LES MYSTERES DE L'HOTEL
LALLEMANT
Une histoire classique
Une visite intéressante
Découvrir un intérieur très Renaissance
L'hermétisme de l'hôtel Lallemant
La Toison d'Or
Saint Christophe
L'oratoire
La famille Lallemant à Bourges a
tenu "le haut du pavé" pendant plusieurs siècles.
Leur " maison ", est devenue au fil du temps, un haut
lieu de l'ésotérisme et de l'alchimie, les spécialistes
considérant que ce lieu renferme, dans la pierre des représentations
mêlant l'hermétisme et l'emblématique de
la Renaissance.
Une histoire classique
Tout semble commencer de manière
fort banale, avec l'arrivée au XIII ième siècle
de commerçants venus d'outre-Rhin qui se spécialiseront
dans le négoce de luxe et que l'on appellera les Allemands,
puis " Les L'Allemands " et enfin pour simplifier,
les Lallemand .
Au milieu du XV ième siècle,
le patriarche de cette famille se prénomme Guillaume,
il obtient en plus de ses activités commerciales, le titre
de receveur général de Normandie, à l'époque
de Louis XI, ce qui est très rémunérateur,
au moment où il s'allie avec une très riche famille
de la région de Bourges, les Barillet de Xancoins.
Comme d'autres, les Lallemant s'enrichissent par le commerce
et la vente à la cour des princes et rois qui séjournaient
alors à Bourges. Au moment où ils sont anoblis,
leur maison, située vers la " place Gordon "
part en fumée dans le grand incendie de Bourges de 1487.
Etaient-ils bien assurés (?) ou
leur fortune sonnante et trébuchante était-elle
à l'abri, en tout cas, ils font reconstruire, non plus
une maison, mais un magnifique et vaste hôtel.
Cet Hôtel porte désormais
le nom "d'Hôtel Lallemant", il était situé
sur un terrain qui relevait de 3 paroisses, et donc, il fallait
s'entendre avec les trois curés respectifs. Pour se mettre
d'accord, il fut décidé que les Lallemant seraient
les paroissiens d'un des trois curés et cela changeraient
à chaque année.
La construction sur le rempart gallo-romain
commence vers 1490, et à la mort de Jean Lallemant en
1494, l'édifice n'en était qu'à ses fondations.
Ce sont ses fils qui terminèrent l'Hôtel en 1518,
pour ne pas simplifier la compréhension du récit,
ses deux fils s'appelaient aussi tous deux Jean ! Pour les différencier
on dira Jean l'aîné et Jean le jeune.
Jean l'aîné deviendra maire
de Bourges en 1500, son fils quelques années plus tard
en 1510. Tous deux appartenaient à l'ordre chevaleresque
de Notre-Dame de la Table Ronde. Cet ordre avait été
fondé à Bourges en 1486 par Jean de Cucharmois,
un jeune et riche marchand de Lyon. Plus tard, cet ordre, qui
s'occupait beaucoup de monnaie et d'or, sera dirigé par
Jean Lallemant l'aîné.
a suite du monument est somme toute, assez
classique. Jusqu'au milieu du XVII ième siècle,
il resta dans la famille Lallemant avant d'être vendu à
un secrétaire du prince de Condé, Pierre Barjon,
puis revendu à des particuliers jusqu'en 1826, date à
laquelle un grammairien nommé Pierre-Constance Séguin
le vendit à la ville de Bourges.
La ville en fit un collège de garçons,
puis une école de filles. Ce sont alors les surs
de la Sainte-Famille qui dispensèrent un enseignement
pendant 75 ans. On appellera ces surs, les " Surs
Bleues " compte tenu de leur tenue.
Enfin, récemment, à la fin
du XIX ième siècle, le bâtiment devint le
siège des sociétés savantes de la région
avant d'être le Musée d'Arts Décoratifs capable
d'accueillir les collections de mobiliers et d'objets d'art de
la ville et de l'Etat, cela date de 1951.
L'Hôtel Lallemant sera inscrit sur
la liste des Monuments historiques dès 1840.
Des travaux de réfection des façades en 1995 et
1996 ont redonné à cet hôtel une beauté
incomparable, c'est un des grands monuments du Berry.
