La porcelaine,
pour la plupart d'entre nous, c'est la région de Limoges,
et le service de 44 pièces de la grand mère fait
partie du patrimoine familiale dans notre Berry. Pourtant, la
porcelaine dans notre pays représente le complément
indispensable à la gastronomie et aux Arts de la table.
Et afin de casser les idées reçues, les lecteurs
de L'Encyclopédie de Bourges doivent savoir que le Berry
est leader en France de la porcelaine, produisant chaque année
plus de 6000 tonnes de cet " or blanc " c'est à
dire 55% de la production totale française.
Alors, une fois encore, nous allons
nous promener le longs des routes du Cher et de l'Indre, à
la recherche des ateliers, boutiques, musées, décorateurs
et autres magasins de porcelaine. Cette route est tout à
fait remarquable elle attend les touristes et
les berrichons.
La porcelaine,
une tradition de 200 ans :
La porcelaine, a été introduite
en Berry par un Monsieur Klein en 1799, et depuis ce temps lointain,
cet art et cette industrie n'ont cessé de se développer,
avec des hauts et des bas, mais de Mehun à Foëcy,
ils n'ont jamais baissé les bras et les noms sont devenus
mythiques, c'est Pillivuyt, Deshoulières, Lourioux ou
Charles Robin.
Aujourd'hui, en Berry le point fort
des fabrications, c'est la diversité des produits, une
réelle innovation artistique et un marché du quotidien
et du culinaire, à la fois pour les particuliers et pour
les restaurants.
Modernité et traditions avec la présence depuis
1904 de la célèbre " tasse bistrot "
que l'on rencontre encore aujourd'hui dans de nombreuses brasseries
parisiennes ou berrichonnes. C'est aussi, le rendez-vous de l'Histoire
avec le " Mazagran " cette " drôle de tasse
" qui doit son nom à une bataille remportée
en Algérie par le duc d'Aumale en 1841. A ce moment, les
Berrichons qui avaient résisté aux troupes d'Abd
El Kader, pour se donner du courage buvaient " un drôle
de breuvage ", à base de gnole, dans une drôle
de tasse, qu'ils ramenèrent en Berry, et appelèrent
le Mazagran. Disparu, pendant plusieurs décennies, c'est
Guillaume à Bourges qui le remis en " vedette "
lors de la visite du président de la République,
Albert Lebrun en juin 1938.
La route
démarre
Dès
1994 une association réunissant les acteurs de la porcelaine
en Berry est créée, elle comprend les porcelainiers
bien sûr, mais aussi les décorateurs, artisans,
distributeurs, magasins et les collectivités locales.
Il s'agissait aussi de réagir face à la concurrence
étrangère, et de créer une image dynamique
de la porcelaine, suite à une action de communication
moderne.
En 1997, se met en place la signalétique
de la route, avec un beau logo, très coloré, bien
stylisé de manière attrayante, donnant envie de
parcourir la route. Puis c'est la réalisation et la distribution
de milliers de dépliants en région Centre
Mais le touriste change, il devient
insaisissable, il " zape ", reste une heure dans un
musée, s'en va ailleurs, passe une demi-journée
dans une grande cathédrale et s'en retourne selon le temps
et ses humeurs
.. Alors la Route de la Porcelaine cherche
à se situer, à évoluer, à accroître
sa notoriété. Elle organise des " grands coups
", avec Marie Christine Barrault, avec deux grandes journées
de visites
etc ; mais ce n'est pas simple et les résultats
ne sont pas au rendez-vous.
La route
nouvelle est arrivée :
C'est une double rencontre qui va redonner
du " boost " à la Route à partir de 2004.
Dans un premier temps, les adhérents de la Route décident
de confier à l'Office de Tourisme de Bourges, connu pour
son professionnalisme, de reprendre des pans entiers comme la
communication ou l'animation. Puis c'est l'arrivée de
Christian Hoüel chez Pillivuyt qui décide de revoir
la stratégie de la Route, il en prenant la présidence.
Il décide de gérer la
route comme son entreprise. C'est une certaine ouverture vers
les Arts de la Table avec l'entrée d'un souffleur de verre
situé à Mehun sur Yèvre, et d'un potier,
les Ets Renault à Argent sur Sauldre. Ensuite, c'est la
création d'un document susceptible de fédérer
les adhérents dans une brochure franco-anglaise, comprenant
une page par site à visiter. Et puis, la route est sur
le Web, à l'adresse www.routedelaporcelaine.com.
Et l'éléphant
apparaît !
C'est en 2005 qu'il se pointe dans le
premier magasin de porcelaine de la Route du même nom
.
Qui ? Et bien oui, l'éléphant. Nul ne sait plus
qui a eut l'idée de faire entrer ce pachyderme dans la
quinzaine de sites, mais ce fut un premier succès.
