le lac d'Auron - Roland Narboux - Bourges Encyclopedie -

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LE VAL D'AURON A BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges, le lac d'Auron est artificiel, c'est le rendez-vous de tous les Berruyers. PHOTOS : Le lac d'Auron

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Version 2011

C'est en février 1977 que le lac d'Auron est inauguré dans une certaine indifférence. Il fut l'œuvre du maire Raymond Boisdé, et sans doute son échec politique. Repris par Jacques Rimbault à contrecœur, il va devenir au fils du temps un des quartiers importants de Bourges. Aujourd'hui, féru d'écologie, le maire Serge Lepeltier veut en faire un symbole de la nature en pleine ville. Au fait, qu'est-il devenu ce lac de 84 hectares, une trentaine d'années après ?
 
 
 
Le Val d'Auron prend forme
 
Ce programme sera une opération d'envergure qui va se déclencher à partir du début des années 1970. Pour Raymond Boisdé, l'ensemble Chancellerie-Gibjoncs accueillera en 1976 ses derniers habitants et ce vaste programme d'urbanisation sera terminé. Il faut donc songer à une autre zone, et c'est la surface comprise au sud de l'agglomération qui est choisie.
Les premières délibérations du Conseil municipal se déroulent dès 1967, et le 21 juin 1969 date le principe de la création de ce plan d'eau.
Dans une première phase, avec la SO.BER.EM., et le concours de M. Parlos, Architecte à Paris, un avant-projet avec création d'une Z.A.C.(Zone d'Aménagement Concertée). Une seule opposition alors, celle de M. Cothenet, qui pense "qu'il vaudrait mieux laisser à nos successeurs le soin de se pencher sur cette question.... puisque vous allez être obligés, sur ces deux kilomètres de longueur, de faire des travaux d'enlèvement de terrain considérables qui vont entraîner une dépense qui sera proportionnelle".
Dans une seconde phase, Raymond Boisdé publie en 1973, un "LIVRE BLANC" intitulé Le quartier Résidentiel du Sud, dit "Bourges - Val d'Auron".
Les projets d'implantation de ce plan d'eau vont varier, et pendant un certain temps, il est question de construire le lac dans la zone inondable située à la sortie de Bourges, côté Saint-Doulchard, dans le lieu-dit de "la prairie", alors que certains songent…. Aux marais de Bourges..
Le Conseil municipal se prononce favorablement, le 11 mai 1974, sur un projet qui se décompose en trois volets : le schéma de secteur, la ZAC du Val d'Auron et le plan d'eau
Lors de la discussion, quelques oppositions apparaissent, comme celle de M. Bulle, il pose quelques questions sur l'emploi et souligne que miser sur une population de 29 000 personnes, sans apporter d'emplois, peut poser des problèmes.
Le maire défend son projet, et signale que déjà 1000 emplois viennent d'être créés.... et, après quelques rares escarmouches, le Conseil municipal vote le projet à l'unanimité moins une voix.
L'ensemble du secteur a été défini par un arrêté préfectoral en date de janvier 1973, il recouvre une surface de 540 hectares. Dans le document, il est indiqué que la liaison avec la ville se fera par l'intermédiaire d'une voie express alors que celle la reliant à l'autoroute A 71 sera réalisée par une bretelle d'une "jonction facile".
Dans ce plan directeur, il est mentionné que l'une des rives du lac sera aménagée en espaces verts réservés à la détente, avec divers équipements sportifs ou de loisirs.
A l'intérieur du périmètre de 540 ha, il y en a 140 qui sont réservés aux activités industrielles, et le reste à l'habitat et à son environnement. Ce schéma sera approuvé en 1974 par un arrêté préfectoral L'ensemble du projet dans ses principes généraux, définit une vaste zone industrielle destinée à attirer des activités économiques en agglomération berruyère, et à fournir des emplois aux résidents des futurs quartiers.
Le réseau de voirie a été conçu pour que la circulation automobile ne puisse pas aller jusqu'aux rives du lac, afin d'en protéger le calme et l'agrément de la vue.
Un premier secteur sera aménagé sur 180 hectares, pour accueillir 6000 à 7000 personnes, avec l'aide de 600 à 800 logements individuels de tous types, et 1000 à 1400 logements en immeubles collectifs.
Au mois de mai 1974, un groupe, qui s'intitule "Sauvegarde et Renaissance de Bourges", se lance dans une campagne de presse pour s'inquiéter de ce que sera le futur lac d'Auron. Le titre de l'interrogation est sans équivoque :
 
