alchimie et hotel Lallemant - Bourges - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

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ALCHIMIE ET HOTEL LALLEMANT DE BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges, et sur l'alchimie, c'est sans contexte l'Hôtel Lallemant qui possède le plus de trace de cet art alchimique avec en particulier des symboles nombreux et l'oratoire avec ses 30 caissons.

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LES MYSTERES DE L'HOTEL LALLEMANT

 

Une histoire classique
Une visite intéressante
Découvrir un intérieur très Renaissance
L'hermétisme de l'hôtel Lallemant
La Toison d'Or
Saint Christophe
L'oratoire

La famille Lallemant à Bourges a tenu "le haut du pavé" pendant plusieurs siècles. Leur " maison ", est devenue au fil du temps, un haut lieu de l'ésotérisme et de l'alchimie, les spécialistes considérant que ce lieu renferme, dans la pierre des représentations mêlant l'hermétisme et l'emblématique de la Renaissance.

Une histoire classique

Tout semble commencer de manière fort banale, avec l'arrivée au XIII ième siècle de commerçants venus d'outre-Rhin qui se spécialiseront dans le négoce de luxe et que l'on appellera les Allemands, puis " Les L'Allemands " et enfin pour simplifier, les Lallemand .

Au milieu du XV ième siècle, le patriarche de cette famille se prénomme Guillaume, il obtient en plus de ses activités commerciales, le titre de receveur général de Normandie, à l'époque de Louis XI, ce qui est très rémunérateur, au moment où il s'allie avec une très riche famille de la région de Bourges, les Barillet de Xancoins.
Comme d'autres, les Lallemant s'enrichissent par le commerce et la vente à la cour des princes et rois qui séjournaient alors à Bourges. Au moment où ils sont anoblis, leur maison, située vers la " place Gordon " part en fumée dans le grand incendie de Bourges de 1487.

Etaient-ils bien assurés (?) ou leur fortune sonnante et trébuchante était-elle à l'abri, en tout cas, ils font reconstruire, non plus une maison, mais un magnifique et vaste hôtel.

Cet Hôtel porte désormais le nom "d'Hôtel Lallemant", il était situé sur un terrain qui relevait de 3 paroisses, et donc, il fallait s'entendre avec les trois curés respectifs. Pour se mettre d'accord, il fut décidé que les Lallemant seraient les paroissiens d'un des trois curés et cela changeraient à chaque année.

La construction sur le rempart gallo-romain commence vers 1490, et à la mort de Jean Lallemant en 1494, l'édifice n'en était qu'à ses fondations. Ce sont ses fils qui terminèrent l'Hôtel en 1518, pour ne pas simplifier la compréhension du récit, ses deux fils s'appelaient aussi tous deux Jean ! Pour les différencier on dira Jean l'aîné et Jean le jeune.

Jean l'aîné deviendra maire de Bourges en 1500, son fils quelques années plus tard en 1510. Tous deux appartenaient à l'ordre chevaleresque de Notre-Dame de la Table Ronde. Cet ordre avait été fondé à Bourges en 1486 par Jean de Cucharmois, un jeune et riche marchand de Lyon. Plus tard, cet ordre, qui s'occupait beaucoup de monnaie et d'or, sera dirigé par Jean Lallemant l'aîné.

a suite du monument est somme toute, assez classique. Jusqu'au milieu du XVII ième siècle, il resta dans la famille Lallemant avant d'être vendu à un secrétaire du prince de Condé, Pierre Barjon, puis revendu à des particuliers jusqu'en 1826, date à laquelle un grammairien nommé Pierre-Constance Séguin le vendit à la ville de Bourges.

La ville en fit un collège de garçons, puis une école de filles. Ce sont alors les sœurs de la Sainte-Famille qui dispensèrent un enseignement pendant 75 ans. On appellera ces sœurs, les " Sœurs Bleues " compte tenu de leur tenue.

Enfin, récemment, à la fin du XIX ième siècle, le bâtiment devint le siège des sociétés savantes de la région avant d'être le Musée d'Arts Décoratifs capable d'accueillir les collections de mobiliers et d'objets d'art de la ville et de l'Etat, cela date de 1951.

