Cet article
est issu d'un chapitre de l'ouvrage publié par les éditions
"La Bouinotte", intitulé AU FIL de l'YEVRE que
chacun peut trouver dans les bonnes librairies de Bourges.
Bourges-sur-Yèvre ? :
L'arrivée des rivières à Bourges
Le canal de dessèchement
La formation de l'Yévrette
La Voiselle
Les marais de l'Yèvre et de la Voiselle
La flore des marais
Les activités culturelles dans les marais
La plaine du Moulon
La présence de l'Yèvre à
Bourges est essentiellement connue pour deux bonnes raisons.
La première est très positive car c'est à
partir de l'Yèvre que naissent les mythiques et magnifiques
marais. Quant à la seconde raison, elle est plus négative,
c'est la présence de crues et d'inondations qui sont généralement
"mises sur les caprices" de la belle rivière.
En fait le réseau des rivières
de Bourges est particulièrement complexe et dense. C'est
la ville aux 7 rivières, à savoir :
- l'Yèvre bien entendu,
mais aussi
- la Voiselle, l'Yèvrette et le canal de dessèchement
issus de l'Yèvre
- le Langis qui rejoint l'Yèvre après un passage
dans les marais
- le Moulon, oh combien capricieux
- l'Auron qui est un fleuve important à lui tout seul.
Il faudrait ajouter, dans une moindre mesure, le Faux Palouet
et la Rampenne.
C'est donc un réseau hydraulique de première grandeur
qui fait de Bourges une cité entourée de tous les
côtés ou presque par l'eau.
Bourges-sur-Yèvre
? :
Il apparaît aujourd'hui que la cité
de Bourges fut, dans les temps anciens appelés "protohistoriques"
une des plus vastes ville du monde Celte. Le Ve siècle
avant JC est sans aucun doute le vrai âge d'or de la cité,
une emprise urbaine beaucoup plus étendue que l'agglomération
actuelle et les riches demeures princières semblent avoir
été nombreuses. N'a-t-on pas retrouvé dans
des nécropoles de cette période, de magnifiques
bijoux, dont une broche représentant un bélier
..
symbole de la ville depuis des lustres.
Bourges s'est implanté très
largement dans une zone comprenant une butte, c'est la ville
ancienne, c'est à dire un "oppidum" situé
entre la Cathédrale et la place Cujas. Elle comprend aussi
quelques plateaux, comme à Port-Sec, à la limite
de Bourges et de Saint-Germain-du-Puy. Mais la ville est surtout
enserrée par des rivières et des marais.
C'est bien l'Yèvre qui a donné le "la"
de l'implantation des Celtes. Pour nos lointains ancêtres,
il fallait trouver un secteur dans lequel il était aisé
de se protéger, mais aussi de commercer, et les rivières
comme l'Yèvre dans ces temps lointains devaient être
navigables à certaines périodes de l'année,
avec les normes de navigabilité d'alors, sans doute succinctes.
N'a-t-on pas retrouvé un port à la sortie sud de
Bourges sur l'Auron juste avant qu'il ne se jette dans l'Yèvre
?
Par la suite, la cité Celte connaîtra quelques vicissitudes,
connue sous le nom d'Avarich puis d'Avaricum elle sera une des
plus belles cités de la Gaule.
Dans la Guerre des Gaules, César écrit lorsqu'il
arrive devant la cité qui lui résiste et qu'il
va détruire : "Il leur sera facile vue sa position
de défendre la cité, car presque de tout côtés
elle est entourée par l'eau courante et le marais et n'offre
qu'un accès qui est d'une extrême étroitesse".
La vie de Bourges sera toujours ponctuée
par l'évolution de l'Yèvre et de ses affluents,
le Langis, le Moulon et l'Auron. Lorsque la seconde grande période
de Bourges commence à la fin du XIV e siècle, elle
dure deux siècles, avec les " Très Riches
Heures de Bourges", le commerce et l'artisanat s'implantent
le long de l'Yévrette, en plein Centre-Ville actuel. C'est
le domaine des drapiers, des tanneurs et autres fouliers. Le
père de Jacques Cur vient à Bourges en provenance
de Saint-Pourçain comme marchand pelletier et s'installe
rue de Parrerie en bordure de l'Yèvrette.
