LA MEMOIRE DU PASSE....... AUX ARCHIVES DEPARTEMENTALES
DU CHER
Situé
au bord du lac d'Auron, à Bourges, un bâtiment d'Architecture
très contemporaine abrite la mémoire du département
du Cher. C'est en effet dans ces salles modernes et fonctionnelles
que sont déposées les Archives Départementales
du Cher, placées un temps sous la responsabilité
de son directeur, Vincent Mareautot qui a succédé
à Jean-Yves Ribault, le directeur aujourd'hui en 2009
est monsieur Claude Jeay. Nous vous proposons une balade dans
le temps parmi les documents anciens de Bourges et du Cher.
ARCHIVER,
UNE FONCTION PROPRE A L'HOMME
Conserver des archives est devenu depuis
les temps les plus lointains, une fonction essentielle de l'activité
humaine. Dès que l'homme a su composer un texte, il voulut
le conserver; et depuis les tablettes d'argiles des sumériens,
vers 3500 av JC, jusqu'aux disquettes informatiques de l'INSEE,
en passant par les actes les plus importants de la vie courante
du Moyen Age, cette notion est permanente.
Les premiers documents avaient pour objectif
de garder "le souvenir opérationnel d'une décision
de pouvoir", il s'agissait assez souvent des actes
relatifs au fisc et aux impôts. Il était nécessaire,
que soit écrit et conservé tout ce qui concernait
les impôts sur les personnes et sur les biens .
Dans un autre domaine, les pouvoirs, locaux ou nationaux, ont
toujours voulu garder la preuve des transactions et des traités
politiques signés. C'est ainsi que les Archives du Cher
possèdent des "archives authentiques, qui ont
une valeur permanente et qui sont scellées à la
cire avec un cachet d'une très haute valeur".
Les documents anciens, qu'ils soient d'ordre général
ou privé, étaient donc possédés par
des particuliers, sans intervention de l'Etat. C'est la Révolution
qui va transformer ce concept en mettant en place des archives
publiques.
LES ARCHIVES
MODERNES
Pour des aspects très pratiques,
mais aussi idéologiques, la Révolution de 1789,
va être à l'origine des Archives modernes. En effet,
la nationalisation des administrations anciennes, et en particulier
des paroisses, aussi bien au plan immobilier que fonctionnel,
avait abouti à des problèmes qu'il fallut résoudre
assez vite. L'Etat, par ces nationalisations, s'est trouvé
à la tête de biens matériels, qui ont parfois
été revendus, ce sont les biens nationaux, mais
aussi d'une quantité phénoménale d'archives
en tout genre. Bien que révolutionnaire, le vieux fond
français restant conservateur, les documents saisis ne
furent pas détruits, mais conservés et donc archivés.
L'autre aspect, est venu de la nécessité de maintenir
les contrats entre les particuliers et les biens nationalisés.
L'ensemble des archives du pays va se retrouver entre les mains
de l'Etat qui va les récupérer et les gérer.
Dans ce domaine, les premières archives dont l'Etat s'occupa
furent celles de l'Assemblée Nationale. Elles devaient
permettre de retracer l'histoire de la Nation et de l'ensemble
de ses composantes.
ET DANS
LE CHER ?
Bourges et un certain nombre de contrées
du Berry avaient, au moment de la Révolution, un passé
prestigieux, ville de rois et de duc, la capitale du Berry possédait
des documents d'une extrême importance. A Bourges, il y
avait des "Feudistes", genre de notaires de l'époque,
qui travaillaient pour le Chapitre et les Abbayes, en particulier
du côté de Sancerre. Ces hommes de loi dans leur
fonction, classaient les archives. Au moment de la constitution
du département du Cher et de la nationalisation des biens,
certains de ces "Feudistes" ont été utilisés
par le Conseil Départemental pour prendre en charge la
gestion de ces énormes dépôts d'archives.
Dans un premier temps, les documents
saisis furent "entassés" dans
des locaux annexes de la Cathédrale de Bourges, au dessus
du porche Nord, et ce lieu correspondait aux archives du Chapitre,
qui étaient un fond considérable. Plus tard, les
locaux de l'Archevêché furent utilisés, puis
le Palais du Duc Jean, l'actuelle Préfecture. Les archives,
plus que tout autre matériau craignent le feu, et le problème
qui se posait alors, concernait l'espace et la sécurité.
Depuis, une récente Bouinotte, chacun
sait que Bourges est une ville "d'incendie", et les
Archives ne vont pas échapper à la règle.
En 1859, le 13 avril, un incendie causé par des tuyaux
qui traversaient les locaux, se déclencha, et détruisit
une partie des archives, même si le parchemin brûle
relativement mal, à l'inverse du papier ou du microfilm.
