LES FRANCS MAÇONS DANS LA TOURMENTE
- Les Etats Généraux
à Bourges
Vers le 14 juillet 1789
La fermeture des loges
l'action des Francs-Maçons
La réouverture des Loges
- le frère Rémond
LES ETATS
GENERAUX A BOURGES
La préparation des Etats Généraux
à Bourges et en Berry sera l'oeuvre des francs-maçons,
ils seront présents à titre individuels, ce sera
le cas de Claude de Bengy, qui fut chargé de la convocation
des Etats Généraux. De plus, l'apanage du Berry
appartenait au Comte d'Artois, futur Charles X, et bien que l'on
ne l'avait pas vu depuis longtemps en Berry, il fréquentait
les loges de Paris. Le gouverneur n'était autre que le
Prince de Conti, franc-maçon qui failli devenir Grand
maître à la place de Philippe Egalité. Enfin
le maire de Bourges, Clément de Beauvoir était
lui aussi franc-maçon à Minerve, tout comme son
premier échevin.
Lors de l'ouverture en l'Eglise des Carmes
de la réunion des trois ordres pour élire les représentants
du Berry qui iront représenter leur province à
Versailles, la première séance est placée
sous la présidence du Comte de la Châtre. C'est
un grand bailli d'épée, il appartient à
une loge parisienne et son discours d'ouverture montre des accents
qui annoncent la nuit du 4 août et que l'on entendait sur
les colonnes des temples, ainsi il s'écria : " Les
députés... vont s'occuper de déraciner un
grand nombre d'abus... le tiers Etat ne sera plus foulé....
enfants adoptifs d'un même père, tous les français
sont frères, ils sont tous égaux pour la cause
commune".
De tels propos venant de la part d'un "grand"
de ce siècle sont issus de ce que les Francs-Maçons
écoutaient sur leurs colonnes. Plus tard, le "Frère
Comte" ira plus, loin, devant les seuls représentants
de la noblesse, il s'exprimera ainsi :
Des trois ordres de l'état, nous
voulons être le premier à offrir nos fortunes à
la Patrie, comme nous sommes les premiers à combattre
pour elles".
Le ton est donné, c'est la générosité,
la fraternité, l'égalité, toutes les idées
des philosophes du siècle des lumières.
VERS LE
14 JUILLET 1789
Pendant longtemps, la légende de
la Révolution Française fomentée dans les
loges maçonniques courra. Les chiffres souvent donnés
sur l'appartenance à la Franc-Maçonnerie des députés
aux Etats Généraux ont rarement fait l'objet de
recherches sérieuses.
Pierre Lamarque qui a beaucoup étudié le sujet
assure que sur les 1165 députés des trois ordres,
il n'y avait que 220 Francs-Maçons, ce qui est loin du
tiers donné par les promoteurs du "complot maçonnique".
Si le chiffre est faible, il représente tout de même
20% de députés Francs-Maçons, ce n'était
pas un groupe structuré, mais il avait un vocabulaire
commun, des idées de fraternité ou d'égalité
et certains objectifs communs.
Pour le Berry, par exemple, il y avait
4 députés de la noblesse et autant du clergé,
donc, 8 députés du Tiers Etat. Pour la noblesse,
trois des quatre députés sont des Francs-Maçons,
il s'agit de :
- du Comte de La Chatre
- du Marquis de Bouthilliers
- de Philippe Jacques de Bengy-Puyvallée
Le quatrième député,
Heurtault de Lammerville était-il Franc-Maçon ?
c'est difficile à dire. Si ses écrits, son vocabulaire
et ses discours en font un homme à la fois résolu
et tolérant, avec de nombreux signes qui feraient penser
qu'il a été initié, aucun document ne mentionne
son appartenance à l'Ordre. Une hypothèse plausible,
mais non vérifiée, c'est le fait que de Lammerville
a servi dans la marine royale, dans laquelle il y avait de nombreuses
loges, a-t-il été fait Franc-Maçon ? Les
recherches continuent.
Sur les 4 députés du Clergé,
aucun n'a été Franc-Maçon, même si;
à cette époque, il n'était pas inconciliable
d'être sur les colonnes d'un Temple en soutane.....
Il est courant d'affirmer que les francs-maçons
étaient pléthores dans les rangs du Tiers Etat.
