Arbres a Bourges - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

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LES ARBRES A BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges, et les arbres en ville, c'est une partie importante du patrimoine de la Ville, et un point fort de l'écologie locale.

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Version 2011

 

L'arbre fait partie désormais du patrimoine d'une ville au même titre qu'une église gothique ou un château Renaissance. C'est un phénomène assez nouveau accentué par la nouvelle fibre " écologique " que découvre beaucoup de monde.

Les arbres pendant très longtemps avaient une triple fonction, c'était une ressource économique, pendant des siècles, le bois fut le matériaux numéro un pour toute sorte d'usage, de la maison à la cuillère. Puis l'arbre pour certains d'entre eux fut aussi le moyen de subsistance, chênes et châtaigniers pour nourrir le bétail et parfois se nourrir soi-même. Enfin, l'arbre sera dans certaines périodes chaudes de l'année, le moyen de se tenir … à l'ombre, les places du midi de la France avec leurs platanes sont encore visibles aujourd'hui..

Progressivement, l'arbre va acquérir une dimension écologique et en ce début de siècle, vouloir abattre un arbre dans une ville demande du tact et de la diplomatie. Quel que soit le motif d'une coupe végétale, la plupart du temps légitime, la réaction de la population face à l'action de la hache ou de la tronçonneuse devient un sujet de polémique, qui n'est jamais simple à régler.
C'est souvent une réaction irrationnelle, beaucoup s'offusquent de la coupe d'un arbre, pensant que le Berry ou la ville de Bourges sont sur la pente de la désertification, au même titre que la forêt Amazonienne… Beaucoup ne savent pas que depuis une trentaine d'années, il n'y a jamais eu autant d'arbres de plantés dans une ville comme Bourges, et notre pays possède davantage d'arbres qu'à l'époque du Moyen Âge.

Bourges et ses arbres en chiffres

La ville possède plusieurs types d'arbres, et il est possible de distinguer les arbres d'alignement qui se situent le long des avenues ou des routes qui entrent dans la cité. Ils ont été plantés à une époque pour faire de l'ombre, comme les platanes, présents le long du canal de Berry ou de ce qu'il en reste. Ce sont des arbres qui datent du milieu du XIX ième siècle. On dénombre en ville environ 11 000 arbres d'alignement, selon Hervé Brousseau, le responsable du patrimoine végétal de Bourges, 11 458 très exactement.
Une cité comprend aussi des arbres qui ont été plantés pour agrémenter certains parcs, jardins ou cours, ils ont alors un rôle ornemental. On en compte environ 1500 dans Bourges.
A cela il faut ajouter les arbres qui sont plantés par les particuliers dans leur jardin, c'est le tilleul d'autrefois ou le thuya d'aujourd'hui, soit une estimation de plus de 10 000 arbres.
Enfin, les espaces naturels comme le lac d'Auron comprennent 900 arbres auxquels il faut ajouter ceux des parcs de loisirs ou de détente, avec 1200 arbres comptabilisés.
Une addition rapide montre la présence sur une ville comme Bourges, de plus de 25 000 arbres sur 6800 hectares.

Parmi cette végétation, il faut distinguer une centaine d'espèces d'arbres, de très communs à certains que l'on peut qualifier d'exotiques.

Nos anciens ne se posaient pas trop de questions lorsqu'ils plantaient des arbres. Pour le canal de Berry qui traverse la cité de Jacques Coeur, ils choisirent des platanes comme dans tout le pays, et sur la commune de Bourges, ce sont près de 1000 platanes qui ont poussé donnant une ombre agréable aux chemin de hallage.
Plus tard, les peupliers d'Italie eurent leur heure de gloire tout comme les érables sycomores, sans oublier les tilleuls de nos cours d'écoles.
Dans les années 1970/80, la recherche devient plus poussée, la vogue est à " l'exotique ", avec le savonnier, l'érable de Rotterdam et plus tard, pour céder à une mode à caractère esthétique, on planta des arbres à fleurs comme les cerisiers, pommiers ou amandiers.

Aujourd'hui, tout en introduisant des espèces nouvelles et en les diversifiant afin de prendre le moins de risque en cas de maladie d'une espèce, des plantations comme celles du pin ont été arrêtées, à cause de la présence des chenilles processionnaires. Il en est de même des catalpas, et autres pommiers à fleurs.

Les arbres remarquables de Bourges

Dans une ville de patrimoine comme Bourges, chacun s'attend à voir des arbres plusieurs fois centenaires, que Jeanne d'Arc ou Jacques Cœur auraient pu connaître vers 1430. Au risque de décevoir le lecteur, il n'en est rien, les arbres de Bourges sont récents, ils ont un siècle à un siècle et demi pour les plus anciens.
Ainsi les grands arbres du petit jardin de l'Hôtel de Ville datent de 1850 et la plupart de ces arbres ont été planté vers 1900.
Les plus anciens sont les platanes qui bordent le canal de Berry, ils sont énormes et causent parfois des dégâts, comme celui qui s'abattit sur une automobile il y a quelque 5 ans, fort heureusement sans faire de victime.

Quant aux grands arbres du centre de la cité, tout à fait remarquables comme ce cèdre situé à moins de 10 mètres de la cathédrale, il a poussé dans la petite cour d'une maison de chanoine, devenue la maison du tourisme et du patrimoine. On dit qu'il a été " classé ".

