l'Yèvre à Bourges par Roland Narboux - Encyclopédie

L'ENCYCLOPEDIE DE BOURGES
ECONOMIE
URBANISME
PATRIMOINE
CULTURE
POLITIQUE
ENVIRONNEMENT
HISTOIRE

L'YEVRE, RIVIERE DE BOURGES
Par Roland NARBOUX

L'YEVRE, magnifique rivière prend sa source à Gron, puis traverse Bourges, et forme les Marais de Bourges, avant de se jeter dans le Cher à Vierzon..

 RETOUR AU SOMMAIRE
 
 
RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL
Version 2009

 

Cet article est issu d'un chapitre de l'ouvrage publié par les éditions "La Bouinotte", intitulé AU FIL de l'YEVRE que chacun peut trouver dans les bonnes librairies de Bourges.

l'Yèvre et les marais de BourgesBourges-sur-Yèvre ? :
L'arrivée des rivières à Bourges
Le canal de dessèchement
La formation de l'Yévrette
La Voiselle
Les marais de l'Yèvre et de la Voiselle
La flore des marais
Les activités culturelles dans les marais
La plaine du Moulon

La présence de l'Yèvre à Bourges est essentiellement connue pour deux bonnes raisons. La première est très positive car c'est à partir de l'Yèvre que naissent les mythiques et magnifiques marais. Quant à la seconde raison, elle est plus négative, c'est la présence de crues et d'inondations qui sont généralement "mises sur les caprices" de la belle rivière.

En fait le réseau des rivières de Bourges est particulièrement complexe et dense. C'est la ville aux 7 rivières, à savoir :
- l'Yèvre bien entendu,
mais aussi
- la Voiselle, l'Yèvrette et le canal de dessèchement issus de l'Yèvre
- le Langis qui rejoint l'Yèvre après un passage dans les marais
- le Moulon, oh combien capricieux
- l'Auron qui est un fleuve important à lui tout seul.
Il faudrait ajouter, dans une moindre mesure, le Faux Palouet et la Rampenne.
C'est donc un réseau hydraulique de première grandeur qui fait de Bourges une cité entourée de tous les côtés ou presque par l'eau.

Bourges-sur-Yèvre ? :

Il apparaît aujourd'hui que la cité de Bourges fut, dans les temps anciens appelés "protohistoriques" une des plus vastes ville du monde Celte. Le Ve siècle avant JC est sans aucun doute le vrai âge d'or de la cité, une emprise urbaine beaucoup plus étendue que l'agglomération actuelle et les riches demeures princières semblent avoir été nombreuses. N'a-t-on pas retrouvé dans des nécropoles de cette période, de magnifiques bijoux, dont une broche représentant un bélier…….. symbole de la ville depuis des lustres.

Bourges s'est implanté très largement dans une zone comprenant une butte, c'est la ville ancienne, c'est à dire un "oppidum" situé entre la Cathédrale et la place Cujas. Elle comprend aussi quelques plateaux, comme à Port-Sec, à la limite de Bourges et de Saint-Germain-du-Puy. Mais la ville est surtout enserrée par des rivières et des marais.
C'est bien l'Yèvre qui a donné le "la" de l'implantation des Celtes. Pour nos lointains ancêtres, il fallait trouver un secteur dans lequel il était aisé de se protéger, mais aussi de commercer, et les rivières comme l'Yèvre dans ces temps lointains devaient être navigables à certaines périodes de l'année, avec les normes de navigabilité d'alors, sans doute succinctes. N'a-t-on pas retrouvé un port à la sortie sud de Bourges sur l'Auron juste avant qu'il ne se jette dans l'Yèvre ?
Par la suite, la cité Celte connaîtra quelques vicissitudes, connue sous le nom d'Avarich puis d'Avaricum elle sera une des plus belles cités de la Gaule.
Dans la Guerre des Gaules, César écrit lorsqu'il arrive devant la cité qui lui résiste et qu'il va détruire : "Il leur sera facile vue sa position de défendre la cité, car presque de tout côtés elle est entourée par l'eau courante et le marais et n'offre qu'un accès qui est d'une extrême étroitesse".

