La Maison Colladon est en face de la place Cujas, dans la rue dite des Beaux-arts,
qui avait pour nom au Moyen Age, la rue Dorée ou peut-être
Trompette.
La maison appartenait au 16e siècle
à la famille Colladon, de religion protestante.
Germain Colladon, un Berrichon de La Châtre
fut professeur de droit romain à Bourges, entre 1531 et
1542.
Puis ambassadeur de Genève (1564-1569)
Comme on peut le dire dans le site des
Archives départmentales :
"Elle se compose de deux corps de
logis. Celui qui se trouve sur la rue comprend, en sous-sol,
une grande salle voûtée à deux travées
séparées par des colonnes centrales. Cette salle
date du 13e siècle. Au premier, une salle ouvrait à
cette même époque sur la rue par trois ouvertures
en ogives avec tympan plein et colonnette centrale. Ces ogives
venaient retomber sur des jambages formés par un faisceau
de colonnettes.
Au dessus, des fenêtres du 15e siècle
sont ouvertes dans le pignon aigu. Au deuxième étage
reste une cheminée du 13e siècle. Le bâtiment
sur cour a subi au 16e des transformations. Il s'ouvre par une
porte Renaissance à pilastres et frise sculptée.
Deux ouvertures à meneaux possèdent
des moulures qui accusent le milieu du 16e siècle. L'intérieur
conserve un décor du 18e siècle. Alors que les
façades du 17e ont été masquées par
des constructions sans autre intérêt que leur nécessité
commerciale.
Le portail Renaissance sculpté est
remarquable (reculé à l'alignement), tout comme
le pignon sur rue.
C'est une maison privée, qui est
en 2019, une cave à vin.
C'est un lieu chargé d'histoire
et la Maison Colladon est inscrite aux monuments historiques.
On note que Raynal au XIX ième siècle
a écrit que cette maison est reste du "prieuré
Saint-Georges", ce que réfute aujourd'hui Philippe
Goldman qui pense qu'il s'agit d'une confusion avec le "preuré
Daint-Grégoire" de la rue Gambon actuelle.
Il semble aujourd'hui que cette maison
dès le début du XV ième siècle fut
la propriété de familles connues à Bourges
comme les Roy, Pelourde, de Montespedon, jusqu'aux Colladon du
XVI ième siècle.
C'est une "maison typique de la seconde
moitié du XIII ième siècle avec un large
pignon sur rue en pierre.
Elle est composée
d'un cellier semi-enterré à six croisées
d'ogives retomban sur deux colonnes cylindriques au centre et
des corbeaux moulurés ancrés dans les murs latéraux"
La hauteur de ce cellier est considérables,
plus de 6 mètres, et au-dessus une grande salle qui comporte
3 grandes fenêtres en arc brisés, aujourd'hui murées,
donnant sur la rue.
On pense parfois qu'il s'agit d'une chapelle,
et qu'elle fut utilisée par la communauté protestante
des années 1550, comme ce même type de construction
à l'angle de la rue Bourbonnoux et de la rue des Juifs.
Sachant qu'à l'origine, c'est une construction civile
et très utilitaires de ces grandes demeures des riches
familles de Bourges, afin de stocker les denrées comme
le grain et le vin.
La maison a appartenu à
Germain Colladon. Sa famille fut l'une des premières
en France à se convertir au calvinisme. Germain fut un
intime de Calvin lui-même, dont
il avait fait la connaissance lors de ses études de droit,
à Paris. Il contribua à la révision du Code
civil et politique de Genève en 1568.
Germain Colladon instruisit le procès
de Michel Servet, théologien et médecin espagnol,
qui récusa le dogme de la Trinité et fut condamné
à mort à la fois par les catholiques et les protestants.
En 1756, dans son Essai sur les Murs
et lEsprit des Nations, Voltaire verra dans laffaire
Servet un exemple emblématique de lintolérance.
Jean Henri Dunant, le fondateur de la Croix-Rouge,
est un descendant direct de Germain Colladon.
Les
protestants berruyers se réunissaient dans un endroit
discret pour célébrer leurs offices : la cave de
lhôtel particulier de la famille Colladon.
Cette cave date de lépoque
gothique avec sa voûte en croisée dogives.
Germain Colladon quitta Bourges à cause des guerres de
religion et alla se réfugier en Suisse où il participa
à fonder la République de Genève.
Germain Colladon, est de la génération de Calvin,
il est Bérrichon, né à La Châtre et
1510. Issu d'une famille qui était dans les secteurs de
la Justice au XV ième siècle.
Dans cette famille, ils étaient
juges et s'appelaient souvent Germain, comme les Lallemant s'appelaient
Jean.
Il fut un des principaux législateurs
de la Suisse influencé par Calvin.
Comme juriste il va avoir à traiter
des aspects comme spécialiste : criminaliste et jurisconsulte.
Rigoureux et intransigeant, et dogmatique,
il est un soutien indéfectible de Jean Calvin contre Michel
Servet et reste connu pour son élaboration de la législation
genevoise.
Son frère aîné s'appelait
Léon, qui était, comme le reste de la famille un
juriste formé à l'université de Bourges
Germain entreprend des études de
lettres et de droit à Bourges (1525-1527, 1530-1531) et
à Orléans (1527-1530) à l'école des
maîtres de l'humanisme juridique, comme André Alciat.
Puis, ce Germain se marie avec Claude Bigot,
la fille du notable très connu à Bourges : Nicolas
Bigot, échevin de la ville de Bourges au début
du XVI ième siècle.
Germain Colladon professe le droit romain
de 1531 à 1542, tout en fréquentant les audiences
du parlement de Bourges dès 1533 et assiste à la
rédaction des coutumes du Berry en 1539.
Il quitte Bourges
avec son frère Léon pour Genève en 1550,
où il devient l'ami de Jean Calvin et de Théodore
de Bèze.
Il est élu en 1559 au Conseil des
Soixante et au Conseil des Deux-Cents, il est consulté
pour les relations de Genève avec Berne et avec la Savoie;
il devient ambassadeur aux négociations de Lausanne en
1564, de Saint-Julien en 1565, de Nyon en 1568 et de Berne en
1569.
Germain Colladon soutient Jean Calvin contre
Michel Servet dans le procès de 1553. Pénaliste
et criminaliste intransigeant, il considère la peine de
mort dans une perspective expiatoire.
Germain Colladon émet 18 des 23
avis de droit au Petit Conseil, dans le cas de condamnation à
mort par noyade à Genève en 1558-16194. Dans le
cas du jeune Bartholomé Tecia condamné en 1566
pour homosexualité, il préconise la torture pour
obtenir des aveux et la peine n'aurait pas lieu d'être
adoucie car Bartholomé a « constamment nié
» sa culpabilité. La peine accoutumée à
cette époque pour les cas de sodomie est la noyade5.
Rôle et influence
Germain Colladon devient le législateur de Genève.
Ses édits politiques mettent à jour les ordonnances
sur les offices de 1543, régissant l'organisation politique
genevoise.
Son uvre la plus originale est formée
par les édits civils, qui fixent pour plus de deux siècles
les règles de procédure et de droit privé
de Genève, dans une synthèse du droit genevois,
du droit romain et des coutumes du Berry.
Il meurt à Genève le 23 janvier
1594,