Roland Narboux - La franc-maçonnerie a Bourges- Encyclopédie

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LES FRANCS MAÇONS DANS LA TOURMENTE A BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges, et la franc-maçonnerie dont le rôle pendant la Révolution de 1789 est souvent controversée.

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LES FRANCS MAÇONS DANS LA TOURMENTE

Les Etats Généraux à Bourges
Vers le 14 juillet 1789
La fermeture des loges
l'action des Francs-Maçons
La réouverture des Loges
le frère Rémond

LES ETATS GENERAUX A BOURGES

La préparation des Etats Généraux à Bourges et en Berry sera l'oeuvre des francs-maçons, ils seront présents à titre individuels, ce sera le cas de Claude de Bengy, qui fut chargé de la convocation des Etats Généraux. De plus, l'apanage du Berry appartenait au Comte d'Artois, futur Charles X, et bien que l'on ne l'avait pas vu depuis longtemps en Berry, il fréquentait les loges de Paris. Le gouverneur n'était autre que le Prince de Conti, franc-maçon qui failli devenir Grand maître à la place de Philippe Egalité. Enfin le maire de Bourges, Clément de Beauvoir était lui aussi franc-maçon à Minerve, tout comme son premier échevin.

Lors de l'ouverture en l'Eglise des Carmes de la réunion des trois ordres pour élire les représentants du Berry qui iront représenter leur province à Versailles, la première séance est placée sous la présidence du Comte de la Châtre. C'est un grand bailli d'épée, il appartient à une loge parisienne et son discours d'ouverture montre des accents qui annoncent la nuit du 4 août et que l'on entendait sur les colonnes des temples, ainsi il s'écria : " Les députés... vont s'occuper de déraciner un grand nombre d'abus... le tiers Etat ne sera plus foulé.... enfants adoptifs d'un même père, tous les français sont frères, ils sont tous égaux pour la cause commune".

De tels propos venant de la part d'un "grand" de ce siècle sont issus de ce que les Francs-Maçons écoutaient sur leurs colonnes. Plus tard, le "Frère Comte" ira plus, loin, devant les seuls représentants de la noblesse, il s'exprimera ainsi :

Des trois ordres de l'état, nous voulons être le premier à offrir nos fortunes à la Patrie, comme nous sommes les premiers à combattre pour elles".

Le ton est donné, c'est la générosité, la fraternité, l'égalité, toutes les idées des philosophes du siècle des lumières.

VERS LE 14 JUILLET 1789

Pendant longtemps, la légende de la Révolution Française fomentée dans les loges maçonniques courra. Les chiffres souvent donnés sur l'appartenance à la Franc-Maçonnerie des députés aux Etats Généraux ont rarement fait l'objet de recherches sérieuses.
Pierre Lamarque qui a beaucoup étudié le sujet assure que sur les 1165 députés des trois ordres, il n'y avait que 220 Francs-Maçons, ce qui est loin du tiers donné par les promoteurs du "complot maçonnique".
Si le chiffre est faible, il représente tout de même 20% de députés Francs-Maçons, ce n'était pas un groupe structuré, mais il avait un vocabulaire commun, des idées de fraternité ou d'égalité et certains objectifs communs.

Pour le Berry, par exemple, il y avait 4 députés de la noblesse et autant du clergé, donc, 8 députés du Tiers Etat. Pour la noblesse, trois des quatre députés sont des Francs-Maçons, il s'agit de :
- du Comte de La Chatre
- du Marquis de Bouthilliers
- de Philippe Jacques de Bengy-Puyvallée

Le quatrième député, Heurtault de Lammerville était-il Franc-Maçon ? c'est difficile à dire. Si ses écrits, son vocabulaire et ses discours en font un homme à la fois résolu et tolérant, avec de nombreux signes qui feraient penser qu'il a été initié, aucun document ne mentionne son appartenance à l'Ordre. Une hypothèse plausible, mais non vérifiée, c'est le fait que de Lammerville a servi dans la marine royale, dans laquelle il y avait de nombreuses loges, a-t-il été fait Franc-Maçon ? Les recherches continuent.

