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LOUIS THEBAULT, SCULPTEUR DE BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges, trop méconnu, grand sculpteur trop modeste, tel fut Louis Thébault, un des grands sculpteurs sur bois et pierre.

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Version 2009

 

Les sculpteurs de Bourges ne sont pas très nombreux. Dans un passé récent, La Bouinotte a évoqué Emile Popineau ou Claude Alard à qui l'on doit de très nombreuses œuvres érigées sur les lieux publics de la capitale du Berry. Aujourd'hui, nous proposons à nos Internautes de découvrir un des grands sculpteurs du XXe siècle à Bourges, Louis Thébault, dont la ville peut d'enorgueillir. Peu connu, il était d'une grande simplicité et sa modestie l'a laissé quelque peu dans l'ombre.

Un sculpteur inconnu ?

Tout commence en 1992, alors que j'écrivais un petit ouvrage sur " Les Sculptures de Bourges", celles que l'on peut trouver dans les lieux publics. Ainsi, au fil des pages, le lecteur suivait Préault sculptant son Jacques Cœur de belle facture situé en face du palais du Grand Argentier, puis Jean Baffier, régionaliste contesté et auteur de l'Homme Taureau et d'un beau Louis XI, sans oublier "Le paysan" de Jules Dalou une œuvre majeure située aux Prés Fichaux de Bourges.
Et c'est justement aux Prés Fichaux qu'en recherchant les différentes statues que je découvrais un bronze situé sur la grande pelouse. Il représentait un berger gardant ses moutons, un sujet typiquement local. Malgré toutes mes recherches, je ne trouvais pas le nom de cet artiste, l'œuvre n'étant pas signée.
A cette même époque et à deux reprises, en compulsant des documents des années 1940, j'avais découvert qu'Emile Popineau, qui laissa de nombreuses œuvres à Bourges avait travaillé pour sa frise en pierre de la Maison de la Culture avec un "monsieur Thébaut", ce que j'indiquais sans en savoir plus.

Plus tard, au printemps 2002, l'Office de Tourisme de Bourges fêtait ses 100 ans, il était né en 1902, et une partie de l'organisation de cet anniversaire avait été confié à une jeune femme, Catherine Thébault. C'est au cours d'une conversation qu'elle me fit part, sachant mon intérêt pour le XXe siècle à Bourges, de sa parenté avec un Louis Thébault, sculpteur et s'étonna de ma méconnaissance de cet artiste….. qui était tout simplement son arrière grand-père !

Je fus un peu confus de mon ignorance car je pensais bien connaître tous les sculpteurs de Bourges du XX e siècle. Aussi, peu à peu, comme en reconstituant les pièces d'un puzzle, je retrouvais dans mes documents personnels des œuvres de Louis Thébault.
Ainsi, cette sculpture des Prés Fichaux, représentant un cadran solaire, c'était de Louis Thébault. Et puis, élu de la ville de Bourges, je célèbre de manière très régulière des mariages dans la salle de la mairie. A l'entrée de cette magnifique pièce, qui fut la chapelle des archevêques de Bourges avant 1910, trônaient deux bustes en bois représentant deux maires de la Ville, Louis Pauliat et Eugène Brisson, ils sont l'un et l'autre signés de Louis Thébault.

Sculpteur local, modeste et attachant

Ainsi, Louis Thébault était-il un sculpteur dont j'avais pendant 20 ans croisé des œuvres sans jamais prendre conscience de leur importance.
Louis Thébault est né le 28 avril 1880 à Bourges, son père était menuisier et tout jeune, pour faire comme papa, il sculpte du bois, il était assez doué. Il n'a jamais quitté Bourges, sauf pendant la première guerre mondiale. Il a été fait prisonnier, et restera 3 ans en Prusse.

Il commence son apprentissage à la fin du XIX e siècle, il est alors âgé de 14 ans. Comme cela se faisait à l'époque, encore gosse, il apprend un métier et il dira "mon maître et patron a été Henri Jossant, artisan sculpteur bien connu à Bourges". Il sera donc sculpteur pendant plus de 50 ans. Il travaillera sur l'ensemble des matériaux avec essentiellement la pierre et le bois, mais il fait aussi du modelage : la terre et le plâtre. Il avait semble-t-il une préférence pour le bois.
Pour faire vivre sa famille, Louis Thébault s'était marié en 1905, il lui faut trouver une activité complémentaire car ce métier de sculpteur ne nourrissait pas toujours son monde, il devient professeur pendant une vingtaine d'années à l'école des Beaux Arts de Bourges, puisqu'il remplace son maître Henri Jossant à partir de 1921.

Son atelier est situé à Bourges à quelques pas de la cathédrale, très exactement au 19 de la rue Nicolas Leblanc. Dans ce lieu le sculpteur travaille sur des quantités d'œuvres, avec beaucoup de médaillons en plâtre, c'était avec le bois son genre favoris. Mais il a fait de tout, la statuette, le buste, le bas-relief… etc.

Louis Thébault sera toujours avec ses ciseaux et ses maillets. Même pendant son séjour forcé en Prusse, pendant la guerre de 14-18, après quelques mois comme cheminot il est repéré par un architecte allemand qui l'emploie alors comme sculpteur !