A partir de l'an 2000, avec la mise en valeur par les Nuits Lumière,
les Berruyers vont redécouvrir ce monument, et les touristes
vont être subjuguée par la beauté du lieu.
Plus tard encore, les visites guidées de l'Office de Tourisme,
qu'elle soient magiques ou alchimiques vont aussi contribuer
à montrer la valeur de ce lieu.
Une visite intéressante
Avant de pénétrer à
l'intérieur du bâtiment, il nous faut regarder les
extérieurs avec deux parties très différentes.
La cour d'entrée côté
rue Bourbonnoux, avec une grande et belle façade, assez
sévère comportant des fenêtres à meneau
avec des sculptures de personnages, comme des chevaliers, des
bergers ou encore des animaux.
Selon certains , " en 1510, "Jean le jeune" s'entretiendra
à Vierzon avec Léonard de Vinci et un "ingénieux
de Milan" qui pourrait être Benvenuto Cellini. "
C'est dans cette cour que se déroulent
une partie des Nuits Lumière avec la projection des Très
Riches Heures du duc de Berry, sur le mur voisin.
La cour de l'Hôtel Lallemant et
la façade
Ce fut une des rares concessions des créateurs
pour qu'une musique ou une image ait une relation forte avec
la ville de Bourges, car ce livre mythique des Très Riches
Heures du duc de Berry a été fait à quelques
pas de ce lieu.
La façade de la cour d'entrée
C'est dans cette première cour qu'entrent
les touristes lors des visites ordinaires ou des visites plus
spécialisées, celles appelées " secrètes
", " magiques " ou encore " alchimiques.
Chacun observe la façade dans son
ensemble sans voir en plusieurs lieux quelques sculptures
Au centre de la frise, des animaux à
visage humain boivent dans un vase, dans les angles, des feuillages
et des oiseaux de proie. 7 fenêtres, tout comme le couloir
avec ses 5 voûtes (5/7 chiffres symboliques ?).
Sur la droite, deux sculptures
- le miroir de Saturne, c'est un chevalier qui montre un miroir,
lequel lui a été offert par Apollon afin de terrasser
la Gorgone. Il tient le miroir avec beaucoup de délicatesse,
un peu comme un bouclier de protection. Il doit se protéger
du dragon, situé en face.
- Le dragon de droite est très laid,
on voit ses écailles. C'est le premier Mercure des alchimistes,
c'est aussi la chimère que l'on retrouve dans de nombreuses
légendes.
- L'homme rouge vermillon, c'est proche
de ce que l'on trouve chez Nicolas Flamel, mais si chez Flamel,
le lion est ailé, à Lallemant, c'est un dragon.
- le sagittaire apparaît à
l'opposé.
Pour les spécialistes, ces deux
figurent sont cohérentes, c'est le soufre rouge, avec
d'un côté l'extraction du soufre alors que le sagittaire
correspond à la projection dans le sel.
L'extraction, ce n'est pas la recherche
du soufre dans une mine, mais l'extraction philosophique
La cour permet d'arriver à la porte
particulièrement chargée en décors et autres
bas-reliefs de la Renaissance. C'est alors un passage voûté
qui remonte en pente légère vers la cour haute.
La cour haute intérieure
Le passage " cavalier " débouche
sur une cour à deux niveaux. Sur la gauche, une cour intérieure
avec une tourelle à l'italienne.
La porte du bas de la tourelle est curieuse,
le fronton est triangulaire avec un médaillon représentant
sans doute Pâris, fils de Priam, c'est le profil d'un guerrier
coiffé d'un casque à tête de bélier.
On adorait à cette époque l'Antiquité, d'où
dans les deux cours, des médaillons en terre cuite représentant
des empereurs romains. Il n'en subsiste aujourd'hui que deux
ou trois.
Au sommet du triangle se trouve une boule
de feu rappelant peut-être l'incendie de 1487, à
moins que ce ne soit un symbole plus hermétique.
Cette cour supérieure comprend un
logis qui a pu être sans doute une cuisine et des magasins
de commerce.
Et une magnifique loggia, qui devait accueillir les belles dame
du temps jadis.
Découvrir un intérieur
très Renaissance
L'Hôtel Lallemant est actuellement
meublé ce qui met en valeur un certain nombre de collections
du XVI ième et XVII ième siècle.