Sur les 4 députés du Clergé, aucun n'a été Franc-Maçon, même si; à cette époque, il n'était pas inconciliable d'être sur les colonnes d'un Temple en soutane.....

Il est courant d'affirmer que les francs-maçons étaient pléthores dans les rangs du Tiers Etat. Pour le Berry, c'est sans doute l'exception qui confirme la règle.
Sur les 8 députés du Tiers, un est assurément Franc-Maçon, il s'agit de Le Grand, un avocat de Châteauroux, pour les 7 autres, aucun document ne permet d'affirmer leur appartenance à l'ordre.

Les événements se précipitent après le début du mois de mai 1789, puisque le 20 juin se déroule le serment du Jeu de Paume, le véritable début de la Révolution. Le texte du serment fut rédigé par le Franc-Maçon Le Chapelier, alors que la célèbre apostrophe de Mirabeau, entouré alors de Sieyes et Bailly, avec en face d'eux de Dreux-Brézé, ces quatre hommes étaient des "frères".

La prise de la Bastille fut un événement très "parisien", en Berry le maire de Bourges, franc-maçon de Minerve adressa à l'Assemblée Nationale des remerciements et des louanges. La province reste très monarchique, mais l'engrenage de la Révolution commence à apparaître au mois d'août où tout bascule.

LA FERMETURE DES LOGES

Que ce soit sur le plan national que local, la Franc-Maçonnerie est profondément divisée. Il y des "frères" très conservateurs comme Clermont-Tonnerre, d'autres, plus libéraux, c'est le cas de La Fayette, ou Sieyes des frères sont d'ardents révolutionnaires, c'est le cas de Marat.

Le duc de Montmorency-Luxembourg, administrateur général du grand Orient de France, véritable "patron" de l'ordre écrit alors :
" J'avais désiré une restauration sage et nécessaire, et non pas une subversion générale et l'anarchie".

Les frères seront divisés, et la plupart ne vont pas rester sur les colonnes de leurs loges, les plus opposés à la Révolution vont fuir et émigrer, les plus acquis à cette volonté de changement vont rechercher des cadres nouveaux de discussion, et en particulier les clubs.
Dès la fin de l'année 1789, à Bourges, la plupart des loges sont "mises en sommeil", les frères ne fréquentent plus, mais continuent à se voir. C'est à titre individuel que l'on retrouve au niveau local, ces personnages dont certains n'ont pas oublié leur appartenance aux principes égalitaires.
La loge de Sainte Solange sera mise en sommeil en décembre 1789, ( peut être en 1792 selon d'autres sources) et les derniers documents concernant les loges de Minerve ou des Amis de la Paix datent du début de l'année 1790. Un doute subsiste pour cette dernière loge, puisque des courriers lui sont toujours envoyés à la fin de l'année 1790, mais cela ne signifie pas que la loge se réunissait toujours.

Dans plusieurs textes de cette fin d'année 1790, en provenance de loges du Grand Orient de France, il semble que la révolution est terminée, il est ainsi écrit dans un document disponible aux Archives Départementales du Cher, en provenance de la Loge Saint Jean d'Ecosse du Contrat Social :
" La France vient d'éprouver une révolution dont les annales du monde entier ne présentent aucun exemple. Nous pratiquons dans nos Loges, les principes de la véritable sociabilité des devoirs, égalité, liberté, fraternité des devoirs..... Il n'est pas douteux que nous ayons eu beaucoup d'influence sur les grands événements de ces dernières années....."

Et le document poursuit :

" Une révolution qui serait fondée sur la violence ne pourrait être durable. Nous avons réellement influé sur la révolution actuelle, en éclairant dans nos ateliers une foule de citoyens qui ont reporté dans la société ordinaire, nos principes, nous pouvons dire nos vertus..... Nous devons chérir la nouvelle constitution française..... Légalité, Liberté, fraternité dans les loges".

Ainsi pour ces francs-maçons, la Révolution est terminée, les grands textes sont élaborés, ,il faut les mettre en pratique, sans violence et se soumettre aux lois sans débordement.