La vie de Bourges sera toujours ponctuée par l'évolution de l'Yèvre et de ses affluents, le Langis, le Moulon et l'Auron. Lorsque la seconde grande période de Bourges commence à la fin du XIV e siècle, elle dure deux siècles, avec les " Très Riches Heures de Bourges", le commerce et l'artisanat s'implantent le long de l'Yévrette, en plein Centre-Ville actuel. C'est le domaine des drapiers, des tanneurs et autres fouliers. Le père de Jacques Cœur vient à Bourges en provenance de Saint-Pourçain comme marchand pelletier et s'installe rue de Parrerie en bordure de l'Yèvrette.

L'arrivée des rivières à Bourges

Toutes ces rivières arrivées à Bourges cherchent à quitter la ville sans précipitation excessive et se dirigent vers l'ouest en contournant la butte… de la Cathédrale. Alors, en prenant leur temps, elles s'étalent et forment des marais enserrant la cité haute de toute part.

Les marais que l'on admire aujourd'hui étaient des zones insalubres, nauséabondes et pourvoyeuses de maladies graves. Il fallait donc que la main de l'homme façonne ces lieux.

Pour rendre vivables ces lieux et essayer de lutter contre les montées intempestives des eaux les anciens vont, dès Charlemagne vers le VIII e siècle tenter de dompter ces rivières. Par de gigantesques travaux, de nouvelles rivières et des canaux transversaux vont limiter l'emprise des marais.

L'Yèvre arrivant de manière désordonnée à Bourges, des dérivations sont creusées avec l'Yèvrette à Osmoy, puis la Voiselle à l'entrée de Bourges et enfin le canal de dessèchement et le Faux-Palouet. A chaque fois, l'Yèvre continue et "essaime", formant au gré de son cours une nouvelle rivière.

Quant au Langis, les travaux ont essentiellement concerné son arrivée dans les marais à la limite nord de ceux-ci. Des bras de "déchargement" ont été creusés pour atténuer l'arrivée des eaux, mais au fil du temps, l'urbanisation gagnant de manière un peu anarchique, des riverains ont commencé progressivement et de manière un peu sournoise à combler ces bras, jusqu'à les rendre inutilisables.
Et ces actions très négatives ne remontent pas à Charlemagne, mais à la fin du XX e siècle, dans les années 1990 !
Chaque propriétaire d'une parcelle comprenant en limite, un bras d'eau de "déchargement" possède outre le terrain, la moitié de l'eau de ce qui est un petit ruisseau. Certains, désirant augmenter leur terrain commencent à combler ce qui lui appartient, c'est à dire la moitié de l'eau et ainsi de suite…. a la fin, si le propriétaire qui est en vis à vis fait la même chose et comble, lui aussi la moitié de "son" eau, il ne reste plus de ruisseau !

Le Moulon, lui, est sans aucun doute la rivière la plus capricieuse de Bourges. La montée de ses eaux est fulgurante, et le quartier dit "du Moulon" peut se retrouver "les pieds dans l'eau" sans que l'on n'ai eu le temps de faire "ouf".

Autre grande rivière de Bourges, l'Auron se jette dans l'Yèvre à hauteur du boulevard de l'Avenir. C'est une rivière puissante capable d'inonder à la fois des maisons au Val d'Auron, mais aussi dans le quartier du pont d'Auron et de Juranville.
La présence du lac d'Auron, construit en 1977 ne permet pas de gérer les eaux dues aux fortes pluies descendues du Boichault et provoquant des crues pour lesquelles rien de peut être fait.

Le canal de dessèchement

Cet ouvrage est assez peu connu, il est situé à l'est de la ville de Bourges, et s'en va vers les marais.
Dans les années 1830, très exactement le 11 octobre, la société "Thurninger et Compagnie" avait obtenu le marché pour procéder à l'assèchement des marais, à Osmoy, Saint-Germain-du-Puy, Moulins-sur-Yèvre et Bourges.
La surface concédée pour ces travaux était considérable, 465 hectares.

La raison était liée au mauvais écoulement des eaux, provoquant sur toutes cette étendue, des crues importantes. A cela s'ajoutait le très faible encaissement de l'Yèvre et à la moindre pluie ou presque, les abords étaient sous l'eau.
Ces marais étaient peu productifs, on trouvait essentiellement des joncs et des roseaux, et … beaucoup de ronces et autres mauvaises herbes.
Hormis quelques parcelles, les pâturages étaient inexistants ou dangereux pour les bêtes. On dit que les troupeaux, paissant sur les marais gorgés d'eau s'enfonçaient dans la boue et devaient être récupérés avec des cordes et beaucoup de monde !

