La rue des Juifs : (rue et impasse des Juifs)
Bourges possède une " rue des
Juifs ", ce qui ne cesse de surprendre le touriste qui découvre
en haut de "
la rue Bourbonnoux ", presque en face du chevet de la cathédrale,
une ruelle étroite, pavée et dans laquelle il hésite
à s'engager. Le nom provient de la présence dans
cette rue et ce quartier, au Moyen Âge d'une grande partie
de la communauté juive, et c'est ainsi que l'on y retrouve
une magnifique synagogue. Ce qui est plus curieux, c'est que
ce nom de " rue des Juifs " ait subsisté dans
la perception des Berruyers, aussi bien pendant l'Occupation,
qu'après l'holocauste. C'est sans doute la rue de Bourges
la plus représentative de ce qu'étaient les rues
du haut Moyen Âge.
Une rue qui a été aussi détaillée
par Roger Richet, elle a 4 mètres de largeur et elle est
très caractéristique des rues du Moyen Age dans
Bourges.
Ce nom remonte au Haut-Moyen Age car la
communauté juive formait un tout avec à la fois
des maisons d'habitation, mais aussi des commerces et deux synagogues
ainsi qu'un cimetière.
Ils étaient nombreux et Auguste Frémont écrit
" qu'ils vivaient dans l'opulence ce qui leur attira des
persécutions ".
Il est même dit qu'au VI ième siècle, beaucoup
d'entre eux se convertirent à la religion catholique.
On retrouve des éléments
sous le règne de Louis VII, très connu à
Bourges. Après le décès de son père
Louis VI " le Gros ", d'une dysenterie probablement
consécutive à un excès de bonne chère,
Louis VII est à nouveau couronné à Bourges,
le 25 décembre 1137.
Sous
son règne il est né en 1120 et mort en 1180 à
Paris, roi des Francs de 1137 à 1180 les juifs à
cette époque se proposent de construire des synagogues
en Berry, mais des difficultés surgissent vers 1170 entre
l'archevêque de Bourges et le pape Alexandre III.
Cela se poursuit avec saint Guillaume archevêque
de Bourges qui veut convertir les juifs à la religion
catholique mais les édifices juifs construits dans le
diocèse furent en partie détruits à la demande
du Pape Honorius II en 1220.
La grande synagogue de Bourges se trouvait
à l'angle de la rue Bourbonnoux et de la rue des Juifs,
en face de la rue des Trois-Maillets, elle est en partie souterraine
et conserve encore aujourd'hui une belle architecture gothique.
Le nom de rue des Juifs est utilisé
de manière logique pour nommer cette petite rue.
Mais au XVIII ° siècle, un four
banal est mis en place dans cette rue à proximité
de la rue Montcenoux, aussi, la rue commence à changer
de nom pour s'appeler " Rue du Four du Chapitre ".
Ce nom ne va pas durer très longtemps et elle va assez
vite retrouver ce nom de rue des Juifs de cette époque
jusqu'à nos jours.
Par contre on ne trouve jamais de décision
ou de délibération du conseil municipal donnant
une réalité administrative à ce nom.
Le dernier événement concerne
la dernière guerre, car sous Henri Laudier, maire de Bourges
depuis 1919, cette rue avait une plaque de rue, comme les autres
avec " Rue des Juifs ", ce qui était la tradition
locale depuis sans doute le VI ° siècle.
Le premier soin des "miliciens de
Darnand ", lors de leur arrivée à Bourges,
sans doute en mai 1942 fut de déposer une des plaques
de la rue des juifs " et de la remplacer, à l'angle
de la rue Bourbonnoux, par une inscription sur bois avec ces
mots " rue des Aryens ". Cet écriteau fut enlevé
dans la nuit qui suivit son apposition et ne fut pas remplacé.
On ignore toujours qui fut l'artisan de cette protestation.
Il s'agit là de la contribution
de Edmond Jongleux dans son Histoire de Bourges sous l'Occupation.
Il semble bien que la plaque de cette rue
ne sera pas remise après sa déposition en 1942,
la Libération ne la remet pas en place puisqu'en septembre
968, Marcel du Loir dans le Berry Républicain demande
que cette plaque soit remise, dans un poème intitulé
" Supplique pour la rue des Juifs ".
Marcel du Loir de
son nom Marcel Roulleau était un poète et homme
de lettre,
Donc, la plaque a été remise
après septembre 1968, mais les Berruyers, même sans
la plaque appelaient toujours cette petite rue, rue des Juifs.
Il reste juste à trouver
à quelle date la plaque a reparu. Sans doute au début
des années 1970, sachant que même sans la plaque,
les Berruyers appelaient toujours cette rue typique par son nom
de rue des Juifs.