La salle à manger comprend un beau plafond à caissons,
assez classique de cette époque. Au sol, un plancher de
forme octogonale est beaucoup plus rare, avec, en son centre,
la croix de Saint André à 8 branches. C'est la
pièce de l'unité. Les meubles, tapisseries et objets
sont à découvrir.
La chambre basse est ouverte, la porte
est aux armes de Jean Lallemant, avec une rose et le dizain (qui
est, comme chacun sait, un chapelet à 10 glands.....).
Cette pièce comporte une cheminée sculptée,
avec au centre, les armes de
Louis XII et d'Anne de Bretagne, son épouse,
c'est-à-dire le porc-épic et l'hermine. Que donne
le croisement de ces deux petits animaux ?
Ces emblèmes royaux font l'objet de recherches. On dit
que Louis XII, alors duc d'Orléans, aurait été
emprisonné à Bourges et délivré par
Jean Lallemant. C'est possible. L' autre théorie est qu'en
avril 1506, Louis XII et son épouse seraient venus à
Bourges et auraient couché dans cette chambre, c'est sans
doute faux, mais c'est tout de même une belle histoire
!
Les salons se succèdent ensuite,
avec le salon bleu dont les meubles en marqueterie sont à
noter ainsi qu'un cabinet qui aurait appartenu à la famille
de Condé.
Les motifs sculptés apparaissent à tout moment,
ce sont les phénix, un trophée d'armes avec l'inscription
célèbre " SPQR ", et sans oublier les
têtes de mort ailées.
En fait, nous sommes, selon les spécialistes
du genre, dans un des hauts lieux de l'alchimie.
La cour haute de l'Hôtel Lallemant
Dans cette cour, plusieurs sculptures ont
une origine symbolique incontestable dans le domaine de l'hermétisme.
La façade et le frontispice
On remarque un très beau bas-relief,
représentant deux lions, c'est bien entendu la tradition
alchimique du lion vert et du lion rouge. Ils encadrent un blason,
une pierre cubique qui est l'objet déjà symbolique
du travail achevé, on est passé de la pierre brute
à la pierre cubique.
Au dessus un griffon et dans la partie inférieure, les
fruits multiples et en quantité, ce sont les fruits du
jardin des Hespérides.
Les sculptures de la façade
de la cour intérieure
On trouve une douzaine de sculptures dans
une emblématique qui pose question, c'est un domaine où
il est possible d'expliquer chaque figure sans pouvoir toutefois
mettre sur l'ensemble de la façade une synthèse
globale de ce qu'on voulu dire les frères Lallemant.
Parmi ces sculptures, le visiteur est intrigué
par la qualité des chimères qui ont été
sculptées de part et d'autre des fenêtres.
La chimère est un animal fantastique, il a plusieurs formes
possibles, mais très souvent, il a une tête A, suivie
d'un corps B et terminé par une queue C, à partir
de là, chacun peut mettre ce qu'il veut. On trouve ainsi
la tête de lion, le corps de chèvre et la queue
de dragon.
C'est aussi le monstre à trois têtes,
Il apparaît nécessaire de
consacrer une longue page à ces chimères, rarement
étudiées.
LES CHIMERES DE L'HOTEL
LALLEMANT
Les 8 chimères de la façade
On retrouve dans ces chimères à
la fois l'époque de cette Renaissance qui se baigne de
culture antique et italienne, mais aussi la curiosité
de la famille Lallemant.
Il y a comme un besoin de fantastique,
c'est la recherche de tout ce qui est en marge de la société
de l'époque, avec les retour de la chevalerie et des sociétés
que l'on appellerait aujourd'hui secrète, c'est la recherche
du Graal, et c'est une vue du monde à la limite du rêve
et de la réalité.
1 = C'est un centaure que l'on voit sortir
d'un escargot
Le centaure, c'est la bête en l'homme, c'est l'autre côté
du miroir.
C'est la double nature de l'homme, bestiale ou divine.
Quant à l'escargot,chacun sait qu'il est hermaphrodite.
2 = une chimère à tête
de singe. C'est une phase de putréfaction . Le soufre
sublimé prend l'aspect de l'âme.
C'est l'image de l'inconscience, de l'apprenti sorcier.
3 = la sirène, animal fantastique.