Pour les gens de Bourges, cette zone des marais en amont de la ville était particulièrement inaccessible et des odeurs fétides s'en dégageaient rendant le site peu agréable.

Les travaux commencèrent et ils furent assez gigantesques pour l'époque, la Société Thurninger fit d'abord un grand canal qui traversait l'ensemble des zones de marais jusqu'à l'entrée de Bourges.
La longueur de ce canal qui va s'appeler "le grand canal de dessèchement" est de plus de 8 kilomètres et Serge Borderieux signale que "les mouvements de terre furent considérables, 150 000 mètres cubes de déblais environ furent charriés".

Des rigoles ont été souvent construites perpendiculairement au grand canal, et la longueur de l'ensemble de ces petits ruisseaux artificiels avoisine les 27 kilomètres.
De plus, de nombreux ouvrages ont été alors édifiés, comme des déversoirs, au nombre de 5, quatre ponts, des barrages en bois avec de part et d'autre un empierrement et enfin des gués.
Pourtant, à la fin du chantier, les travaux sont jugés insuffisants et les propriétaires estiment que la Société Thurninger n'a pas honoré sa commande et qu'il faut encore poursuivre quelque travaux.
Un procès est alors intenté, et la compagnie est condamnée par la cour d'Appel de Bourges "à des dommages et intérêts considérables" nous disent les gazettes locales. Les propriétaires devront poursuivre les travaux autour du canal de dessèchement.
Pour Charles Lucas, l'homme de l'assèchement des marais de Saint-Germain-du-Puy : "il fallait faire des travaux complémentaires, en y ajoutant de plus, tous ceux d'assainissement qui devait placer, non seulement la culture, mais l'habitation même du marais, dans des conditions de salubrité".

Ce canal n'est pas le seul ouvrage réalisé pour dompter l'Yèvre avant d'arriver dans la cité de Jacques Cœur, l'Yèvrette est à prendre aussi en considération.

La formation de l'Yévrette

Au nord-est d'Osmoy, l'Yèvre se sépare et par une dérivation, forme l'Yèvrette, proche d'un lieu qui s'est longtemps appelé "les Trois Pertuis". On retrouve ce vocable dès 1576, puis le nom changea, au XVIII e siècle le nom devenant "les Trois Bondonnières" et aujourd'hui ce lieu se nomme "les Trois Bondons".
Le nom change, mais le chiffre "Trois" demeure. Signalons que les cartes les plus précises, de type IGN ne le mentionne pas.
En 1850, c'est le Conseil municipal de Bourges qui décide de construire un déversoir aux Trois Bondons, car il faut éviter l'érosion continue de la rivière avec de graves conséquences sur les prés. Il est demandé aux propriétaires de réaliser des vannes d'irrigation pour leurs prés. Enfin, il est écrit que l'entretien devra être réalisé par un syndicat.
L'Yèvrette est une rivière artificielle qui a une curieuse destinée, en particulier dans son périple dans la ville de Bourges.
A peine formée, l'Yévrette ayant quitté "les Trois Bondons" serpente sur les communes d'Osmoy puis de Saint-Germain-du-Puy.

A la Folie Bâton, à l'entrée de Bourges, la rivière comme l'avait fait l'Yèvre, se sépare en deux, sur la droite, elle forme la Voiselle, nouvelle rivière artificielle, et l'Yèvrette poursuit son cours le long du château des Gadeaux puis entre dans le Bourges intra-muros, en longeant la rue Charlet.
Dans cette zone, l'Yèvrette toujours aussi artificielle a été construite à un niveau situé légèrement au-dessus de celui de la Voiselle et de l'Yèvre.

Puis, elle pénètre dans le Bourges historique à hauteur du boulevard Chanzy et là, elle disparaît !
L'Yèvrette en effet traversait autrefois la ville de Bourges au large de la rue Joyeuse, passait place Gordaine puis, suivant les anciens fossés du Moyen Age, circulait rue Mirebeau et allait se jeter dans l'Auron vers la place Rabelais après un intéressant passage dans la cour de l'Hôtel Dieu de Bourges. La première mention de cette rivière intra-muros remonte à 1012. Il faudra attendre presque un millénaire pour la buser. Ainsi l'Yèvrette passe sous la ville depuis le boulevard Chanzy jusqu'à son rejet dans l'Auron face au Prado.
Un relevé daté de 1921 permet de connaître dans la zone de l'Hôtel Dieu les dimensions de ce busage.