L'ACTION DES FRANCS MAçONS

Les Francs-Maçons vont se distinguer à titre individuel pendant toute la période révolutionnaire. Lors des premières élections municipales, le maire est Vivier de Boiray, il est élu avec plusieurs francs-maçons, comme Cristo, Soumard de Villeneuve, Gambon, Regnault et Haslay. Le bourgeois et révolutionnaire Michonnet est battu, il aura bientôt sa revanche l'année suivante.

 

Patrocle Joly :
Le procureur de la ville sera Patrocle Joly, le prêtre Franc-Maçon de la loge Sainte Solange, un révolutionnaire parmi les plus violent.

Patrocle Joly était né en 1752, il fit des études de droit à Bourges et il enseigna comme régent de 4° au collège Sainte-Marie de 1784 à 1786.

Il est ensuite chapelain des dames cisterciennes de Buxières et chanoine non résident de palluau, il exerça aussi et en même temps, les fonction d'avocat au baillage.

Pendant la Révolution, il sera procureur syndic de la commune de Bourges puis du district, vicaire de l'évêque constitutionnel Torné.

Il renonça à la prêtrise en 1793 après son mariage avec une ancienne religieuse de Buxières.
En 1795, il est substitut du commissariat au tribunal criminel du Cher, quelque peu bonapartiste, il a quelques soucis à la Restauration.

Il aura un fils, né en 1794 et décédé en 1848, Patrocle était mort quant à lui en 1816.

 

Lorsque l'ont commémore le premier anniversaire de la Prise de la Bastille, c'est une grande fête place Séraucourt, avec trois discours prononcés par Joly, procureur, Rémond, capitaine du district de Saint Sulpice et Haslay premier officier municipal, ils étaient tous trois francs-maçons.

Les plus virulents des révolutionnaires vont fonder les sociétés populaires, comme la Société des Amis de la Révolution, ils rassemblent la plupart des francs-maçons de Sainte-Solange ou des Amis de la Paix, comme les frères Michonnet et Laugier en octobre 1790. L'organisation de cette société, comme le précise Bruneau, est parfois identique, dans la forme du travail, à ce qui se faisait dans les loges. Il y avait un rituel proche de celui des maçons.

Parmi les Révolutionnaires de cette période, une mention particulière à Fauvre-Labrunerie, membre fondateur de Minerve, dont il était secrétaire. Il sera élu à la Convention et votera la mort du Roi, il fera arrêter ses "frères" en Loge à Minerve, Bengy de Puyvallée et Bernot de Charrant.

le frère De Tristan abandonne dans cette période, "à la Patrie son domaine de Pondy dans le district d'Issoudun".

Pendant la Terreur, il n'y aura à Bourges que trois personnes guillotinées, dont Pierre Charles Chevenon de Bigny, dénoncé à la suite de vieilles haines. Il était membre de Minerve, et son "frère" Fauvre Labrunerie, alors député à la Convention n'est pour rien dans la condamnation, mais il n'a, semble-t-il rien fait pour l'empêcher.


D'autres personnages feront la Révolution, sans appartenir à l'Ordre des francs-maçons, c'est le cas de Torné, l'évêque révolutionnaire ou de Sallé de Choux, qui est, lui, à l'origine de la création des départements du Cher et de l'Indre.

LA REOUVERTURE DES LOGES

Jusqu'à la fin de la Convention, le 26 octobre 1795, les loges maçonniques seront "en sommeil", rares seront les francs-maçons qui poursuivront les travaux sur leurs colonnes. La situation politique est alors saine, les extrémistes ont été écartés, par contre, la situation économique est désastreuse.

C'est le début du renouveau de la Franc-Maçonnerie. Le Grand Orient se reconstitue, avec Louis Roettier de Montaleau sortit récemment de prison. Cet frère se révèle comme un homme de décision, c'est lui qui va être à l'origine du réveil des loges maçonniques en France. Au début de 1796, il n'y a que 18 loges en activité, et aucune dans le Berry.