Des oeuvres très variées

L'œuvre de Louis Thébault est mal connue, essentiellement parce qu'il touche des types de sculptures que le public ne met pas au plus haut de l'art. Il fait des bustes en bois, se spécialise aussi dans la réalisation de médaillons en plâtre, ce qui n'est pas très "grands public", et enfin travaille de manière presque anonyme à la décoration de plusieurs monuments, il est un des grands sculpteurs de la cathédrale de Bourges, Il participe à la restauration de plusieurs œuvres du moyen âge qui se dégradaient rapidement. On lui doit, dans les années 1930 toutes les sculptures de l'Hôtel des Postes. Ce magnifique monument de style néo-gothique, situé au milieu de la rue Moyenne de Bourges est admiré par de nombreux touristes, certains datant cet édifice de la période de Jacques Cœur……
Enfin, il "aide" Emile Popineau dans la grande fresque intitulée "La danse" sur le fronton de la Maison de la Culture, mais seul le nom de Popineau est resté dans le souvenir de quelques berruyers, Louis Thébault est rarement cité. Comme ce dernier, il fera aussi quelques monuments aux morts, dont celui de Crézancy dans le Cher….. pour lequel il sera payé 7 ans après l'inauguration du monument !

Il aimait faire des médaillons en plâtre, comme celui consacré à Henri Ponroy, président de la commission du Musée de Bourges, ou de Paul Chenu, colonel spécialiste en numismatique et descendant d'un orfèvre du duc Jean de Berry.

Parmi ses œuvres statuaires, on note pourtant de nombreuses pièces très variées. C'est par exemple une série de plâtres comme "La tête de fillette" ou le buste d'Eugène Martial, rédacteur de la "Dépêche", sans oublier des sculptures comme "la baigneuse" et la "jeune femme", qui sont toutes deux en bois. C'était, à la fin de sa vie, les deux sculptures préférées de Louis Thébault.
Dans la longue liste de ses oeuvres, on note peu de bronzes, sinon le cadran solaire daté de 1936 et destiné aux Prés Fichaux.

Il obtiendra de nombreuses distinctions, il expose au salon du "Mouciau" de manière régulière, n'avait-il pas été un des membres fondateur de cette école ? Il avait 24 ans et avec quelques autres jeunes hommes, il était à l'origine de cette société, qui fait toujours en 2003, le bonheur des artistes locaux.

Il est reçu par deux fois au Salon des Artistes français et en 1929 il reçoit la médaille d'Or du Meilleur Ouvrier de France, une distinction qui lui avait fait le plus grand plaisir, car il s'agissait de reconnaître la valeur d'un travail. Les deux statues qui lui avaient permis d'obtenir cette distinction, il les avait gardé dans son atelier, les montrant avec fierté à de rares visiteurs.

Il faut noter que ses œuvres étaient signées de son nom, mais en il signa à plusieurs reprises avec Gaillot, qui était le nom de son épouse.

Consciencieux et effacé

Il faut écouter Louis Thébault lorsqu'en 1950, il reçoit un journaliste du Berry Républicain. Il est un peu amère, "je travaille pour les marchands de meubles, car à notre époque, on ne compte guère de statuettes ou de portraits-médaillons".
En effet, dans cette après-guerre, il n'y a pas beaucoup d'argent pour la création artistique provinciale et Laudier, maire de la Ville et grand défenseur des sculpteurs a disparu. Alors L. Thébault travaille pour subsister, et lorsque le journaliste lui demande pourquoi il reste dans l'ombre, il a cette réponse : "A quoi bon, à mon âge, je n'ai plus guère besoin de publicité….. je fais maintenant de la besogne".

Il travaillait, nous dit sa belle-fille comme un artiste, "quant il avait envie de faire quelque chose, il allait très vite". Toujours en biaude blanche et portant chapeau, c'était un vrai personnage, comme on les aime en Berry.
Louis Thébault meurt un 1er janvier de l'année 1960, il avait 80 ans, une vie consacrée à la sculpture. Dans son oraison funèbre, Pierre Grosjean dira "C'était un homme simple, un artiste, et un vrai, car il était sans orgueil".
Ayant eu la chance de pouvoir visiter l'appartement de ses petits enfants, je découvris un mobilier de toute beauté réalisé par Louis Thébault. Les chaises en bois sculpté, le buffet, les tableaux de bois, le tout en style art-déco.

Il reste à organiser, un jour prochain, au Musée du Berry ou ailleurs, une exposition, rappelant à tous les berrichons qui était cet homme, si consciencieux et très prolifique
Louis Thébault mériterait davantage de reconnaissance de la part de sa ville natale, le nom d'une rue peut-être ?

Merci à Catherine pour son aide
Au cours du Conseil municipal de Bourges, le 20 octobre 2006, le nom d'une rue "Louis Thébault" a été proposée et acceptée à l'unanimité du conseil. Cette sur se situe dans le quartier de la route de Dun.
 
Une lettre de monsieur Jean Marchal de Sancoins :
 

" Vous avez sorti de l'ombre, Louis Thébault, je vous en suis profondément reconnaissant car j'ai été son élève au cours de modelage à l'Ecole des Beaux Arts de Bourges dès la Libération de la Ville en 1944. Je garde un souvenir ému de l'homme et du praticien, mon maître en la matière.

Après réflexion, il me semble qu'il serait bon de constituer un comité rassemblant les anciens élèves de l'Ecole des Beaux Arts l'ayant connu. Le dernier carré porterait sur douze à quinze personnes dont l'âge varie de 86 à 78 ans".

 

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