Le canal de Berry- Roland Narboux - Bourges encyclopédie -

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LE CANAL DE BERRY A BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges, ne dites jamais le canal DU Berry, c'est redoutable. Il s'agit du canal DE Berry. Voici quelques éléments avec l'aide de l'association arecab et du conseil général pour le canal à vélo.

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Version 2009

 

Il est très difficile d'avoir un jugement sain sur cette grande aventure que fut le canal de Berry. Ce fut un grand projet dont l'idée remonte à plusieurs siècles. Ensuite, la construction ne fut pas un modèle du genre, en particulier au niveau de la qualité.

Il fut très utilisé mais d'une manière assez éphémère, et bientôt il ne répondait plus à l'économie d'alors et les responsables de l'époque le déclassèrent puis en rebouchèrent une partie.

Depuis, les associations et les pouvoirs publics recherchent à en faire un axe touristique pour le département du Cher.


L'idée du canal de Berry fut évoqué pour la première fois lors des Etats Généraux de Tours tenus par Louis XI en 1484. Lors des périodes d'assoupissement de la région, au XVII ième siècle, les Sully et autres Colbert reprendront divers projets qui n'aboutiront pas ! Il faudra attendre 1780 pour que le duc de Béthune Charost présente à l'Assemblée Provinciale un " Mémoire sur la navigation intérieure du Berry ".
C'est en 1807, par décret impérial, qu'est enfin décidée la construction du canal de Berry qui sera terminé en 1839. C'est une aubaine pour les forges située dans le quartier d'Auron et plus tard pour celles de Mazières.
Trois branches pour ce canal que relie Montluçon - Saint-Amand - Marseilles-les-Aubigny, puis Noyer en passant par Bourges et Vierzon. Une longueur totale de 320 kilomètres et une pente de 245 mètre exigeant 115 écluses, c'est à dire une tous les 3 kilomètres....


De 1840 à 1860, le trafic sur le canal sera multiplié par 3. Mais les difficultés apparaîtront assez vite. Sa largeur est trop faible, le franchissement des écluses de 2,7 mètres de largeur limite de manière considérable la taille des péniches. Certains parleront d'un ingénieur trop économe.... ce n'est pas le seul coupable. En fait, le canal de Berry reçoit uniquement de petits bateaux à fond plat, des péniches appelés des " berrichonnes ".
Avec l'accroissement du trafic par le train et la route, le canal, progressivement, se meurt. En 1865, 890 péniches circulent sur le canal, elles ne seront que 165 en 1939 et quelques dizaines après guerre. Un décret de déclassement en date du 1 er janvier 1955 est signé de Pierre Mendès France. Depuis, le canal de Berry a subit de graves outrages, comme son comblement au sud de Bourges pour faire passer une route entrant dans la ville. De l'autre côté, il sera laissé à l'abandon et ce n'est que depuis quelques années que plusieurs communes, comme Marmagne ou Dun se sont inquiétés de ce qui pourrait devenir ce lieu très écologique. Bourges commence à s'y intéresser......
Le charmes des promenades à pied ou à vélo le long du canal sont incomparables, mais d'importants travaux de désenvasement et d'amélioration des rives sont nécessaires et particulièrement coûteux.


1955 : LE CANAL DE BERRY A L'ABANDON

Le canal "de" Berry, car les anciens tiennent à cette appellation, a été terminé sur toute la longueur de ses trois branches en 1839. Il n'a pas été d'un coût très élevé puisqu'il a été creusé par des déserteurs et des prisonniers étrangers, aidés parfois par des gosses de 16 ans payés 1,5 francs par jour....
Ce canal, long de 320 kilomètres, comprenait 115 écluses, soit une écluse tous les 3 kilomètres. Pour les ouvrages d'art, notons 81 pont-levis, 75 aqueducs et 5 ponts canaux.
Les problèmes techniques d'abord, puis économiques ensuite, vont très vite commencer, le premier d'entre eux étant celui de l'alimentation en eau. Il faudra construire des réservoirs pour éviter que les mariniers ne soient à sec l'été, quant à l'hiver, la faible profondeur du canal et les glaces le rendaient impraticable. Enfin, le franchissement des écluses de 2,70 mètres de largeur empêcheront l'utilisation de péniches de grande capacité.
La qualité médiocre de la construction de l'ouvrage, l'économie des ingénieurs sur le "dimensionnement", et les restrictions budgétaires ne permettront jamais de considérer le canal de Berry comme un outil très performant, même s'il a joué un rôle important au XIXe siècle dans le développement économique du Cher, avec le transport du charbon et du minerai.

