La Maison de la Reine Blanche - Roland Narboux

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LA MAISON DE LA REINE BLANCHE A BOURGES
Par Roland NARBOUX

La maison de la Reine Blanche est une des plus belle maison de Bourges, par la qualité de sa façade sculptée.

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Version 2009

 

Une des plus belles demeures de la ville de Bourges, située aujourd'hui rue Gambon et donc dans le quartier Saint Sulpice est la maison de la Reine Blanche. La qualité de ses sculptures, même endommagées par le temps et le manque d'entretien en font un élément majeur du patrimoine de Bourges.

Définition de la maison de la Reine Blanche

La question posée, c'est de savoir qui a pu faire construire cette maison magnifique, située sensiblement à l'emplacement du départ de l'incendie de 1487 ?
Tout d'abord personne ne sait d'où provient le nom de Reine Blanche. Pour certain, Blanche c'est "Blanche de Castille", pour d'autres, c'est l'enseigne d'une Auberge qui portait ce nom. Mais il ne faut pas oublier que l'Ordre des Chevaliers de la Table Ronde fondé en 1486 à Bourges et dont faisait sans doute partie Ursin de Sausay, le président de cet ordre, le Grand Maître, se faisait appeler "le Roi". Une piste à suivre.

La façade est classée au titre des Monuments Historiques depuis 1911.

Cette maison est située au 17/19 de la rue Gambon, elle est exceptionnelle par la richesse de son décors de façade. Elle fut construite, mais ce n'est pas une certitude, par Ursin de Sauzay, qui fut échevin de Bourges, nous dirions aujourd'hui, maire-adjoint. On le trouve sur les documents comme échevin en 1484, puis de 1492 à 1497, et sa mort se situe avant la date de 1503.
Pour certains, le blason qui figure au dessus de la cheminée située au premier étage est celui de la famille de Sauzais. La ressemblance n'est pas acquise. Il y a semble-t-il de fortes différences.
Ces armoiries, de Sauzay sont "d'azur à la tour d'argent maçonnée de sable élevé sur une motte de sinople".
Les deux hommes sauvages qui portent le blason, on les trouve aussi au château de Meilland. Ils étaient alors le symbole de l'ours. Comme pour Jean de Berry, on peut donc penser que l'ours, c'est aussi Ursin, le nom du propriétaire de la Dame Blanche. Sur ces armoiries, on trouve au dessus de l'écusson, un arbre qui est un pommier.

Sur la maison, de récentes études de dendrochronologie donnent une année de construction de 1488 ou l'année suivante. Ce qui étaie les hypothèses d'une construction immédiate après le Grand incendie de 1487.

Cette maison est située dans le quartier des marchands et artisans qui travaillent la laine et le drap à proximité de la rivière l'Yèvrette, comme le père de Jacques Cœur un demi-siècle plus tôt. C'était une aristocratie locale de gens riches et travailleurs qui comptaient à Bourges. De vrais bourgeois. Le jour de la Fête Dieu, ce seraient ces marchands aisés qui tiendraient le rôle des apôtres dans la procession solennelle qui parcourait les rues de la cité dans un cortège emmené par les échevins.

La maison comprenait alors un étage de plus qui a été détruit il y a fort longtemps, on peut penser qu'il a été détruit au XVII e siècle. Ce qui est certain, c'est que Jules Dumoutet le grand sculpteur local en fait le dessin en 1850, et l'étage a disparu. Tout comme Buhot de Kersers à une époque identique.

La façade :

Elle est remarquable par ses quatre poteaux de bois, torsadés, avec un bel encorbellement en relief comme de décrit dans les Maisons en pan de bois, Annie Chazelle.

On trouve des figures religieuses en bois, ainsi que des scènes joyeuses de la vie de tous les jours. Ainsi, on peut détailler :
Un moine dont on voit la tête et surtout le ventre, il pourrait faire une belle pub pour du camembert.
Des personnages, deux à deux qui dansent joyeusement, le tout dans un beau feuillage.
Des sculptures religieuses, avec en particulier, comme dans l'Hôtel Jacques Cœur, une Annonciation, avec la vierge et l'archange Gabriel qui tient un lys. Une autre scène plus discutable venant d'un Evangile apocryphe, représentant les parents de la vierge Marie, c'est Anne et Joachim. Ils se sont rencontré à la porte dorée. Ce thème abandonné aujourd'hui était assez populaire au Moyen Age.
Toujours dans les scènes religieuses, le livre ouvert de la connaissance tenu par un homme qui pourrait symboliser le sermon sur la montagne…. Ou le Christ au jardin des Oliviers, puisque l'on voit à l'arrière une montagne. Enfin une scène plus certaine avec Saint Martin et son manteau.

La maison est en bois de chêne, et elle fut transformée en 1930, car il existe aujourd'hui sur la façade, des arcs qui n'existaient pas dans les années 1850.

A l'intérieur de la Maison, au rez-de-chaussée, une grande cheminée, avec des sculptures, de même au premier et au second étage, des cheminées dont celle des écussons.
La famille de Sauzay à Bourges est importante, ils sont barons de Contremoret et s'installent à Bourges rue Saint-Sulpice une fois passé l'incendie de 1487. C'était un des grands axes de la ville.

