Une histoire lointaine et prestigieuse
Les dernières recherches des archéologues
montrent que la cité berruyère dont le nom "Avaric"
signifiait "la Ville des eaux", était déjà
importante vers l'an 800 avant Jésus-Christ avec la civilisation
des Hallstatt. Ils avaient construits une cité sur un
promontoire entouré de marais. Les Gaulois étaient
d'habiles forgerons, sans doute à l'origine de l'invention
de l'étamage, ce qui leur permettait, déjà,
d'être des fournisseurs d'armes.
Cité florissante, Jules César " écrira
" qu'il s'agit d'une des plus belles ville de la Gaule.
En 52 av J.C. il en fera le siège, et les légions
romaines viendront à bout des Gaulois au cours d'un véritable
massacre. La Ville comprenait dit-on 40 000 habitants, moins
de 800 en réchappèrent.
Les Romains reconstruiront la cité qu'ils avaient détruite,
et la " Paix gallo-romaine " durera plusieurs siècles.
Ce sera l'époque des grandes constructions, un Théâtre,
situé sous la place de la Nation, un Capitole, des rues,
une Fontaine monumentale, des sculptures somptueuses et un rempart
encore visible aujourd'hui.
Au IIIe siècle une religion nouvelle se développe
avec saint Ursin qui évangélise les Bituriges,
nouveau nom des habitants de la région. Les premières
Eglises à la gloire du Dieu nouveau commencent à
s'édifier.
Pourtant, Avaricum ne va pas résister au Ve siècle
à l'arrivée des Wisigoths. Devenue Bourges, la
cité subit des infortunes diverses. C'est la lutte contre
la peste, contre les barbares comme les Normands, le tout accompagné
de famines meurtrières.
L'âge d'or
Les siècles passent, avec
ce Moyen Age si mal connu. Vers 1180, sous Philippe Auguste,
Bourges construit une nouvelle enceinte, avec une grosse Tour,
haute de 38 mètres et d'un diamètre de 24 mètres.
Il s'agissait de se défendre contre les Anglais qui occupaient
l'Aquitaine, et venaient piller les faubourgs de la Ville.
Les Grandes Heures de Bourges peuvent se situer à partir
de 1195. A cette époque, le clergé local avait
commencé à édifier une église, les
travaux stagnaient et le style de l'édifice n'était
pas très original.... c'était du " roman vieillissant
". A Paris, à Chartres, ou dans la vallée
de la Somme, de grandes Cathédrales se construisaient.
L'évêque de Bourges, Eudes de Sully, décida
alors de remplacer l'église romane existante par une cathédrale
résolument gothique, avec des ogives, des arc-boutants
extérieurs, des fenêtres encore plus ajourée.
C'est le début de la construction de la Cathédrale
de Bourges, sous l'impulsion du Premier Maître Maçon
de Bourges. Le résultat est un Chef d'Oeuvre, une des
plus belles réussite du monde occidental.
Au XIVe siècle, le fils de Jean le Bon devient duc de
Berry. Ce personnage fascinant se révèle un mécène
de qualité. Il fait construire un Palais, puis une Sainte
Chapelle et favorise toutes les formes d'arts. On lui doit le
livre des "Très Riches Heures du Duc de Berry",
une oeuvre unique d'une beauté rare.
C'est le début de la grande Epoque de Bourges. La France
est réduite à une peau de chagrin et le roi Charles
VII se réfugie en Berry. Il devient le "Petit Roi
de Bourges". C'est tout de même lui qui boutera hors
de France les Anglais. Son fils, Louis XI naîtra en 1423
dans le centre ville.
Deux personnages fabuleux apparaissent à cette époque.
C'est d'abord un Berruyer : Jacques Coeur, c'est ensuite Jeanne
d'Arc venue de Lorraine. Le premier devient un grand commerçant.
Il est l'inventeur des multinationales. Son Palais qui porte
son nom nous rappelle à son souvenir, c'est le héros
berruyer par excellence.
