les archives du Cher - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

L'ENCYCLOPEDIE DE BOURGES

LES ARCHIVES DEPARTEMENTALES DU CHER A BOURGES
Par Roland NARBOUX

Les archives départementales du Cher, élément majeur du patrimoine de Bourges, permettent les recherches les plus diverses.

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Version 2016

 

LA MEMOIRE DU PASSE....... AUX ARCHIVES DEPARTEMENTALES DU CHER

Situé au bord du lac d'Auron, à Bourges, un bâtiment d'Architecture très contemporaine abrite la mémoire du département du Cher. C'est en effet dans ces salles modernes et fonctionnelles que sont déposées les Archives Départementales du Cher, placées un temps sous la responsabilité de son directeur, Vincent Mareautot qui a succédé à Jean-Yves Ribault, le directeur aujourd'hui en 2009 est monsieur Claude Jeay. Nous vous proposons une balade dans le temps parmi les documents anciens de Bourges et du Cher.

ARCHIVER, UNE FONCTION PROPRE A L'HOMME

Conserver des archives est devenu depuis les temps les plus lointains, une fonction essentielle de l'activité humaine. Dès que l'homme a su composer un texte, il voulut le conserver; et depuis les tablettes d'argiles des sumériens, vers 3500 av JC, jusqu'aux disquettes informatiques de l'INSEE, en passant par les actes les plus importants de la vie courante du Moyen Age, cette notion est permanente.

Les premiers documents avaient pour objectif de garder "le souvenir opérationnel d'une décision de pouvoir", il s'agissait assez souvent des actes relatifs au fisc et aux impôts. Il était nécessaire, que soit écrit et conservé tout ce qui concernait les impôts sur les personnes et sur les biens .
Dans un autre domaine, les pouvoirs, locaux ou nationaux, ont toujours voulu garder la preuve des transactions et des traités politiques signés. C'est ainsi que les Archives du Cher possèdent des "archives authentiques, qui ont une valeur permanente et qui sont scellées à la cire avec un cachet d'une très haute valeur".
Les documents anciens, qu'ils soient d'ordre général ou privé, étaient donc possédés par des particuliers, sans intervention de l'Etat. C'est la Révolution qui va transformer ce concept en mettant en place des archives publiques.

LES ARCHIVES MODERNES

Pour des aspects très pratiques, mais aussi idéologiques, la Révolution de 1789, va être à l'origine des Archives modernes. En effet, la nationalisation des administrations anciennes, et en particulier des paroisses, aussi bien au plan immobilier que fonctionnel, avait abouti à des problèmes qu'il fallut résoudre assez vite. L'Etat, par ces nationalisations, s'est trouvé à la tête de biens matériels, qui ont parfois été revendus, ce sont les biens nationaux, mais aussi d'une quantité phénoménale d'archives en tout genre. Bien que révolutionnaire, le vieux fond français restant conservateur, les documents saisis ne furent pas détruits, mais conservés et donc archivés. L'autre aspect, est venu de la nécessité de maintenir les contrats entre les particuliers et les biens nationalisés.
L'ensemble des archives du pays va se retrouver entre les mains de l'Etat qui va les récupérer et les gérer. Dans ce domaine, les premières archives dont l'Etat s'occupa furent celles de l'Assemblée Nationale. Elles devaient permettre de retracer l'histoire de la Nation et de l'ensemble de ses composantes.

ET DANS LE CHER ?

Bourges et un certain nombre de contrées du Berry avaient, au moment de la Révolution, un passé prestigieux, ville de rois et de duc, la capitale du Berry possédait des documents d'une extrême importance. A Bourges, il y avait des "Feudistes", genre de notaires de l'époque, qui travaillaient pour le Chapitre et les Abbayes, en particulier du côté de Sancerre. Ces hommes de loi dans leur fonction, classaient les archives. Au moment de la constitution du département du Cher et de la nationalisation des biens, certains de ces "Feudistes" ont été utilisés par le Conseil Départemental pour prendre en charge la gestion de ces énormes dépôts d'archives.

Dans un premier temps, les documents saisis furent "entassés" dans des locaux annexes de la Cathédrale de Bourges, au dessus du porche Nord, et ce lieu correspondait aux archives du Chapitre, qui étaient un fond considérable. Plus tard, les locaux de l'Archevêché furent utilisés, puis le Palais du Duc Jean, l'actuelle Préfecture. Les archives, plus que tout autre matériau craignent le feu, et le problème qui se posait alors, concernait l'espace et la sécurité.

