Dans les cités d'aujourd'hui, il
faut bien se rendre à l'évidence, la femme n'est
pas très souvent au premier rang, que ce soit pour diriger
une ville, un département, ou pour gérer une entreprise
ou prendre la direction d'un grand service administratif.
Aussi, avons-nous cherché pour les lecteurs d'Internet
quelle est réellement la place de la femme dans une ville
comme Bourges dans les domaines les plus variés.
Les femmes
qui ont marqué Bourges
Elles ne sont pas très nombreuses
les femmes qui ont marqué la ville de Bourges. Lorsque
l'on recherche les femmes célèbres nées
dans la capitale du Berry, on ne trouve que Berthe Morisot, cette
grande peintre impressionniste née en I841, alors que
son père, Tiburce était préfet du Cher.
Elle ne restera d'ailleurs que très peu de temps en Berry.
Autre femme célèbre, qui a beaucoup apporté
à la ville, Jeanne de France fonda à Bourges l'Ordre
des Annonciades. Bien que née à Nogent-le-Roi en
1464 et c'est à Bourges que décède cette
fille de Louis XI, mariée puis répudiée
par Louis XII et grande figure de cette époque.
Autre personnalité forte de notre Histoire, George Sand
(I803-1876) fut une romancière essentiellement berrichonne,
elle vint souvent à Bourges et son plus bel amant, ne
fut-il pas Michel de Bourges ?
Autre romancière, encore plus locale, Marguerite Audoux
et son livre : " Marie-Claire " a particulièrement
mis en valeur Bourges, ayant passé près d'une dizaine
d'années dans un orphelinat de l'Hôpital général.
Enfin, signalons Marguerite de Navarre (1492-1549) princesse
des lettres de la Renaissance et dont l'influence sur l'Université
de Bourges fut importante a laissé son nom à un
des grands lycées de la ville.
Et plus récemment le souvenir de Simone Weil (1909-1943)
jeune et brillante philosophe qui enseigna au Lycée de
Bourges rue Littré revint à la mémoire des
Berruyers.
Bourges, ville royale et archiépiscopale souffrirait-elle
de machisme ?
Les rues
de Bourges
Pendant des lustres, les noms des rues
de Bourges, comprenant des noms de personnages étaient
essentiellement masculins : pas ou très peu de femme.
Il y a eu Jeanne d'Arc, qui a une petite rue, proche de celle
de Louis XI, et aussi une impasse privée perpendiculaire
à la rue Moyenne ? Ensuite, Marguerite Audoux et George
Sand ont leur rue pour l'une et une place pour la seconde.
Plus récemment, la commission chargée de donner
des noms aux rues nouvelles de Bourges ont chaque fois que possible
" cherché la femme "
Il y eu ainsi Adélaïde Hautval,
une femme médecin résistante lors de la dernière
guerre, et plus récemment encore, les noms d'Agnès
Sorel, d'Aliénor d'Aquitaine et de Christine de Pisan
ont été données à des rues d'un petit
lotissement intitulé, le clos Jacques Cur. Si les
deux premières ont fréquenté la capitale
du Berry la troisième n'y est sans doute jamais venue
à l'inverse de son fils.
Ces derniers mois, Jeanne Jugan (1792-1879), qui est à
l'origine des Petites Surs des pauvres a permis de baptiser
une ruelle dans le quartier du couvent des surs de La Charité.
Enfin, deux dames donneront en 2010, leur nom à des rues,
Pauline Kergomard (1838-I925), fondatrice des écoles maternelles,
et Maria Vérone (I884- I938), la première avocate
française plaidant en cour d'Assises.
Mais dans l'ensemble, cela fait peu.
Quant à Marie Curie, femme de science,
a enfin son nom dans une rue. Et c'est très récent
puisqu'il existait depuis l'avant guerre, une rue Pierre Curie,
et Marie encore vivante à cette époque la municipalité
n'avait pas juxtaposé son nom à celui de son mari.
Le mal sera réparé, et aujourd'hui, il y a enfin
une rue " Pierre et Marie Curie ".
Les 40
femmes de Marguerite de Navarre
Les femmes sont mises en valeur de manière
particulièrement visible à travers des médaillons
qui ornent la façade de l'internat du lycée Marguerite
de Navarre. Ces 41 médaillons datent de 1950 / 1952, ce
fut une commande de l'architecte du bâtiment Jacques Barge.
C'est Jacqueline et Jean Lerat, de grands céramistes,
qui vont réaliser ces personnages en grès, représentant
des artistes, des sportives, des scientifiques et des patriotes.
Ils font 0,90 mètres de diamètre et ils ont été
cuits dans un four, non pas à La Borne comme on le pense
souvent, mais à Vierzon.
Une oeuvre remarquable, et si certaines
femmes sont largement connues, comme la comtesse de Noailles,
(1876-1933) poète, Madame de La Fayette (I634-I693) romancière
et mémorialiste ou encore Madame De Sévigné
(1626-1696) et son uvre épistolière, d'autres
dont on connaît le nom sans trop savoir de qui il s'agit,
comme Maryse Bastié (1898 - 1952), pourtant une grande
aviatrice, ou Suzanne Lenglen (1899 - 1938), championne de tennis.