Jacques Coeur devenant le Grand Argentier du Roi Charles VII,
prêtera beaucoup d'argent et.... suscitera la jalousie
de toute une partie de la Cour. Accusé d'avoir, entre
autres méfaits empoisonné la belle Agnès
Sorel, il est arrêté, emprisonné et torturé.
Le Roi, ingrat, ne vient pas à son secours, mais lui prend
sa fortune !
Autre figure monumentale de cette époque : Jeanne d'Arc.
Sa vie "publique" ne dure que 2 ans, et elle passe
environ une année en Berry chez " dame Touroulde
", à Bourges. Puis elle s'en va délivrer Orléans,
est capturée quelques mois plus tard. Le roi, toujours
le même, ne fait rien non plus pour la sauver des flammes.
Autre monarque de cette époque, Louis XI n'a pas beaucoup
d'égards pour sa ville natale. Il installera pourtant
en 1463, à Bourges, une Université comprenant cinq
sections. C'était moins par amour de la cité que
pour lutter contre la puissance de l'Université de Paris.
Bourges accueille les plus grands esprits de l'Europe. Des Maîtres
comme Alciat, Wolmar, Cujas ou Amyot viennent enseigner dans
cette Université. Le réformateur Calvin est un
temps berruyer, il suit des cours à l'Université
et c'est sans doute à Bourges qu'il élabore sa
pensée pour la Réforme. De nombreux lieux évoquent
aujourd'hui encore son passage.
Le lent déclin
La puissance de Bourges s'achève
dans les flammes le 22 juillet de l'année 1487. Le jour
de la Sainte Madeleine, un incendie gigantesque se déclare,
les habitations en bois ne résistent pas. Attisées
par un vent violent, plus de 2000 maisons auraient été
détruites. Il faudra des siècles pour que les Berruyers
s'en remettent.
Le XVIe siècle est celui de belles constructions. L'Hôtel
des Echevins pour la municipalité qui avait vu partir
en fumée tous ses documents. l'Hôtel Cujas, datant
de 1515, et édifié par un riche marchand transalpin,
mais aussi les chapelles de la Cathédrale, tout cet apport
est placé sous le signe d'une architecture de style gothique
avant de faire place à un style "Renaissance"
lors de la seconde campagne des travaux de l'Hôtel Lallemant,
ce paradis des alchimistes.
Les guerres de religion n'épargnent
Bourges. Une partie des statues de la cathédrale est détruite
lors d'une incursion des protestants du Comte de Montgoméry,
et certains de ses soudards voulurent même dynamiter les
tours du prestigieux édifice.
Sous le "Grand Siècle" de Louis XIV, Bourges
est de plus en plus pauvre. Les manufactures ne s'implantent
pas et les seuls travaux à retenir concernent l'édification
d'une grande place par un parent de Colbert, M. Dey de Séraucourt.
Il fait réaliser ce travail en employant des chômeurs
et donne son nom à l'esplanade.
A cette époque le Palais du duc Jean tombe en ruine, et
le roi fait démolir la Grosse Tour de Bourges, il avait
quelque ressentiment après la Fronde de Condé.
Quelques constructions vont survenir, comme le Palais Archiépiscopal,
situé juste en face de la Cathédrale, le Grand
Séminaire et le Couvent des Ursulines.
La Révolution de 1789 arrive. Les Berruyers voient passer
la tourmente. Ils restent calmes et toujours très "légalistes".
Quelques manifestations très symboliques mais jamais de
débordement. La Cathédrale n'est pratiquement pas
abîmée, et la Terreur ne fait à Bourges que
trois malheureuses victimes.
Le renouveau par l'industrie
Le temps passe, Napoléon
ne vient pas à Bourges, lui qui est passé partout
! et c'est son neveu qui redonne à la Ville une chance
nouvelle, il amène ce qui manquait : l'industrie. Napoléon
III est en effet à l'origine de l'installation des Etablissements
Militaires. Le Bourges nouveau date du milieu du XIXe siècle
C'est donc avec des atouts mitigés que Bourges aborde
le XXe siècle. Une industrie militaire s'affirme dans
un environnement berrichon resté très agricole.
Plus tard, en 1928, une entreprise de production d'avions s'implante,
elle deviendra Aérospatiale, une des toutes premières
firmes de fabrication de missiles avec les célèbres
Exocet ou les missiles nucléaires.