L'Hôtel Lallemant sera inscrit sur la liste des Monuments historiques dès 1840.
Des travaux de réfection des façades en 1995 et 1996 ont redonné à cet hôtel une beauté incomparable, c'est un des grands monuments du Berry.
A partir de l'an 2000, avec la mise en valeur par les Nuits Lumière, les Berruyers vont redécouvrir ce monument, et les touristes vont être subjuguée par la beauté du lieu.
Plus tard encore, les visites guidées de l'Office de Tourisme, qu'elle soient magiques ou alchimiques vont aussi contribuer à montrer la valeur de ce lieu.

Une visite intéressante

Avant de pénétrer à l'intérieur du bâtiment, il nous faut regarder les extérieurs avec deux parties très différentes.

La cour d'entrée côté rue Bourbonnoux, avec une grande et belle façade, assez sévère comportant des fenêtres à meneau avec des sculptures de personnages, comme des chevaliers, des bergers ou encore des animaux.
Selon certains , " en 1510, "Jean le jeune" s'entretiendra à Vierzon avec Léonard de Vinci et un "ingénieux de Milan" qui pourrait être Benvenuto Cellini. "

C'est dans cette cour que se déroulent une partie des Nuits Lumière avec la projection des Très Riches Heures du duc de Berry, sur le mur voisin.

La cour de l'Hôtel Lallemant et la façade

Ce fut une des rares concessions des créateurs pour qu'une musique ou une image ait une relation forte avec la ville de Bourges, car ce livre mythique des Très Riches Heures du duc de Berry a été fait à quelques pas de ce lieu.

La façade de la cour d'entrée

C'est dans cette première cour qu'entrent les touristes lors des visites ordinaires ou des visites plus spécialisées, celles appelées " secrètes ", " magiques " ou encore " alchimiques.

Chacun observe la façade dans son ensemble sans voir en plusieurs lieux quelques sculptures

Au centre de la frise, des animaux à visage humain boivent dans un vase, dans les angles, des feuillages et des oiseaux de proie. 7 fenêtres, tout comme le couloir avec ses 5 voûtes (5/7 chiffres symboliques ?).

Sur la droite, deux sculptures
- le miroir de Saturne, c'est un chevalier qui montre un miroir, lequel lui a été offert par Apollon afin de terrasser la Gorgone. Il tient le miroir avec beaucoup de délicatesse, un peu comme un bouclier de protection. Il doit se protéger du dragon, situé en face.

- Le dragon de droite est très laid, on voit ses écailles. C'est le premier Mercure des alchimistes, c'est aussi la chimère que l'on retrouve dans de nombreuses légendes.

- L'homme rouge vermillon, c'est proche de ce que l'on trouve chez Nicolas Flamel, mais si chez Flamel, le lion est ailé, à Lallemant, c'est un dragon.

- le sagittaire apparaît à l'opposé.

Pour les spécialistes, ces deux figurent sont cohérentes, c'est le soufre rouge, avec d'un côté l'extraction du soufre alors que le sagittaire correspond à la projection dans le sel.

L'extraction, ce n'est pas la recherche du soufre dans une mine, mais l'extraction philosophique

La cour permet d'arriver à la porte particulièrement chargée en décors et autres bas-reliefs de la Renaissance. C'est alors un passage voûté qui remonte en pente légère vers la cour haute.

La cour haute intérieure

Le passage " cavalier " débouche sur une cour à deux niveaux. Sur la gauche, une cour intérieure avec une tourelle à l'italienne.

La porte du bas de la tourelle est curieuse, le fronton est triangulaire avec un médaillon représentant sans doute Pâris, fils de Priam, c'est le profil d'un guerrier coiffé d'un casque à tête de bélier. On adorait à cette époque l'Antiquité, d'où dans les deux cours, des médaillons en terre cuite représentant des empereurs romains. Il n'en subsiste aujourd'hui que deux ou trois.

Au sommet du triangle se trouve une boule de feu rappelant peut-être l'incendie de 1487, à moins que ce ne soit un symbole plus hermétique.

Cette cour supérieure comprend un logis qui a pu être sans doute une cuisine et des magasins de commerce.
Et une magnifique loggia, qui devait accueillir les belles dame du temps jadis.