Pour le Berry, c'est sans doute l'exception qui confirme la règle.
Sur les 8 députés du Tiers, un est assurément
Franc-Maçon, il s'agit de Le Grand, un avocat de Châteauroux,
pour les 7 autres, aucun document ne permet d'affirmer leur appartenance
à l'ordre.
Les événements se précipitent
après le début du mois de mai 1789, puisque le
20 juin se déroule le serment du Jeu de Paume, le véritable
début de la Révolution. Le texte du serment fut
rédigé par le Franc-Maçon Le Chapelier,
alors que la célèbre apostrophe de Mirabeau, entouré
alors de Sieyes et Bailly, avec en face d'eux de Dreux-Brézé,
ces quatre hommes étaient des "frères".
La prise de la Bastille fut un événement
très "parisien", en Berry le maire de Bourges,
franc-maçon de Minerve adressa à l'Assemblée
Nationale des remerciements et des louanges. La province reste
très monarchique, mais l'engrenage de la Révolution
commence à apparaître au mois d'août où
tout bascule.
LA FERMETURE
DES LOGES
Que ce soit sur le plan national que local,
la Franc-Maçonnerie est profondément divisée.
Il y des "frères" très conservateurs
comme Clermont-Tonnerre, d'autres, plus libéraux, c'est
le cas de La Fayette, ou Sieyes des frères sont d'ardents
révolutionnaires, c'est le cas de Marat.
Le duc de Montmorency-Luxembourg, administrateur
général du grand Orient de France, véritable
"patron" de l'ordre écrit alors :
" J'avais désiré une restauration sage et
nécessaire, et non pas une subversion générale
et l'anarchie".
Les frères seront divisés,
et la plupart ne vont pas rester sur les colonnes de leurs loges,
les plus opposés à la Révolution vont fuir
et émigrer, les plus acquis à cette volonté
de changement vont rechercher des cadres nouveaux de discussion,
et en particulier les clubs.
Dès la fin de l'année 1789, à Bourges, la
plupart des loges sont "mises en sommeil", les frères
ne fréquentent plus, mais continuent à se voir.
C'est à titre individuel que l'on retrouve au niveau local,
ces personnages dont certains n'ont pas oublié leur appartenance
aux principes égalitaires.
La loge de Sainte Solange sera mise en sommeil en décembre
1789, ( peut être en 1792 selon d'autres sources) et les
derniers documents concernant les loges de Minerve ou des Amis
de la Paix datent du début de l'année 1790. Un
doute subsiste pour cette dernière loge, puisque des courriers
lui sont toujours envoyés à la fin de l'année
1790, mais cela ne signifie pas que la loge se réunissait
toujours.
Dans plusieurs textes de cette fin d'année
1790, en provenance de loges du Grand Orient de France, il semble
que la révolution est terminée, il est ainsi écrit
dans un document disponible aux Archives Départementales
du Cher, en provenance de la Loge Saint Jean d'Ecosse du Contrat
Social :
" La France vient d'éprouver une révolution
dont les annales du monde entier ne présentent aucun exemple.
Nous pratiquons dans nos Loges, les principes de la véritable
sociabilité des devoirs, égalité, liberté,
fraternité des devoirs..... Il n'est pas douteux que nous
ayons eu beaucoup d'influence sur les grands événements
de ces dernières années....."
Et le document poursuit :
" Une révolution qui serait
fondée sur la violence ne pourrait être durable.
Nous avons réellement influé sur la révolution
actuelle, en éclairant dans nos ateliers une foule de
citoyens qui ont reporté dans la société
ordinaire, nos principes, nous pouvons dire nos vertus..... Nous
devons chérir la nouvelle constitution française.....
Légalité, Liberté, fraternité dans
les loges".
Ainsi pour ces francs-maçons, la
Révolution est terminée, les grands textes sont
élaborés, ,il faut les mettre en pratique, sans
violence et se soumettre aux lois sans débordement.
L'ACTION
DES FRANCS MAçONS
Les Francs-Maçons vont se distinguer
à titre individuel pendant toute la période révolutionnaire. Lors des premières élections municipales,
le maire est Vivier de Boiray, il est élu avec plusieurs
francs-maçons, comme Cristo, Soumard de Villeneuve, Gambon,
Regnault et Haslay. Le bourgeois et révolutionnaire Michonnet
est battu, il aura bientôt sa revanche l'année suivante.