Aujourd'hui, parmi ces femmes, certaines
sont totalement absentes de la mémoire collective, c'est
la mathématicienne Sophie Germain, (1776-I831), ou Clémence
Royer (1830-1862), une économiste, féministe, et
une des fondatrice du Droit Humain, ou encore Julie Favre (I834-I896),
pédagogue, pionnière de l'enseignement et enfin
Flora Tristant (1803 - 1844), une militante abolitionniste, apôtre
de l'union libre
On trouve aussi des personnages comme Louise
Michel (1830 - 1905), qui fut institutrice, anarchiste, et elle
prit part à la Commune de I871. Notons des artistes comme
la pianiste Lili Boulanger, Sarah Bernhard ou encore Jeanne Lanvin,
une des grandes dames de la couture. Seule parmi ces médaillons,
Marie Talbot (1806 - 1860), est berrichonne, potier (ou potières)
à La Borne figure en bonne place.
Les femmes
en politique
Les femmes peuvent voter depuis peu à
l'échelle de notre histoire puisque cela ne date que d'avril
1944 pour le décret fondateur et d'avril 1945 pour des
élections municipales.
S'il est un domaine où la place de la femme tarde à
s'affirmer, c'est bien en politique. Aujourd'hui, sur les 5 parlementaires
du Cher, aucune femme ! Dans le passé, sauf erreur, une
seule femme a rejoint un jour le parlement, il s'agissait de
Berthe Fievet, élue député en 1981.
Au niveau du Conseil général,
c'est la même chose, aucune présidente pour le Cher
et dans les municipalités de Bourges, Vierzon ou Saint
Amand, jamais aucune femme n'a porté l'écharpe
de premier magistrat de la cité.
Il est pourtant un domaine, celui du représentant
de l'Etat où les femmes dans le Cher se montrent puisque
Mme Catherine Delmas Comolli est préfet (et non préfète),depuis
juillet 2008. et c'est la troisième depuis 15 ans, après
Marie-Françoise Haye-Guillot en 1996 et Anne Merloz en
2002.
L'arrivée de la parité en
politique à la fin du XX ième siècle fait
bouger les lignes. Dans le passé récent, au niveau
municipal, des personnages comme Zoé Dumonteil, Germaine
Lebrun ou Marguerite Renaudat ont imprimé leur marque
à Bourges à une époque où les femmes
ne représentaient pas plus de 5% des élus.
Il faudra la loi pour que l'évolution se fasse de manière
plus sensible.
Depuis 1995, le Conseil municipal de Bourges comprend sur ses
listes autant de femmes que d'homme, même si le maire Serge
Lepeltier et le premier adjoint sont .. ;des hommes !
C'est ainsi que des personnalités vont progressivement
se détacher, comme Frédérique Deniau dès
1995, puis Josette Csorgei, Andrée Depond, Colette Bonneau
et avec les lois sur la parité, aux élections municipales
de 2001, une liste comprenant " un homme, une femme, avec
la méthode dite chabadabada ". Ainsi se détacheront
dans l'équipe municipale Monique Charles, Danielle Monnet
ou Véronique Fenoll.
L'opposition municipale ne sera pas en reste avec, en particulier
à partir de 2008, le chef de file de la liste de gauche
qui sera une femme : la socialiste Irène Félix,
à ses côtés, Anne Marie Guilloneau et Jacqueline
Jacquet. Et à l'extrême gauche à Bourges,
la femme est reine, avec Colette Cordat et Charlotte Blot.
Les femmes
dans la cité
Trouver des femmes à la tête
des grandes entreprises de Bourges ou du Cher n'est pas simple,
et par exemple dans la firme Hanriot devenue Aérospatiale
et aujourd'hui MBDA, aucun directeur n'a jamais porté
des jupes. Il en est de même à Michelin et à
Nexter ( ex. GIAT). La CCI est essentiellement masculine. Une
exception tout de même, et d'importance avec la direction
de l'Hôpital de Bourges par Christiane Coudrier qui assura
le suivi de la construction du nouvel Hôpital Jacques Cur
dans les années 1990, avant de réaliser le transfert
de cet équipement
des malades et du personnel et
d'en être la première directrice en 1995.
En sport, le basket à Bourges a
une renommée internationale et c'est une équipe
féminine qui a gagné en France et en Europe depuis
une dizaine d'années toutes les compétitions ou
peu s'en faut. Les noms sont devenus célèbres,
comme Amy Cissé, Yannick Souvré, Céline
Dumerc et Cathy Melain. Elles portent haut les couleurs du Berry.
Dans d'autres secteurs de la cité
Berruyère, les femmes sont présentes et même
très présentes, ainsi, ces dix dernières
années, le conservateur des musées de Bourges fut
une conservatrice, Béatrice de Chancel-Bardelot, tout
comme la responsable des bibliothèques de Bourges, Elisabeth
Doucet. Mais la palme revient dans ces secteurs culturels souvent
attribués à des hommes à Michèle
Lemaire. Elle sort tout juste de l'université lorsque
Bourges lui confie la rénovation du Muséum d'Histoire
naturelle et depuis plus de 20 ans, elle porte à bout
de bras, le Muséum de Bourges, avec une compétence
et une autorité qui en font un exemple tout à fait
remarquable. Des idées, un suivi du public, des expositions
temporaires et un outil culturel en perpétuel mouvement
le Muséum s'affirme comme un point fort de la cité
berrichonne.
Au fil de cet article, d'autres noms apparaissent,
comme Tina Poulizac, infatigable adjoint de directeur du Printemps
de Bourges, ou encore Christine de Vicher à qui Bourges
doit les Nuits Lumière, qu'elle réalisa avec son
mari.
à suivre