L'industrie en 1900 -Bernard Epailly_ Bourges Encyclopédie

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L'INDUSTRIE A BOURGES VERS 1900
Par Bernard EPAILLY

Bourges en 1900, avec cette contribution de Bernard Epailly, publiée en février 2017 dans Le Petit Berrichon.

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Version 2017

 

1900, Cette année-là, Victor-Eugène Ardouin-Dumazet, voyageur célèbre et auteur de guides touristiques, visitait le Berry en chemin de fer. " De Bourges à Vierzon, écrivait-il, les bords de l'Yèvre sont une chaîne de fabriques. On voit encore fumer les cheminées géantes des arsenaux de Bourges et déjà, à la jonction des lignes de Montluçon et de Saincaize, planent les vapeurs d'une usine (…). Mehun, centre rural, s'est transformé en cité de manufactures. On n'y comptait pas 2500 habitants en 1830, aujourd'hui il y en a plus de 6000, se consacrant presque tous à la porcelaine1 ". Le Cher était " naguère le département français qui fournissait la plus grande quantité de minerai de fer (…) c'est aux environs de Dun que les mines étaient les plus productives du département. L'exploitation se faisait par puits profonds de 40 mètres, à l'aide de galeries et aussi à ciel ouvert2 ". Des gisements de fer rentables existaient aussi à l'ouest de Bourges et dans le Val d'Aubois. L'activité minière était à l'origine de l'industrialisation du département mais cet avantage disparut dans la seconde partie du XIXe siècle. Des traités de commerce avec l'Angleterre, la Belgique et la Suède mirent hors-jeu l'extraction berrichonne, moins rentable. Le chemin de fer et le canal qui, dans un premier temps avaient stimulés l'activité autour de l'axe Vierzon-Bourges, favorisaient maintenant le commerce des produits moins coûteux avec l'extérieur. En 1870, il ne restait plus que cinq hauts fourneaux en sursis dans le département.

Cet élan brisé des " usines à fer ", comme on disait alors, allait-il compromettre le développement industriel de notre belle province ? Pas du tout. Conscients qu'une époque était en train de s'achever, les entrepreneurs berrichons amorcèrent juste à temps la reconversion vers la métallurgie de transformation et la mécanique. De nouvelles usines s'installaient à proximité du canal et de la voie ferrée, de Bourges jusqu'à Vierzon, avec un développement de proximité autour de St-Florent. L'Empereur Napoléon III apporta sa pierre à l'édifice en implantant à Bourges un complexe militaire composé d'une fonderie de canons, d'un arsenal (construction de matériels pour l'artillerie), d'une fabrication d'explosifs et d'une école militaire spécialisée, la Pyrotechnie. Rapidement, la nouvelle métallurgie devint l'élément moteur d'un " triangle industriel " Bourges - St-Florent- Vierzon. Sur place, dans diverses usines complémentaires les unes des autres, on pratiquait le décolletage (fabrication de quincaillerie), la tréfilerie (fil de fer), la production de matériel ferroviaire, de machines agricoles et d'ustensiles ménagers. Avec de vraies réussites réputées bien au-delà du Berry, comme celle de Rosières, près de St-Florent, spécialiste des cuisinières et poêles en fonte, le Matériel Agricole de Célestin Gérard (Vierzon) créateur de la première machine à vapeur locomobile et le vierzonnais Charles Brouhot, célèbre constructeur d'automobiles3.

" La croissance n'apparaît pas partout à la fois, professait François Perroux4 ; elle se manifeste en des pôles avec des intensités variables puis se répand en divers canaux ". Dans le triangle industriel, c'est la nouvelle métallurgie qui a donné l'élan. Puis, dans la foulée, Charles Pillivuyt ouvrait à Mehun-sur-Yèvre, près du canal, l'une des plus importantes usines de porcelaine de France. Alexis Larchevêque lançait un projet du même ordre à Vierzon quelques mois plus tard. D'autres suivaient. En 1900, la porcelaine est devenue le deuxième secteur industriel du Cher. Mais ce n'est pas tout. D'autres activités, menacées dix ans plus tôt, se sont maintenues ; d'autres enfin ont été créées. A l'aube du XXe siècle, un véritable tissu industriel, dont l'axe Bourges-Vierzon n'est que l'épicentre, couvre le département du Cher : une verrerie à Vierzon, une brasserie à Bourges, des tuileries et briqueteries un peu partout, 75 moulins à vent et plus de 500 moulins à eau, des tanneries à Bourges, St-Amand et Sancerre, des huileries, des filatures de laine, des chapelleries et même une fabrique de chaussures. Et tout ça " made in France ", mieux encore, " made in Berry " ! Chez nous comme ailleurs, une période de prospérité succédait à la grande dépression 1875-1895. Plus tard, on appellera ce temps, que l'on ne retrouve plus de nos jours, " la Belle Epoque ".
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1 Victor-Eugène Ardouin-Dumazet, Voyage en France, tome 26, Ed. Berger-Levrault, 1901. 2 Adolphe Joanne, Géographie du Cher, Hachette 1886. 3 Second paragraphe, d'après Alain Gardant et al.., l'Industrie entre Bourges, Vierzon et Saint-Florentin de 1781 à 1939, Conseil Général du Cher, 2001. 4 Economiste (1903-1987), célèbre au XXe siècle.

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