Découvrir un intérieur très Renaissance

L'Hôtel Lallemant est actuellement meublé ce qui met en valeur un certain nombre de collections du XVI ième et XVII ième siècle.
La salle à manger comprend un beau plafond à caissons, assez classique de cette époque. Au sol, un plancher de forme octogonale est beaucoup plus rare, avec, en son centre, la croix de Saint André à 8 branches. C'est la pièce de l'unité. Les meubles, tapisseries et objets sont à découvrir.

La chambre basse est ouverte, la porte est aux armes de Jean Lallemant, avec une rose et le dizain (qui est, comme chacun sait, un chapelet à 10 glands.....). Cette pièce comporte une cheminée sculptée, avec au centre, les armes de

Louis XII et d'Anne de Bretagne, son épouse, c'est-à-dire le porc-épic et l'hermine. Que donne le croisement de ces deux petits animaux ?
Ces emblèmes royaux font l'objet de recherches. On dit que Louis XII, alors duc d'Orléans, aurait été emprisonné à Bourges et délivré par Jean Lallemant. C'est possible. L' autre théorie est qu'en avril 1506, Louis XII et son épouse seraient venus à Bourges et auraient couché dans cette chambre, c'est sans doute faux, mais c'est tout de même une belle histoire !

Les salons se succèdent ensuite, avec le salon bleu dont les meubles en marqueterie sont à noter ainsi qu'un cabinet qui aurait appartenu à la famille de Condé.
Les motifs sculptés apparaissent à tout moment, ce sont les phénix, un trophée d'armes avec l'inscription célèbre " SPQR ", et sans oublier les têtes de mort ailées.

En fait, nous sommes, selon les spécialistes du genre, dans un des hauts lieux de l'alchimie.

La cour haute de l'Hôtel Lallemant

Dans cette cour, plusieurs sculptures ont une origine symbolique incontestable dans le domaine de l'hermétisme.

La façade et le frontispice

On remarque un très beau bas-relief, représentant deux lions, c'est bien entendu la tradition alchimique du lion vert et du lion rouge. Ils encadrent un blason, une pierre cubique qui est l'objet déjà symbolique du travail achevé, on est passé de la pierre brute à la pierre cubique.
Au dessus un griffon et dans la partie inférieure, les fruits multiples et en quantité, ce sont les fruits du jardin des Hespérides.

 

Les sculptures de la façade de la cour intérieure

On trouve une douzaine de sculptures dans une emblématique qui pose question, c'est un domaine où il est possible d'expliquer chaque figure sans pouvoir toutefois mettre sur l'ensemble de la façade une synthèse globale de ce qu'on voulu dire les frères Lallemant.

Parmi ces sculptures, le visiteur est intrigué par la qualité des chimères qui ont été sculptées de part et d'autre des fenêtres.
La chimère est un animal fantastique, il a plusieurs formes possibles, mais très souvent, il a une tête A, suivie d'un corps B et terminé par une queue C, à partir de là, chacun peut mettre ce qu'il veut. On trouve ainsi la tête de lion, le corps de chèvre et la queue de dragon.
C'est aussi le monstre à trois têtes,


Il apparaît nécessaire de consacrer une longue page à ces chimères, rarement étudiées.


LES CHIMERES DE L'HOTEL LALLEMANT

Les 8 chimères de la façade

On retrouve dans ces chimères à la fois l'époque de cette Renaissance qui se baigne de culture antique et italienne, mais aussi la curiosité de la famille Lallemant.

Il y a comme un besoin de fantastique, c'est la recherche de tout ce qui est en marge de la société de l'époque, avec les retour de la chevalerie et des sociétés que l'on appellerait aujourd'hui secrète, c'est la recherche du Graal, et c'est une vue du monde à la limite du rêve et de la réalité.

 

1 = C'est un centaure que l'on voit sortir d'un escargot
Le centaure, c'est la bête en l'homme, c'est l'autre côté du miroir.
C'est la double nature de l'homme, bestiale ou divine.
Quant à l'escargot,chacun sait qu'il est hermaphrodite.

