Asnières par Roland Narboux - Bourges encyclopédie

L'ENCYCLOPEDIE DE BOURGES

ASNIERES LES BOURGES, UN VILLAGE DANS LA VILLE
Par Roland NARBOUX

Asnières....c'est un village très typé, inclus dans la commune de Bourges, une histoire peu commune.

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Version 2009

 

Asnières-lès-Bourges n'est pas une commune autonome, elle le fut parfois au cours de 'histoire, en particulier sous la Révolution. Aujourd'hui, ce bourg appartient à la commune de Bourges, avec toutefois, particularisme oblige, un maire-adjoint spécialement chargé d'Asnières et une " mairie annexe " dans laquelle peuvent être célébrés des mariages.
Asnières n'a pas une histoire ordinaire, Calvin, un jour de Toussaints 1530 va façonner de manière spécifique la vie de ses habitants. Aujourd'hui encore, il reste quelques réminiscences de cette lointaine époque.
Dernière particularité, les habitants de ce bourg s'appellent des " hannetons " ou "
asnetons" ! (cette terminologie n'est pas acceptée par tout le monde , cliquer ici)

Le fait d'avoir découvert sur le site d'Asnières une épée de bronze datant de plus de 500 ans av JC ne signifie pas que le village puisse être daté de cette époque. Tout au plus que des guerriers ont perdu cette arme il y a plusieurs siècles et qu'il s'agissait d'une importante zone de passage. Avec davantage de certitudes, Asnières, à la limite de Feularde, comporte une villa gallo-romaine qui pourrait dater du début des grandes invasions de la région, c'est à dire vers cinquième siècle.

Pendant des siècles, Asnières située en dehors de la muraille des remparts est accrochée à la ville de Bourges, elle dépendait de la paroisse Saint-Privé. Au Moyen-Age, il n'y avait pas d'église, mais une simple chapelle et les grandes cérémonies traditionnelles se déroulaient à Saint-Privé. C'est alors un village agricole avec beaucoup de prairies le long des ruisseaux du Moulon et du Sandin. L'élevage est important avec les ânes, mulets chevaux et vaches.

ASNIERES ET LA REFORME

Un premier virage historique se déroule au XV ième siècle, avec l'avènement puis le développement de la Réforme. A cette époque, Bourges possède une grande université, et reçoit de prestigieux professeurs, dont certains enseigne la religion nouvelle. C'est ainsi que Jean Calvin, en 1530 vient à Bourges étudier le droit et la théologie. La légende affirme que Calvin, juché sur une pierre place Gordaine prononça ses premiers sermons pour le protestantisme.
Ce serait Calvin qui aurait évangélisé Asnières, le jour de la Toussaint en l'an 1530. La tradition affirme qu'il rencontra un homme d'Asnières sur le pont de la mariée qui permettait de traverser le Moulon. Ils discutèrent, sans doute longuement.... et Calvin convertit l'homme à la religion nouvelle, c'était dit-on le début des conversions à Asnières. Le village avait alors 600 habitants, et la population se divisa rapidement en deux, les uns restaient catholiques et d'autres embrassaient la religion protestante. Ces derniers étant alors regroupés dans deux quartiers, celui de l'Aujonnière et celui du Puits Neuf.

La religion marquera à jamais ce village. Pendant les guerres de religion, les habitants d'Asnières prirent leur part au désordre. C'est ainsi que les troupes protestantes du comte de Montgoméry s'emparèrent de Bourges pourtant fortifiée, grâce aux habitants d'Asnières qui construisirent un pont de bois pour assurer l'assaut. Au soir de la chute de Bourges, certains s'en prirent à la cathédrale, décapitèrent les sculptures de la façade et entreprirent de faire sauter l'édifice. Ils furent stoppés à temps. Lors de la Saint Barthélémy, en France et à Paris, le Berry ne fut pas épargné. Des massacres se déroulèrent aussi à Bourges fin août 1572. Les catholiques berruyers voulurent aller tuer les protestants d'Asnières. Sur la route, ils rencontrèrent des coreligionnaires qui leur assurèrent que tout était fini à Asnières et persuadés qu'ils ne restait plus de protestants vivants à Asnières, ils rebroussèrent chemin. C'était faux, les protestants d'Asnières avaient été sauvés par les catholiques du même village ! Ce sera une constante, semble-t-il, s'il y avait un désaccord doctrinal, il n'y aura jamais d'affrontement dans le village d'Asnières entres les deux communautés pourtant rivales.
Après ces événements dramatiques, et par crainte de la suite, beaucoup de protestants de la région s'en allèrent en Allemagne et en Suisse.