Elle possède aussi un miroir.
4 = le taureau, peut-être une relation
avec le minotaure de l'Ile de Crète.
5 = cette chimère est à la
fois un dragon et un cheval ailé.
Sur le plan de la symbolique alchimiste, c'est la transition
entre le dragon et l'eau permanente.
6 = le lion rouge, avec un impressionnant
collier.
C'est le soleil intérieur, mais aussi la force.
7 = l'aigle une fois encore
C'est le roi des oiseaux, il peut approcher le soleil, et en
alchimie, c'est important
Il peut aussi protéger.
8 = C'est un cerf volant, un cerf avec
l'image de Pégase. Un cheval à cornes de cerf.
C'est une chimère.
Il y a sans aucun doute dans ces sculptures
un besoin de fantasmer, et les chimères en sont un excellent
véhicule.
Que par la suite, chacun puisse mettre dans ces sculptures la
traduction et l'interprétation qu'il veut bien lui donner,
c'est indéniable.
Il y a une possibilité d'interpréter
ces sculptures de manière différente, et c'est
là que la tendance alchimique a toute sa place. Les alchimistes,
ces chimistes de l'époque, avec leur rêves et leur
persévérance ont apportés eux aussi leur
pierre à l'édifice.
Dans un angle de la cour haute, une tourelle
avec des sculptures importantes.
Le fou situé sous la tourelle :
comment faire le Mercure ?
En fait, deux fous, un grand, un petit,
le premier porte un casque de Mercure, c'est le premier Mercure.
Il a dans sa main droite un petit animal, est-ce une tête
de tortue ? Nul ne sait, alors que dans l'autre main, il a un
os. Cet os symbolise la matière totalement dissoute, est
comme le corps dont il ne reste que les os, et le reste "
a quitté les os ". Le fou tire la langue.
Dessous, un second fou plus petit, qui
ne porte pas de casque mais il tire lui aussi la langue.
Pour certains, la proportion entre le "
grand fou " et le " petit fou " pourrait indiquer
les proportions de soufre à utiliser dans les opération
de " rebis ".
Les chapiteaux hermétiques de
la cour
On trouve dans le haut d'un chapiteau les
poissons, ce sont " les soufres sublimés ",
ils sont dans le dissolvant et l'on remarque leur avidité
pour l'hameçon.
Un autre chapiteau représente un
aigle qui veut prendre son envol, c'est le début de ce
que l'on appelle " les sublimations philosophiques ".
Un troisième chapiteau représente
le vautour, c'est un intermédiaire entre le poisson et
l'aigle. En alchimie, le vautour n'est pas le charognard que
l'on connaît, non, c'est l'annonciateur de la lumière.
Cet oiseau, le vautour est dédié à Apollon.
L'hermétisme de
l'hôtel Lallemant
Cet ouvrage est aussi, en ce qui concerne
l'Hôtel Lallemant et sa possible connotation alchimique,
une réponse à l'obscurantisme et à la suffisance
de plusieurs acteurs locaux que le mot même d'alchimie
font fuir à toute jambe.
En entrant dans cet Hôtel Lallemant,
sur un cul de lampe apparaît le premier alchimiste qui
tient un pilon ou un matras à col long. Longtemps les
spécialistes se sont posés la question de cet instrument.
C'est un ustensile courrant dans les laboratoires des chimistes
d'aujourd'hui.
Fulcanelli en parle ainsi après
que son guide d'un jour lui ait désigné ce personnage
sur un cul de lampe comme étant "un gâte-sauce
du XVI e siècle" :
"Ce que tient le marmouset en question
est en réalité un matras à long col, semblable
à ceux qu'emploient nos chimistes, et qu'ils nomment encore
ballons, à cause de leur panse sphérique".
Enfin, l'extrémité du manche de ce pilon supposé
est évidée et taillée en sifflet, ce qui
prouve bien que nous avons à faire à un ustensile
creux, vase ou fiole."
C'est vrai qu'à comparer cette figure
de pierre avec l'imagerie de l'époque que l'on retrouve
dans de nombreux ouvrages, il y a une concordance qui ne fait
aucun doute. C'est bien là une représentation d'un
alchimiste occupé à rechercher le Grand uvre.