Les polémiques autour des arbres

Comme souvent dans une ville, l'arbre est lui aussi, à son corps (ou tronc) défendant victime de sombres polémiques.
Au cours de ces 30 dernières années, les désaccords entre des Berruyers et leurs élus ont porté la plupart du temps sur l'opportunité de couper ou non un arbre. Et pire encore vouloir tronçonner toute une rangée d'arbres….
Dans les années 1980, la place Anatole France ayant été transformée en parking, il fallut toute l'action des riverains ayant déjà l'âme quelque peu écologique pour forcer la municipalité de l'époque pour que des arbres soient replanter. Le malheur voulut qu'ils sont encore aujourd'hui particulièrement chétifs, le terrain n'étant pas propice à leur épanouissement.
Autre cas plus récent, dans le jardin de l'Archevêché. Des arbres presque centenaires avaient fait l'objet d'une étude sanitaire par les services spécialisés. Il ressortit que plus de 200 arbres devaient être coupés et remplacés. Comment annoncer " la chose " à la population ? Pas simple d'autant plus qu'en pareille circonstance, les avis des techniciens sont toujours contestés. Mais la chance pour une fois fut du côté de la mairie. La destruction devait s'opérer en l'an 2000. Or, à la fin du mois de décembre 1999, la terrible tempête qui se déchaîna sur la France fit penser à beaucoup, que ces arbres avaient été affectés et menaçaient de tomber. C'était vrai, mais la tempête n'y était pour rien. Et pour nombre de Berruyers, la cause était entendue, les arbres devaient être abattus, comme ceux de Versailles !

Plus difficile fut le remplacement des arbres de l'entrée du site militaire de Lahitolle. Il était apparu sur les deux rangées d'arbres que certains spécimens avaient des problèmes, les uns étaient malades, d'autres qui avaient été plantés plus récemment ne poussaient pas, manquant de lumière. Que faire ? Les esprits s'échauffèrent. La bataille de Lahitolle commençait.
Pour les uns, il fallait simplement remplacer les arbres malades. Non ! Répliquaient les autres, car les arbres nouveaux ne pousseront pas. Pour l'Architecte des Bâtiments de France, il fallait remplacer tous les arbres et non pas une seule rangée mais les deux rangées, c'était impératif, le site étant classé. Pour d'autres enfin il ne fallait rien toucher, les arbres étaient sains.
Ce fut épique et finalement, les arbres furent tous abattus, certains étant sains mais ils ont permis de reconstituer deux magnifiques rangées d'arbres nouveaux, des marronniers de 12 à 14 ans, alignés comme des militaires. Les contestataires trois ans plus tard passaient, sur cette allée, admiratifs sur un résultat inespéré.

L'arbre de l'Aéroport

Avec les arbres, on trouve de multiples anecdotes, comme l'arbre de l'Aéroport. C'était en 1929, l'aérodrome de Bourges venait d'ouvrir pour accueillir l'école de pilotage Hanriot, et le directeur de la " maison Hanriot " écrivit au maire afin de lui demander s'il pouvait donner son autorisation afin d'abattre un arbre qui était situé en plein milieu de la piste de décollage et d'atterrissage des aéroplanes, car, ajoutait le directeur, " cet arbre peut causer un accident ". Il est vrai qu'un arbre au milieu d'une piste d'aviation, c'était surprenant et dans la marge, au crayon rouge, figurait le nom de l'arbre, il s'agissait d'un orme ! Une espèce qui aura bien des soucis un demi-siècle plus tard.

Le peuplier d'Italie

Le peuplier d'Italie était à la mode dans les années 1970, avec l'époque de l'urbanisation des quartiers Nord de la ville, Chancellerie et Gibjoncs. Ces arbres avaient une qualité double, ils poussaient très vite et surtout ils étaient effilés, et ainsi ne cachaient pas la lumière des immeubles lorsqu'ils étaient d'une belle hauteur.
La réalité fut à la fois conforme aux prévisions, devenant toutefois 30 ans plus tard un vrai problème. Ils poussèrent effectivement très vite et leur alignement le long des grandes avenues faisait l'admiration des urbanistes et de la population…. Sauf que les racines apparurent de plus en plus grosses, éventrant les trottoirs, la chaussée, et faisant des dégâts dans les habitations des riverains, maisons et immeubles qui ne les supportaient plus.
Il fut décidé d'en abattre un certain nombre, mais surtout de ne plus en planter.

Les arbres de demain

L'arbre en ville doit posséder des qualités qui sont le fait de bien peu d'espèces. L'arbre doit être robuste, il doit faire de l'ombre, mais pas trop, et surtout, il ne doit pas laisser tomber des aiguilles, des fruits ou des ….feuilles.
Après des essais d'espèces lointaines, il est apparu aux responsables locaux que les espèces dites " indigènes " étaient souvent favorables. Aujourd'hui dans la ville, sur les dix dernières années, ce sont plus de 3000 arbres qui ont été plantés, une moyenne de 300 par an.

En savoir plus avec un petit ouvrage " Promenade parmi les arbres de Bourges " de Roland-Marie Marceron directeur des services de la ville de Bourges. Il est disponible gratuitement à l'Office de Tourisme de Bourges.

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