La guerre de 14/18 devient pour la cité, un point stratégique
important par la présence des fabrications d'armements,
la ville comprend alors 100 000 habitants, et la présence
toute proche de la base aérienne d'Avord, camp d'entraînement
de tous les pilotes du moment.
L'entre-deux guerres sera l'époque des grandes constructions,
Bourges s'éveille. La ville change et embellit.
La triste période de 1940 place la cité en zone
occupée, à deux pas de la ligne de démarcation.
C'est le temps du " Franciscain de Bourges ", ou des
maquis du colonel Colomb, alors que se déroulent des drames
comme celui des puits de Guerry et du sinistre Paoli.
Depuis un demi-siècle, les responsables locaux modifieront
constamment la ville, tout en respectant son patrimoine. Des
monuments seront restaurés, d'autres construits avec une
fonctionnalité nouvelle.
Une économie moderne
Pendant un siècle, Bourges
et son agglomération ont bénéficié
d'une certaine protection grâce aux fabrications basées
sur l'armement. Après 1990, la chute du mur de Berlin
et la guerre du golfe, une diminution considérable des
besoins en armement dans le monde. Bourges a été
touché de plein fouet par cette chute des marchés.
Les plans sociaux se sont multipliés, et des entreprises
de 4000 employés se sont retrouvées avec un petit
millier de personnes dix ans plus tard. La reconversion des industries
d'armement vers des activités civiles ne sont pas simples.
Les tentatives effectuées à la fin des deux guerres
mondiales, en 1919 et 1945 se sont soldées par des échecs.
Giat-Industrie ou Aérospatiale recherchent des créneaux
porteurs dans des industries voisines de leurs fabrications traditionnelles,
c'est à dire en utilisant la haute technologie et la compétence
des équipes en place.
L'ensemble des acteurs économiques de l'agglomération
mise sur la pérennité d'un pôle d'armement
qui regroupera des sites aujourd'hui dispersés, et sur
une certaine forme de diversification. La modernisation des moyens
d'études, de production et d'essais de ces dernières
années, pour les entreprises locales, est une source d'optimisme.
Image culturelle et environnement de qualité
Bourges, par la grâce de
Malraux dans les années 1960 s'est forgée une image
de belle cité culturelle. La Maison de la Culture fonctionne
encore trente ans après sa création, avec toutes
les formes d'art. Elle a participé à des essaimages,
avec le Printemps de Bourges, prestigieux festival de chansons,
mais aussi l'Institut de musique expérimentale, un centre
de recherche musical connu par les spécialistes du monde
entier.
La présence d'une école supérieure des Beaux-Arts,
et les manifestations qui en découlent, comme le festival
bandimage ou les expositions de La Box montrent la présence
de l'art contemporain dans une cité médiévale.
La culture est multiple et la donation du peintre Maurice Estève
ou les travaux archéologiques de Jacques Troadec donnent
une idée de la variété des approches du
milieu de la culture ou de la recherche.
Le visiteur ou le nouvel arrivant est généralement
surpris par l'environnement de cette agglomération industrielle.
Les zones vertes sont multiples et d'un accès simple....
après quelques renseignements auprès des propriétaires.
La présence d'un vaste plan d'eau de nombreux marais qui
enserrent la ville de Bourges, permettent une oxygénation
maximum du citadin. Des espaces naturels comme la " réserve
d'orchidées " à La Chapelle Saint-Ursin sont
assez remarquables. Le canal de Berry qui traverse Plaimpied,
Bourges ou Marmagne est un atout considérable. La proximité
de bois et chemins sur les communes environnantes comme Le Subdray,
Pigny, Vasselay, Trouy, Soye-en-Septaine ou Osmoy est un gage
de promenades agréables à vélo ou à
pied.
Les forces nécessaires pour demain
L'image de Bourges et de son
agglomération est contrastée. C'est une ville tranquille,
avec un incontestable art de vivre. La qualité de vie
est un atout pour demain même si il est difficilement mesurable.