La largeur varie de 2,40 à 2,80 mètres alors que le courant dans sa partie la plus basse est situé à une profondeur de 1,60 à 2 mètres par rapport au niveau du sol, elle n'est donc pas enterrée profondément.
Mais il ne reste plus rien de visible de tout cela. En effet, cette rivière qui coulait faiblement dans Bourges ressemblait davantage à un égout en plein air qu'à une belle rivière de ville. Les plaintes se multipliaient et dans les années 1950, il fut décider de buser l'Yévrette.

D'ailleurs, le tracé de ce busage a été modifié, puisque dans les années 1960, son cours fut déplacé de Rabelais jusque vers le Prado. L'Yèvrette passe désormais par le boulevard Juranville pour se jeter dans l'Auron juste en face du Centre commercial Leclerc.
Dans le cadre d'un grand projet d'urbanisme, en 2002, appelé "projet Avaricum", la découverte de l'Yèvrette fut une surprise pour les cabinets d'architectes. Cela modifia tous leurs plans car ils avaient conçu un parking souterrain de 1000 places sur 3 ou 4 étages…. ne sachant pas qu'il y avait tout simplement une rivière, l'Yèvrette qui aurait circulé en plein milieu du futur parking souterrain !
Dernière rivière artificielle, de ce secteur de Bourges à se constituer, la Voiselle. Sa destinée est plus simple, et elle a, en plus, l'estime des berruyers, par la beauté de son cours.

La Voiselle

Bien connue dans les marais de Bourges, la Voiselle est donc issue d'une dérivation de l'Yèvrette à la Folie Bâton. Ce lieu est situé au large du nouvel hôpital Jacques Coeur, à quelques dizaines de mètres de la rocade ouest.
On peut dire que si l'Yevrette est la "fille de l'Yèvre", la Voiselle peut être considérée comme la "fille de l'Yèvrette" et donc "la petite-fille de l'Yèvre".

La Voiselle suit son court durant quelques kilomètres puis entre dans les marais. Elle passe entre l'Yèvre au nord, et l'Yèvrette au sud. C'est une très belle rivière qui offre, dans les marais une promenade piétonne de tout premier plan. Comme d'autres rivières, elle ondule en méandres un peu tortueux, et la digue dite "de Voiselle" qui va de la passerelle Nérault à la place des Frênes est constamment l'objet de destructions causées par de forts courants.


Mais la Voiselle est connue par la présence, dans le quartier Edouard Vaillant du moulin de Voiselle, qui est devenu une salle municipale de quartier et pour beaucoup, c'est le lieu d'une future maison de l'environnement …… dans la décennie à venir.

Les marais de l'Yèvre et de la Voiselle à Bourges (pour LES MARAIS = CLIQUER ICI)

L'arrivée à Bourges, au pied de la Cathédrale, dans les quartiers de Pignoux; Charlet et Edouard Vaillant, de tant de rivières, l'Yèvre, l'Yèvrette, la Voiselle et le Langis forment désormais un ensemble de Marais qui font la fierté de Bourges. Les marécages insalubres d'autrefois sont devenus d'accueillants lieux de calme et de repos.

Sur 135 hectares, au pied de la cathédrale se situent donc les Marais de Bourges qui appartiennent à environ 1500 propriétaires. La plus grande parcelle fait 1,5 hectares et la plus petite 13 mètres carrés.
Cette vaste étendue marécageuse est citée par Jules César en 52 av JC, lorsqu'il voulut s'emparer d'Avarich. Plus tard, des communautés religieuses l'acquière, la ville possédant les communaux. C'est au XII e siècle que sont réalisés les premiers travaux importants avec la construction d'un "vrai lit" pour l'Yévrette et l'édification de moulins.
Ces marécages, en cette époque lointaine, ne sont pas des lieux de promenade, ce sont des zones incultes, nauséabondes et dangereuses. Seul avantage de ces marais : la pêche. Toutes les rivières sont très poissonneuses, et se nourrir alors, était la première préoccupation des berruyers.
Au XVIIe siècle les acquéreurs de marais sont obligés de les entretenir. Des parcelles sont constituées puis louées aux habitants du faubourg Saint-Privé.

