En sport, le football à Bourges,
dans ces années-là reste majeur, le basket féminin
est marginal dans le cur du public.
La saison de l'équipe phare du FCB en 1985 / 86 est celle
de l'espoir. Les joueurs d'Alain Michel, un prof d'histoire "à
Margot", arrivé à Bourges l'année précédente
comme entraîneur vont faire des prouesses. Les Bedouet,
Favier, Pétron, Renaud Chavanon et Fortes sont au meilleur
de leur formes. L'équipe du président Groneau passe
de la troisième à la seconde division à
la suite d'une victoire sur Poitiers par 1 à 0, après
un coude à coude mémorable avec Angoulême,
le favori.
Le football à Bourges se joue, au
meilleur niveau dans le stade Séraucourt, situé
sur un ancien terrain de manuvre des artilleurs, il est
un rendez-vous important des Berruyers qui se garent sur l'esplanade
et s'en vont au match. Mais le passage en seconde division, c'est
à dire dans l'élite, et la popularité de
ce sport à Bourges, donnent des idées à
la municipalité de Jacques Rimbault.
Le 26 juin
1986, le Conseil municipal délibère sur l'achat
de terrains pour construire le complexe sportif de Bourges. Il
s'agit sans aucun doute du plus gros projet de la municipalité,
il se situera sur le lieu-dit " Les Grosses Plantes "
tout près d'Asnières les Bourges.
La première tranche est ambitieuse, elle devrait comprendre
un " terrain d'honneur de football et de rugby avec tribunes,
vestiaires, salles de musculation, sauna
etc," mais
aussi des buttes de terre servant de gradins naturels, et encore
quatre terrains d'entraînement avec les vestiaires et un
parking pour 500 à 600 véhicules.
La ville possède sur cet espace
une emprise de 11 hectares, et l'ensemble du projet a une superficie
totale de 46 hectares, il faut donc procéder, à
des expropriations comme cela est courant en la matière.
J. Rimbault était généralement assez timide
en matière d'acquisition de réserves foncières
pour d'éventuelles constructions.
Le projet revient au Conseil municipal de l'automne 1986, il
faut en effet, et ce n'est pas simple, acquérir 35 hectares
se composant de 250 parcelles.
Ce qui surprend, c'est la concentration d'équipements
sur ce lieu puisqu'une seconde tranche est prévue avec
" un maximum de disciplines différentes et dont la
réalisation s'échelonnera dans le temps en fonction
des besoins réels des utilisateurs" confirme Jean
Claude Sandrier, maire-adjoint aux sports.
La liste des équipements potentiellement prévus
est impressionnante, elle comprend en plus du stade de football
:
- 4 à 7 terrains d'entraînement supplémentaires,
- un palais omnisports
- un parcours de cross
- une aire de lancer
- un logement de gardien
- un ensemble patinoire-piscine
- un hébergement pour stages
- un boulodrome
- un rocher d'escalade
- des cours de tennis
- de badminton, de volley ball, basket-ball
- un tir à l'arc
- des jeux de boules
- un terrain de pelote basque
- un terrain de base ball et de soft ball
- des aires de jeux pour enfants
- des aires de pique-nique
- des parcours de jogging
Devant cette avalanche d'équipements,
c'est un peu la stupéfaction, et Yvon Mautret souligne
qu'aucune des remarques ou suggestions effectuées en commission
ou lors de la présentation publique n'ont été
prises en compte. Le débat tourne autour de la notion
de concentration, et le conseiller d'opposition d'enfoncer le
clou :
" Je pose la question de savoir, monsieur le Maire,
un samedi soir, lorsque les deux stades de grands jeux seront
pleins, lorsque le Palais des Sports sera rempli, comment on
pourra accéder à cette zone, sauf à faire
quelques kilomètres à pied".
De son côté, Edme Boiché
signale qu'il ne participe pas au vote, car ce lieu où
l'on veut faire tant d'équipements sportifs n'a pas un
sol et un sous-sol d'assez bonne qualité pour recevoir
un stade. Le problème de l'accès se pose aussi,
puisque aucune voie nouvelle n'est envisagée pour une
desserte pratique des automobiles.
Et Jacques Rimbault s'agace quelque peu
sur ce dossier en répliquant à tous qu'il fallait
d'abord acquérir des terrains,
" Je n'ai
pas connu M. Laudier, personnellement, mais les Grands Maires
de notre ville, il y en a eu un certain nombre, ont toujours
réussi un grand nombre d'opérations dans la mesure
où ils avaient acquis des réserves foncières".
Et le maire va clore, provisoirement le dossier en répliquant
une fois encore à Yvon Mautret :
" Mais vous
êtes d'accord sur rien. Quant on ne fait pas de projet,
vous nous dites qu'on n'a pas de programme, qu'il n'y a pas de
cohérence. Maintenant qu'on a des programmes, ce n'est
pas bien !".
Et la construction du "Grand Stade
des Grosses Plantes" va commencer.
L'année 1991 est particulièrement
faste pour le maire de Bourges, le sport, avec le FCB est au
sommet, après avoir battu les Girondins de Bordeaux en
Coupe de France, le 3 avril, par le score de 1 à 0, le
but étant marqué par Meudic. La presse va titrer,
" Bourges dans la légende de la Coupe ",
et ce sont des milliers de Berruyers qui vont sillonner les rues
de Bourges, avec champagne et klaxon, un grand moment de bonheur.
Les 16e de finale se déroulent au Parc des Princes où
le FCB affronte le Paris Saint Germain, et c'est la fin de la
belle aventure. Les Boudouen, Chatrefoux, Lestrade et Chavanon
ont vécu une belle et superbe année, l'entraîneur
Alain Michel est fier de tous ses joueurs.
L'inauguration du stade des
Grosses plantes prévue quelques semaines plus tard, le
29 juin 1991 est un sommet du foot local.
Mais Jacques Rimbault meurt, il est remplacé
par Jean Claude Sandrier. Ce dernier termine son premier discours
en proposant au Conseil municipal, au nom de la majorité
: "de
donner au Stade dit "des Grosses Plantes" le nom de
Jacques Rimbault, de plus,
une artère de Bourges portera le nom de Jacques Rimbault
et une autre, celle de Pierre Bérégovoy".
Mais le stade des Grosses Plantes va
"mal vieillir", en 1993,
les services de la ville vont découvrir des anomalies
de construction.
Sur le plan sportif, l'équipe de
football de Bourges ne va pas faire d'exploits, et surtout les
installations vont se dégrader. Un litige et un procès
vont opposer alors la municipalité de Sege Lepeltier aux
entreprises qui avaiant construits le stade.
La plainte, déposée en octobre
2002 contre le cabinet d'architectes, mais aussi contre les deux
entreprises Heulin et Lasne, va suivre son cours. Fissures, rouilles,
étanchéité... etc Expertise et contre-expertises,
et enfin en septembre 2007, le tribunal va trancher. La ville
sera remboursée
La société Heulin est condamnée
à 91 500 Euros pour la réparation, et elle doit
verser 95 000 Euros pour les études complémentaires.
La société Lasne versera quant à elle 88
000 Euros, plus des frais d'honnoraire. Au total, ce sont 205
000 Euros que la Ville de Bourges va recevoir. A noter que l'architecte
a été relaxé