L'arrivée
des rivières à Bourges
Toutes ces rivières arrivées
à Bourges cherchent à quitter la ville sans précipitation
excessive et se dirigent vers l'ouest en contournant la butte
de la Cathédrale. Alors, en prenant leur temps, elles
s'étalent et forment des marais enserrant la cité
haute de toute part.
Les marais que l'on admire aujourd'hui
étaient des zones insalubres, nauséabondes et pourvoyeuses
de maladies graves. Il fallait donc que la main de l'homme façonne
ces lieux.
Pour rendre vivables ces lieux et essayer
de lutter contre les montées intempestives des eaux les
anciens vont, dès Charlemagne vers le VIII e siècle
tenter de dompter ces rivières. Par de gigantesques travaux,
de nouvelles rivières et des canaux transversaux vont
limiter l'emprise des marais.
L'Yèvre arrivant de manière
désordonnée à Bourges, des dérivations
sont creusées avec l'Yèvrette à Osmoy, puis
la Voiselle à l'entrée de Bourges et enfin le canal
de dessèchement et le Faux-Palouet. A chaque fois, l'Yèvre
continue et "essaime", formant au gré de son
cours une nouvelle rivière.
Quant au Langis, les travaux ont essentiellement
concerné son arrivée dans les marais à la
limite nord de ceux-ci. Des bras de "déchargement"
ont été creusés pour atténuer l'arrivée
des eaux, mais au fil du temps, l'urbanisation gagnant de manière
un peu anarchique, des riverains ont commencé progressivement
et de manière un peu sournoise à combler ces bras,
jusqu'à les rendre inutilisables.
Et ces actions très négatives ne remontent pas
à Charlemagne, mais à la fin du XX e siècle,
dans les années 1990 !
Chaque propriétaire d'une parcelle comprenant en limite,
un bras d'eau de "déchargement" possède
outre le terrain, la moitié de l'eau de ce qui est un
petit ruisseau. Certains, désirant augmenter leur terrain
commencent à combler ce qui lui appartient, c'est à
dire la moitié de l'eau et ainsi de suite
. a la
fin, si le propriétaire qui est en vis à vis fait
la même chose et comble, lui aussi la moitié de
"son" eau, il ne reste plus de ruisseau !
Le Moulon, lui, est sans aucun doute la
rivière la plus capricieuse de Bourges. La montée
de ses eaux est fulgurante, et le quartier dit "du Moulon"
peut se retrouver "les pieds dans l'eau" sans que l'on
n'ai eu le temps de faire "ouf".
Autre grande rivière de Bourges,
l'Auron se jette dans l'Yèvre à hauteur du boulevard
de l'Avenir. C'est une rivière puissante capable d'inonder
à la fois des maisons au Val d'Auron, mais aussi dans
le quartier du pont d'Auron et de Juranville.
La présence du lac d'Auron, construit en 1977 ne permet
pas de gérer les eaux dues aux fortes pluies descendues
du Boichault et provoquant des crues pour lesquelles rien de
peut être fait.
Le canal
de dessèchement
Cet ouvrage est assez peu connu, il est
situé à l'est de la ville de Bourges, et s'en va
vers les marais.
Dans les années 1830, très exactement le 11 octobre,
la société "Thurninger et Compagnie"
avait obtenu le marché pour procéder à l'assèchement
des marais, à Osmoy, Saint-Germain-du-Puy, Moulins-sur-Yèvre
et Bourges.
La surface concédée pour ces travaux était
considérable, 465 hectares.
La raison était liée au mauvais
écoulement des eaux, provoquant sur toutes cette étendue,
des crues importantes. A cela s'ajoutait le très faible
encaissement de l'Yèvre et à la moindre pluie ou
presque, les abords étaient sous l'eau.
Ces marais étaient peu productifs, on trouvait essentiellement
des joncs et des roseaux, et
beaucoup de ronces et autres
mauvaises herbes.
Hormis quelques parcelles, les pâturages étaient
inexistants ou dangereux pour les bêtes. On dit que les
troupeaux, paissant sur les marais gorgés d'eau s'enfonçaient
dans la boue et devaient être récupérés
avec des cordes et beaucoup de monde !