Le 7 juin 1796, une "Assemblée rudimentaire" comme l'écrit Paul Naudon élit Roettier de Montaleau Grand Maître du Grand Orient de France. De même, la Grande Loge renaît aussi, et le 21 mai 1799, les deux obédiences fusionnent.
Mais rien n'est simple en Franc-Maçonneries, certaines loges, jalouses de leur indépendance ne reconnaissent pas la nouvelle organisation. A cela s'ajoute une querelle sur les "Hauts Grades" et, sous l'impulsion du Maréchal Kellermann, la Grande Loge Générale Ecossaise est constituée en parallèle avec le Grand Orient de France, cette dernière obédience ayant à cette époque comme Grand Maître, Joseph Bonaparte.

A Bourges, la première loge à renaître sera celle de "La Liberté", en 1802, elle sera suivie quelque années plus tard par Sainte Solange. Ainsi, avec quelque peu de retard sur le reste du pays, la capitale du Berry reconstitue un tissu maçonnique.


le frère Rémond

Il y a 2 Rémond, le père Pierre Antoine Jean REMOND et le fils Charles REMOND (qui fut aussi franc-maçon)

Pierre Antoine Jean REMOND est né en Suisse à Locarno le 22 avril 1736. Il vient à Bourges en 1784, comme Maître des Eaux et Forêt. C'est un personnage local important qui vient juste après le Grand Maître des Eaux et Forêts.
Il fut aussi Capitaine des chasses du comte d'Artois.

A Bourges, c'est lui qui va fonder la première loge maçonnique et dit-il " J'avais rassemblé un petit nombre d'amis, d'anciens maçons à qui il ne maquait que la régularité".
Il a une cinquantaine d'année, et passe pour une personne de grande humanité.
Il est élu député suppléant aux Etats Généraux en 1789 pour le compte du Tiers Etat mais il n'aura pas à sièger à Paris.
Pendant la Révolution, il sera élu capitaine du district de Saint Sulpice le 18 octobre 1789, par acclamations.
Il est un vrai patriote, mais assez modéré, bien qu'il figure en 1795 dans la liste "des terroristes".

C'est un franc-maçon important, il fut membre de la loge de Paris, THALIE, Orient de Paris, il était avant de venir à Bourges Orateur dans cette loge, mais aussi semble-t-il de la loge Saint Laurent.

Il est le fondateur de la loge Sainte Solange à Bourges en 1785, il reste vénérable de cette loge jusqu'en 1787.
C'est en août 1784 que des maçons se décidant à constituer une loge, mais il faut du temps et surtout un maçon reconnu et qui connaît bien l'espect administratif d'une telle création. Il obtient les Constitutions de la nouvelle loge le 5 juin 1785, et elle est installée le 21 août 1785. le frère Pierre Antoine Jean REMOND en devient le vénérable.

Puis il quitte la loge avec plusieurs autres maçons, et s'en va fonder, toujours à Bourges une autre loge appelée"Les Amis de la Paix".

Enfin, lors de la mise en place d'une autre loge à Bourges, "Minerve", formée de l'aristocratie locale, c'est Rémond qui est l'installateur de cette loge, ce qui montre son importance.

A Bourges, il habitait le quartier Saint Sulpice.

Sur une demande de rendez-vous avec Benjamin Franklin, bien entendu, je n'en ai aucune idée. C'est un an avant les débuts de la création administrative de Sainte Solange. Alors pourquoi un rendez-vous en septembre 1783 ?

- Benjamin Franklin était un franc-maçon de la loge de Paris des "Neufs Soeurs", est-ce une demande par rapport à cette loge ?
- Est-ce une demande par rapport à un changement d'affectation de Rémond puisqu'il va venir à Bourges, à cette période ?
-Est-ce une demande par rapport à la création ou au parrainage d'une loge de province, comme Bourges ?
- Est-ce une relation avec le comte d'Artois, futur Charles X ?

Tout cela est très délicat, mais si vous trouvez les relations entre Benjamin Franklin et Pierre Antoine Jean REMOND , j'aimerais en connaître la teneur.


