On
confond assez souvent, en Berry et ailleurs, "les"
Bourdaloue. Car Bourges possède deux célébrités
portant le même nom, sans aucune relation familiale semble-t-il.
Il s'agit de Louis Bourdaloue, le prédicateur,
à qui l'on doit d'interminables, mais beaux sermons, un
chapeau orné d'un ruban et surtout le vase de nuit qui
porte son nom.
Mais le Bourdaloue de cet article, né
à Bourges est un des grands ingénieurs du XIX e
siècle, on lui doit, entre autre, le nivellement de la
France.
Paul Adrien Bourdaloue est un berruyer,
né en 1798, il fut, sa vie durant, un grand ingénieur.
C'est grâce à sa science et à son action,
qu'il permet à Ferdinand de Lesseps le percement du canal
de Suez. En effet, Bourdaloue s'était
spécialisé dans les mesures géodésiques,
et c'est lui qui va établir le nivellement de la zone
du célèbre canal, donnant un outil considérable
lors de l'établissement des plans. Pour la première
fois, Bourdaloue procède au nivellement de notre pays.
Entre les années 1857 et 1863, il met en place un réseau
de 15 000 repères en fonte scellés: ce sont les
premières lignes de niveau de la France.
Paul Adrien Bourdaloue sera
le premier géodésien français. Il est enterré dans le vieux cimetière
des Capucins à Bourges. Sa tombe, de forme pyramidale,
évoque l'Egypte, et au pied d'une des quatre faces, un
de ces repères indique l'altitude du lieu.
Le Legs
de Bourdaloue
C'est le 2 avril 1870 que le Conseil Municipal
de Bourges accepte le projet dressé et présenté
par Emile Tarlier. Cet architecte et sculpteur est arrivé
premier au concours qui avait été organisé
pour édifier une fontaine sur la Place de l'Arsenal, et
répondre ainsi au testament olographe rédigé
par Paul Bourdaloue, le 16 mai 1868.
Bourdaloue
à la fin de sa vie avait été élu
Conseiller Municipal de Bourges, et dans son testament, il avait
donné une forte somme d'argent pour créer plusieurs
oeuvres d'art à Bourges. En plus de l'argent, il donnait
un anneau en or, garni de onze diamants et provenant d'un don
de l'Empereur de Russie, à cela s'ajoutaient deux médailles
en or et trois en argent, décernées lors des expositions
universelles de Londres et Paris. Le tout sera évalué
à 1300 francs.
Madame Veuve Bourdaloue, avec l'argent
du legs de son mari, qui s'élevait à 8000 francs,
et celui des objets vendus demanda que soient érigés
deux bustes et une fontaine. C'est cette fontaine qui, bientôt,
sera inaugurée Place de L'Arsenal, devenue depuis Place
de la Préfecture ou encore Place Marcel Plaisant.
Cette fontaine a donc une curieuse origine, et ce n'est pas terminé.
Comme le legs n'était pas suffisant pour les trois oeuvres
d'art prévues, Madame Bourdaloue s'était "engagée
à donner gratuitement à la ville, les grandes vasques
en fonte formant le château d'eau actuellement placé
sur la terrasse de son jardin". Et c'est ainsi que les architectes
durent composer avec ces vasques.
La première proposition de Tarlier s'intitulait "les
Bituriges", elle remporta le concours devant une oeuvre
appelée "décembre 1859". Mais elle était
proposée au prix de 7900 francs, alors que le niveau maximum
avait été prévue à 6000 francs, il
fallait en effet tenir compte du coût des bustes...
Finalement, avec les deux vasques provenant des hauts fourneaux
de Desforges et Festugières, maîtres de forges,
Tarlier composa le motif principal avec l'aide du statuaire Martin.
Il s'agit très certainement d'Isidore Martin, l'auteur
du Salon de la Victoire à Bourges.
Ce Martin était né à
Orval, et il travailla pour le prix modeste de 400 francs. C'est
le Marquis de Vogüe qui fournira la partie principale du
motif, dans la fonderie de son usine de Mazières.
Paul Adrien Bourdaloue avait exigé que "sa fontaine"
soit construite dans les six ans suivant sa mort, il devait craindre
la lenteur berrichonne.
Cette fontaine représente sur un socle de pierre, trois
lionnes ailées, et au sommet, au dessus des deux flasques,
un enfant. Sur le devant de la fontaine, une sculpture d'un autre
enfant chevauchant un poisson est très agréable,
ce pourrait être une carpe ou un dauphin. C'est la photographie
de la couverture de cet ouvrage.
Il y a quelques années, cette fontaine s'oxydait et une
réfection fut entreprise, le résultat n'est pas
totalement satisfaisant, il est difficile et coûteux de
maintenir en état notre patrimoine.
Et puis en 2003, quelques personnes,
une nuit de "beuverie" sans doute, ils montèrent
sur la vasque supérieur et.... tout s'écroula :
la fontaine était détruite. La municipalité
cherche depuis cette date, d'une part de l'argent et surtout
une firme capable de refondre ces vasques.
En 2007 et 2008, il fut décidé
de refaire ces vasques.
Comment orthographier Bourdaloue ?
Si le nom du prédicateur, père
jésuite Bourdalou(e) est correctement orthographié,
il n'en est pas de même de celui de Paul-Adrien Bourdalouë,
ingénieur géographe et auteur d'un nivellement
général de la France. pour lui, le tréma
sur le "e" s'impose (encyclopédie Larousse
).