Patrocle Joly :
Le procureur de la ville sera Patrocle Joly, le prêtre
Franc-Maçon de la loge Sainte Solange, un révolutionnaire
parmi les plus violent.
Patrocle Joly était né en
1752, il fit des études de droit à Bourges et il
enseigna comme régent de 4° au collège Sainte-Marie
de 1784 à 1786.
Il est ensuite chapelain des dames cisterciennes
de Buxières et chanoine non résident de palluau,
il exerça aussi et en même temps, les fonction d'avocat
au baillage.
Pendant la Révolution, il sera procureur
syndic de la commune de Bourges puis du district, vicaire de
l'évêque constitutionnel Torné.
Il renonça à la prêtrise
en 1793 après son mariage avec une ancienne religieuse
de Buxières.
En 1795, il est substitut du commissariat au tribunal criminel
du Cher, quelque peu bonapartiste, il a quelques soucis à
la Restauration.
Il aura un fils, né en 1794 et décédé
en 1848, Patrocle était mort quant à lui en 1816.
Lorsque l'ont commémore le premier
anniversaire de la Prise de la Bastille, c'est une grande fête
place Séraucourt, avec trois discours prononcés
par Joly, procureur, Rémond, capitaine du district de
Saint Sulpice et Haslay premier officier municipal, ils étaient
tous trois francs-maçons.
Les plus virulents des révolutionnaires
vont fonder les sociétés populaires, comme la Société
des Amis de la Révolution, ils rassemblent la plupart
des francs-maçons de Sainte-Solange ou des Amis de la
Paix, comme les frères Michonnet et Laugier en octobre
1790. L'organisation de cette société, comme le
précise Bruneau, est parfois identique, dans la forme
du travail, à ce qui se faisait dans les loges. Il y avait
un rituel proche de celui des maçons.
Parmi les Révolutionnaires de cette
période, une mention particulière à Fauvre-Labrunerie,
membre fondateur de Minerve, dont il était secrétaire.
Il sera élu à la Convention et votera la mort du
Roi, il fera arrêter ses "frères" en Loge
à Minerve, Bengy de Puyvallée et Bernot de Charrant.
le frère De Tristan abandonne dans
cette période, "à la Patrie son domaine de
Pondy dans le district d'Issoudun".
Pendant la Terreur, il n'y aura à
Bourges que trois personnes guillotinées, dont Pierre
Charles Chevenon de Bigny, dénoncé à la
suite de vieilles haines. Il était membre de Minerve,
et son "frère" Fauvre Labrunerie, alors député
à la Convention n'est pour rien dans la condamnation,
mais il n'a, semble-t-il rien fait pour l'empêcher.
D'autres personnages feront la Révolution, sans appartenir
à l'Ordre des francs-maçons, c'est le cas de Torné,
l'évêque révolutionnaire ou de Sallé
de Choux, qui est, lui, à l'origine de la création
des départements du Cher et de l'Indre.
LA REOUVERTURE
DES LOGES
Jusqu'à la fin de la Convention,
le 26 octobre 1795, les loges maçonniques seront "en
sommeil", rares seront les francs-maçons qui poursuivront
les travaux sur leurs colonnes. La situation politique est alors
saine, les extrémistes ont été écartés,
par contre, la situation économique est désastreuse.
C'est le début du renouveau de la
Franc-Maçonnerie. Le Grand Orient se reconstitue, avec
Louis Roettier de Montaleau sortit récemment de prison.
Cet frère se révèle comme un homme de décision,
c'est lui qui va être à l'origine du réveil
des loges maçonniques en France. Au début de 1796,
il n'y a que 18 loges en activité, et aucune dans le Berry.
Le 7 juin 1796, une "Assemblée
rudimentaire" comme l'écrit Paul Naudon élit
Roettier de Montaleau Grand Maître du Grand Orient de France.
De même, la Grande Loge renaît aussi, et le 21 mai
1799, les deux obédiences fusionnent.