Sur la droite une salle basse comportant
une petite cheminée. Ce lieu aujourd'hui de salle d'accueil
et de ventes de cartes postales.
Fulcanelli affirme que cette salle basse
est " admirablement adaptée au travail alchimiste
". Elle est éloignée de la salle à
manger et "son foyer ne pourrait pas servir à faire
cuire des mets importants", mais plutôt être
utilisée pour recevoir un creuset, l'athanor. De plus
c'est une salle sans lumière venant du dehors ce qui est
le B-A BA de toute génération alchimiste. Aujourd'hui
deux ouvertures ont été réalisées.
C'est donc dans cette salle semi-souterraine
que se faisaient les recherches alchimistes. Maintenant il faut
rechercher davantage d'éléments. Contrairement
à ce qui se passe aujourd'hui, où cette salle est
la première que l'on observe en entrant dans la demeure,
au XVI e siècle ce n'était pas le cas. L'entrée
principale de l'hôtel se faisait pas la cour du haut, celle
qui donne sur la ville, et la salle était en conséquence
fort éloignée des visiteurs qui se présentaient.
C'est un point fondamental, car on n'imagine pas un laboratoire
alchimique au vu et su de tout visiteur se présentant
à la porte. Tel qu'il a été construit, il
est à l'opposé et donc peu visible.
D'autres traces de la présence des
alchimistes dans ce lieux semblent évidentes par l'emblématique
que l'on découvre sur les pierres des façades ou
de plusieurs pièces ou escaliers.
Trois sortes de traces:
- tout d'abord des sculptures très
symboliques qui ont pour but de montrer que l'on est pas dans
une demeure normale. C'est une emblématique assez courante.
On trouve ainsi des Dauphins dans plusieurs sculptures. Le dauphin
est nommé le poisson royal, on le trouve dans le Mutus
Lieber mais aussi sur les mosaïque d'une villa en Sicile
et enfin à Bourges.
On dira que c'est pour bien fixer le décor, nous ne somme
pas n'importe où et c'est aussi pour que l'adepte qui
arrive ne se trouve pas perdu. Par ces symboles, qu'il reconnaît,
il voit qu'il n'est pas dans la maison d'un bourgeois quelconque.
- ensuite, on trouve deux bas reliefs curieux
et mystérieux, même si ils représentent des
légendes connues. Ils ne sont pas là par hasard.
C'est le rappel des principes moraux que doit suivre l'adepte.
C'est la partie intérieure de l'homme, celle qui lui permettre
pour lui-même d'atteindre le grand Oeuvre. C'est saint
Christophe d'une part et la Toison d'Or d'autre part.
- Enfin il y a le plus mystérieux
et le plus intéressant qui est l'oratoire ou chapelle
avec ses trente caissons sculptés.
Compte tenu de l'importance de ce lieu symbolique un chapitre
complet lui est consacré.
La Toison d'Or
Ce mythe grec de la Toison d'Or remonte
à la nuit des temps.
Un premier résumé de ce mythe,
que l'on trouve dans de nombreux livres et aujourd'hui sites
Internet, permet de situer le sujet.
La mythologie grecque raconte que pendant l'antiquité
vivaient parmi le peuple grec des héros dont le célèbre
Jason, l'intrépide homme de la Toison d'Or. Il veut reprendre
à son oncle Pélias, le trône qu'il usurpa
jadis à son père, le roi Aeson. Pélias promet
de le lui rendre pourvu que Jason rapporte la Toison d' Or.
Pélias veut se débarrasser définitivement
de son neveu. Un oracle lui avait annoncé qu'un homme
chaussé d'une seule sandale viendrait le tuer.
Cette Toison d'Or, une peau de Bélier se trouve très
loin de la Grèce.
Un extrait du récit :
Il faut traverser plusieurs mers pour y
arriver. Ce pays s'appelle la Colchide.(c'est la Georgie actuellement)
Jason devra affronter de grands dangers. Il décide d'organiser
une expédition et cherche des héros qui l'accompagneront.
Son bateau est appelé l'Argo et ceux qui embarquent les
Argonautes. Ils sont 50.
On raconte que les dangers furent nombreux mais que Jason est
aidé par la déesse Héra. En Colchide il
est aidée par une femme, la célèbre Médée.
C'est la fille du roi de Colchide. Elle tomba amoureuse de Jason.