C'est le début d'une exploitation locale et individuelle des marais avec les jardins auxquels on accédait en barques plates manœuvrées avec une "bourde" dans les "coulants". La bourde est une grande perche en bois. Le "bourdeur" debout sur son bateau pose une extrémité sur le fond de l'eau et pousse sur ses bras pour faire avancer son embarcation. Quant au "coulant", c'est un quadrillage d'eau, large d'un mètre à deux mètres maximum qui irrigue de manière calculée les nombreuses parcelles. Peu profonds, les "coulants" distribuent l'eau

Les produits des cultures, légumes et fleurs étaient mis dans de grands paniers appelés des "maniques". On cultivait aussi le chanvre dans les marais de Bourges..... pour en faire des cordages réputés.
A la révolution, les marais appartenant aux communautés religieuses sont vendus comme biens nationaux et souvent achetés par les locataires qui poursuivirent leurs tâches. A cette époque et jusqu'au milieu du XX e siècle, les marais sont exploités par des maraîchers professionnels. Ils disparaîtrons peu à peu, laissant la place aux jardins potagers familiaux. Et aux "marais loisirs".
Les marais "du bas", avec des chemins communaux ou privés sont accessibles à tous. Ce sont de merveilleuses promenades pédestres, le long de la Voiselle ou de l'Yévrette. Inversement les marais "d'en haut" ne sont accessibles qu'en barque et la rencontre de canards, de chardonnerets et autres pinsons est d'un charme incomparable.

Lieu mythique de Bourges, c'est un poumon vert en pleine ville. Les gens des marais sont amoureux de la nature, ils recherchent le calme et la tranquillité. C'est un jardin dans la ville, un héritage à préserver et un conservatoire des marais devrait voir le jour dans les années à venir. Le long des chemins, des cabanes sont construites dans les styles les plus variés, avec plus ou moins de bonheur, mais beaucoup de personnalité.

Dans les marais, on découvre une faune importante, avec bien entendu les oiseaux. Une quarantaine d'espèces, comme le martin-pêcheur, le grèbe castagneux qui n'est pas facile à observer, ou la poule d'eau plus commune et reconnaissable à son plumage sombre. Sa queue au-dessous blanc et sa nage en hochant la tête sont caractéristiques. Sur les bords de la Voiselle, des canards "colvert" s'envolent au moindre visiteur qui approche et croisent quelque héron cendré.
D'autres locataires des marais sont plus indésirables, quoique utiles, ce sont les rats musqués et les ragondins qui creusent dans des berges, lesquelles parfois s'écroulent sous les pas des jardiniers. Parmi les mammifères plus difficiles à observer, une mention particulière à la musaraigne aquatique qui nage dans les fossés et dont le pelage gris argenté est assez reconnaissable. Quant au campagnol amphibie, son pelage est épais, d'une joli brun, et il brille sous l'eau.
Le campagnol est assez peu farouche, on le voit aisément dans la journée.Pour les promeneurs et gastronomes, deux restaurants sont situés en plein cœur des marais, il est toutefois possible de les atteindre en automobile. Ils ont succédé aux Guinguettes de la "Belle Epoque". C'est le Caraqui Venise, que l'on atteint par la chaussée de Chappe, tandis que La Courcilière est à l'opposé, dans le prolongement de la rue de Babylone. C'est là que se trouve un véritable port de barques qui attendent leurs occupants afin d'aller dans les marais "d'en haut".