Depuis, une récente Bouinotte, chacun sait que Bourges est une ville "d'incendie", et les Archives ne vont pas échapper à la règle. En 1859, le 13 avril, un incendie causé par des tuyaux qui traversaient les locaux, se déclencha, et détruisit une partie des archives, même si le parchemin brûle relativement mal, à l'inverse du papier ou du microfilm.
Ainsi partirent en fumée, des bulles de Papes, des lettres patentes royales et autres contrats intéressants. Lorsque la prison du Bordiot fut construite, la prison qui occupait une partie du palais du Duc Jean fut ainsi libérée, et les Archives s'installèrent dans des locaux donnant sur la rue Fernault. L'action de l'archiviste Alfred Gandillon vers 1935, puis de Jean-Yves Ribault (en 1959 puis 1966) permirent d'améliorer sur le plan immobilier, par des travaux d'agrandissement et de restauration, la qualité de conservation des archives du Cher. A cette époque, Jean Yves Ribault a, avec lui, 5 collaborateurs.

Les lois de décentralisation du début des années 80 donnèrent un souffle nouveau aux Archives qui passèrent sous la responsabilité du Conseil Général du Cher.

Lors de la séance du 11 avril 1962, le Conseil général du Cher , la décision fut prise de construire du 3 niveaux un bâtiment adossé au Palais ducal et les travaux furent terminés en 1967. Cela dure une dizaine d'années, avant de se retrouver une fois encore à l'étroit.

A partir de ce moment, et compte tenu de l'inadéquation entre la masse de documents à archiver et la place disponible rue Fernault, il fallut songer à déménager, d'autant qu'en 1979, les archives des notaires arrivent pour être stockées. Pendant une courte période, les dépôts dans les archives sont bloquées par manque de place....

Les Archives Départementales sont depuis 1983 un service du Conseil Général.
Elles continuent de recevoir et de conserver les archives définitives des services de l'Etat exerçant dans le cadre départemental.
Le Directeur des Archives Départementales assure sous l'autorité du Préfet le contrôle des archives courantes et intermédiaires de ces mêmes services ; conformément au décret n° 88.849 du 28 Juillet 1988, il exerce un contrôle scientifique technique sur les archives communales.
Toute élimination d'archives publiques est soumise à son visa.

LES ARCHIVES ET L'ART CONTEMPORAIN

A l'issu d'un concours d'architectes, et sur un cahier des charges défini par le Conseil Général du Cher, un cabinet d'architectes berruyers, composé de Jean Marie Nunez, Jean-Paul Martin, Karen Derisbourg et Jacques Boyer, fut choisi en 1986.

Comme ils l'écrivent, "Pour nous, le bâtiment que nous avons construit a eu une signification plus forte encore. Il représente un haut lieu de culture, une mémoire collective, celle de notre territoire, mais aussi, plus avant, celle de l'ancienne province du Berry".
Le style architectural est résolument moderne, avec d'un côté une vue sur le lac d'Auron, de l'autre un regard sur la Cathédrale qui apparaît dans le lointain. Les matériaux utilisés ne sont pas neutres, la brique d'argile provenant de Saint-Palais symbolise les racines profondes de notre département, alors que le carrelage blanc plaqué se veut une projection sur l'avenir et "la marche de la civilisation".

Dans le cadre du 1%, des artistes locaux comme Jean-Luc Charpagne pour la fresque de l'amphithéâtre de 160 places ou Bruno de Pirey pour un vitrail ornant le grand hall d'entrée, ainsi que quelques autres comme Jean Mauret, montraient la valeur de l'art moderne en Berry.

DES ARCHIVES POUR QUOI ET POUR QUI ?

Les Archives Départementales sont d'abord là pour conserver l'ensemble des documents publics. Toute administration relève des Archives Départementales. Ainsi, et cela date de la Révolution, aucun fonctionnaire n'est propriétaire des documents qu'il élabore ou qu'il reçoit. Nul chef de service d'une administration ne peut quitter son poste ou son emploi en emportant les documents afférents à sa fonction. Et les transports "discrets", lors des passations de pouvoir dans le domaine de la haute politique, pourraient apparaître comme un dysfonctionnement.

Les règles en la matière sont très strictes, un fonctionnaire ne peut pas détruire des documents sans l'accord du directeur des Archives Départementales. Les "papiers publics doivent le rester jusqu'au bout", cela signifie que les archives ne peuvent pas et ne doivent pas se retrouver entre les mains de tiers. Jean-Yves Ribault évoqua sur ce sujet, des documents publics d'une commune du Cher, qui se vendaient dans une brocante. Alertées, les autorités découvrirent que ces papiers avaient été volés dans la mairie de la commune à l'insu de son maire, lequel porta plainte et les documents furent récupérés.

Ces archives sont donc en premier lieu des documents à caractère administratif, mais il est possible de trouver aussi des archives privées qui sont déposées. Il n'est pas question de prendre l'ensemble des papiers de chacun d'entre nous. Par contre, il peut exister des "fonds privés", c'est à dire des documents formant un tout pour servir à la recherche et qui peuvent être déposés aux Archives sous la forme d'une procédure dite de versement. Certains documents anciens peuvent aussi être acquis par les Archives qui disposent d'argent pour la faire. Mais il faut un véritable intérêt scientifique ou historique pour débourser des sommes qui sont parfois importantes. Ainsi, cette lettre d'Elisabeth 1ere d'Angleterre, mise en vente à Bourges ne fut pas achetée par les Archives, car, le texte en était connu, et il s'agissait d'un document isolé. Le but des Archives n'est pas de faire de la spéculation ! D'autant qu'aucun document déposé ne peut être vendu.