Notre éléphant est en
porcelaine, créé et fabriqué par Pillivuyt,
c'est une uvre unique, de bonne dimension et de qualité
exemplaire. Pour l'obtenir, nul besoin de l'acheter. Ecoutons
Emmanuelle Gau, de l'Office de Tourisme de Bourges, elle donne
la clé pour 2006 :
" Vous achetez
un objet en porcelaine dans une boutique de la Route, ou vous
visitez un musée et vous recevez alors un coupon couleur
d'un éléphant, il y a une couleur par ville ou
village
. Par exemple, vous allez visiter le musée
de Saint Genoux, acheter un vase en verre à Créa'Verre,
visiter le musée Deshoulière et enfin vous achetez
une belle assiette chez Tradition à Bourges et cela vous
fait 4 coupons d'éléphants "
Avec ces 4 coupons, le dernier site
vous remet ce magnifique éléphant, et ceci quelque
soit le montant des achats effectués.
La contrainte, c'est " de bouger, c'est de parcourir la
Route de la porcelaine et des Arts de la Table, de Villedieu
à Argent sur Sauldre en passant par Foëcy, Issoudun,
Bruère Allichamps ou encore Mehun sur Yèvre "
.
L'éléphant dans les magasins
de porcelaine, ce fut une révélation, " comment,
ils ont osé ?, ce fut un clin d'il, et au cours
de la première saison, de nombreux collectionneurs d'éléphants
de tout genre se promenèrent sur les routes du Berry.
4 achats = 4 tickets = 4 couleurs et au 4° achat : un éléphant.
Ballades et Visites en Berry
Au long de la Route, chacun a le loisir
de s'arrêter là où il veut, il a un choix
assez fort entre les musées, il y en a trois, les magasins
d'usine, ils sont deux, et les magasins de vente de porcelaine
et autres objets, ils sont une douzaine.
Le musée de Foëcy créé
par Philippe Deshoulières présente dans un vaste
espace une belle histoire de la porcelaine réalisée
par Michel Janvier. La lecture très agréable sous
forme de BD des aventures de Jacques Cur, toujours lui,
mais aussi de Bottger, l'alchimiste inventeur de la porcelaine
dure en Europe, à la sortie, vous êtes incollable
sur l'art de la porcelaine.
Plus loin, des machines de fabrication, et plusieurs fours montrant,
la couleur en plus, comment sont enfournée les centaines
de tasses et autres soucoupes. Enfin, des pièces uniques
ou presque, et le " clou ", représenté
par une magnifique vitrine : les assiettes retrouvées
dans le Titanic, elles venaient de Louis Lourioux : un moment
émouvant.
Et en sortant du musée, un passage dans la " boutique
", avec les ventes d'usine et au milieu de centaines de
pièces, la collection des assiettes de " la Dame
à la Licorne " : du grand art.
Autre musée, à Mehun cette
fois avec le Pôle
de la porcelaine, situé dans
les jardins du duc Jean de Berry, et trois points à ne
pas manquer. L'exposition permanente, et ses pièces remarquables
de Pillivyut, dont la célébrissime " tasse
bistrot ", et quelques autres pièces
.
Seconde attraction, la scénographie réalisée
par Itinérance (les Nuits Lumière de Bourges ),
un grand spectacle son et lumière montrant la liaison
de l'eau, de la terre et du feu
. A ne pas manquer.
Enfin, une exposition temporaire sur un thème : "
le Temps Venra
" reprenant une devise du duc Jean.
Et c'est une présentation exceptionnelle rassemblant des
horloges en faïence, des uvres d'art en porcelaine
de Charles Lemanceau et des uvres d'art-Déco tout
à fait remarquables.
Dernier musée sur la Route, c'est
à Saint Genou dans l'Indre, avec la reproduction de son
four et la présentation de nombreuses pièces racontant
l'épopée de la porcelaine Charles Robin. La véritable
mémoire de Saint-Genou, nous conte l'épopée
de la fabrication porcelainière de manière très
ludique. En effet " la porcelaine est une matière
à multiples facettes : tantôt précieuse elle
peut devenir soudainement capricieuse... "
De la création à la décoration en passant
par les postes de modelage, rien ne vous échappera avant
d'admirer diverses pièces d'exposition. Après ces
trois musées, vous serez incollables sur tout ce qui touche
à la porcelaine.
Chez Agnès
Sorel
Et puis il n'est pas possible de quitter
la route sans un passage dans un des magasins de vente. La Bouinotte
a fait halte à Mehun, chez
Agnès Sorel. C'est
un décorateur Christian qui, depuis une trentaine d'années,
réalise des décors sur des supports multiples,
tels que la porcelaine, la faïence, les meubles peints et
même les fresques murales. Créant des pièces
exclusives, il utilise des techniques traditionnelles à
la main. Il tient ce lieu avec son épouse, et en ce samedi
après midi, le magasin ne désemplit pas. Chacun
vient voir les porcelaines Deshoulières, mais aussi celles
de Guy Degrenne ou de Sologne. Un jeune couple cherche des idées
ils se marient le mois prochain, à côté
une vielle dame veut renouveler les assiettes du dimanche. La
création est bien présente, et pour la boutique,
" les métiers changent, il faut donner l'envie au
client de venir ".
Et la route se poursuit, c'est Annie Porcelaine à Vignoux
sur Barangeon, mais aussi de Terre et de Cristal à Issoudun,
sans oublier au Centre de la France, les porcelaines Avignon
ou encore Frêlon à Villedieu sur Indre
..
A partir des années 2010, cette
route, avec les difficultés de l'industrie de la porcelaine
va péricliter.
en savoir plus :
la
porcelaine à Bourges et en Berry
le
Mazagran