Ainsi partirent en fumée, des bulles de Papes, des lettres
patentes royales et autres contrats intéressants. Lorsque
la prison du Bordiot fut construite, la prison qui occupait une
partie du palais du Duc Jean fut ainsi libérée,
et les Archives s'installèrent dans des locaux donnant
sur la rue Fernault. L'action de l'archiviste Alfred Gandillon
vers 1935, puis de Jean-Yves Ribault (en 1959 puis 1966) permirent
d'améliorer sur le plan immobilier, par des travaux d'agrandissement
et de restauration, la qualité de conservation des archives
du Cher. A cette époque, Jean Yves Ribault a, avec lui,
5 collaborateurs.
Les lois de décentralisation du
début des années 80 donnèrent un souffle
nouveau aux Archives qui passèrent sous la responsabilité
du Conseil Général du Cher.
Lors de la séance du 11 avril 1962,
le Conseil général du Cher , la décision
fut prise de construire du 3 niveaux un bâtiment adossé
au Palais ducal et les travaux furent terminés en 1967.
Cela dure une dizaine d'années, avant de se retrouver
une fois encore à l'étroit.
A partir de ce moment, et compte tenu de
l'inadéquation entre la masse de documents à archiver
et la place disponible rue Fernault, il fallut songer à
déménager, d'autant qu'en 1979, les archives des
notaires arrivent pour être stockées. Pendant une
courte période, les dépôts dans les archives
sont bloquées par manque de place....
- Les Archives Départementales sont
depuis 1983 un service du Conseil Général.
Elles continuent de recevoir et de conserver les archives définitives
des services de l'Etat exerçant dans le cadre départemental.
- Le Directeur des Archives Départementales
assure sous l'autorité du Préfet le contrôle
des archives courantes et intermédiaires de ces mêmes
services ; conformément
au décret n° 88.849 du 28 Juillet 1988, il exerce
un contrôle scientifique technique sur les archives communales.
- Toute élimination d'archives publiques
est soumise à son visa.
LES ARCHIVES
ET L'ART CONTEMPORAIN
A l'issu d'un concours d'architectes, et
sur un cahier des charges défini par le Conseil Général
du Cher, un cabinet d'architectes berruyers, composé de
Jean Marie Nunez, Jean-Paul Martin, Karen Derisbourg et Jacques
Boyer, fut choisi en 1986.
Comme ils l'écrivent, "Pour
nous, le bâtiment que nous avons construit a eu une signification
plus forte encore. Il représente un haut lieu de culture,
une mémoire collective, celle de notre territoire, mais
aussi, plus avant, celle de l'ancienne province du Berry".
Le style architectural est résolument moderne, avec d'un
côté une vue sur le lac d'Auron, de l'autre un regard
sur la Cathédrale qui apparaît dans le lointain.
Les matériaux utilisés ne sont pas neutres, la
brique d'argile provenant de Saint-Palais symbolise les racines
profondes de notre département, alors que le carrelage
blanc plaqué se veut une projection sur l'avenir et "la
marche de la civilisation".
Dans le cadre du 1%, des artistes locaux
comme Jean-Luc Charpagne pour la fresque de l'amphithéâtre
de 160 places ou Bruno de Pirey pour un vitrail ornant le grand
hall d'entrée, ainsi que quelques autres comme Jean Mauret,
montraient la valeur de l'art moderne en Berry.
DES ARCHIVES
POUR QUOI ET POUR QUI ?
Les Archives Départementales sont
d'abord là pour conserver l'ensemble des documents publics.
Toute administration relève des Archives Départementales.
Ainsi, et cela date de la Révolution, aucun fonctionnaire
n'est propriétaire des documents qu'il élabore
ou qu'il reçoit. Nul chef de service d'une administration
ne peut quitter son poste ou son emploi en emportant les documents
afférents à sa fonction. Et les transports "discrets",
lors des passations de pouvoir dans le domaine de la haute politique,
pourraient apparaître comme un dysfonctionnement.
Les règles en la matière
sont très strictes, un fonctionnaire ne peut pas détruire
des documents sans l'accord du directeur des Archives Départementales.
Les "papiers publics doivent le rester jusqu'au bout",
cela signifie que les archives ne peuvent pas et ne doivent pas
se retrouver entre les mains de tiers. Jean-Yves Ribault évoqua
sur ce sujet, des documents publics d'une commune du Cher, qui
se vendaient dans une brocante. Alertées, les autorités
découvrirent que ces papiers avaient été
volés dans la mairie de la commune à l'insu de
son maire, lequel porta plainte et les documents furent récupérés.
Ces archives sont donc en premier lieu
des documents à caractère administratif, mais il
est possible de trouver aussi des archives privées qui
sont déposées. Il
n'est pas question de prendre l'ensemble des papiers de chacun
d'entre nous. Par contre, il peut exister des "fonds privés",
c'est à dire des documents formant un tout pour servir
à la recherche et qui peuvent être déposés
aux Archives sous la forme d'une procédure dite de versement.
Certains documents anciens peuvent aussi être acquis par
les Archives qui disposent d'argent pour la faire. Mais il faut
un véritable intérêt scientifique ou historique
pour débourser des sommes qui sont parfois importantes.
