Cette abbaye est située à
l'Ouest de la ville sur la route dite d'Orléans, qui permettait
après avoir franchi la porte juste après l'Hôtel
Dieu (place Rabelais actuelle) occupe une place importante dans
l'histoire de Bourges à double titre, il me semble, puisqu'elle
a engendré le bourg de Saint-Sulpice lui-même.
Sulpice a été le grand évêque
pendant une vingtaine d'années, de 626 à 646 à
l'époque où Bourges était une importante
métropole religieuse. Il a fait édifier une basilique
funéraire sur ce lieu ; la basilique a été
agrandie plusieurs fois au cours du VIIe siècle car elle
attirait de nombreux pèlerins sur la sépulture
de ce saint. On évoque d'ailleurs l'existence d'un "
port " sur ce confluent de l'Yèvre et de l'Auron.
L'abbaye bénédictine était
dédiée aux hommes, s'est établie aussi sur
ce lieu ; elle comprenait probablement plusieurs édifices
de culte, dont une église qui a aujourd'hui disparue mais
pas d'église paroissiale (en revanche les églises
Sainte-Croix et Saint-Médard dépendaient de l'abbaye
Saint-Sulpice).
Sulpice avait fondé également un monastère
de femmes situé intra muros, identifié comme étant
Saint-Pierre le Puellier.
Selon les documents de . J.Y. Ribault, Bourges, ed. Bonneton
et Ph. Goldman, CAHB. N° 109, le bourg s'est considérablement
développé autour de cette abbaye au IXe siècle
; Louis le pieux l'avait même doté d'un marché
hebdomadaire et de foires annuelles.
Charles le chauve lui accorda de nombreux privilèges judiciaires,
fiscaux, économiques
Des moulins ont été
implantés dans le bourg Saint-Sulpice.
L'abbaye, qui se trouvait hors de l'enceinte médiévale,
a souffert au début du Xve siècle, puis a été
dévastée par les huguenots. Elle a été
" réparée " au début du XVIIe
(Jean Lejuge, par exemple, a été chargé
d'exécuter en 1622 le portail de l'église) et en
partie reconstruite au début du XVIIIe siècle.
Grange, écuries et vastes greniers ont été
construits au cours du XVIIIe siècle, comme l'indique
aussi Buhot de Kersers, dans son Bourges et son canton .
Les vestiges actuels, portail de l'enclos, pavillon à
trois étages, quelques éléments de décor
qui séparent l'enclos des jardins
datent du XVIIIe
siècle.
La Congrégation des Petites
Soeurs des Pauvres :
C'est par un décret du 9 janvier
1856 qui valide les statuts de cette Congrégation à
Rennes, puis en 1869 à St Pern en Ille et Vilaine, qui
permet aux Petites Soeurs des Pauvres de s'installer à
Bourges à Saint Sulpice.
Le décret d'autorisation à
Bourges est en date du 15 novembre 1858, et le lieu est
indiqué : 6 Enclos des Bénédictins.
La Congrégation se donne pour but
"le service et les soins des personnes Agées
admises dans leurs établissement".
Dans les statuts, se trouve la définition
de l'organisation, avec une Supérieure Générale
assistée d'un conseil, et il est indiqué dans l'article
1 que chaque maison est dirigée par une Supérieure
et il y a aussi un Chapelain. Ces statuts qui sont publiés
pour l'ensemble de la congrégation ont été
approuvés en 1970, par le premier ministre M. Chaban Delmas,
et son ministre de l'Intérieur R. Marcellin. La Supérieure
Générale de l'Ordre étant alors Florence
Monier ( Sr Marie Antoinette de la Trinité).
C'est par un décret du 3 novembre
2005 qu'est abrogée l'existence légale à
Bourges sur le site de l'Enclos des Bénédictins
la congrégation des Petites Soeurs des Pauvres, "sis
à Bourges". Les biens seront alors transférés
à la "maison-mère" de Saint Pern. (ce
décret est signé de D. de Villepin et N. Sarkozy).
Les bâtiments ne sont pour le moment
ni classés, ni inscrits M.H, sauf le portail d'entrée
de ce lieu, situé juste en face de l'Hôtel de Police
de la Ville.
A noter que le grand bâtiment de la grange- grenier, situé
derrière les bureaux du garde-meuble Tessiot et qui lui
appartient, a encore belle allure.
Grâce à son espace de jardins, à l'environnement
de l'eau, l'ensemble évoque malgré tout le souvenir
d'une abbaye importante et du bourg qui l'entourait.
Un vaste programme immobilier est en cours
de réalisation (années 2005 - 2010) pour créer
un ensemble médicalisé pour personnes âgées
ou souffrantes.