Mais rien n'est simple en Franc-Maçonneries, certaines
loges, jalouses de leur indépendance ne reconnaissent
pas la nouvelle organisation. A cela s'ajoute une querelle sur
les "Hauts Grades" et, sous l'impulsion du Maréchal
Kellermann, la Grande Loge Générale Ecossaise est
constituée en parallèle avec le Grand Orient de
France, cette dernière obédience ayant à
cette époque comme Grand Maître, Joseph Bonaparte.
A Bourges, la première loge à
renaître sera celle de "La Liberté", en
1802, elle sera suivie quelque années plus tard par Sainte
Solange. Ainsi, avec quelque peu de retard sur le reste du pays,
la capitale du Berry reconstitue un tissu maçonnique.
le frère
Rémond
Il y a 2 Rémond, le père
Pierre Antoine Jean REMOND et le fils Charles REMOND (qui fut
aussi franc-maçon)
Pierre Antoine Jean REMOND est né
en Suisse à Locarno le 22 avril 1736. Il vient à
Bourges en 1784, comme Maître des Eaux et Forêt.
C'est un personnage local important qui vient juste après
le Grand Maître des Eaux et Forêts.
Il fut aussi Capitaine des chasses du comte d'Artois.
A Bourges, c'est lui qui va fonder la première
loge maçonnique et dit-il " J'avais rassemblé
un petit nombre d'amis, d'anciens maçons à qui
il ne maquait que la régularité".
Il a une cinquantaine d'année, et passe pour une personne
de grande humanité.
Il est élu député suppléant aux Etats
Généraux en 1789 pour le compte du Tiers Etat mais
il n'aura pas à sièger à Paris.
Pendant la Révolution, il sera élu capitaine du
district de Saint Sulpice le 18 octobre 1789, par acclamations.
Il est un vrai patriote, mais assez modéré, bien
qu'il figure en 1795 dans la liste "des terroristes".
C'est un franc-maçon important,
il fut membre de la loge de Paris, THALIE, Orient de Paris, il
était avant de venir à Bourges Orateur dans cette
loge, mais aussi semble-t-il de la loge Saint Laurent.
Il est le fondateur de la loge Sainte Solange
à Bourges en 1785, il reste vénérable de
cette loge jusqu'en 1787.
C'est en août 1784 que des maçons se décidant
à constituer une loge, mais il faut du temps et surtout
un maçon reconnu et qui connaît bien l'espect administratif
d'une telle création. Il obtient les Constitutions de
la nouvelle loge le 5 juin 1785, et elle est installée
le 21 août 1785. le frère Pierre Antoine Jean REMOND
en devient le vénérable.
Puis il quitte la loge avec plusieurs autres
maçons, et s'en va fonder, toujours à Bourges une
autre loge appelée"Les Amis de la Paix".
Enfin, lors de la mise en place d'une autre
loge à Bourges, "Minerve", formée de
l'aristocratie locale, c'est Rémond qui est l'installateur
de cette loge, ce qui montre son importance.
A Bourges, il habitait le quartier Saint
Sulpice.
Sur une demande de rendez-vous avec Benjamin
Franklin, bien entendu, je n'en ai aucune idée. C'est
un an avant les débuts de la création administrative
de Sainte Solange. Alors pourquoi un rendez-vous en septembre
1783 ?
- Benjamin Franklin était un franc-maçon
de la loge de Paris des "Neufs Soeurs", est-ce une
demande par rapport à cette loge ?
- Est-ce une demande par rapport à un changement d'affectation
de Rémond puisqu'il va venir à Bourges, à
cette période ?
-Est-ce une demande par rapport à la création ou
au parrainage d'une loge de province, comme Bourges ?
- Est-ce une relation avec le comte d'Artois, futur Charles X
?
Tout cela est très délicat,
mais si vous trouvez les relations entre Benjamin Franklin et
Pierre Antoine Jean REMOND , j'aimerais en connaître la
teneur.
LA FRANC-MACONNERIE DU XIXe SIECLE
La Franc-Maçonnerie de Napoléon
Renaissance d'une Loge à Bourges
Sainte Solange, acte 2
Les loges de Saint Amand
Le grand vide dans le Cher
Et vint Caroline
LA FRANC
MACONNERIE DE NAPOLEON
Napoléon n'a sans doute jamais été
Franc-Maçon, pour certains, il aurait été
initié lors de la campagne d'Egypte. Très fin politicien,
il se méfiait de cet Ordre et de l'esprit de liberté
qui régnait dans les loges. Il verrouilla le système.