Ainsi, cette lettre d'Elisabeth 1ere d'Angleterre, mise en vente
à Bourges ne fut pas achetée par les Archives,
car, le texte en était connu, et il s'agissait d'un document
isolé. Le but des Archives n'est pas de faire de la spéculation
! D'autant qu'aucun document déposé ne peut être
vendu.
QUI FREQUENTE
LES ARCHIVES ?
Il faut rappeler que la consultation des
archives est ouverte à tout le monde, et cela, depuis
la Révolution. Il n'y a pas de cotisation, pas de droit
d'entrée, et chacun d'entre nous peut aller aux Archives
et obtenir communication d'un document s'y trouvant.
La salle publique
comprend une bonne quarantaine de places, avec une "vue
imprenable sur le lac d'Auron". Après avoir recherché
dans les nombreux bacs à fiches le dossier que vous vouliez
consulter, vous remplissez une petite fiche verte et, quelques
instants plus tard, votre demande est satisfaite, et les papiers,
plus ou moins anciens et délicats à manipuler sont
apportés à votre table.
Tout document n'est pas public, certains,
comme ceux relatifs à l'Etat Civil ont un délai
de 100 ans, d'autres, comme les dossiers d'instructions judiciaires
ou encore plus particuliers ont des délais de 30 ou 50
ans, selon une loi de 1979. Il est donc conseillé de se
renseigner sur ces différentes règles et conditions
de consultation.
Une quinzaine de personnes travaillent
aux Archives Départementales du Cher, et elles ne sont
pas de trop pour satisfaire .... les fanatiques des "arbres
généalogiques". C'est en effet, depuis
une quinzaine d'années, la ruée vers les registres
d'Etat-Civil, et le phénomène, loin de se calmer
est en pleine expansion.
On sent dans les propos du Directeur des Archives, lorsqu'il
évoque ce sujet, une pointe d'agacement. Si certains s'organisent
et se conduisent en "adultes", d'autres passionnés
se comportent de manières peu excusables. C'est cet homme
qui réclame par courrier la photocopie d'une cinquantaine
d'actes, ou cet autre qui "exige de recevoir tel ou tel
acte sur sa soi-disant famille", les lettres insolentes
côtoient les demandes courtoises !
EN CONCLUSION
Les Archives Départementales
du Cher constituent pour les chercheurs une mine de renseignements,
ainsi, plusieurs centaines de bulles papales avec de remarquables
sceaux de plomb, mais aussi des originaux, comme une charte,
qui date de 1039, ou encore nombre de documents royaux, de Charles
VII ou Louis XI, en particulier, des lettres personnelles de
ce grand roi berruyer.
L'avenir, c'est un grand projet pour mettre
sur microfilms l'ensemble des registres d'Etat Civil, avec la
collaboration du Cercle Généalogique local, car
il faut bien gérer cette passion nouvelle des français.
Et puis, la technique administrative évolue, aujourd'hui,
une grande partie des documents administratifs est issue des
ordinateurs. La papier n'a pas été supprimé,
mais il s'agit d'une orientation irréversible. Dans les
années à venir, les archives seront sur des bandes
magnétiques, des disquettes ou des compacts. Il faut prendre
très au sérieux cette nouvelle révolution.
A Bourges, cette modification est prise très au sérieux,
et on suit les personnels des Archives Nationales qui travaillent
sur ce sujet à Fontainebleau, avec comme premier objectif
la conservation de la banque de données de l'INSEE (Institut
National de la Statistique et des Etudes Economiques).
Enfin, les archives ne doivent pas être
l'apanage des gens âgés à la recherche d'ancêtres,
mais aussi un outil pour les jeunes étudiants et les élèves
des collèges et lycées. Une structure éducative
existe, qu'il faudrait utiliser pleinement, c'est un des voeux
des responsables locaux.
Pour le futur, les archives actuelles en
2005 sont à nouveau trop petites, et un projet d'extension
sur le site est prévu, les études préliminaires
ont commencé, mais il ne faut pas espérer cette
extension avant 2010.
Notes complémentaires :
effectifs des archives :
- - 1930 = 1 archiviste + 1 commis.
- - 1960 = 1 archiviste + 5 personnes (10
Km d'archives)
- - 1988 = 1 archiviste + 14 personnes (
20 km d'archives)
- - 2000 = 1 archiviste + 23 personnes (
?)
-
- Adresse :
-
- Archives Départementales du Cher
-
- Conseil départemental du Cher
- Direction des Archives départementales
et du patrimoine
- Rue Jean-Marie Heurtault de Lamerville18000
Bourges
Tél. : 02 48 55 82 60
Du lundi au vendredi de 8h30 à 12h30 et de 13h30 à
17h30.
Fermeture annuelle : du 1er au 15 août inclus.
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- Les derniers Directeurs :
Jean Yves Ribault : de 1982 à 1996.
Vincent Maroteaux de 1996 à 2006,
Claude Jeay (de 2006 à 2009,
Xavier Laurent
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