La flore des marais

L'exploitation actuelle des marais en jardin potager ne date que du XVII e siècle et le dernier recensement exhaustif de la flore est de 1976, sous la municipalité de Raymond Boisdé. Aujourd'hui, il n'y a pas de protection du patrimoine écologique, ils sont simplement inscrits comme Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique de type II pour les spécialistes ! encore appelée ZNIEFF pour ceux qui manient bien le vocabulaire écologiste.
L'équilibre des marais est fragile et il dépend entièrement de leur utilisation par l'homme. Ils constituent un formidable terrain d'observation de la flore adaptée au milieu aquatique.
Dans l'eau on peut trouver des plantes aquatiques comme le Pomatot, le jonc des tonneliers, le nénuphar jaune, la sagittaire ou le rubanier. Sur les berges ou en eau profonde, se développe l'iris d'eau, l'angélique sylvestre, le carex des rives et le plantain d'eau. Enfin, le long des sentiers, on trouve l'armoise, le géranium "herbe à Robert", le lierre terrestre ou encore la benoîte commune.
Sur certaines parcelles non entretenues, la végétation évolue d'une manière considérable et devient envahissante et ligneuse. Elle tend à refermer l'espace. C'est le domaine du sureau, de la ronce, du liseron au milieu desquels se trouvent des frênes et des saules blancs.

Les activités culturelles dans les marais

L'attrait des marais de Bourges fascine autant les maraîchers que la population ou les touristes. Mais ce sont les artistes, avec leur talent et leur discrétion qui surprennent le plus. Les photographes parcourent les chemins en toute saison, à la recherche du cliché de l'année. Parfois ils attendent la neige, rare en Berry, pour réaliser de surprenantes photographies. Les peintres, individuels ou en groupe posent leur chevalet et composent sur leur toile ces incomparables dessins de la cathédrale apparaissant au loin entre les branches d'un saule. Et puis les artistes contemporains ne sont pas absents, l'association Tampopo oeuvre dans la mise en valeur de quelques parcelles des marais, provocant un effet de surprise ou d'émotion dans ce lieu peu habitué à de telles créations.


Il faut dire que l'exposition fut tout à fait déroutante. Les artistes avaient "planté" sur une vaste parcelle, des légumes ….. en plastique comme on en trouve dans les magasins de jouets. Ils étaient bien colorés, bien alignés, il y avait des salades, des choux et autres carottes assez grosses, mais en plastique, et cela se voyait. Les maraîchers furent assez critiques, "on se fout de nous", disaient-ils en bougonnant. Pourtant ils n'étaient pas au bout de leur surprise, lorsqu'ils s'aperçurent que l'artiste ou son aide, tous les matins, venait arroser consciencieusement l'ensemble des légumes en plastique.
Les maraîchers devinrent un peu plus moroses, déclarant cette fois "Et en plus ils les arrosent tous les matins, ils sont vraiment fous ces gens-là. Mais quelle génération ma bonne dame, où allons-nous ?".
Ainsi, l'art contemporain ou post-moderniste n'avait pas convaincu les maraîchers de Bourges.

La plaine du Moulon

Autre zone typique, située au nord de la ville de Bourges, le long de la rivière du Moulon, sur un plateau largement ouvert au vent, la plaine dite du Moulon ne fut pas, pendant des siècles le rendez-vous privilégié des Berruyers.
C'est dans cette zone qu'en 1931, la municipalité d'Henri Laudier décide de construire une cité-jardin. Il s'agissait d'une première expérience importante d'urbanisme moderne, réalisée sur les conseil d'Henri Sellier, un berruyer, devenu parlementaire, spécialiste et créateur des cités-jardin. On les appellera aussi les HBM, Habitations à Bon Marché, ce sont les ancêtres de nos HLM...... avec le jardin en plus. La cité-jardin du Moulon voit le jour.
La plaine du Moulon est devenue un espace de jeux et de manifestations de plein-air. Les longues promenades pédestres ou les circuits à vélo de type VTT, font la joie de beaucoup d'habitants du quartier.

Retrouvez quelques articles de l'Encyclopédie :
Ils sont nés à Bourges,
François Mitterrand à Bourges
Chiffres essentiels
Les Templiers
Les élections à Bourges au XXe siècle
Les Très Riches Heures du duc de Berry
les villes jumelles
Radios locales
Les francs-maçons
Kiosque et musique
Agnès Sorel
L'horloge astronomique
Les tramways de Bourges
L'Yèvre à Bourges
L'alchimie
La Bouinotte, magazine du Berry
L'usine Michelin
La maison de la Reine Blanche
Serge Lepeltier
L'industrie à Bourges au XXIe s
Monuments Historiques Classés
 

Et puis une nouveauté : L'information et l'actualité à savoir sur Bourges, en quelque clip et quelques lignes :

http://www.bourges-info.com/

 

Vous souhaitez enrichir le site de l'Encyclopedie de Bourges ?

 

Cliquer ici