Asnières-lès-Bourges
n'est pas une commune autonome, elle le fut parfois au cours
de 'histoire, en particulier sous la Révolution. Aujourd'hui,
ce bourg appartient à la commune de Bourges, avec toutefois,
particularisme oblige, un maire-adjoint spécialement chargé
d'Asnières et une " mairie annexe " dans laquelle
peuvent être célébrés des mariages.
Asnières n'a pas une histoire ordinaire, Calvin, un jour
de Toussaints 1530 va façonner de manière spécifique
la vie de ses habitants. Aujourd'hui encore, il reste quelques
réminiscences de cette lointaine époque.
Dernière particularité, les habitants de ce bourg
s'appellent des " hannetons " ou "asnetons" !
(cette terminologie n'est pas acceptée par tout le monde
, cliquer
ici)
Le fait d'avoir découvert
sur le site d'Asnières une épée de bronze
datant de plus de 500 ans av JC ne signifie pas que le village
puisse être daté de cette époque. Tout au
plus que des guerriers ont perdu cette arme il y a plusieurs
siècles et qu'il s'agissait d'une importante zone de passage.
Avec davantage de certitudes, Asnières, à la limite
de Feularde, comporte une villa gallo-romaine qui pourrait dater
du début des grandes invasions de la région, c'est
à dire vers cinquième siècle.
Pendant des siècles, Asnières
située en dehors de la muraille des remparts est accrochée
à la ville de Bourges, elle dépendait de la paroisse
Saint-Privé. Au Moyen-Age, il n'y avait pas d'église,
mais une simple chapelle et les grandes cérémonies
traditionnelles se déroulaient à Saint-Privé.
C'est alors un village agricole avec beaucoup de prairies le
long des ruisseaux du Moulon et du Sandin. L'élevage est
important avec les ânes, mulets chevaux et vaches.
ASNIERES ET LA REFORME
Un premier virage historique se déroule
au XV ième siècle, avec l'avènement puis
le développement de la Réforme. A cette époque,
Bourges possède une grande université, et reçoit
de prestigieux professeurs, dont certains enseigne la religion
nouvelle. C'est ainsi que Jean Calvin, en 1530 vient à
Bourges étudier le droit et la théologie. La légende
affirme que Calvin, juché sur une pierre place Gordaine
prononça ses premiers sermons pour le protestantisme.
Ce serait Calvin qui aurait évangélisé Asnières,
le jour de la Toussaint en l'an 1530. La tradition affirme qu'il
rencontra un homme d'Asnières sur le pont de la mariée
qui permettait de traverser le Moulon. Ils discutèrent,
sans doute longuement.... et Calvin convertit l'homme à
la religion nouvelle, c'était dit-on le début des
conversions à Asnières. Le village avait alors
600 habitants, et la population se divisa rapidement en deux,
les uns restaient catholiques et d'autres embrassaient la religion
protestante. Ces derniers étant alors regroupés
dans deux quartiers, celui de l'Aujonnière et celui du
Puits Neuf.
La religion marquera à jamais
ce village. Pendant les guerres de religion, les habitants d'Asnières
prirent leur part au désordre.
C'est ainsi que les troupes protestantes du comte de Montgoméry
s'emparèrent de Bourges pourtant fortifiée, grâce
aux habitants d'Asnières qui construisirent un pont de
bois pour assurer l'assaut. Au soir de la chute de Bourges, certains
s'en prirent à la cathédrale, décapitèrent
les sculptures de la façade et entreprirent de faire sauter
l'édifice. Ils furent stoppés à temps. Lors
de la Saint Barthélémy, en France et à Paris,
le Berry ne fut pas épargné. Des massacres se déroulèrent
aussi à Bourges fin août 1572. Les catholiques berruyers
voulurent aller tuer les protestants d'Asnières. Sur la
route, ils rencontrèrent des coreligionnaires qui leur
assurèrent que tout était fini à Asnières
et persuadés qu'ils ne restait plus de protestants vivants
à Asnières, ils rebroussèrent chemin. C'était
faux, les protestants d'Asnières avaient été
sauvés par les catholiques du même village ! Ce
sera une constante, semble-t-il, s'il y avait un désaccord
doctrinal, il n'y aura jamais d'affrontement dans le village
d'Asnières entres les deux communautés pourtant
rivales.
