplace Jacques Rimbault et commence son propos "en saluant,
au nom de la Majorité municipale le courage de notre maire,
Jacques Rimbault, d'avoir voulu tenir et d'avoir tenu sa place,
malgré sa santé, dans une bataille toujours difficile.
Les Berruyers sauront, je le sais, apprécier son courage".
Et le premier adjoint de rappeler l'action
de député du maire, avec l'autoroute A 71, l'hôpital,
une rue Moyenne rénovée, et la poursuite du Printemps
de Bourges.
Puis il se tourne vers le nouveau député
du Cher, conseiller municipal, Serge Lepeltier :
"Parce que nous devons, plus que jamais faire vivre la tolérance,
parce que pour nous la démocratie doit être partout
et en tout, j'adresse mes félicitations au nom du Conseil
municipal, à notre collègue S. Lepeltier pour son
élection".
Et chacun en ce printemps 1993 est à
l'affût de l'évolution de la santé de "JR",
un il rivé sur les municipales prévues en
1995.
La fin
de Jacques Rimbault
Depuis plusieurs mois, chacun savait que
leur maire ne reviendrait plus aux affaires, mais les progrès
de la médecine sont tels que certains pensaient qu'il
"s'en sortirait".
La mort de Jacques Rimbault intervient le mercredi 19 mai
1993 à 2 heures du matin, un an et demi après
son premier malaise cérébral. L'annonce est ressentie
avec peine par la population. L'événement n'est
pas une totale surprise, " on s'y attendait " et la
majorité des Berruyers ont du chagrin. Ils pleurent leur
maire, cet homme était si proche d'eux, si actif, et il
avait travaillé jusqu'au bout pour sa cité. Ils
sont des milliers à venir se recueillir devant sa dépouille
mortelle.
Les obsèques se déroulent
le samedi 22 mai 1993, place Etienne
Dolet, en face de la mairie. Tout le milieu politique local est
présent, le Conseil municipal au grand complet, emmené
par Jean Claude Sandrier, Marguerite Renaudat et Gilbert Camuzat,
le préfet Victor Convert mais aussi les députés
de droite, comme Jean François Deniau, Serge Lepeltier
et Frank Thomas-Richard, ainsi que les deux sénateurs,
Serge Vinçon et Jacques Genton. Sur le plan national,
Georges Marchais représente le Parti communiste, il est
accompagné d'une forte délégation comprenant
Robert Hue et Jean Claude Gayssot.
La cérémonie commence à
15 heures avec beaucoup de simplicité, elle est ponctuée
par la marche funèbre de Chopin, et les discours de Jean
Claude Sandrier puis de Georges Marchais. 4000 personnes sont
présentes, indique la presse. Pour beaucoup de Berruyers
"qui aimaient bien leur maire, la page est malheureusement
tournée depuis plusieurs mois". A 14 Heures 15,
le convoi funèbre parcourt la rue Moyenne pour le cimetière
Saint Lazart.
La Nouvelle République du lundi résume bien ce
samedi :
"Des
obsèques sobres, dignes et recueillies".
Jean Claude Sandrier élu maire de Bourges
Jean Claude
Sandrier se retrouve maire de la
ville le 2 juin 1993. Son premier adjoint est Gilbert Camuzat,
le second, Jean Pierre Saulnier, puis suivent une dizaine d'adjoints
tels Edme Boiché, Bernard Gourdon, Marguerite Renaudat
etc
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Remarques et commentaires
à :
encyclopedie@bourges.net
LES
REALISATIONS DE 1977 à 1993
Urbanisme
Le projet le plus discuté de
la période de Jacques Rimbault est la construction de
la nouvelle aile de la mairie de Bourges avec Claude Vasconi
pour architecte. L'inauguration se déroule le 13 mars
1992.
Une longue aventure que l'Ilôt
Victor Hugo avec le projet de construction de la Chambre de Commerce,
le front du refus des berruyers, de longues années d'attente
et enfin un projet très discuté car l'architecture
n'étaient pas très belle face à la cathédrale.
Construction de l'enclos des Jacobins,
un projet qui datait de 1896
.. mais l'opération
urbaine qui devait permettre une liaison entre la rue d'Auron
et la rue Moyenne sera totalement "raté".