Pour les gens de Bourges, cette zone des
marais en amont de la ville était particulièrement
inaccessible et des odeurs fétides s'en dégageaient
rendant le site peu agréable.
Les travaux commencèrent et ils
furent assez gigantesques pour l'époque, la Société
Thurninger fit d'abord un grand canal qui traversait l'ensemble
des zones de marais jusqu'à l'entrée de Bourges.
La longueur de ce canal qui va s'appeler "le grand canal
de dessèchement" est de plus de 8 kilomètres
et Serge Borderieux signale que "les mouvements de terre
furent considérables, 150 000 mètres cubes de déblais
environ furent charriés".
Des rigoles ont été souvent
construites perpendiculairement au grand canal, et la longueur
de l'ensemble de ces petits ruisseaux artificiels avoisine les
27 kilomètres.
De plus, de nombreux ouvrages ont été alors édifiés,
comme des déversoirs, au nombre de 5, quatre ponts, des
barrages en bois avec de part et d'autre un empierrement et enfin
des gués.
Pourtant, à la fin du chantier, les travaux sont jugés
insuffisants et les propriétaires estiment que la Société
Thurninger n'a pas honoré sa commande et qu'il faut encore
poursuivre quelque travaux.
Un procès est alors intenté, et la compagnie est
condamnée par la cour d'Appel de Bourges "à
des dommages et intérêts considérables"
nous disent les gazettes locales. Les propriétaires devront
poursuivre les travaux autour du canal de dessèchement.
Pour Charles Lucas, l'homme de l'assèchement des marais
de Saint-Germain-du-Puy : "il fallait faire des travaux
complémentaires, en y ajoutant de plus, tous ceux d'assainissement
qui devait placer, non seulement la culture, mais l'habitation
même du marais, dans des conditions de salubrité".
Ce canal n'est pas le seul ouvrage réalisé
pour dompter l'Yèvre avant d'arriver dans la cité
de Jacques Cur, l'Yèvrette est à prendre
aussi en considération.
La formation
de l'Yévrette
Au nord-est d'Osmoy, l'Yèvre se
sépare et par une dérivation, forme l'Yèvrette,
proche d'un lieu qui s'est longtemps appelé "les
Trois Pertuis". On retrouve ce vocable dès 1576,
puis le nom changea, au XVIII e siècle le nom devenant
"les Trois Bondonnières" et aujourd'hui ce lieu
se nomme "les Trois Bondons".
Le nom change, mais le chiffre "Trois" demeure. Signalons
que les cartes les plus précises, de type IGN ne le mentionne
pas.
En 1850, c'est le Conseil municipal de Bourges qui décide
de construire un déversoir aux Trois Bondons, car il faut
éviter l'érosion continue de la rivière
avec de graves conséquences sur les prés. Il est
demandé aux propriétaires de réaliser des
vannes d'irrigation pour leurs prés. Enfin, il est écrit
que l'entretien devra être réalisé par un
syndicat.
L'Yèvrette est une rivière artificielle qui a une
curieuse destinée, en particulier dans son périple
dans la ville de Bourges.
A peine formée, l'Yévrette ayant quitté
"les Trois Bondons" serpente sur les communes d'Osmoy
puis de Saint-Germain-du-Puy.
A la Folie Bâton, à l'entrée
de Bourges, la rivière comme l'avait fait l'Yèvre,
se sépare en deux, sur la droite, elle forme la Voiselle,
nouvelle rivière artificielle, et l'Yèvrette poursuit
son cours le long du château des Gadeaux puis entre dans
le Bourges intra-muros, en longeant la rue Charlet.
Dans cette zone, l'Yèvrette toujours aussi artificielle
a été construite à un niveau situé
légèrement au-dessus de celui de la Voiselle et
de l'Yèvre.
Puis, elle pénètre dans le
Bourges historique à hauteur du boulevard Chanzy et là,
elle disparaît !