LA FRANC-MACONNERIE DU XIXe SIECLE

 

La Franc-Maçonnerie de Napoléon
Renaissance d'une Loge à Bourges
Sainte Solange, acte 2
Les loges de Saint Amand
Le grand vide dans le Cher
Et vint Caroline

LA FRANC MACONNERIE DE NAPOLEON

Napoléon n'a sans doute jamais été Franc-Maçon, pour certains, il aurait été initié lors de la campagne d'Egypte. Très fin politicien, il se méfiait de cet Ordre et de l'esprit de liberté qui régnait dans les loges. Il verrouilla le système. Il plaça à la tête de l'Ordre, son frère Joseph et tous ses généraux et maréchaux devinrent Francs-Maçons, Augereaux, Lefèvre, Mortier, Masséna, Soult, Ney et quelques autres ...... tout son entourage appartenait à une Loge.
Son épouse Joséphine appartenait aux Loges dites d'adoption, et les loges du Grand Orient passèrent de 300 en 1804 à 1220 en 1814 à la fin de l'Empire.

Comme cela s'est produit parfois dans l'histoire, la maçonnerie est alors aux ordres du pouvoir.

RENAISSANCE D'UNE LOGE A BOURGES

La première loge à revenir à la surface après la "grande tourmente" est celle de "La Liberté", dont l'histoire et les péripéties sont bien dans l'air du temps. Par le nom, "La Liberté" datait à l'origine de 1788, et un an avant la Révolution, 19 frères voulurent constituer une loge différente de celles qui existaient et qui ne correspondaient pas à leur voeu. Ces loges étaient trop "nobles" au sens large, alors des frères de situation sociale plus modeste voulurent "avoir leur propre loge". Il s'agissait d'artisans et de marchands.

Mais le pouvoir central, et les autres loges de Bourges refusèrent le 2 août 1788, cette loge, prétextant que ces artisans et commerçants n'avaient pas le temps d'assister aux travaux de loge par leurs occupations, ni la fortune pour subvenir aux pauvres.... une conception peu conforme aux principes de la franc-maçonnerie. Cette loge ne sera pas formée officiellement avant la Révolution.

C'est pourtant cette loge qui va être la première à revenir à la surface après la grande tourmente. Ce sont 24 frères qui demandent le 25 août 1803 ( 4 juillet 1802 selon le vénérable Marcel Soubret) leur constitution d'une loge sous le titre de "La Liberté". Ce sont des négociants dont le vénérable, Jean Poncet est un homme de loi.

L'installation se fait finalement le 28 mars 1803.

La loge "la liberté" ne va durer qu'une dizaine d'années, elle cessera d'exister à partir de 1812 et officiellement, semble-t-il le 24 juin 1814, alors que les colonnes sont formées de frères dont la profession oscille entre des commerçants et des hommes de loi.

On notera dans un article de Jean Favière (CAHB N° 146) que le frère Jean-Auguste Rouen qui était chef de bureau des contributions et de la comptabilité à la préfecture du Cher était maître et premier surveillant de la loge Sainbt-Jean, en 1811 et qu'il fréquentait la loge "La Liberté" jusqu'à la dissolution de celle-ci (ADC 1166),

Rouen était un ancien génovéfain de l'abaaye Saint-Ambroix, et il avait été un des vicaires métropolitains de l'évêque constitutionel Torné.

 

RENAISSANCE DE SAINTE SOLANGE

Au cours d'une réunion de 1803, la loge "La Liberté" avait discuté sur son titre, et certains frères avaient émis le voeu de changer le nom en "Sainte-Solange", cela vaudra quelques moments difficiles de fraternité.

En fait, Sainte-Solange va renaître en 1805, le 13 avril, lorsque les événements politiques seront bien stabilisés et qu'il n'y aura plus de risque. Cette loge est la ligne de la maçonnerie d'Empire, c'est à dire une société acquise en totalité à l'Empereur qui est vénéré en loge, puisque l'on retrouve cette phrase : " les frères font à nouveau le serment d'amour et de fidélité à Napoléon le Grand, notre auguste empereur et roi". On ne peut être plus en accord avec le pouvoir en place !

Il faut noter que le "vénérable Marcel Soubret " de Travail et Fraternité le 14 janvier 1940 affirme que cette loge suspendra ses travaux qu'en 1792 pour les reprendre effectivemenbt en 1805.

La loge, comme la maçonnerie au plan national comprend les généraux locaux, comme Georges Dufour, qui est vénérable, Edouard Huet et Jean Baptiste Augier. Visiblement, l'armée contrôle les loges en y entrant.