Après la promulgation de l'Edit de Nantes, il y eut comme un souffle de liberté religieuse. Les protestants purent enterrer leurs morts dans un cimetière " à eux ", et construisirent un temple. Mais Bourges étant une ville épiscopale, le culte public restait interdit.. La révocation de l'Edit de Nantes par Louis XIV fut un triste moment pour Asnières. Mais dans ces périodes troubles, beaucoup restèrent dans le village, et les abjurations de certaines familles ne furent qu'un moyen de vivre en paix sans pour autant renier leur foi. Les protestants continuèrent de pratiquer leur culte en cachette, avec parfois l'aide de pasteurs itinérants.
Lors des Etats Généraux, seuls les catholiques purent présenter des cahiers de Doléances. Et en 1793, Asnières dans le flot des idées généreuses de l'époque devint une commune autonome, cela ne durera que 2 ans, la mésentente des deux communautés supprima cette autonomie.
Asnières reste imprégné de cette dualité religieuse, aujourd'hui encore même si chacun admet que l'autre puisse prier autrement. Le bourg reste, pour les Berrichons, un " fief " de la religion protestante, comme Sancerre ou Lignière. Le seul personnage historiquement célèbre né à Asnières n'est-il pas un pasteur protestant ?

UN ENFANT DU PAYS : FRANCOIS COILLARD

C'est le 17 juillet 1834 que naît à Asnières, dans la rue de la Grande Aujonnière, François Coillard qui restera un des grands missionnaires protestant du XIX ième siècle, évangélisant en particulier le Zambèze.
Il est formé à l'institut protestant de Glay et où naît sa vocation de missionnaire. Il commence sa carrière religieuse en Afrique australe, très exactement au Lessouto en 1857. Les difficultés sont considérables, et le jeune missionnaire les affronte, encouragé par son épouse Christina Mackintosh. Le jeune couple vit au Natal avec les zoulous, puis au Zambèze, avec parfois plus d'échecs que de réussites.
Pendant trente ans, Coillard va parcourir une partie de l'Afrique, évangélisant, construisant des temples, et ouvrant des missions. Il essayera d'apporter la parole de Dieu, mais aussi le savoir et la santé pour ces peuples dans la misère. La mort de sa femme en 1891 sera très douloureusement ressentie.
Il reviendra en Europe et à Asnières en juin 1897. Il revoit son pays, et profite de ce séjour pour recruter des hommes et de l'argent afin de retourner au Zambèse, qui devient son but et sa nouvelle patrie.
La maladie, les expéditions décimées et le chagrin, ont raison de la santé de François Coillard qui meurt à l'âge de 70 ans, il est inhumé aux côté de son épouse à Séfoula en 1904, il avait 70 ans.
C'est en 1950 que le bourg d'Asnières rend hommage à son grand homme, le maire de Bourges André Cothenet inaugure la rue François Coillard en plein centre d'Asnières.

L'EGLISE ET LE TEMPLE

C'est en 1801 qu'Asnières forme une paroisse catholique à part entière, elle reçoit un curé qui entreprend de faire construire une église. Ce sera assez long, et le clocher de cette église catholique est construit en 1847, mais il est ne résiste pas et s'écroule alors que les travaux ne sont pas terminés. Il sera remonté quelques années plus tard et abrite pas moins de trois cloches.

Avec Sancerre, Asnières étant caractérisée par l'importance de la " colonie " protestante. Le temple protestant d'Asnières est construit au début du XIX ième siècle, et le clocher quelques années plus tard, en 1824, il reçoit alors une cloche baptisée " Fanchette ", mais il faudra attendre deux ans pour qu'elle soit autorisée à sonner. Aujourd'hui, le lieu de culte a été transporté à Bourges rue Jean Jaurès dans le Bourges intra-muros...... et le temple d'Asnières a été vendu à une loge de francs-maçons baptisée " Jacques Coeur " qui l'utilisent pour leurs cérémonies.