Parmi les membres de la famille de Sauzay, signalons en 1474, Guillaume alors administrateur de l'Hôtel Dieu et il fut un des partisans de Louis XI dans la querelle qui opposa violemment le roi à l'équipe municipale. Le roi remplaça l'équipe en place qui avait été élue par une autre à sa dévotion, et Guillaume de Sauzay fut de cette nouvelle équipe pour qui la fermeté était la règle.

 

Complément:

On ne peut pas évoquer la Maison de la Reine Blanche sans parler des voisins, c'est à dire Jean de Cucharmoy, et des Chevaliers de la Table Ronde de Bourges.

Jean de Cucharmoy


Il habitait dit-on une maison particulièrement somptueuse, puisque la rumeur publique la nommait "le petit Louvre". Elle jouxtait par l'arrière, la maison de la reine blanche et selon Chevalier de Saint Amand, cette dernière appartenait aussi à Jean de Cucharmoy.

En 1498, un procès, comme il y en a beaucoup à cette époque, oppose Jean de Cucharmois le lyonnais à ses voisins qui habitaient aussi la rue Saint Sulpice pour une sombre affaire de terrains qui "donnaient sur la rue Crèvecoeur". Cette rue coupait le quartier en deux à hauteur de ce qui fut construit au début du XX e siècle pour la chambre de Commerce.
Et une fois encore, Jean Yves Ribault, qui a travaillé le sujet, nous dit que les voisins en procès avec Jean de Cucharmoy n'étaient autres de Ursin et Phillipon de Sauzais.

Donc hormis le litige du blason de la cheminée qui date bien du début du XIV siècle et qui ne correspond pas totalement au blason des de Sauzais, tout concorde pour attribuer la maison de la reine blanche à cette famille.

Ursin devint à plusieurs reprise échevin de Bourges,

La question qui se pose est double, tout d'abord, Ursin fut-t-il membre de la table Ronde ?, ce n'est pas évident. La Thaumassière l'affirme , mais Chenu et Laugardière au vu des manuscrits qui ont été consultés à Londres, ne disent pas. Est-ce par oubli ? ou qu'il y a des difficultés de lecture, nous ne le savons pas.

Pour certains, un litige entre le fondateur de l'Ordre et un des membres est qualifié "d'étrange", mais là, il y a une méconnaissance des sociétés secrètes et des ordres, car même si les devises sont du type "utilité, amour et union des frères", cela ne peut pas empêcher les conflits et parfois les haines.

Dernier aspect, cette fois en écoutant ceux qui ont étudié les sculptures en bois, la symbolique est essentiellement religieuse, tournée vers la Vierge et Notre Dame, mais elle ferait une magnifique bâtisse pour les Chevaliers de la table Ronde.

Il y a donc aujourd'hui encore un mystère de cette maison.

Complément de Cécile Bulté qui étudie de manière très approfondie cette demeure

(Tout d'abord je vous remercie, vous et la mairie de Bourges, pour le prêt de la nacelle le 31 janvier dernier: le relevé et la campagne photos ont pu être menés à bien, et dans des conditions idéales.)

Je voulais aussi vous faire part de quelques points au sujet de la Reine Blanche. Le premier concerne le problème des armoiries de la cheminée, qui ne ressemblent pas tout à fait à celles de la famille de Sauzay: seul l'aîné d'un
lignage porte les armoiries complètes de sa famille; dans le cas des Sauzay, l'aîné est Guillaume, et Ursin est son fils: l'absence des deux étoiles et les trois tours au lieu d'une sur les armoiries de la cheminée montre qu'il ne s'agit pas là du blason du père de la lignée, mais de son fils. Par ailleurs, la présence des deux hommes sauvages, créatures mi-homme mi-ours, est une référence étymologique au prénom "Ursin". Celui-ci est donc bien le commanditaire de la Reine Blanche.


Le second point concerne les couples de danseurs: ce sont des bergers. Le motif de la danse est peut-être inspiré du théâtre religieux médiéval (mes recherches sur ce point ne sont pas terminées). Je cherche actuellement à savoir si la représentation de cette danse "contorsionnée" est parodique, de la même manière que le tournoi de gueux sur une cheminée du Palais Jacques Coeur, ou si on peut conférer à cette danse un caractère religieux (je pensait à un hommage à la Vierge, qui expliquerait la présence des sculptures de l'Annonciation et d'Anne et Joachim sur les chapiteaux du rez-de-chaussée).

Qui possède des éléments sur ces danses au Moyen-Age,

n'hésitez pas à écrire à l'encyclopédie de Bourges :


Dernier point: l'appartenance d'Ursin à l'Ordre de la Table Ronde n'est citée, parmi tous les historiens de Bourges et du Berry, que par Raynal; les manuscrits de Londres (vérifiés par Chenu et Laugardière) ne citent pas Ursin, ce qui paraît être la preuve ultime qu'il n'en a jamais fait partie. On ne peut rien affirmer de catégorique, mais cette hypothèse est pour l'instant la plus probable.

Comme vous pouvez le constater, il me reste encore beaucoup de travail, beaucoup de points à éclaicir. La façade de la Reine Blanche semble en tout cas être une représentation de bergers, conçue par un esprit bourgeois. A suivre. Je continuerais à vous tenir au courant, jusqu'au rendu de mon mémoire (juin 2005).

à suivre

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