2 = une chimère à tête de singe. C'est une phase de putréfaction . Le soufre sublimé prend l'aspect de l'âme.
C'est l'image de l'inconscience, de l'apprenti sorcier.

3 = la sirène, animal fantastique.
Elle possède aussi un miroir.

4 = le taureau, peut-être une relation avec le minotaure de l'Ile de Crète.

5 = cette chimère est à la fois un dragon et un cheval ailé.
Sur le plan de la symbolique alchimiste, c'est la transition entre le dragon et l'eau permanente.

6 = le lion rouge, avec un impressionnant collier.
C'est le soleil intérieur, mais aussi la force.

7 = l'aigle une fois encore
C'est le roi des oiseaux, il peut approcher le soleil, et en alchimie, c'est important
Il peut aussi protéger.

8 = C'est un cerf volant, un cerf avec l'image de Pégase. Un cheval à cornes de cerf. C'est une chimère.

Il y a sans aucun doute dans ces sculptures un besoin de fantasmer, et les chimères en sont un excellent véhicule.
Que par la suite, chacun puisse mettre dans ces sculptures la traduction et l'interprétation qu'il veut bien lui donner, c'est indéniable.

Il y a une possibilité d'interpréter ces sculptures de manière différente, et c'est là que la tendance alchimique a toute sa place. Les alchimistes, ces chimistes de l'époque, avec leur rêves et leur persévérance ont apportés eux aussi leur pierre à l'édifice.

Dans un angle de la cour haute, une tourelle avec des sculptures importantes.

Le fou situé sous la tourelle : comment faire le Mercure ?

En fait, deux fous, un grand, un petit, le premier porte un casque de Mercure, c'est le premier Mercure. Il a dans sa main droite un petit animal, est-ce une tête de tortue ? Nul ne sait, alors que dans l'autre main, il a un os. Cet os symbolise la matière totalement dissoute, est comme le corps dont il ne reste que les os, et le reste " a quitté les os ". Le fou tire la langue.

Dessous, un second fou plus petit, qui ne porte pas de casque mais il tire lui aussi la langue.

Pour certains, la proportion entre le " grand fou " et le " petit fou " pourrait indiquer les proportions de soufre à utiliser dans les opération de " rebis ".

Les chapiteaux hermétiques de la cour

On trouve dans le haut d'un chapiteau les poissons, ce sont " les soufres sublimés ", ils sont dans le dissolvant et l'on remarque leur avidité pour l'hameçon.

Un autre chapiteau représente un aigle qui veut prendre son envol, c'est le début de ce que l'on appelle " les sublimations philosophiques ".

Un troisième chapiteau représente le vautour, c'est un intermédiaire entre le poisson et l'aigle. En alchimie, le vautour n'est pas le charognard que l'on connaît, non, c'est l'annonciateur de la lumière. Cet oiseau, le vautour est dédié à Apollon.

L'hermétisme de l'hôtel Lallemant

Cet ouvrage est aussi, en ce qui concerne l'Hôtel Lallemant et sa possible connotation alchimique, une réponse à l'obscurantisme et à la suffisance de plusieurs acteurs locaux que le mot même d'alchimie font fuir à toute jambe.

En entrant dans cet Hôtel Lallemant, sur un cul de lampe apparaît le premier alchimiste qui tient un pilon ou un matras à col long. Longtemps les spécialistes se sont posés la question de cet instrument. C'est un ustensile courrant dans les laboratoires des chimistes d'aujourd'hui.

Fulcanelli en parle ainsi après que son guide d'un jour lui ait désigné ce personnage sur un cul de lampe comme étant "un gâte-sauce du XVI e siècle" :

"Ce que tient le marmouset en question est en réalité un matras à long col, semblable à ceux qu'emploient nos chimistes, et qu'ils nomment encore ballons, à cause de leur panse sphérique". Enfin, l'extrémité du manche de ce pilon supposé est évidée et taillée en sifflet, ce qui prouve bien que nous avons à faire à un ustensile creux, vase ou fiole."

 

C'est vrai qu'à comparer cette figure de pierre avec l'imagerie de l'époque que l'on retrouve dans de nombreux ouvrages, il y a une concordance qui ne fait aucun doute. C'est bien là une représentation d'un alchimiste occupé à rechercher le Grand Œuvre.