L'Yèvrette en effet traversait autrefois la ville de Bourges
au large de la rue Joyeuse, passait place Gordaine puis, suivant
les anciens fossés du Moyen Age, circulait rue Mirebeau
et allait se jeter dans l'Auron vers la place Rabelais après
un intéressant passage dans la cour de l'Hôtel Dieu
de Bourges. La première mention de cette rivière
intra-muros remonte à 1012. Il faudra attendre presque
un millénaire pour la buser. Ainsi l'Yèvrette passe
sous la ville depuis le boulevard Chanzy jusqu'à son rejet
dans l'Auron face au Prado.
Un relevé daté de 1921 permet de connaître
dans la zone de l'Hôtel Dieu les dimensions de ce busage.
La largeur varie de 2,40 à 2,80
mètres alors que le courant dans sa partie la plus basse
est situé à une profondeur de 1,60 à 2 mètres
par rapport au niveau du sol, elle n'est donc pas enterrée
profondément.
Mais il ne reste plus rien de visible de tout cela. En effet,
cette rivière qui coulait faiblement dans Bourges ressemblait
davantage à un égout en plein air qu'à une
belle rivière de ville. Les plaintes se multipliaient
et dans les années 1950, il fut décider de buser
l'Yévrette.
D'ailleurs, le tracé de ce busage
a été modifié, puisque dans les années
1960, son cours fut déplacé de Rabelais jusque
vers le Prado. L'Yèvrette passe désormais par le
boulevard Juranville pour se jeter dans l'Auron juste en face
du Centre commercial Leclerc.
Dans le cadre d'un grand projet d'urbanisme, en 2002, appelé
"projet Avaricum", la découverte de l'Yèvrette
fut une surprise pour les cabinets d'architectes. Cela modifia
tous leurs plans car ils avaient conçu un parking souterrain
de 1000 places sur 3 ou 4 étages
. ne sachant pas
qu'il y avait tout simplement une rivière, l'Yèvrette
qui aurait circulé en plein milieu du futur parking souterrain
!
Dernière rivière artificielle, de ce secteur de
Bourges à se constituer, la Voiselle. Sa destinée
est plus simple, et elle a, en plus, l'estime des berruyers,
par la beauté de son cours.
La Voiselle
Bien connue dans les marais de Bourges,
la Voiselle est donc issue d'une dérivation de l'Yèvrette
à la Folie Bâton. Ce lieu est situé au large
du nouvel hôpital Jacques Coeur, à quelques dizaines
de mètres de la rocade ouest.
On peut dire que si l'Yevrette est la "fille de l'Yèvre",
la Voiselle peut être considérée comme la
"fille de l'Yèvrette" et donc "la petite-fille
de l'Yèvre".
La Voiselle suit son court durant quelques
kilomètres puis entre dans les marais. Elle passe entre
l'Yèvre au nord, et l'Yèvrette au sud. C'est une
très belle rivière qui offre, dans les marais une
promenade piétonne de tout premier plan. Comme d'autres
rivières, elle ondule en méandres un peu tortueux,
et la digue dite "de Voiselle" qui va de la passerelle
Nérault à la place des Frênes est constamment
l'objet de destructions causées par de forts courants.
Mais la Voiselle est connue par la présence, dans le quartier
Edouard Vaillant du moulin de Voiselle, qui est devenu une salle
municipale de quartier et pour beaucoup, c'est le lieu d'une
future maison de l'environnement
dans la décennie
à venir.
Les marais
de l'Yèvre et de la Voiselle à Bourges (pour LES MARAIS = CLIQUER ICI)
L'arrivée à Bourges, au pied
de la Cathédrale, dans les quartiers de Pignoux; Charlet
et Edouard Vaillant, de tant de rivières, l'Yèvre,
l'Yèvrette, la Voiselle et le Langis forment désormais
un ensemble de Marais qui font la fierté de Bourges. Les
marécages insalubres d'autrefois sont devenus d'accueillants
lieux de calme et de repos.
Sur 135 hectares, au pied de la cathédrale
se situent donc les Marais de Bourges qui appartiennent à
environ 1500 propriétaires. La plus grande parcelle fait
1,5 hectares et la plus petite 13 mètres carrés.
Cette vaste étendue marécageuse est citée
par Jules César en 52 av JC, lorsqu'il voulut s'emparer
d'Avarich. Plus tard, des communautés religieuses l'acquière,
la ville possédant les communaux. C'est au XII e siècle
que sont réalisés les premiers travaux importants
avec la construction d'un "vrai lit" pour l'Yévrette
et l'édification de moulins.