AGRICULTURE ET INDUSTRIE

Asnières est une commune agricole au début du XIX ième siècle. L'élevage du mouton devient très important. Il se développa pendant près d'un demi-siècle, pour diminuer progressivement jusque vers 1890. La concurrence de l'hémisphère sud et la demande plus faible de laine furent à l'origine de cette chute.
La culture du chanvre se s'accroît compte tenu du sol et du paysage, très favorable à cette plante. Mais les difficultés là encore prirent le dessus sur le développement. Le problème des débouchés n'était pas évident, d'autant plus que les toiles de chanvre furent remplacées par le calicot dans de nombreux usages. Confiné à la corde et aux sangles, la production de chanvre diminua jusqu'à l'extinction.
Enfin, la vigne, qui était très importante dans de nombreuses exploitation fut victime du phylloxera qui apparu en 1881. Le Cher subit cette crise de plein fouet et la vigne disparut d'Asnières. Elle ne fut replantée que dans les terroirs les plus riches, donc en faibles surface.
Eleveurs, cultivateurs de chanvre et vignerons durent se reconvertir. Certains s'en allèrent travailler dans les grandes propriétés du département du Cher mettant leurs bras au service des grands exploitants céréaliers. D'autres partirent chercher du travail dans les usines de Bourges. La notion de " village " disparut peu à peu, et les jeunes d'aujourd'hui vivent à Asnières comme ceux de Trouy ou de Fussy, sans trop prendre en compte la particularité de leurs ancêtres. Beaucoup de nouveaux arrivants s'installant dans les quartiers périphériques.

VIE ASSOCIATIVE ET LOISIRS

La vie associative d'Asnières est très fournie, le comité des fêtes est " le véritable moteur auquel les associations doivent se raccorder pour avancer " déclarait le président Robert Franier. Lors de la dernière brocante des Hannetons, ouverte aux professionnelles et aux particuliers, ce sont plus de 150 personnes qui se sont présentés le long des rues pour proposer les objets les plus divers. Ils ont aussi la responsabilité des fêtes républicaines du 14 juillet avec spectacle pyrotechnique, ainsi que de nombreuses autres activités. En préparation, l'an 2000 et des idées originales fondées sur l'Histoire.
La MJC, Maison des jeunes et de la Culture d'Asnières et l'Amicale laïque proposent des activités diverses, tout comme la Musique Municipale dirigée par Jean Pierre Taillandier. Cette dernière structure musicale est une harmonie dont la disponibilité pour jouer fait l'admiration de beaucoup. Un répertoire très abordable, avec une orientation " musiques de films " est apprécié des Berrichons.

Asnières-les-Bourges conserve son histoire et son particularisme, et les " anciens " cultivent ce patrimoine. La génération actuelle est beaucoup plus détachée par rapport aux problèmes religieux, et le village est perçu comme un havre de paix et de qualité de vie, à deux pas du centre-ville. La présence d'un maire-adjoint, aujourd'hui Jean Bernard Milliard, adjoint spécial d'Asnières, conserve des prérogatives importantes, puisqu'il peut célébrer des mariages dans ce qui est la mairie annexe.

Pour en savoir plus, il faut se procurer un fascicule réalisé par une association : " mémoires d'Asnières hier " et la thèse de M. Bouquin disponible aux archives de la ville.

QUELQUES CHIFFRES (BR du 16/11/2002 de Bertrand Philippe)

Asnières en 1999 possédait 3741 habitants :
ouvriers = 500, employés = 432, commerçants, artisans = 104, 
1428 personnes de plus de 15 ans ont un emploi.


Contribution de Monsieur  A. Ch :

Il est absolument ridicule et erroné d'appeler les habitants d'Asnières  les "hannetons". En fait l'on devrait les nommer les
asnetons, car le mot est plus en rapport avec la pays, mais évidement  moins bien accepté puisque possédant  la
racine  issue du mot  : âne.  Tous les pays  désignés par  le nom d'Asnières, étaient  des petits villages pourvoyeurs
d'un animal très recherché à l'époque : l'âne, surtout quand il y avait  a proximité une cathédrale à construire. Sachez
qu'à Asnières-les-Bourges existe encore deux lieux désignés : la grande  augoenière et la petite augeonière , deux endroits
où les ânes venaient boire. Nous n'avons rien a voir avec  cet insecte  prédateur qu'est le hanneton!
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