Sur la droite une salle basse comportant une petite cheminée. Ce lieu aujourd'hui de salle d'accueil et de ventes de cartes postales.

Fulcanelli affirme que cette salle basse est " admirablement adaptée au travail alchimiste ". Elle est éloignée de la salle à manger et "son foyer ne pourrait pas servir à faire cuire des mets importants", mais plutôt être utilisée pour recevoir un creuset, l'athanor. De plus c'est une salle sans lumière venant du dehors ce qui est le B-A BA de toute génération alchimiste. Aujourd'hui deux ouvertures ont été réalisées.

C'est donc dans cette salle semi-souterraine que se faisaient les recherches alchimistes. Maintenant il faut rechercher davantage d'éléments. Contrairement à ce qui se passe aujourd'hui, où cette salle est la première que l'on observe en entrant dans la demeure, au XVI e siècle ce n'était pas le cas. L'entrée principale de l'hôtel se faisait pas la cour du haut, celle qui donne sur la ville, et la salle était en conséquence fort éloignée des visiteurs qui se présentaient. C'est un point fondamental, car on n'imagine pas un laboratoire alchimique au vu et su de tout visiteur se présentant à la porte. Tel qu'il a été construit, il est à l'opposé et donc peu visible.

D'autres traces de la présence des alchimistes dans ce lieux semblent évidentes par l'emblématique que l'on découvre sur les pierres des façades ou de plusieurs pièces ou escaliers.

Trois sortes de traces:

- tout d'abord des sculptures très symboliques qui ont pour but de montrer que l'on est pas dans une demeure normale. C'est une emblématique assez courante.
On trouve ainsi des Dauphins dans plusieurs sculptures. Le dauphin est nommé le poisson royal, on le trouve dans le Mutus Lieber mais aussi sur les mosaïque d'une villa en Sicile et enfin à Bourges.
On dira que c'est pour bien fixer le décor, nous ne somme pas n'importe où et c'est aussi pour que l'adepte qui arrive ne se trouve pas perdu. Par ces symboles, qu'il reconnaît, il voit qu'il n'est pas dans la maison d'un bourgeois quelconque.

- ensuite, on trouve deux bas reliefs curieux et mystérieux, même si ils représentent des légendes connues. Ils ne sont pas là par hasard. C'est le rappel des principes moraux que doit suivre l'adepte. C'est la partie intérieure de l'homme, celle qui lui permettre pour lui-même d'atteindre le grand Oeuvre. C'est saint Christophe d'une part et la Toison d'Or d'autre part.

- Enfin il y a le plus mystérieux et le plus intéressant qui est l'oratoire ou chapelle avec ses trente caissons sculptés.
Compte tenu de l'importance de ce lieu symbolique un chapitre complet lui est consacré.

La Toison d'Or

Ce mythe grec de la Toison d'Or remonte à la nuit des temps.

Un premier résumé de ce mythe, que l'on trouve dans de nombreux livres et aujourd'hui sites Internet, permet de situer le sujet.
La mythologie grecque raconte que pendant l'antiquité vivaient parmi le peuple grec des héros dont le célèbre Jason, l'intrépide homme de la Toison d'Or. Il veut reprendre à son oncle Pélias, le trône qu'il usurpa jadis à son père, le roi Aeson. Pélias promet de le lui rendre pourvu que Jason rapporte la Toison d' Or.
Pélias veut se débarrasser définitivement de son neveu. Un oracle lui avait annoncé qu'un homme chaussé d'une seule sandale viendrait le tuer.
Cette Toison d'Or, une peau de Bélier se trouve très loin de la Grèce.

Un extrait du récit :

Il faut traverser plusieurs mers pour y arriver. Ce pays s'appelle la Colchide.(c'est la Georgie actuellement) Jason devra affronter de grands dangers. Il décide d'organiser une expédition et cherche des héros qui l'accompagneront. Son bateau est appelé l'Argo et ceux qui embarquent les Argonautes. Ils sont 50.
On raconte que les dangers furent nombreux mais que Jason est aidé par la déesse Héra. En Colchide il est aidée par une femme, la célèbre Médée. C'est la fille du roi de Colchide. Elle tomba amoureuse de Jason. Comme c'est une magicienne, elle va l'aider à ravir la Toison d'Or accrochée à un arbre et gardée par un dragon.

