Les Indiennes
de Bourges :
Les Indiennes sont des étoffes qui
désignent des pièces généralement
importées de Chine ou des Indes au XVII e siècle
d'où leur nom. Elles peuvent être de matière
divers, en soie, laine ou coton.
Ce qui les caractérisent
au XVIII e siècle en France, c'est leur motif qui représentent
des figurines venant des Indes orientale et ce sont alors des
toiles de coton qui sont peintes ou imprimées.
C'est Colbert (1619 - 1683) qui est Contrôleur
général des finances du roi Louis XIV qui tente
d'implanter des Manufactures Royale à Bourges puisqu'il
s'installe dans le Marquisat de Châteauneuf sur Cher et
achète même le Palais Jacques Coeur.
C'est le colbertisme (ou mercantilisme),
par lequel le ministre de Louis XIV pousse l'ensemble des industries
vers davantage concentrations et un fort développement.
Il créé la "Manufacture Royale" et veut
la "soustraire aux contraintes corporatives " de l'époque
et aussi assurer des tarifs protecteurs et des commandes assurées.
L'origine des Indiennes de Bourges :
C'est dans cet esprit qu'en 1756, un manufacturier
anglais Robert Davis décide de s'installer à Bourges,
conseillé en cela par un de ses collègues, Holker
qui est à l'origine du développement de l'industrie
textile à Rouen.
Pourquoi Bourges , et par un anglais ?
Voici comment était perçue
la ville de Bourges à cette époque par cet anglais
:
"La Ville de
Bourges est pleine de pauvres gens, sans emploie, les vivres
y sont à bon marché, c'est ce qui m'a déterminé
à en faire choix pour m'y fixer. J'espère que le
loyer des maisons n'ira pas loin...."
A l'été 1756, huit ouvriers
anglais s'installent à Bourges dans des bâtiments
situés Faubourg Saint Sulpice et ainsi commence l'industrie
de Davis qui est encouragé par les personnalités
locales comme le cardinal de La Rochefoucault. La France est
dans une forte tendance libérale et faire venir des étrangers
"à l'esprit inventif" est bien vu.
Le 3 mars 1757, financés par 3 anglais,
Torrens, Morison et Porter, "La Manufacture Royale d'Etoffes,
façon Angleterre, de Laine, Soye, Chanvre" ...
est créée.
Mais la fabrique connaît assez vite
des difficultés et devant un "bilan catastrophique"
Holker intervient pour que des négociants français
s'associent avec les anglais. Cela dure 15 mois et la nouvelle
société, elle, va se poursuivre de 1759 à
1767.
Une photo de l'indienne de Bourges,
pour une vue encore plus grande, cliquer
ICI
La production augmente et on construit de nouveaux
bâtiments le long de la route d'Orléans, au bord
de l'Yèvre. Parmi les français qui sont entrés
dans la nouvelle société, se trouve un certain
Guillaume Lesage, il est de Bourges, est âge de 28 ans,
et c'est un homme "vif, actif et bouillant". Il trouve
les anglais incompétents et obtient de Holker de les renvoyer,
ce qui est fait dès 1764.
Devenu Directeur général,
il obtient de pouvoir fabriquer des "toiles de coton imitant
les garats des Indes d'après les échantillons trouvés
à Orléans et Nantes" . Puis, associé
à un Suisse, Lesage obtient d'imprimer sur les différentes
toiles qui sortent de la fabrique.
Ainsi sont nées à Bourges
les Indiennes qui étaient alors très en vogue à
la cour du Roi.
Il s'installe, après avoir refusé
un lieu appartenant au duc de Charost, à l'emplacement
des "Moulins bâtard", toujours sur l'Yèvre.
Avec l'arrêt du
2 juillet 1766, c'est la création de "La Manufacture
Lesage et Compagnie" encore appelée "Manufacture
Royale d'indiennes de Bourges".
A cette époque Lesage écrit
à Trudaine :
" De tous les établissements
que vous avez formés, le nôtre est sans contredit
le plus utile parce qu'il est situé dans une province
pauvre qui a besoin d'être vivifiée....parce que
tout est à créer dans ce pays presque abandonné
; sans commerce.... sans ressources, chemins..... Il faudra bien
des soins et de l'application pour changer le moral.... ".
Et Lesage d'ajouter que "2500 ouvriers
ne font pas ici l'ouvrage que feraient 600 dans un autre endroit"..
Il achète d'autres manufactures en particulier à
Issoudun. En fait d'autres documents donnent un chiffre plus
bas, Elle aurait employé 1000 personnes à son apogée
dans tout le Berry. Qui dit vrai ?
Guillaume Lesage est né vers 1731,
il connaît bien l'art de la filature, mais c'est surtout
un commerçant et un meneur d'hommes. Il vivait à
Bourges et avait une maison à Paris.
Il fera fonctionner ses manufactures
jusqu'à la Révolution de 1789, mais dès
1787, il est en difficultés avec la limitation des importations
de matière première. Il est lâché
par ses financiers et et poursuit seul son aventure dans le textile.
En 1792, il dit avoir encore 68 métiers qui occupent 874
personnes., mais les dernières commandes datent de 1793.
Lesage meurt le 21 novembre 1804 à
Paris.
Article réalisé
suivant les recherches de Micheline Viseux.