QUI FREQUENTE LES ARCHIVES ?

Il faut rappeler que la consultation des archives est ouverte à tout le monde, et cela, depuis la Révolution. Il n'y a pas de cotisation, pas de droit d'entrée, et chacun d'entre nous peut aller aux Archives et obtenir communication d'un document s'y trouvant.

La salle publique comprend une bonne quarantaine de places, avec une "vue imprenable sur le lac d'Auron". Après avoir recherché dans les nombreux bacs à fiches le dossier que vous vouliez consulter, vous remplissez une petite fiche verte et, quelques instants plus tard, votre demande est satisfaite, et les papiers, plus ou moins anciens et délicats à manipuler sont apportés à votre table.

Tout document n'est pas public, certains, comme ceux relatifs à l'Etat Civil ont un délai de 100 ans, d'autres, comme les dossiers d'instructions judiciaires ou encore plus particuliers ont des délais de 30 ou 50 ans, selon une loi de 1979. Il est donc conseillé de se renseigner sur ces différentes règles et conditions de consultation.

Une quinzaine de personnes travaillent aux Archives Départementales du Cher, et elles ne sont pas de trop pour satisfaire .... les fanatiques des "arbres généalogiques". C'est en effet, depuis une quinzaine d'années, la ruée vers les registres d'Etat-Civil, et le phénomène, loin de se calmer est en pleine expansion.
On sent dans les propos du Directeur des Archives, lorsqu'il évoque ce sujet, une pointe d'agacement. Si certains s'organisent et se conduisent en "adultes", d'autres passionnés se comportent de manières peu excusables. C'est cet homme qui réclame par courrier la photocopie d'une cinquantaine d'actes, ou cet autre qui "exige de recevoir tel ou tel acte sur sa soi-disant famille", les lettres insolentes côtoient les demandes courtoises !

EN CONCLUSION

Les Archives Départementales du Cher constituent pour les chercheurs une mine de renseignements, ainsi, plusieurs centaines de bulles papales avec de remarquables sceaux de plomb, mais aussi des originaux, comme une charte, qui date de 1039, ou encore nombre de documents royaux, de Charles VII ou Louis XI, en particulier, des lettres personnelles de ce grand roi berruyer.

L'avenir, c'est un grand projet pour mettre sur microfilms l'ensemble des registres d'Etat Civil, avec la collaboration du Cercle Généalogique local, car il faut bien gérer cette passion nouvelle des français. Et puis, la technique administrative évolue, aujourd'hui, une grande partie des documents administratifs est issue des ordinateurs. La papier n'a pas été supprimé, mais il s'agit d'une orientation irréversible. Dans les années à venir, les archives seront sur des bandes magnétiques, des disquettes ou des compacts. Il faut prendre très au sérieux cette nouvelle révolution. A Bourges, cette modification est prise très au sérieux, et on suit les personnels des Archives Nationales qui travaillent sur ce sujet à Fontainebleau, avec comme premier objectif la conservation de la banque de données de l'INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques).

Enfin, les archives ne doivent pas être l'apanage des gens âgés à la recherche d'ancêtres, mais aussi un outil pour les jeunes étudiants et les élèves des collèges et lycées. Une structure éducative existe, qu'il faudrait utiliser pleinement, c'est un des voeux des responsables locaux.

Pour le futur, les archives actuelles en 2005 sont à nouveau trop petites, et un projet d'extension sur le site est prévu, les études préliminaires ont commencé, mais il ne faut pas espérer cette extension avant 2010.

Notes complémentaires :

effectifs des archives :

- 1930 = 1 archiviste + 1 commis.
- 1960 = 1 archiviste + 5 personnes (10 Km d'archives)
- 1988 = 1 archiviste + 14 personnes ( 20 km d'archives)
- 2000 = 1 archiviste + 23 personnes ( ?)
 
Adresse :
 
Archives Départementales du Cher
 
Conseil départemental du Cher
Direction des Archives départementales et du patrimoine
Rue Jean-Marie Heurtault de Lamerville18000 Bourges
Tél. : 02 48 55 82 60
Du lundi au vendredi de 8h30 à 12h30 et de 13h30 à 17h30.
Fermeture annuelle : du 1er au 15 août inclus.
 
Les derniers Directeurs :


Jean Yves Ribault : de 1982 à 1996.
Vincent Maroteaux de 1996 à 2006,
Claude Jeay (de 2006 à 2009,
Xavier Laurent

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