Jason revient en Grèce et après avoir fait un long détour. Il trahit Médée qui se vengera

Cette recherche de la Toison d'Or par Jason, c'est la même quête que celle de l'alchimiste à la recherche de la pierre philosophale. Jason est un des premiers adeptes et lorsqu'il part, c'est une épreuve initiatique, lorsqu'il neutralise le dragon, c'est l'alchimiste qui contrôle la matière

Il faut rester prudent sur ce bas-relief puisque l'on ignore la date de cette sculpture. Est-ce l'époque des frères Lallemant ? Nul ne sait.

Saint Christophe dans la loggia

Dans la loggia un autre bas relief a été réalisé, c'est la légende de Saint Christophe.

La légende de saint Christophe s'apparente par quelques points aux fictions égyptiennes et à la mythologie grecque, et si on lui applique les raisonnements de Michel Maïer, elle rentre dès lors dans le domaine de l'alchimie.

La légende de Saint Christophe

Avant d'être chrétien, saint Christophe se nommait Offerus. C'était une espèce de géant. A l'âge de raison, il se mit à voyager en disant qu'il voulait servir le plus grand roi du monde.
On l'envoya à la cour d'un roi puissant et un jour, le roi entendant un chanteur prononcer le nom du Diable, fit le signe de la croix, avec terreur.
" Pourquoi cela ? demanda Christophe.
- Parce que je crains le Diable, répondit le roi.
- Si tu le crains, tu n'es donc pas si puissant que lui ? Alors je veux servir le Diable. "
Et Offerus quitta la cour. Après avoir longtemps marché, il vit venir à lui une grande troupe de cavaliers ; leur chef était noir et lui dit :
" Offerus, que cherches-tu ?
- Je cherche le Diable pour le servir.
- Je suis le Diable, suis-moi. "
Offerus suivit le Diable.
Mais un jour, la troupe rencontra une croix sur le chemin, et le Diable ordonna de retourner en arrière :
" Pourquoi cela ? dit Offerus.
- Parce que je crains l'image du Christ.
- Si tu crains l'image du Christ, tu es donc moins fort que le Christ ? Alors je veux servir le Christ. "
Et Offerus continua seul sa route. Il rencontra un bon ermite et lui demanda :
" Où est le Christ ?
- Partout, répondit l'ermite.
- Je ne comprends pas cela, dit Offerus ; mais si vous dites vrai, quels services peut lui rendre un serviteur robuste et alerte ?
- On sert Jésus-Christ par les prières, les jeûnes et les veilles, ajouta l'ermite.
- Je ne peux ni prier, ni jeûner, ni veiller, réplique Offerus ; enseignez-moi donc une autre manière de le servir ? "
L'ermite le conduisit au bord d'un torrent furieux qui descendait des montagnes et il dit :
" Les pauvres gens qui ont voulu traverser cette eau se sont tous noyés. Reste ici, et porte ceux qui se présenteront à l'autre bord sur tes fortes épaules ; si tu fais cela pour l'amour du Christ, il te reconnaîtra pour son serviteur.
- Je veux bien le faire pour l'amour du Christ, répondit Offerus. "une petite cabane sur le rivage, et il transportait nuit et jour tous les voyageurs d'un côté à l'autre du torrent. Une nuit, comme il s'était endormi de fatigue, il entendit la voix d'un enfant qui l'appela trois fois par son nom : il se leva, prit l'enfant sur ses épaules et entra dans le torrent. Tout à coup les flots s'enflèrent et devinrent furieux, et l'enfant pesa sur lui comme un lourd fardeau ; Offerus déracina un grand arbre et rassembla ses forces mais les flots grossissaient toujours, et l'enfant devenait de plus en plus pesant. Offerus, craignant de noyer l'enfant, lui dit en levant la tête :
" Enfant, pourquoi te fais-tu si lourd, il me semble que je porte le monde. "
L'enfant répondit :
" Non seulement tu portes le monde, mais celui qui a fait le monde. Je suis le Christ, ton Dieu et ton maître, celui que tu dois servir. Je te baptise au nom de mon père, en mon propre nom, et celui du Saint-Esprit. Désormais, tu t'appelleras Christophe "
(c'est-à-dire porte-Christ).
Depuis ce jour, Christophe parcourut la terre pour enseigner la parole du Christ ;