Comme c'est une magicienne, elle va l'aider à ravir la
Toison d'Or accrochée à un arbre et gardée
par un dragon.
Jason revient en Grèce et après avoir fait un long
détour. Il trahit Médée qui se vengera
Cette recherche de la Toison d'Or par Jason,
c'est la même quête que celle de l'alchimiste à
la recherche de la pierre philosophale. Jason est un des premiers
adeptes et lorsqu'il part, c'est une épreuve initiatique,
lorsqu'il neutralise le dragon, c'est l'alchimiste qui contrôle
la matière
Il faut rester prudent sur ce bas-relief
puisque l'on ignore la date de cette sculpture. Est-ce l'époque
des frères Lallemant ? Nul ne sait.
Saint Christophe dans la loggia
Dans la loggia un autre bas relief a été
réalisé, c'est la légende de Saint Christophe.
La légende de saint Christophe s'apparente
par quelques points aux fictions égyptiennes et à
la mythologie grecque, et si on lui applique les raisonnements
de Michel Maïer, elle rentre dès lors dans le domaine
de l'alchimie.
La légende de Saint Christophe
Avant d'être chrétien, saint
Christophe se nommait Offerus. C'était une espèce
de géant. A l'âge de raison, il se mit à
voyager en disant qu'il voulait servir le plus grand roi du monde.
On l'envoya à la cour d'un roi puissant et un jour, le
roi entendant un chanteur prononcer le nom du Diable, fit le
signe de la croix, avec terreur.
" Pourquoi cela ? demanda Christophe.
- Parce que je crains le Diable, répondit le roi.
- Si tu le crains, tu n'es donc pas si puissant que lui ? Alors
je veux servir le Diable. "
Et Offerus quitta la cour. Après avoir longtemps marché,
il vit venir à lui une grande troupe de cavaliers ; leur
chef était noir et lui dit :
" Offerus, que cherches-tu ?
- Je cherche le Diable pour le servir.
- Je suis le Diable, suis-moi. "
Offerus suivit le Diable.
Mais un jour, la troupe rencontra une croix sur le chemin, et
le Diable ordonna de retourner en arrière :
" Pourquoi cela ? dit Offerus.
- Parce que je crains l'image du Christ.
- Si tu crains l'image du Christ, tu es donc moins fort que le
Christ ? Alors je veux servir le Christ. "
Et Offerus continua seul sa route. Il rencontra un bon ermite
et lui demanda :
" Où est le Christ ?
- Partout, répondit l'ermite.
- Je ne comprends pas cela, dit Offerus ; mais si vous dites
vrai, quels services peut lui rendre un serviteur robuste et
alerte ?
- On sert Jésus-Christ par les prières, les jeûnes
et les veilles, ajouta l'ermite.
- Je ne peux ni prier, ni jeûner, ni veiller, réplique
Offerus ; enseignez-moi donc une autre manière de le servir
? "
L'ermite le conduisit au bord d'un torrent furieux qui descendait
des montagnes et il dit :
" Les pauvres gens qui ont voulu traverser cette eau se
sont tous noyés. Reste ici, et porte ceux qui se présenteront
à l'autre bord sur tes fortes épaules ; si tu fais
cela pour l'amour du Christ, il te reconnaîtra pour son
serviteur.
- Je veux bien le faire pour l'amour du Christ, répondit
Offerus. "une petite cabane sur le rivage, et il transportait
nuit et jour tous les voyageurs d'un côté à
l'autre du torrent. Une nuit, comme il s'était endormi
de fatigue, il entendit la voix d'un enfant qui l'appela trois
fois par son nom : il se leva, prit l'enfant sur ses épaules
et entra dans le torrent. Tout à coup les flots s'enflèrent
et devinrent furieux, et l'enfant pesa sur lui comme un lourd
fardeau ; Offerus déracina un grand arbre et rassembla
ses forces mais les flots grossissaient toujours, et l'enfant
devenait de plus en plus pesant. Offerus, craignant de noyer
l'enfant, lui dit en levant la tête :
" Enfant, pourquoi te fais-tu si lourd, il me semble que
je porte le monde. "
L'enfant répondit :
" Non seulement tu portes le monde, mais celui qui a fait
le monde. Je suis le Christ, ton Dieu et ton maître, celui
que tu dois servir. Je te baptise au nom de mon père,
en mon propre nom, et celui du Saint-Esprit. Désormais,
tu t'appelleras Christophe "
(c'est-à-dire porte-Christ).