La France n'a jamais été un pays très porté vers les grandes voies d'eau navigables, elle a toujours préféré le chemin de fer, et aujourd'hui le camion.... Le canal de Berry va entrer dans une lente léthargie.
En 1865, on compte 890 péniches pour le transport du grain, du fourrage, du bois de chauffage et du minerai de fer, en 1939, il ne reste que 165 péniches. La guerre marque la fin réelle du canal, car la quantité de bateaux pouvant l'emprunter s'amenuise au fil des ans.

Au cours de l'année 1953, le gouvernement travaille à la mise en place de la procédure pour "déclasser" le canal, et la machine administrative se met en route. Le dossier pour permettre d'empêcher à moyen terme la fermeture de l'ouvrage ne trouve pas beaucoup de défenseurs..... sauf dans le milieu des pêcheurs.


Le 17 décembre 1953, le Conseil Général du Cher est réuni sur cette question, il est placé sous la Présidence de M. Jacquet, et doit donner son avis sur le projet de déclassement du gouvernement. Les conseillers dans leur ensemble sont favorables aux conclusions du gouvernement, même si, ajoute M. Touvet, "cet avis n'est pas pris de gaieté de coeur". Du côté des opposants, c'est plus un problème de principe sur "le manquement au sens de la conservation du patrimoine national" qui fait réagir M. Guerry, lequel qualifie cette décision de regrettable.


Pour certains, il suffirait d'éviter certains gaspillages d'eau et d'avoir quelques crédits pour faire revivre le canal. C'est l'avis de Mrs Sadrin, Ferragu et Mérigot qui voteront contre le déclassement.
Mais le vote se fait sans beaucoup de contestation, ils sont 18 à suivre le gouvernement et à admettre la fin du canal contre 7 à vouloir le maintenir en état. André Cothenet dira que ce canal depuis 40 ans est condamné, mais il demande que les sociétés de pêcheurs soient consultées avant la suppression de l'eau.
Il apparaît que le canal n'est plus utilisé par les bateaux et que sa remise en état coûterait plus de 1 milliard de francs..... et même s'il était aménagé, rien n'indique qu'il serait utilisé. C'est donc sans beaucoup de regrets que les notables berrichons du Cher "font une croix sur leur canal". La seule demande du Conseil Général consiste à exiger que des facilités soient accordées au cas où les collectivités désireraient maintenir en eau certains tronçons.

L'acte de décès du canal de Berry sera consécutif à l'article premier du décret du 3 janvier 1955 signé de Pierre Mendès-France qui stipule :

"le canal de Berry est fermé à la navigation et déclassé sur la totalité de son parcours, avec effet au premier février 1955. Les ouvrages déclassés seront remis au service des domaines".

Il est noté aussi qu'il y aura un maintien en eaux de quelques sections, les conseillers généraux avaient eu gain de cause ! Mais c'était avant tout pour maintenir l'activité du "parti des pêcheurs"..... qui sont aussi des électeurs.

Quant au canal de Berry, le linéaire sur la commune de Bourges est de 9,26 kilomètres.

Canal de Berry : La Bouinotte n° 37 (automne 1991)
Bulletin d'Information du Cher par Jean Yves Hugoniot
Bulletin Officiel Municipal de Bourges 1955.


Le canal de Berry à vélo :

Il s’agit ainsi de réaliser un itinéraire cyclable reprenant les principes d’une voie verte, en y intégrant la possibilité d’y enfouir éventuellement tous les réseaux pertinents, d’organiser la gestion de l’eau et des usages associés, de privilégier toute activité économique qui puisse s’intéresser au projet et enfin d’aménager les paysages de manière globale.

Le Conseil général en sa séance du 23 juin 2008 a décidé de fixer le montant prévisionnel du marché de maîtrise d’oeuvre pour l’étude de l’itinéraire cyclable du Canal de Berry à 520 000 € HT, et a autorisé la poursuite de cette opération, notamment pour les procédures de choix d’une équipe de maîtrise d’oeuvre et les études pour la réalisation de ce projet.
Le coût estimatif des travaux étant estimé à 20 000 000 € HT.pour ce « Canal de Berry à Vélo »,

Le projet proposé comporte plusieurs ambitions :


- l’aménagement d’une voirie dédiée aux circulations douces sur les bords du canal,
- la prise en compte de l’ensemble des réseaux susceptibles de distribuer les communes traversées ou proches de l’itinéraire (fibre optique, eau potable, électricité), à chaque fois que cela sera utile,
- la gestion de l’eau du canal et ses usages, étant précisé que ce projet ne consistera pas à remettre en eau le canal sur l’ensemble du tracé. Par ailleurs, et surtout, le respect et l’amélioration de la gestion de l’eau entre
le Canal et les milieux humides l’entourant devront être impérativement pris en compte,
- la mise en valeur du patrimoine du canal (ouvrages, écluses, maisons éclusières…),
- la prise en compte des paysages et leur traitement.