L'immeuble de la Trésorerie générale
du Cher est inaugurée en 1981, il est situé en
face des Prés Fichaux.
C'est le 16 décembre 1983 qu'est
inauguré le Palais des Congrès, un édifice
de Jean Paul Chazelle, ce sera la première réalisation
importante de l'équipe de J. Rimbault.
Mise en place du secteur piétonnier
de Bourges, avec la rue Mirebeau dès 1981. Suivront la
rue Coursarlon.
En 1988 s'installent au Val d'Auron
dans un immeuble qui a des airs de famille avec l'architecture
du Maghreb, les Archives Départementales du Cher.
Culture et patrimoine
Réhabilitation de l'Hôtel
des Echevin qui menaçait de ruine et création d'un
musée d'art contemporain dédié au peintre
berrichon Maurice Estève qui fait don d'une partie de
ses uvres.
1995, création et ouverture du
musée des Meilleurs Ouvriers de France dans l'ancien palais
des Archevêques de Bourges.
Réhabilitation des façades
de l'Hôtel Lallemant.
Création du nouveau Muséum,
il s'agissait de remplacer le musée d'histoire naturelle
créé avant guerre par le chanoine Gabriel Foucher.
Construction du "Pavillon"
dans le parc Saint Paul, très utilisé pour les
grandes occasions, la foire annuelle, les salons professionnels
et le Printemps de Bourges.
Construction en mise en uvre de
la médiathèque, inaugurée le 26 novembre
1994.
Réalisation d'une promenade touristique
derrière les remparts de Bourges à côté
de la rue Bourbonnoux. Ce circuit piéton date de 1981.
Installation dans les anciens établissements
Leseing, route de la Chapelle, de studios aménagés
pour la musique amplifiée pour les groupes de rock.
Industrie et commerce
Création d'une nouvelle zone
industrielle, appelée PIPACT, sur une surface de 275 hectares
à la sortie sud de Bourges à proximité de
l'autoroute A 71. C'est en décembre 1989 qu'eun premier
centre d'affaire est édifié.
Restauration et réhabilitation
des Halles Saint Bonnet, et en 1991, ces halles deviennent un
véritable centre commercial de proximité.
Réalisation des pyramides de
GIAT industrie.
Circulation, stationnement
Installation de la gare routière
au Prado en 1984.
Social
Création par l'intermédiaire
du CCAS des foyers pour personnes âgées, rue Guilbeau,
Gilbert-Bailly et à Asnières.
Construction à Bourges Nord,
du Hammeau de la Fraternité.
Réalisation de salles de quartiers,
comme le Moulin de la Voizelles, l'ancienne coop pour le quartier
des Bigarelles et la salle pour tous de l'Aéroport.
Réalisation du nouveau Centre
Hospitalier Jacques Cur, la première pierre a été
posée en novembre 1990, et c'est 4 ans plus tard que se
termine le chantier, et arrivent les premiers malades. L'inauguration
officielle date du 24 mars 1995, en présence de François
Mitterrand.
Parc et jardins
Mise en place de manière massive
de plantes et de fleurs dans les rues de Bourges et sur les monuments
publiques. Un embellissement floral très apprécié
qui permet à la ville d'obtenir un classement à
4*.
Réalisation dans les années
1980 du jardin Edouard André, dans le quartier de Mazières,
ce jardin est dédié aux personnes handicapées.
Réalisation dans le quartier
du Val d'Auron du jardin de Lazenay avec le créateur Gilles
Clément.
Création du parc paysager des
Gibjoncs, dont la conception avait été confiée
à D. Lejeune et R.M. Merceron.
Le sport
Création en juillet 1988 d'un
golfe municipal de 9 trous sur des terrains du Val d'Auron. L'inauguration
se déroule le 14 septembre 1988.
Construction du stade des Grosses Plantes
pour les footballeurs, mais devant accueillir aussi d'autres
disciplines.
Arrivée en juin 1989 à
Bourges de la nouvelle autoroute qui permet d'aller à
paris d'une part et à Clermont d'autre part. Cette importante
voix routière appelée A 71 était attendue
depuis 1948
..
Une rue Jacques Rimbault a été
donné dans le centre de la Ville de Bourges (prolongement
de la rue Moyenne), par un Conseil municipal du 14 octobre 1993.
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