Edouard André, un
paysagiste de génie
Edouard André
est sans aucun doute le paysagiste français le plus célèbre
du XIX ième siècle, et c'est Daniel Lejeune ingénieur
horticole à Bourges qui va le faire connaître et
se passionner pour ce personnage. Edouard André est à
l'origine de la conception de plusieurs centaines de jardins
situés sur plusieurs continents, et s'il fut un journaliste
horticole de premier plan, il est aussi le " découvreur
" de cette plante si belle, l'Anthurium Andreanum,
connue aussi sous le nom de " Flamant rose " ou "
Langue de feu "... Et Edouard André est Berrichon,
puisque né à Bourges en 1840.
Natif de Bourges
Edouard François André
est donc né à Bourges le 17 juillet 1840, d'un père Charles-André installé
à proximité des Marais de Bourges où il
exerçait la profession de pépiniériste dans
la rue Jean Chaumeau actuelle. Ce père, habitat ensuite
rue Voltaire, pas très loin des serres et du moulin de
Voiselle. Le jeune Edouard sera pris en main par un ecclésiastique,
l'abbé Chapu et suivra des études au collège
de Bourges jusqu'à 17 ans avant de travailler avec son
père pour la pépinière familiale puis il
s'en ira en Anjou se perfectionner dans ce art, nous dit Daniel
Lejeune. Il va, toute sa vie, se passionner pour le monde végétal,
il devient botaniste et horticulteur.
A 20 ans il est jardinier principal de la Ville de Paris, et
il travaille auprès d'Alphand , prenant la direction des
travaux de plantation du parc des Buttes-Chaumont. Dès
lors, la réputation d'Edouard André ne cessera
de grandir en France et à l'étranger.
On ne sait pas grand chose pour le reste de son existence dans
ses relations avec sa ville natale ou le Berry, mais aucun jardin
ne porte sa griffe.
Jardinier du monde
Il a 35 ans lorsqu'il commence une carrière
" d'aventurier-paysagiste-botaniste " et il entreprend
des voyages d'exploration en Colombie, Equateur et Pérou.
Il y reste un an, alors que son épouse est décédée
et que ses trois enfants sont confiés à leur tante
Cécile.
C'est la grande aventure en Amérique du Sud, au milieu
de mille et un danger comme cette piqûre de mygale aviculaire
ou la périlleuse traversée des Andes.... Il découvre
et décrit de nombreuses plantes comme les fougères
ou des orchidées.
Dans les Andes, il se passionne pour la famille des Broméliacées
dont le genre " ananas ".
Pour récolter les graines, Edouard
André ne s'embarrasse pas, il écrit dans un récit
de voyage :
" .... Un tableau magnifique attira
mon attention. Couvrant un arbre mort d'une grande hauteur, les
milliers de fleurs rouges et de feuilles poilues de Gurania Andreana
formaient un dôme brillant orné de longs festons
de 20 m de long. J'abattis l'arbre pour me procurer les graines
".
Comme aventurier, il écrit encore
: " Des bandes de caïmans énormes encombrent
les plages. En passant près d'eux nous les saluons de
quelques balles coniques, nous en manquons beaucoup et en tuons
peu... ".
Il devient ensuite lauréat du concours
organisé par la ville de Liverpool pour la création
du jardin de 150 hectares de Sefton Parc en 1867, puis il s'engage
dans une carrière libérale nationale et internationale
: c'est la transformation de la citadelle de Luxembourg en parc
paysager public, et enfin, c'est la transformation d'une partie
de la ville de Montevideo en Uruguay, et la réalisation
de parcs en Lituanie, en Bulgarie, en Hollande avec le parc du
château de Weldam ... Son style est une synthèse
entre la tradition classique du jardin régulier dit "
à la française " et l'esprit du jardin paysagé.
En France de nombreuses réalisations comme le champ de
Mars de Montpellier, le jardin public de Cognac ou la roseraie
de l'Hay-les-Roses., sans oublier, le parc du Lude en Touraine
ou de Baudry à Cérelles
. Signalons encore
le parc du casino de Monte-Carlo.
E. André se lia vers 1866 à
George Sand, et avec son fils Maurice qui écrivait dans
la " Revue horticole ". La dame de Nohant raconta une
visite parisienne en compagnie du paysagiste : " Nous retournons
chez Ulbach, nous y retrouvons M. André. Nous allons avec
lui aux serres de la ville de Paris, au diable, après
avoir traversé le parc Montceau : nous voyons des merveilles
et quelle quantité ! des caladium gigantesques, des lataniers,
des palmiers... l'ortie dont la piqûre fait mourir, des
lianes, tout un monde exotique ".
L'homme de l'anthurium
Edouard André fut bien un paysagiste
aventurier, ramenant de ses voyages des centaines d'espèces.
Ainsi, au mois de mai 1876, avec deux indiens, il récolte
dans la province du Cauca en Colombie, à une altitude
de 1300 mètres, 40 exemplaires d'Anthurium qui est emballée
précieusement et envoyé en France par l'intermédiaire
du consul de France à Tumaco. Il dessine et décrit
l'espèce, et attend.... jusqu'à ce qu'il apprenne
que les plantes n'ont pas atteint Paris en bon état. Il
doit recommencer, ce qu'il fit deux ans plus tard ... Cette plante
si belle eut un retentissement européen, elle fut présentée
dans de nombreuses expositions, et fit l'admiration de tous les
spécialistes.... et son prix augmenta et cette plante
resta au hit parade de ces espèce dans les années
1880.
Vers 1870, Edouard André achète
une maison en Touraine à Lacroix-de-Bléré
pour y installer sa famille, avec l'intention, dans ce climat
doux, propice à l'art des jardins et à l'horticulture
de poursuivre ses recherches dans un parc expérimental.
Dans cette sorte de refuge, il reçoit de par le monde
de nombreuses plantes, comme des Philodendrons ou des Hibiscus.
Conclusion
Pendant plus de 20 ans, Edouard André
fera de la communication puisqu'il assure la direction de la
prestigieuse " Revue Horticole ". Et en 1892, il devient
le professeur d'art des jardins à l'Ecole Nationale d'horticulture
de Versailles. Enfin, il publie de nombreux ouvrages, comme "
L'art et la science des jardins " ou son ouvrage de base
: " l'Art des jardins, Traité de la composition de
l'art des jardins " qui fait encore référence
et fut réédité en 1983.
Edouard André, ce paysagiste né à Bourges
eut un parcours exceptionnel et fut l'auteur de près de
250 projets de parcs et jardins. Il a introduit de nombreuses
plantes dont le fameux anthurium andreanum. Il était à
la fois jardinier, botaniste, et aventurier !
Il meurt à Lacroix-en-Touraine le 25 octobre 1911, et
il est inhumé au cimetière de Montmartre.
Deux expositions à Bourges en 2012 retracent son parcours
par la présentation de dessins, d'estampes et de documents
de famille. L'art et la nature se rejoignent dans de magnifiques
grands plans aquarellés qui permettent de comprendre comment
le paysagiste compose son oeuvre.
Et il existe à Bourges un jardin " Edouard André
" mais qui n'est pas l'oeuvre du grand homme, puisque créé
en 1985 dans le quartier de Mazières, il offre aux visiteurs
une collection unique de pivoines, arbres et arbustes rares.
Sur 1,2 hectares, il a été conçu à
proximité de la Résidence Gite et Amitié.
C'est un parc très original, puisque la promenade qu'il
propose est accessible aux personnes handicapées.
merci à Daniel Lejeune et à son livre " Edouard
André, les clefs d'une réussite ". (Société
Nationale d'Horticulture de France