Depuis ce jour, Christophe parcourut la terre pour enseigner
la parole du Christ ;
Fulcanelli dans Le Mystère des Cathédrales
admet que saint Christophe voisine avec le jardin des Hespérides.
Il explique d'ailleurs avec force détails le symbolisme
alchimique de la figure sculptée du Chrystophore (qui
porte l'or christique)
Pour Fulcanelli, dans le Mystère
des Cathédrales, Jean Lallemant, chevalier de la Table
Ronde, fut aussi un alchimiste. Suivons le dans sa visite de
l'hotel:
"Nous voici maintenant sur le
pavé de la cour. Quelques pas nous amènent à
l'entrée d'une loggia largement éclairée
par un portique formé de trois baies cintrées.
C'est une grande salle, au plafond rayé d'épaisses
solives. Des monolithes, stèles et autres débris
antiques y trouvent place et lui donnent l'aspect d'un musée
d'archéologie locale. Pour nous, l'intérêt
n'est pas là, mais dans la muraille du fond où
se trouve enclavé un magnifique bas-relief de pierre peinte.
Il représente saint Christophe déposant le petit
Jésus sur la berge rocheuse du torrent légendaire
qu'il vient de lui faire traverser. Au second plan, un ermite,
la lanterne au poing, - car la scène se passe la nuit,
- sort de sa cabane et marche vers l'Enfant-Roi."
Voici donc le sujet d'une planche du Mystère,
intitulée "la légende de saint Christophe",
et dont chacun peut apprécier la finesse, à la
fois dans le travail de Julien Champagne et sur un cliché
coloré de la pièce originale.
Le sculpteur, d'après Fulcanelli,
a suivi lui aussi scrupuleusement la légende; mais il
a fait mieux encore:
"Sous l'inspiration du savant
hermétiste qui lui avait commandé l'oeuvre, il
a placé le géant, les pieds dans l'eau, le vêtant
d'une étoffe légère nouée sur l'épaule
et serrée par une large ceinture au niveau de l'abdomen.
C'est cette ceinture qui donne à saint Christophe son
véritable caractère ésotérique...
La ceinture d'Offerus est piquée de lignes entre-croisées
semblables à celles que présente la surface du
dissolvant lorsqu'il a été canoniquement préparé.
Tel est le Signe, que tous les Philosophes reconnaissent pour
marquer, extérieurement, la vertu, la perfection, l'extrême
pureté intrinsèques de leur substance mercurielle."
L'Oratoire
Pour
se rendre dans l'Oratoire, sublime pièce, on rencontre
encore dans l'escalier d'accès un personnage tenant un
livre fermé qui veut nous dire que toutes ces pierres
recèlent un sens caché qu'il nous faut découvrir.
Pour se rendre dans l'Oratoire, sublime
pièce, on rencontre encore dans l'escalier d'accès
un personnage tenant un livre fermé qui veut nous dire
que toutes ces pierres recèlent un sens caché qu'il
nous faut découvrir.
En pénétrant dans l'Oratoire,
nous nous trouvons en quelque sorte " au Paradis des alchimistes
", les dimensions de la pièce sont modestes, 5,40
m de haut, 2,6 m de large et 3,8 m de long.
Les figures et inscriptions énigmatiques
affûtent notre curiosité. C'est à la fois
remarquable et inquiétant. Prosper Mérimée,
de passage à Bourges comme Inspecteur des monuments historiques,
écrira :
" Tout le luxe de sculpture est réservé
pour le plafond. Formé de trois grandes dalles de pierre,
il se divise en trente caissons contenant chacun des compositions
différentes, de bas-reliefs admirablement travaillés,
et d'un effet merveilleux. Ces compositions sont comme autant
d'énigmes, et leur seul défaut c'est d'être
aujourd'hui à peu près indéchiffrables....
J'observe dans les caissons les lettres E et R fréquemment
répétées. Elles se trouvent encore dans
une petite niche fort ornée près de l'autel...
"
LA SUITE avec les CAISSONS DE L'HOTEL
LALLEMANT