Mais l'Empire va s'écrouler en 1815 et les loges, acquise et même compromises avec le pouvoir politique vont fermer. Ce sera le cas de la loge "La Liberté" et de la loge "Sainte-Solange". Il n'y a plus de maçonnerie dans le Cher à la Restauration.

Dans un propos du vénérable Marcel Soubret, il écrit que "la loge "Minerve" s'oppose au début de 1810 à la constitution de la loge "Les Enfants d'Hiram", et cette opposition a dû être prise en considératio, il n'y a pas de document sur cette dernière".

Ainsi, une Loge "Minerve" s'était reconstituée sans que nous n'ayaons le moindre document à ce sujet.

Autre loge de cette période, avec une loge dite "ambulante", qui est espagnole et s'appelle "Les Amis Fidèles" et qui fait plusieurs demandes de Constitution, en 1818, puis 1819n et l'année suivante en 1820.

Il n'y a pas de documents et de renseignements sur son activité, mais selon Marcel Soubert, "elle a été refusée pour des irrégularités de paperasses".

 

LES LOGES DE SAINT-AMAND

La première loge de Saint-Amand remonte à 1788, elle se nomme "L'Amitié", elle reprendra ses travaux qu'en 1808, ils représentent alors la classe dirigeante de la ville. Il y a le sous-préfet, le maire, le commissaire de police... etc L'année après sa création, cette loge comprend 28 frères dont le maire de Culan, plus de la moitié ont parfaitement négociés la Révolution, et sont devenus, pour certains "des propriétaires".

La franc-maçonnerie a toujours été, même dans les périodes troubles, une société très administrative, ce sera la raison pour laquelle, la demande des frères de SaintAmand sera prise en considération, les archives "parisiennes" du Grand Orient de France montraient que 12 des frères de 1808 étaient les même que ceux de 1788, 89 et 90, avec noms, prénoms, dates de naissance et signature....

Cette loge "L'Amitié" de Saint-Amand semble avoir poursuivi son petit bonhomme de chemin, mais sans beaucoup de relation avec Paris, aussi pour certains historiens, elle aurait disparu assez vite. Rien n'est moins sûr, on dit "un maçon libre dans une loge libre" et dans une petite cité comme Saint-Amand, il est fort possible que la loge ait travaillé de nombreuses années en autarcie sans laisser beaucoup de trace écrite, peut-être par réaction envers l'administration centrale de Paris.

LE GRAND VIDE DANS LE CHER

Pendant près de un siècle, la franc-maçonnerie va être absente du Cher. Il y a un mystère que les historiens n'ont toujours pas percé. Plusieurs théories s'affrontent. Pour certains, les "Berrichons" sont peu actifs dans les travaux à caractère philosophique, ils sont plus concrets et plus terre à terre. Ils s'engagent dans les partis politiques, les syndicats ou les coopératives, mais peu dans les sociétés de pensée. Une autre théorie que j'avance, sans en avoir de preuve formelle tient aussi au caractère Berrichon. C'est une volonté de ne pas être ou se mettre en avant. Il est préférable d'attendre, de voir comment la situation va évoluer, comment tourne le vent. et ensuite de se décider. Comme cette période est particulièrement variable sur le plan politique, sans assurance aucune et qu'il est souvent dangereux de se dire franc-maçon, les berrichons ont préféré attendre.

 

Le résultat, c'est qu'il n'y a pas de loge maçonnique dans le Cher, alors qu'elles se multiplient en France et y jouent parfois un rôle considérable, elles conserveront pour la plupart d'entre elles la fibre républicaine.