Ces marécages, en cette époque lointaine, ne sont
pas des lieux de promenade, ce sont des zones incultes, nauséabondes
et dangereuses. Seul avantage de ces marais : la pêche.
Toutes les rivières sont très poissonneuses, et
se nourrir alors, était la première préoccupation
des berruyers.
Au XVIIe siècle les acquéreurs de marais sont obligés
de les entretenir. Des parcelles sont constituées puis
louées aux habitants du faubourg Saint-Privé.
C'est le début d'une exploitation
locale et individuelle des marais avec les jardins auxquels on
accédait en barques plates manuvrées avec
une "bourde" dans les "coulants". La bourde
est une grande perche en bois. Le "bourdeur" debout
sur son bateau pose une extrémité sur le fond de
l'eau et pousse sur ses bras pour faire avancer son embarcation.
Quant au "coulant", c'est un quadrillage d'eau, large
d'un mètre à deux mètres maximum qui irrigue
de manière calculée les nombreuses parcelles. Peu
profonds, les "coulants" distribuent l'eau
Les produits des cultures, légumes
et fleurs étaient mis dans de grands paniers appelés
des "maniques". On cultivait aussi le chanvre dans
les marais de Bourges..... pour en faire des cordages réputés.
A la révolution, les marais appartenant aux communautés
religieuses sont vendus comme biens nationaux et souvent achetés
par les locataires qui poursuivirent leurs tâches. A cette
époque et jusqu'au milieu du XX e siècle, les marais
sont exploités par des maraîchers professionnels.
Ils disparaîtrons peu à peu, laissant la place aux
jardins potagers familiaux. Et aux "marais loisirs".
Les marais "du bas", avec des chemins communaux ou
privés sont accessibles à tous. Ce sont de merveilleuses
promenades pédestres, le long de la Voiselle ou de l'Yévrette.
Inversement les marais "d'en haut" ne sont accessibles
qu'en barque et la rencontre de canards, de chardonnerets et
autres pinsons est d'un charme incomparable.
Lieu mythique de Bourges, c'est un poumon
vert en pleine ville. Les gens des marais sont amoureux de la
nature, ils recherchent le calme et la tranquillité. C'est
un jardin dans la ville, un héritage à préserver
et un conservatoire des marais devrait voir le jour dans les
années à venir. Le long des chemins, des cabanes
sont construites dans les styles les plus variés, avec
plus ou moins de bonheur, mais beaucoup de personnalité.
Dans les marais, on découvre une
faune importante, avec bien entendu les oiseaux. Une quarantaine
d'espèces, comme le martin-pêcheur, le grèbe
castagneux qui n'est pas facile à observer, ou la poule
d'eau plus commune et reconnaissable à son plumage sombre.
Sa queue au-dessous blanc et sa nage en hochant la tête
sont caractéristiques. Sur les bords de la Voiselle, des
canards "colvert" s'envolent au moindre visiteur qui
approche et croisent quelque héron cendré.
D'autres locataires des marais sont plus indésirables,
quoique utiles, ce sont les rats musqués et les ragondins
qui creusent dans des berges, lesquelles parfois s'écroulent
sous les pas des jardiniers. Parmi les mammifères plus
difficiles à observer, une mention particulière
à la musaraigne aquatique qui nage dans les fossés
et dont le pelage gris argenté est assez reconnaissable.
Quant au campagnol amphibie, son pelage est épais, d'une
joli brun, et il brille sous l'eau.
Le campagnol est assez peu farouche, on le voit aisément
dans la journée.Pour les promeneurs et gastronomes, deux
restaurants sont situés en plein cur des marais,
il est toutefois possible de les atteindre en automobile. Ils
ont succédé aux Guinguettes de la "Belle Epoque".
C'est le Caraqui Venise, que l'on atteint par la chaussée
de Chappe, tandis que La Courcilière est à l'opposé,
dans le prolongement de la rue de Babylone. C'est là que
se trouve un véritable port de barques qui attendent leurs
occupants afin d'aller dans les marais "d'en haut".