Ces trente dernières années apparaissent un muséum,
une Maison de la Culture, des stades, une école militaire,
et des lieux multiples de culture et de loisirs, la manifestation
annuelle du Printemps de Bourges en étant le symbole.
Des communes de l'agglomération participent à ce
mouvement, c'est le cas de Fussy, avec le salon du livre ou le
musée de la Résistance.
La présence de zones commerciales importantes vers Saint-Doulchard
et Saint-Germain-du-Puy même en concurrence avec le commerce
du centre-ville sont des éléments d'équilibre
important pour les consommateurs.
Ville d'art et d'histoire, Bourges est connue par l'importance
de son domaine patrimonial. Le développement du tourisme,
avec une consonance culturelle apparaît comme un atout
très fort pour l'avenir. Ce n'est que récemment
que les responsables locaux ont pris conscience que le tourisme
devenait une véritable industrie, mais qu'il fallait la
valoriser et investir dans ce domaine.
Mais une cité moyenne ne peut se développer sans
le soutien de sa jeunesse et de l'université. C'est sans
aucun doute la clé de la réussite de demain. Les
étudiants donnent le " la " dans une ville.
Leur dynamisme, leur sérieux et leur turbulence sont une
nécessité vitale.
La prise de conscience de la notion d'agglomération n'est
pas innée chez les habitants de Bourges et de " la
périphérie ". Les progrès en ce domaine
sont faibles, et si les transports urbains ont fait l'objet d'un
accord de type intercommunal, il est de nombreux cas ou les querelles
de chapelle ou la crainte d'une hégémonie de la
" grande ville " n'ont pas permis d'avancées
substantielles et indispensables. L'exemple de zones industrielles
concurrentes pour des implantations d'entreprises est un exemple
négatif et désolant. Développer une "
conscience d'agglomération ", ce sera le pari des
dix ans à venir.
Bourges et son agglomération retrouve patiemment une Université,
développe ses atouts culturels et touristiques, participe
à des épopées sportives au niveau européen
et s'ancre dans la catégorie des villes moyennes, de haute
technologie, dans lesquelles il fait bon vivre.
LES COMMUNES ENVIRONNANTES
De manière naturelle se
sont crées des communes dans la " campagne berruyère
", le développement est assez récent, ce furent
d'abord des villages essentiellement agricoles, avec quelques
fermes importantes permettant d'assurer les éléments
de subsistance de la Ville. Puis l'apport de l'industrie depuis
un siècle a totalement modifié la structure des
communes.
L'accroissement des populations à Trouy, Saint-Germain-du-Puy
ou encore La Chapelle-Saint-Ursin et Fussy s'est effectué
pour répondre au besoins des industries d'armement. Il
fallait loger ces milliers de travailleurs. Ce seront des cité
à base de lotissements, chaque maison comportant un pavillon
et un petit espace de jardinet. Peu à peu ces communes
se sont développées de manière autonome,
avec une industrialisation importante, et un accueil du commerce
nouveau de grandes surfaces.
L'amélioration des moyens de communication pour "
aller travailler à la ville " va permettre dans les
années 1970 à de nombreuses familles aux moyens
parfois modestes de devenir propriétaire d'une petite
maison dans un village de l'agglomération. C'est ainsi
que les employés d'Aérospatiale, Michelin ou des
" établissements militaires " se feront construire
des maisons d'habitation à Morthommier, Pigny, Vasselay
ou Moulins-sur-Yèvre et Marmagne.
Chaque commune, avec son caractère propre développe
une activité et une animation pour ses administrés.
Les salles des fêtes sont crées, à Pigny,
Saint-Michel-de Volangis ou Morthomier, ainsi que des stades
de football à Saint-Germain-du-Puy ou Plaimpied. Des zones
pour l'industrie et l'artisant voient le jour avec parfois beaucoup
de bonheur comme à Saint-Germain-du-Puy, le Subdray ou
La Chapelle-Saint-Ursin.
Chacun veut permettre à ses concitoyens d'avoir un "
art de vivre " agréable, dans un village de la campagne,
tout en étant très proche de la " grande ville
" et de ses avantages en terme de culture de commerce et
d'animation.