 

ET CAROLINE VINT

Une autre loge apparaît en 1840, très exactement le 30 juin 1839, elle a pour nom "La Caroline", sans doute pour se placer sous la protection de Marie-Caroline, reine de Naples, il faut se souvenir que les maçons berruyers de Minerve, en 1788, au cours de leurs banquets levaient leur verre " à la santé de notre auguste monarque, pour la famille royale, pour les princes et souverains qui sont maçons et notamment pour l'auguste souveraine de Naples, protectrice des maçons". La loge a son temple rue du Dieu d'Amour, elle comprend un coiffeur, des propriétaires et des sous-officiers. Elle ne va durer que quelques années, bien que certains tableaux montrent qu'elle avait une cinquantaine de membres.
Cette loge est dirigée par Pierre Claude Gauthier, un maître tailleur. Il apparaît qu'elle n'eut pas une existence très longue, de 1 à 4 ans sans doute, même si elle a compté jusqu'à 50 membres.

 

SAINTE SOLANGE, ACTE 3

La Loge Sainte Solange aura eu une curieuse destinée, elle s'était écroulée en 1825 pour renaître en 1840 sous Louis Philippe.
Sous l'impulsion d'un ingénieur, Célestin Rossi Polloni, elle comprend d'abord 9 membres. Elle est formée de frères très âgés, le Vénérable en 1841 a 71 ans et ses "officiers" entre 60 et 75 ans. Malgré son titre, cette loge semble avoir été très Républicaine. Certains documents situent sa fin en 1850/51 avec l'avènement de Napoléon 3. Plusieurs "frères" berruyers auraient été arrêtés et déportés à Cayenne. C'est l'époque des sociétés républicaines et des Mariannes. Des Francs-Maçons appartenaient sans aucun doute aux 2 sociétés (républicaines et maçonniques) d'où les arrestations.

Sainte Solange ne renaîtra plus.

La période du second Empire apparaît assez proche de ce qui s'est fait avec son oncle quelques décennies auparavant.
Le 9 janvier 1952, le Prince Murat, cousin de Louis Napoléon est élu Grand Maître du grand Orient de France. C'est alors que se produisit une querelle curieuse entre le Prince Murat et le Prince Jérôme Napoléon pour accéder à la Grande Maîtrise.
Napoléon, devant cette cacophonie, signa un décret dans lequel "il nommait le Maréchal Magnan Grand Maître du Grand Orient de France. Ce dernier, qui sera initié à tous les grades le même jour, se révélera un très grand homme et la Franc Maçonnerie s'en trouvera renforcée.

FRANC-MACONNERIE ET 3° REPUBLIQUE

La Franc-Maçonnerie sera à l'origine de la 3° République, après Sedan et la chute de l'Empire. Les Républicains seront présents dans le gouvernement dit "de la République des Jules". Des hommes comme Gambetta, Jules Simon, Jules Grévy..... seront des francs-maçons.

Dans l'épisode de la Commune, une des rares guerre civile de notre pays, les francs-maçons déploieront leurs bannières pour tenter d'arrêter le massacre. Ils seront nombreux dans les rangs des "Communard", avec des symboles comme la "soeur" Louise Michel, mais ils seront quelques uns avec les "Versaillais" de Thiers.

Les loges se reconstituent avec un important changement de cap idéologique en 1877. Les loges sont alors de moins en moins catholiques, il faut dire que les "interdits" du Pape ont encouragé nombre de fidèles à déserter les Temples.
Un grand mouvement se fit jour sous l'impulsion d'un Pasteur, le Pasteur Desmons qui propose au Convent de 1877 la suppression de l'obligation de travailler "A la gloire du Grand Architecte de l'Univers".
Il s'agit d'une rupture idéologique considérable. Les Francs-Maçons du Grand Orient de France n'ont plus l'obligation de croire en un "être suprême". C'est un virage important qui va pousser les Francs-Maçons vers l'athéisme, ce qui lui sera reproché, allant même jusqu'à un anticléricalisme appelé parfois "primaire".

Une conséquence de ce changement, c'est la séparation entre le Grand Orient de France et la Franc-Maçonnerie Universelle, en particulier, celle des USA et d'Angleterre qui rompt tout contact avec les loges françaises.
En France, pourtant, d'autres obédiences restent fidèles en la croyance en Dieu ou en un "être suprême".

Pendant toute cette période, la franc-maçonnerie est absente de Bourges et du Cher, alors qu'elle devient toute puissante dans le reste du pays.

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TRAVAIL ET FRATERNITE: LA LOGE DE BOURGES

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L'industrie à Bourges au XXIe s
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