Il plaça à la tête de l'Ordre, son frère
Joseph et tous ses généraux et maréchaux
devinrent Francs-Maçons, Augereaux, Lefèvre, Mortier,
Masséna, Soult, Ney et quelques autres ...... tout son
entourage appartenait à une Loge.
Son épouse Joséphine appartenait aux Loges dites
d'adoption, et les loges du Grand Orient passèrent de
300 en 1804 à 1220 en 1814 à la fin de l'Empire.
Comme cela s'est produit parfois dans l'histoire,
la maçonnerie est alors aux ordres du pouvoir.
RENAISSANCE
D'UNE LOGE A BOURGES
La première loge à revenir
à la surface après la "grande tourmente"
est celle de "La Liberté", dont l'histoire et
les péripéties sont bien dans l'air du temps. Par
le nom, "La Liberté" datait à l'origine
de 1788, et un an avant la Révolution, 19 frères
voulurent constituer une loge différente de celles qui
existaient et qui ne correspondaient pas à leur voeu.
Ces loges étaient trop "nobles" au sens large,
alors des frères de situation sociale plus modeste voulurent
"avoir leur propre loge". Il s'agissait d'artisans
et de marchands.
Mais le pouvoir central, et les autres
loges de Bourges refusèrent le 2 août 1788, cette
loge, prétextant que ces artisans et commerçants
n'avaient pas le temps d'assister aux travaux de loge par leurs
occupations, ni la fortune pour subvenir aux pauvres.... une
conception peu conforme aux principes de la franc-maçonnerie.
Cette loge ne sera pas formée officiellement avant la
Révolution.
C'est pourtant cette loge qui va être
la première à revenir à la surface après
la grande tourmente. Ce sont 24 frères qui demandent le
25 août 1803 ( 4 juillet 1802 selon le vénérable
Marcel Soubret) leur constitution d'une loge sous le titre de
"La Liberté". Ce sont des négociants
dont le vénérable, Jean Poncet est un homme de
loi.
L'installation se fait finalement le 28
mars 1803.
La loge "la liberté" ne
va durer qu'une dizaine d'années, elle cessera d'exister
à partir de 1812 et officiellement, semble-t-il le 24
juin 1814, alors que les colonnes sont formées de frères
dont la profession oscille entre des commerçants et des
hommes de loi.
On notera dans un article de Jean Favière
(CAHB N° 146) que le frère Jean-Auguste Rouen qui
était chef de bureau des contributions et de la comptabilité
à la préfecture du Cher était maître
et premier surveillant de la loge Sainbt-Jean, en 1811 et qu'il
fréquentait la loge "La Liberté" jusqu'à
la dissolution de celle-ci (ADC 1166),
Rouen était un ancien génovéfain
de l'abaaye Saint-Ambroix, et il avait été un des
vicaires métropolitains de l'évêque constitutionel
Torné.
RENAISSANCE
DE SAINTE SOLANGE
Au cours d'une réunion de 1803,
la loge "La Liberté" avait discuté sur
son titre, et certains frères avaient émis le voeu
de changer le nom en "Sainte-Solange", cela vaudra
quelques moments difficiles de fraternité.
En fait, Sainte-Solange va renaître
en 1805, le 13 avril, lorsque les événements politiques
seront bien stabilisés et qu'il n'y aura plus de risque.
Cette loge est la ligne de la maçonnerie d'Empire, c'est
à dire une société acquise en totalité
à l'Empereur qui est vénéré en loge,
puisque l'on retrouve cette phrase : " les frères
font à nouveau le serment d'amour et de fidélité
à Napoléon le Grand, notre auguste empereur et
roi". On ne peut être plus en accord avec le pouvoir
en place !
Il faut noter que le "vénérable
Marcel Soubret " de Travail et Fraternité le 14 janvier
1940 affirme que cette loge suspendra ses travaux qu'en 1792
pour les reprendre effectivemenbt en 1805.
La loge, comme la maçonnerie au
plan national comprend les généraux locaux, comme
Georges Dufour, qui est vénérable, Edouard Huet
et Jean Baptiste Augier. Visiblement, l'armée contrôle
les loges en y entrant.