"VAL D'AURON, LAC OU MARIGOT ?"
 
Et les signataires, anonymes, rappellent à la municipalité que "bien avant sa réalisation, le plan d'eau des Prés-Fichaux nous avait été présenté comme la promesse d'un centre nautique d'ampleur régionale". Il faut le reconnaître, sur l'ensemble de ce projet, qui devait comprendre un plan d'eau, des baignades, seule la piscine a subsisté. Alors, questionnent ces opposants : "ne va-t-on pas rééditer au Val d'Auron, une opération aussi décevante ?"
Les questions techniques ne semblent pas résolues, que ce soit sur les barrages ou les activités dévolues à ce plan d'eau. Ces courriers vont avoir le don d'agacer profondément le maire de Bourges qui parle "d'une communication agressive et d'ailleurs anonyme", en répondant à "Sauvegarde et Renaissance du Berry".

Les premiers travaux d'aménagement, à partir de la route de Lazenay, sont finalement engagés au printemps 1975, juste deux ans avant les prochaines élections municipales, il faudra aller vite ! L'échéancier est ambitieux avec une mise en eau au cours de l'été 1976.
 
 
Le lac proprement dit aura une superficie de 82 hectares, long de 2200 mètres et large de 400 mètres au maximum.
Ce chiffre de 82 hectares, parfois 84 et même 90 hectares sera repris pendant des années.
ce n'est qu'en 2011, que les services topographiques de la mairie vont donne rles chiffres exacts :
Superficie totale du plan d'eau: 73 ha 13
dont 45 ha 53 sur le territoire de la ville de Bourges
( par Michel FORTIN Service de la Géomatique de la ville de Bourges).
 
Sur ce lac, on pourra pratiquer la voile, la pêche, l'aviron, avec des compétitions internationales, la natation et les jeux de plage, et tous les sports individuels et collectifs le long des berges et sur les espaces libres avoisinants. Il faut noter que si la longueur et la largeur du lac sont mentionnés dans ces documents de 1974, il n'est jamais question de la profondeur.... qui sera le point faible de ce complexe.
Ce plan d'eau sera obtenu en creusant le lit majeur de la rivière Auron, et en barrant le lit en aval. Pour répondre aux besoins d'une population répartie dans environ 2000 logements, des équipements de voisinage sont prévus : une école est placée au centre des îlots, des commerces d'appoint, des jeux d'enfants , une résidence pour les personnes âgées et, bien entendu, des espaces sportifs.
Les Berruyers vont, comme souvent lorsque des propositions nouvelles leur sont faites, prendre "leur lac en grippe". Pour beaucoup, ce lac est un trou à la fois réel et financier, et ces arguments rappellent ceux développés contre Laudier et "ses" Prés-Fichaux.
Le plus virulent, en Conseil municipal, est Edmé Boiché. En juin 1975, il se déclare à nouveau contre "un urbanisme de profit et de prestige". Et il ajoute : "Je persiste à penser que la création d'un lac est un luxe pour l'instant, que la priorité devrait être donnée à des objectifs plus urgents : maternelle, crèche, logements sociaux, foyers, circulation, etc...."
Dans l'article d'un journal local, le coût de l'ensemble est détaillé , le coût total du projet avoisine 35 millions de francs se répartissant en subvention de la Région (2,5 MF), travaux pour ZAC (2,5 MF), fond de concours des promoteurs (4,1 MF), et les emprunts pour 25,9 millions de francs.
Il s'agit donc pour les responsables municipaux d'un financement par l'emprunt, "qui ne coûtera rien au contribuable berruyer",
 