Fulcanelli dans Le Mystère des Cathédrales admet que saint Christophe voisine avec le jardin des Hespérides. Il explique d'ailleurs avec force détails le symbolisme alchimique de la figure sculptée du Chrystophore (qui porte l'or christique)

Pour Fulcanelli, dans le Mystère des Cathédrales, Jean Lallemant, chevalier de la Table Ronde, fut aussi un alchimiste. Suivons le dans sa visite de l'hotel:

"Nous voici maintenant sur le pavé de la cour. Quelques pas nous amènent à l'entrée d'une loggia largement éclairée par un portique formé de trois baies cintrées. C'est une grande salle, au plafond rayé d'épaisses solives. Des monolithes, stèles et autres débris antiques y trouvent place et lui donnent l'aspect d'un musée d'archéologie locale. Pour nous, l'intérêt n'est pas là, mais dans la muraille du fond où se trouve enclavé un magnifique bas-relief de pierre peinte. Il représente saint Christophe déposant le petit Jésus sur la berge rocheuse du torrent légendaire qu'il vient de lui faire traverser. Au second plan, un ermite, la lanterne au poing, - car la scène se passe la nuit, - sort de sa cabane et marche vers l'Enfant-Roi."

Voici donc le sujet d'une planche du Mystère, intitulée "la légende de saint Christophe", et dont chacun peut apprécier la finesse, à la fois dans le travail de Julien Champagne et sur un cliché coloré de la pièce originale.

Le sculpteur, d'après Fulcanelli, a suivi lui aussi scrupuleusement la légende; mais il a fait mieux encore:

"Sous l'inspiration du savant hermétiste qui lui avait commandé l'oeuvre, il a placé le géant, les pieds dans l'eau, le vêtant d'une étoffe légère nouée sur l'épaule et serrée par une large ceinture au niveau de l'abdomen. C'est cette ceinture qui donne à saint Christophe son véritable caractère ésotérique...
La ceinture d'Offerus est piquée de lignes entre-croisées semblables à celles que présente la surface du dissolvant lorsqu'il a été canoniquement préparé. Tel est le Signe, que tous les Philosophes reconnaissent pour marquer, extérieurement, la vertu, la perfection, l'extrême pureté intrinsèques de leur substance mercurielle."

L'Oratoire

Pour se rendre dans l'Oratoire, sublime pièce, on rencontre encore dans l'escalier d'accès un personnage tenant un livre fermé qui veut nous dire que toutes ces pierres recèlent un sens caché qu'il nous faut découvrir.

Pour se rendre dans l'Oratoire, sublime pièce, on rencontre encore dans l'escalier d'accès un personnage tenant un livre fermé qui veut nous dire que toutes ces pierres recèlent un sens caché qu'il nous faut découvrir.

En pénétrant dans l'Oratoire, nous nous trouvons en quelque sorte " au Paradis des alchimistes ", les dimensions de la pièce sont modestes, 5,40 m de haut, 2,6 m de large et 3,8 m de long.

Les figures et inscriptions énigmatiques affûtent notre curiosité. C'est à la fois remarquable et inquiétant. Prosper Mérimée, de passage à Bourges comme Inspecteur des monuments historiques, écrira :

" Tout le luxe de sculpture est réservé pour le plafond. Formé de trois grandes dalles de pierre, il se divise en trente caissons contenant chacun des compositions différentes, de bas-reliefs admirablement travaillés, et d'un effet merveilleux. Ces compositions sont comme autant d'énigmes, et leur seul défaut c'est d'être aujourd'hui à peu près indéchiffrables.... J'observe dans les caissons les lettres E et R fréquemment répétées. Elles se trouvent encore dans une petite niche fort ornée près de l'autel... "

 

LA SUITE avec les CAISSONS DE L'HOTEL LALLEMANT

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