La flore
des marais
L'exploitation actuelle des marais en jardin
potager ne date que du XVII e siècle et le dernier recensement
exhaustif de la flore est de 1976, sous la municipalité
de Raymond Boisdé. Aujourd'hui, il n'y a pas de protection
du patrimoine écologique, ils sont simplement inscrits
comme Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique, Faunistique
et Floristique de type II pour les spécialistes ! encore
appelée ZNIEFF pour ceux qui manient bien le vocabulaire
écologiste.
L'équilibre des marais est fragile et il dépend
entièrement de leur utilisation par l'homme. Ils constituent
un formidable terrain d'observation de la flore adaptée
au milieu aquatique.
Dans l'eau on peut trouver des plantes aquatiques comme le Pomatot,
le jonc des tonneliers, le nénuphar jaune, la sagittaire
ou le rubanier. Sur les berges ou en eau profonde, se développe
l'iris d'eau, l'angélique sylvestre, le carex des rives
et le plantain d'eau. Enfin, le long des sentiers, on trouve
l'armoise, le géranium "herbe à Robert",
le lierre terrestre ou encore la benoîte commune.
Sur certaines parcelles non entretenues, la végétation
évolue d'une manière considérable et devient
envahissante et ligneuse. Elle tend à refermer l'espace.
C'est le domaine du sureau, de la ronce, du liseron au milieu
desquels se trouvent des frênes et des saules blancs.
Les activités
culturelles dans les marais
L'attrait des marais de Bourges fascine
autant les maraîchers que la population ou les touristes.
Mais ce sont les artistes, avec leur talent et leur discrétion
qui surprennent le plus. Les photographes parcourent les chemins
en toute saison, à la recherche du cliché de l'année.
Parfois ils attendent la neige, rare en Berry, pour réaliser
de surprenantes photographies. Les peintres, individuels ou en
groupe posent leur chevalet et composent sur leur toile ces incomparables
dessins de la cathédrale apparaissant au loin entre les
branches d'un saule. Et puis les artistes contemporains ne sont
pas absents, l'association Tampopo oeuvre dans la mise en valeur
de quelques parcelles des marais, provocant un effet de surprise
ou d'émotion dans ce lieu peu habitué à
de telles créations.
Il faut dire que l'exposition fut tout à fait déroutante.
Les artistes avaient "planté" sur une vaste
parcelle, des légumes
.. en plastique comme on en
trouve dans les magasins de jouets. Ils étaient bien colorés,
bien alignés, il y avait des salades, des choux et autres
carottes assez grosses, mais en plastique, et cela se voyait.
Les maraîchers furent assez critiques, "on se fout
de nous", disaient-ils en bougonnant. Pourtant ils n'étaient
pas au bout de leur surprise, lorsqu'ils s'aperçurent
que l'artiste ou son aide, tous les matins, venait arroser consciencieusement
l'ensemble des légumes en plastique.
Les maraîchers devinrent un peu plus moroses, déclarant
cette fois "Et en plus ils les arrosent tous les matins,
ils sont vraiment fous ces gens-là. Mais quelle génération
ma bonne dame, où allons-nous ?".
Ainsi, l'art contemporain ou post-moderniste n'avait pas convaincu
les maraîchers de Bourges.
La plaine du Moulon
Autre zone typique, située au nord
de la ville de Bourges, le long de la rivière du Moulon,
sur un plateau largement ouvert au vent, la plaine dite du Moulon
ne fut pas, pendant des siècles le rendez-vous privilégié
des Berruyers.
C'est dans cette zone qu'en 1931, la municipalité d'Henri
Laudier décide de construire une cité-jardin. Il
s'agissait d'une première expérience importante
d'urbanisme moderne, réalisée sur les conseil d'Henri
Sellier, un berruyer, devenu parlementaire, spécialiste
et créateur des cités-jardin. On les appellera
aussi les HBM, Habitations à Bon Marché, ce sont
les ancêtres de nos HLM...... avec le jardin en plus. La
cité-jardin du Moulon voit le jour.
La plaine du Moulon est devenue un espace de jeux et de manifestations
de plein-air. Les longues promenades pédestres ou les
circuits à vélo de type VTT, font la joie de beaucoup
d'habitants du quartier.