Mais l'Empire va s'écrouler en 1815
et les loges, acquise et même compromises avec le pouvoir
politique vont fermer. Ce sera le cas de la loge "La Liberté"
et de la loge "Sainte-Solange". Il n'y a plus de maçonnerie
dans le Cher à la Restauration.
Dans un propos du vénérable
Marcel Soubret, il écrit que "la loge "Minerve"
s'oppose au début de 1810 à la constitution de
la loge "Les Enfants d'Hiram", et cette opposition
a dû être prise en considératio, il n'y a
pas de document sur cette dernière".
Ainsi, une Loge "Minerve" s'était
reconstituée sans que nous n'ayaons le moindre document
à ce sujet.
Autre loge de cette période, avec
une loge dite "ambulante", qui est espagnole et s'appelle
"Les Amis Fidèles" et qui fait plusieurs demandes
de Constitution, en 1818, puis 1819n et l'année suivante
en 1820.
Il n'y a pas de documents et de renseignements
sur son activité, mais selon Marcel Soubert, "elle
a été refusée pour des irrégularités
de paperasses".
LES LOGES
DE SAINT-AMAND
La première loge de Saint-Amand
remonte à 1788, elle se nomme "L'Amitié",
elle reprendra ses travaux qu'en 1808, ils représentent
alors la classe dirigeante de la ville. Il y a le sous-préfet,
le maire, le commissaire de police... etc L'année après
sa création, cette loge comprend 28 frères dont
le maire de Culan, plus de la moitié ont parfaitement
négociés la Révolution, et sont devenus,
pour certains "des propriétaires".
La franc-maçonnerie a toujours été,
même dans les périodes troubles, une société
très administrative, ce sera la raison pour laquelle,
la demande des frères de SaintAmand sera prise en considération,
les archives "parisiennes" du Grand Orient de France
montraient que 12 des frères de 1808 étaient les
même que ceux de 1788, 89 et 90, avec noms, prénoms,
dates de naissance et signature....
Cette loge "L'Amitié"
de Saint-Amand semble avoir poursuivi son petit bonhomme de chemin,
mais sans beaucoup de relation avec Paris, aussi pour certains
historiens, elle aurait disparu assez vite. Rien n'est moins
sûr, on dit "un maçon libre dans une loge libre"
et dans une petite cité comme Saint-Amand, il est fort
possible que la loge ait travaillé de nombreuses années
en autarcie sans laisser beaucoup de trace écrite, peut-être
par réaction envers l'administration centrale de Paris.
LE GRAND
VIDE DANS LE CHER
Pendant près de un siècle,
la franc-maçonnerie va être absente du Cher. Il
y a un mystère que les historiens n'ont toujours pas percé.
Plusieurs théories s'affrontent. Pour certains, les "Berrichons"
sont peu actifs dans les travaux à caractère philosophique,
ils sont plus concrets et plus terre à terre. Ils s'engagent
dans les partis politiques, les syndicats ou les coopératives,
mais peu dans les sociétés de pensée. Une
autre théorie que j'avance, sans en avoir de preuve formelle
tient aussi au caractère Berrichon. C'est une volonté
de ne pas être ou se mettre en avant. Il est préférable
d'attendre, de voir comment la situation va évoluer, comment
tourne le vent. et ensuite de se décider. Comme cette
période est particulièrement variable sur le plan
politique, sans assurance aucune et qu'il est souvent dangereux
de se dire franc-maçon, les berrichons ont préféré
attendre.
Le résultat,
c'est qu'il n'y a pas de loge maçonnique dans le Cher,
alors qu'elles se multiplient en France et y jouent parfois un
rôle considérable, elles conserveront pour la plupart
d'entre elles la fibre républicaine.
ET CAROLINE
VINT
Une autre loge apparaît en 1840,
très exactement le 30 juin 1839, elle a pour nom "La
Caroline", sans doute pour se placer sous la protection
de Marie-Caroline, reine de Naples, il faut se souvenir que les
maçons berruyers de Minerve, en 1788, au cours de leurs
banquets levaient leur verre " à la santé
de notre auguste monarque, pour la famille royale, pour les princes
et souverains qui sont maçons et notamment pour l'auguste
souveraine de Naples, protectrice des maçons". La
loge a son temple rue du Dieu d'Amour, elle comprend un coiffeur,
des propriétaires et des sous-officiers. Elle ne va durer
que quelques années, bien que certains tableaux montrent
qu'elle avait une cinquantaine de membres.