Il est proposé de faire de ce projet un vrai appel qui démarquera le territoire et contribuera à porter ses valeurs :


- développement par le tourisme,
- respect de l’environnement,
- mise en valeur de l’histoire et du patrimoine,
- diffusion de la technologie la plus large,
- accessibilité au plus grand nombre.

Cette voie d’eau déclassée en 1951, longue de 190 Km dans le Cher, reste la propriété de 35 communes, regroupées au sein de plusieurs syndicats géographiques, en charge de son entretien.
Le tracé de cette infrastructure fut et reste, dans l’histoire du Berry, un élément extrêmement structurant de l’économie locale, connu de tous, bien que délaissé sur de nombreux kilomètres, mais auquel ses habitants restent très attachés. Il relie les principales agglomérations du département et intéresse ainsi près des deux tiers de la population du Cher.
S’attacher à mettre en valeur cet ouvrage et en faire un vrai outil de promotion du territoire sont les enjeux d’un projet dont les contours précis sont à définir, en respect des valeurs portées par notre territoire : le respect de
l’environnement, la culture, le patrimoine.


Il existe un musée sur ce canal de Berry à Dun sur Auron, et une association ARECAB

Et dans le site de l'ARECAB, site très intéressant, nous avons extirpé quelques dates :

http://www.arecabe.org/html/canal-histoire-00.html

1484 Etats généraux de Tours qui évoque l'aménagement du Cher pour la navigation.
1545 à 1603- Sully puis Colbert étudient le projet et l'abandonnent.
1765-1772 Le duc de Béthune-Charost pense avec d'autres à un aménagement du Cher entre Tours et Vierzon et un creusement d'un canal entre Vierzon et le Bec d'Allier.
1786 Dotation pour les premiers travaux par l’Assemblée provinciale du Berry, mais le projet sera annulé sous la convention.
1807 Ordonnances de Napoléon 1er pour des études sur le canal.
1809 début des travaux (région Montluçon). Camps à Augy, Vallon, La Perche, Drevant, Charenton.
1810 - Revendication du Conseil Général du Cher: tracé par Bourges (vallées de la Marmande, de l’Auron, de l’Yèvre) - Nouvelle ordonnance impériale.
1811 (24 février) - Décret ordonnant l'étude d’un canal de Nevers à Vierzon.
1814 (9 décembre) - le Canal du Cher devient Canal du Duc de Berry.
1819 (22 décembre) - Tracé définitif fixé par ordonnance royale de Louis XVIII : le canal quittera le Cher à St Amand: vallée de la Marmande- Bassin de Fontblisse-vallée de l’Aubois, vallées de l’Auron et de l’Yèvre.
Le Canal sera construit sur le modèle des canaux Anglais à petit gabarit (5m largeur en plafond, écluses de 2,70m x 27,75m).
1820 - 40 km de Montluçon au pont de la Tranchasse (terrassement réalisé, maçonneries en attente)
1822 - Ressources du canal à partager pendant 40 ans (péages, affermage de la pêche, vente aux enchères du bois et du foin sur les terrains du canal.
1824-1828 - Creusement de canal de jonction Cher-Loire à Tours.
1828-1832 - Construction du pont-canal de la Tranchasse.
1829 - Ouverture à St Avertin / tours
1831 - Mise en service Bourges-Vierzon.
1832 - Traversée de Bourges
1834- Bourges-Montluçon.
1840 - Problèmes d'alimentation en eau : création d'étangs-réservoirs.
1845 - Les travaux sont terminés
1840-1846 - Etangs-réservoirs de Goule (sur l’Auron), et Pirot (sur la Marmande).
1865 - 890 Berrichonnes sur le Canal de Berry
1852 - L'Etat rachète les actions à la compagnie des 4 canaux.
1872 - Elargissement de la cuvette du pont-canal de la Tranchasse (de 3m à 5.20m).
1879 - Intervention de Freyssinet : élargissement des ponts-canal de la Tranchasse et de la Queuene.
1905 - Record du trafic fluvial.
1905-1915 - Début du déclin.
1915-1918 - recroissance du trafic.
après 1918 - Longue période de déclin.
1924 - Quasi abandon de la construction de péniches.
1932 - Mise en place de "L'affrêtement au tour". Inconvénient pour les "Berrichonnes" mal adaptées aux changements de cargaison.
1934 - Premier projet de déclassement.
1940 (mai) - Crue record du Cher ;nombreux dégats . La navigation est interrompue de mai 40 à février 41.
1944 - Ultime projet d'élargissement du Canal.
1952 - Lancement de la dernière berrichonne "Le derneier Dunois" à Dun-sur-Auron.
1953 (16 février) - Enquête en vue du déclassement.
1955 (3 janvier) - Décret de déclassement avec effet au 1er février et aliénation du Canal de Berry.

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