Après ces événements dramatiques, et par
crainte de la suite, beaucoup de protestants de la région
s'en allèrent en Allemagne et en Suisse.
Après la promulgation de l'Edit
de Nantes, il y eut comme un souffle de liberté religieuse.
Les protestants purent enterrer
leurs morts dans un cimetière " à eux ",
et construisirent un temple. Mais Bourges étant une ville
épiscopale, le culte public restait interdit.. La révocation
de l'Edit de Nantes par Louis XIV fut un triste moment pour Asnières.
Mais dans ces périodes troubles, beaucoup restèrent
dans le village, et les abjurations de certaines familles ne
furent qu'un moyen de vivre en paix sans pour autant renier leur
foi. Les protestants continuèrent de pratiquer leur culte
en cachette, avec parfois l'aide de pasteurs itinérants.
Lors des Etats Généraux, seuls les catholiques
purent présenter des cahiers de Doléances. Et en
1793, Asnières dans le flot des idées généreuses
de l'époque devint une commune autonome, cela ne durera
que 2 ans, la mésentente des deux communautés supprima
cette autonomie.
Asnières reste imprégné de cette dualité
religieuse, aujourd'hui encore même si chacun admet que
l'autre puisse prier autrement. Le bourg reste, pour les Berrichons,
un " fief " de la religion protestante, comme Sancerre
ou Lignière. Le seul personnage historiquement célèbre
né à Asnières n'est-il pas un pasteur protestant
?
UN ENFANT DU PAYS
: FRANCOIS COILLARD
C'est le 17 juillet 1834 que naît
à Asnières, dans la rue de la Grande Aujonnière,
François Coillard qui restera un des grands missionnaires
protestant du XIX ième siècle, évangélisant
en particulier le Zambèze.
Il est formé à l'institut protestant de Glay et
où naît sa vocation de missionnaire. Il commence
sa carrière religieuse en Afrique australe, très
exactement au Lessouto en 1857. Les difficultés sont considérables,
et le jeune missionnaire les affronte, encouragé par son
épouse Christina Mackintosh. Le jeune couple vit au Natal
avec les zoulous, puis au Zambèze, avec parfois plus d'échecs
que de réussites.
Pendant trente ans, Coillard va parcourir une partie de l'Afrique,
évangélisant, construisant des temples, et ouvrant
des missions. Il essayera d'apporter la parole de Dieu, mais
aussi le savoir et la santé pour ces peuples dans la misère.
La mort de sa femme en 1891 sera très douloureusement
ressentie.
Il reviendra en Europe et à Asnières en juin 1897.
Il revoit son pays, et profite de ce séjour pour recruter
des hommes et de l'argent afin de retourner au Zambèse,
qui devient son but et sa nouvelle patrie.
La maladie, les expéditions décimées et
le chagrin, ont raison de la santé de François
Coillard qui meurt à l'âge de 70 ans, il est inhumé
aux côté de son épouse à Séfoula
en 1904, il avait 70 ans.
C'est en 1950 que le bourg d'Asnières rend hommage à
son grand homme, le maire de Bourges André Cothenet inaugure
la rue François Coillard en plein centre d'Asnières.
L'EGLISE ET LE TEMPLE
C'est en 1801 qu'Asnières forme
une paroisse catholique à part entière, elle reçoit
un curé qui entreprend de faire construire une église.
Ce sera assez long, et le clocher de cette église catholique
est construit en 1847, mais il est ne résiste pas et s'écroule
alors que les travaux ne sont pas terminés. Il sera remonté
quelques années plus tard et abrite pas moins de trois
cloches.
Avec Sancerre, Asnières étant
caractérisée par l'importance de la " colonie
" protestante. Le temple protestant
d'Asnières est construit au début du XIX ième
siècle, et le clocher quelques années plus tard,
en 1824, il reçoit alors une cloche baptisée "
Fanchette ", mais il faudra attendre deux ans pour qu'elle
soit autorisée à sonner. Aujourd'hui, le lieu de
culte a été transporté à Bourges
rue Jean Jaurès dans le Bourges intra-muros...... et le
temple d'Asnières a été vendu à une
loge de francs-maçons baptisée " Jacques Coeur
" qui l'utilisent pour leurs cérémonies.