Cette loge est dirigée par Pierre Claude Gauthier, un
maître tailleur. Il apparaît qu'elle n'eut pas une
existence très longue, de 1 à 4 ans sans doute,
même si elle a compté jusqu'à 50 membres.
SAINTE
SOLANGE, ACTE 3
La Loge Sainte Solange aura eu une curieuse
destinée, elle s'était écroulée en
1825 pour renaître en 1840 sous Louis Philippe.
Sous l'impulsion d'un ingénieur, Célestin Rossi
Polloni, elle comprend d'abord 9 membres. Elle est formée
de frères très âgés, le Vénérable
en 1841 a 71 ans et ses "officiers" entre 60 et 75
ans. Malgré son titre, cette loge semble avoir été
très Républicaine. Certains documents situent sa
fin en 1850/51 avec l'avènement de Napoléon 3.
Plusieurs "frères" berruyers auraient été
arrêtés et déportés à Cayenne.
C'est l'époque des sociétés républicaines
et des Mariannes. Des Francs-Maçons appartenaient sans
aucun doute aux 2 sociétés (républicaines
et maçonniques) d'où les arrestations.
Sainte Solange ne renaîtra plus.
La période du second Empire apparaît
assez proche de ce qui s'est fait avec son oncle quelques décennies
auparavant.
Le 9 janvier 1952, le Prince Murat, cousin de Louis Napoléon
est élu Grand Maître du grand Orient de France.
C'est alors que se produisit une querelle curieuse entre le Prince
Murat et le Prince Jérôme Napoléon pour accéder
à la Grande Maîtrise.
Napoléon, devant cette cacophonie, signa un décret
dans lequel "il nommait le Maréchal Magnan Grand
Maître du Grand Orient de France. Ce dernier, qui sera
initié à tous les grades le même jour, se
révélera un très grand homme et la Franc
Maçonnerie s'en trouvera renforcée.
FRANC-MACONNERIE
ET 3° REPUBLIQUE
La Franc-Maçonnerie sera à
l'origine de la 3° République, après Sedan
et la chute de l'Empire. Les Républicains seront présents
dans le gouvernement dit "de la République des Jules".
Des hommes comme Gambetta, Jules Simon, Jules Grévy.....
seront des francs-maçons.
Dans l'épisode de la Commune, une
des rares guerre civile de notre pays, les francs-maçons
déploieront leurs bannières pour tenter d'arrêter
le massacre. Ils seront nombreux dans les rangs des "Communard",
avec des symboles comme la "soeur" Louise Michel, mais
ils seront quelques uns avec les "Versaillais" de Thiers.
Les loges se reconstituent avec un important
changement de cap idéologique en 1877. Les loges sont
alors de moins en moins catholiques, il faut dire que les "interdits"
du Pape ont encouragé nombre de fidèles à
déserter les Temples.
Un grand mouvement se fit jour sous l'impulsion d'un Pasteur,
le Pasteur Desmons qui propose au Convent de 1877 la suppression
de l'obligation de travailler "A la gloire du Grand Architecte
de l'Univers".
Il s'agit d'une rupture idéologique considérable.
Les Francs-Maçons du Grand Orient de France n'ont plus
l'obligation de croire en un "être suprême".
C'est un virage important qui va pousser les Francs-Maçons
vers l'athéisme, ce qui lui sera reproché, allant
même jusqu'à un anticléricalisme appelé
parfois "primaire".
Une conséquence de ce changement,
c'est la séparation entre le Grand Orient de France et
la Franc-Maçonnerie Universelle, en particulier, celle
des USA et d'Angleterre qui rompt tout contact avec les loges
françaises.
En France, pourtant, d'autres obédiences restent fidèles
en la croyance en Dieu ou en un "être suprême".
Pendant toute cette période, la
franc-maçonnerie est absente de Bourges et du Cher, alors
qu'elle devient toute puissante dans le reste du pays.
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ET FRATERNITE: LA LOGE DE BOURGES