L'inauguration du Lac d'Auron
 
Parmi les grands chantiers que défend le député-maire, le Val d'Auron tient une place particulière. C'est la "grande oeuvre" de cette période qui, pour Raymond Boisdé, correspond à un véritable besoin, c'est une "réalisation sociale permettant aux travailleurs qui n'ont pas le moyen de prendre des loisirs à leur aise, dans l'espace et dans le temps, d'y trouver le moyen de s'oxygéner, de se reposer dans un cadre qui n'aura pas à souffrir des nuisances industrielles".
Boisdé se défend par rapport aux critiques sur une réalisation qui est parfois qualifiée de "prestigieuse et aristocratique".
Régulièrement, il donne des informations sur l'avancement des travaux et la situation des finances. Dans l'été 1976, il affirme que près des 3/4 des déblais prévus ont été réalisés, ce qui représente 1 000 000 de mètres cubes, et les bulldozers sont arrivés au fond de la cuvette en enlevant moins de terre que prévu.... "Nous n'avons eu aucune surprise désagréable" affirmera M. Boisdé.
Boisdé va se battre sur "son plan d'eau". Il sent que le pouvoir lui échappe, et que les critiques se font de plus en plus acerbes. Il déclare en Conseil municipal :

    "Nous ne savons pas qui, ici, occupera les fonctions dirigeantes de la Ville de Bourges, c'est-à-dire le nouveau Conseil municipal, mais il n'est pas interdit, en toute honnêteté, de prendre la précaution de ne pas voir dévaluer une telle opération, lancée après mûres réflexions puisque, vous le savez, j'ai mis personnellement 10 ans pour trouver en face de moi, un architecte qui mettra à la disposition de la population un des plus grands et des plus agréables plans d'eau de toute la France".
 
Les espaces verts seront mis en valeur, poursuivra le maire, et il rappelle que les archéologues ont découvert les vestiges d'un port romain qui sera conservé. Le sport aura aussi la partie belle avec des matchs le long des quais et sur l'eau, de l'aviron et du ski nautique. Il termine son propos par un "nous n'avons pas à regretter d'avoir osé réaliser cette opération.... On rend service à la population sans accroître de façon excessive les charges fiscales".

Le 26 février 1977, en pleine campagne pour les municipales, se déroule le dernier acte de Raymond Boisdé à Bourges : l'inauguration du Lac d'Auron.
Ce jour-là, c'est une inauguration dans la boue, sous un temps exécrable, ce n'était pas le soleil d'Austerlitz..... Le lac tient presque ses promesses, il a bien la longueur et la largeur désirée, mais il n'est profond que de 1,7 à 5 mètres dans de rares endroits, c'est en tout cas ce qu'annoncent les documents remis à la presse. Ce sera son principal handicap.
Les cérémonies comprennent une animation, avec du canoë-kayak, et aussi, pour la première fois, de l'aviron, les bateaux s'élancent vers 16 heures.
Les discours sont prémonitoires, Boisdé parle des 2500 logements qui sont prévus et il ajoute :

"Si la future municipalité a du pain sur la planche, la municipalité sortante possède de bons atouts, dont le plan d'eau".
 
Par la suite, ce plan d'eau deviendra une des réalisations les plus prestigieuses et les plus utiles de Bourges. Le programme immobilier qui va entourer ce plan d'eau sera poursuivi avec quelques difficultés.

Un quartier où il fait bon vivre. Il comporte une base de voile et un centre d'avirons proposant des compétitions d'aviron de niveau international. Seul problème après 20 ans d'utilisation du lac : un envasement important nécessitant de très gros et coûteux travaux. Plus loin, dans la verdure, un centre hypique bien aménagé.


Un centre commercial a été installé avec un magasin de la chaîne ATAC, et proche de l'esplanade Pierre Mendès-France, le Windsurf, un bar restaurant pour flâner l'été.

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