AGRICULTURE ET INDUSTRIE
Asnières est une commune agricole
au début du XIX ième siècle. L'élevage
du mouton devient très important. Il se développa
pendant près d'un demi-siècle, pour diminuer progressivement
jusque vers 1890. La concurrence de l'hémisphère
sud et la demande plus faible de laine furent à l'origine
de cette chute.
La culture du chanvre se s'accroît compte tenu du
sol et du paysage, très favorable à cette plante.
Mais les difficultés là encore prirent le dessus
sur le développement. Le problème des débouchés
n'était pas évident, d'autant plus que les toiles
de chanvre furent remplacées par le calicot dans de nombreux
usages. Confiné à la corde et aux sangles, la production
de chanvre diminua jusqu'à l'extinction.
Enfin, la vigne, qui était très importante dans
de nombreuses exploitation fut victime du phylloxera qui apparu
en 1881. Le Cher subit cette crise de plein fouet et la vigne
disparut d'Asnières. Elle ne fut replantée que
dans les terroirs les plus riches, donc en faibles surface.
Eleveurs, cultivateurs de chanvre et vignerons durent se reconvertir.
Certains s'en allèrent travailler dans les grandes
propriétés du département du Cher mettant
leurs bras au service des grands exploitants céréaliers.
D'autres partirent chercher du travail dans les usines de Bourges.
La notion de " village " disparut peu à peu,
et les jeunes d'aujourd'hui vivent à Asnières comme
ceux de Trouy ou de Fussy, sans trop prendre en compte la particularité
de leurs ancêtres. Beaucoup de nouveaux arrivants s'installant
dans les quartiers périphériques.
VIE ASSOCIATIVE ET
LOISIRS
La vie associative d'Asnières est
très fournie, le comité des fêtes est "
le véritable moteur auquel les associations doivent se
raccorder pour avancer " déclarait le président
Robert Franier. Lors de la dernière brocante des
Hannetons, ouverte aux professionnelles et aux particuliers,
ce sont plus de 150 personnes qui se sont présentés
le long des rues pour proposer les objets les plus divers. Ils
ont aussi la responsabilité des fêtes républicaines
du 14 juillet avec spectacle pyrotechnique, ainsi que de nombreuses
autres activités. En préparation, l'an 2000 et
des idées originales fondées sur l'Histoire.
La MJC, Maison des jeunes et de la Culture d'Asnières
et l'Amicale laïque proposent des activités diverses,
tout comme la Musique Municipale dirigée par Jean Pierre
Taillandier. Cette dernière structure musicale est une
harmonie dont la disponibilité pour jouer fait l'admiration
de beaucoup. Un répertoire très abordable, avec
une orientation " musiques de films " est apprécié
des Berrichons.
Asnières-les-Bourges conserve son
histoire et son particularisme, et les " anciens "
cultivent ce patrimoine. La génération actuelle
est beaucoup plus détachée par rapport aux problèmes
religieux, et le village est perçu comme un havre de paix
et de qualité de vie, à deux pas du centre-ville.
La présence d'un maire-adjoint, aujourd'hui Jean Bernard
Milliard, adjoint spécial d'Asnières, conserve
des prérogatives importantes, puisqu'il peut célébrer
des mariages dans ce qui est la mairie annexe.
Pour en savoir plus, il faut se procurer
un fascicule réalisé par une association : "
mémoires d'Asnières hier " et la thèse
de M. Bouquin disponible aux archives de la ville.
QUELQUES CHIFFRES
(BR du 16/11/2002 de Bertrand Philippe)
Asnières en 1999 possédait 3741 habitants :
ouvriers = 500, employés = 432, commerçants, artisans = 104,
1428 personnes de plus de 15 ans ont un emploi.
Contribution de Monsieur A. Ch :
Il est absolument ridicule et erroné d'appeler les habitants d'Asnières les "hannetons". En fait l'on devrait les nommer les
asnetons, car le mot est plus en rapport avec la pays, mais évidement moins bien accepté puisque possédant la
racine issue du mot : âne. Tous les pays désignés par le nom d'Asnières, étaient des petits villages pourvoyeurs
d'un animal très recherché à l'époque : l'âne, surtout quand il y avait a proximité une cathédrale à construire. Sachez
qu'à Asnières-les-Bourges existe encore deux lieux désignés : la grande augoenière et la petite augeonière , deux endroits
où les ânes venaient boire. Nous n'avons rien a voir avec cet insecte prédateur qu'est le hanneton!
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