Il est très difficile d'avoir
un jugement sain sur cette grande aventure que fut le canal de
Berry. Ce fut un grand projet dont l'idée remonte à
plusieurs siècles. Ensuite, la construction ne fut pas
un modèle du genre, en particulier au niveau de la qualité.
Il fut très utilisé mais
d'une manière assez éphémère, et
bientôt il ne répondait plus à l'économie
d'alors et les responsables de l'époque le déclassèrent
puis en rebouchèrent une partie.
Depuis, les associations et les pouvoirs
publics recherchent à en faire un axe touristique pour
le département du Cher.
L'idée du canal de Berry fut évoqué
pour la première fois lors des Etats Généraux
de Tours tenus par Louis XI en 1484. Lors des périodes
d'assoupissement de la région, au XVII ième siècle,
les Sully et autres Colbert reprendront divers projets qui n'aboutiront
pas ! Il faudra attendre 1780 pour que le duc de Béthune
Charost présente à l'Assemblée Provinciale
un " Mémoire sur la navigation intérieure
du Berry ".
C'est en 1807, par décret impérial, qu'est enfin
décidée la construction du canal de Berry qui sera
terminé en 1839. C'est une aubaine pour les forges située
dans le quartier d'Auron et plus tard pour celles de Mazières.
Trois branches pour ce canal que relie Montluçon - Saint-Amand
- Marseilles-les-Aubigny, puis Noyer en passant par Bourges et
Vierzon. Une longueur totale de 320 kilomètres et une
pente de 245 mètre exigeant 115 écluses, c'est
à dire une tous les 3 kilomètres....
De 1840 à 1860, le trafic sur le canal sera multiplié
par 3. Mais les difficultés apparaîtront assez
vite. Sa largeur est trop faible, le franchissement des écluses
de 2,7 mètres de largeur limite de manière considérable
la taille des péniches. Certains parleront d'un ingénieur
trop économe.... ce n'est pas le seul coupable. En fait,
le canal de Berry reçoit uniquement de petits bateaux
à fond plat, des péniches appelés des "
berrichonnes ".
Avec l'accroissement du trafic par le train et la route, le canal,
progressivement, se meurt. En 1865, 890 péniches circulent
sur le canal, elles ne seront que 165 en 1939 et quelques dizaines
après guerre. Un décret de déclassement
en date du 1 er janvier 1955 est signé de Pierre Mendès
France. Depuis, le canal de Berry a subit de graves outrages,
comme son comblement au sud de Bourges pour faire passer une
route entrant dans la ville. De l'autre côté, il
sera laissé à l'abandon et ce n'est que depuis
quelques années que plusieurs communes, comme Marmagne
ou Dun se sont inquiétés de ce qui pourrait devenir
ce lieu très écologique. Bourges commence à
s'y intéresser......
Le charmes des promenades à pied ou à vélo
le long du canal sont incomparables, mais d'importants travaux
de désenvasement et d'amélioration des rives sont
nécessaires et particulièrement coûteux.
1955 :
LE CANAL DE BERRY A L'ABANDON
Le canal "de" Berry, car les
anciens tiennent à cette appellation, a été
terminé sur toute la longueur de ses trois branches en
1839. Il n'a pas été d'un coût très
élevé puisqu'il a été creusé
par des déserteurs et des prisonniers étrangers,
aidés parfois par des gosses de 16 ans payés 1,5
francs par jour....
Ce canal, long de
320 kilomètres, comprenait 115 écluses, soit une
écluse tous les 3 kilomètres. Pour les ouvrages
d'art, notons 81 pont-levis, 75 aqueducs et 5 ponts canaux.
Les problèmes techniques d'abord, puis économiques
ensuite, vont très vite commencer, le premier d'entre
eux étant celui de l'alimentation en eau. Il faudra construire
des réservoirs pour éviter que les mariniers ne
soient à sec l'été, quant à l'hiver,
la faible profondeur du canal et les glaces le rendaient impraticable.
Enfin, le franchissement des écluses de 2,70 mètres
de largeur empêcheront l'utilisation de péniches
de grande capacité.
La qualité médiocre de la construction de l'ouvrage,
l'économie des ingénieurs sur le "dimensionnement",
et les restrictions budgétaires ne permettront jamais
de considérer le canal de Berry comme un outil très
performant, même s'il a joué un rôle important
au XIXe siècle dans le développement économique
du Cher, avec le transport du charbon et du minerai.
La France n'a jamais été
un pays très porté vers les grandes voies d'eau
navigables, elle a toujours préféré le chemin
de fer, et aujourd'hui le camion.... Le canal de Berry va entrer
dans une lente léthargie.
En 1865, on compte 890 péniches pour le transport du grain,
du fourrage, du bois de chauffage et du minerai de fer, en 1939,
il ne reste que 165 péniches. La guerre marque la fin
réelle du canal, car la quantité de bateaux pouvant
l'emprunter s'amenuise au fil des ans.
Au cours de l'année 1953, le gouvernement
travaille à la mise en place de la procédure pour
"déclasser" le canal, et la machine administrative
se met en route. Le dossier pour permettre d'empêcher à
moyen terme la fermeture de l'ouvrage ne trouve pas beaucoup
de défenseurs..... sauf dans le milieu des pêcheurs.
Le 17 décembre
1953, le Conseil Général du Cher est réuni
sur cette question, il est placé sous la Présidence
de M. Jacquet, et doit donner son avis sur le projet de déclassement
du gouvernement. Les conseillers dans leur ensemble sont favorables
aux conclusions du gouvernement, même si, ajoute M. Touvet,
"cet avis n'est pas pris de gaieté de coeur".
Du côté des opposants, c'est plus un problème
de principe sur "le manquement au sens de la conservation
du patrimoine national" qui fait réagir M. Guerry,
lequel qualifie cette décision de regrettable.
Pour certains, il suffirait d'éviter certains gaspillages
d'eau et d'avoir quelques crédits pour faire revivre le
canal. C'est l'avis de Mrs Sadrin, Ferragu et Mérigot
qui voteront contre le déclassement.
Mais le vote se fait sans beaucoup de contestation, ils sont
18 à suivre le gouvernement et à admettre la fin
du canal contre 7 à vouloir le maintenir en état.
André Cothenet dira que ce canal depuis 40 ans est condamné,
mais il demande que les sociétés de pêcheurs
soient consultées avant la suppression de l'eau.
Il apparaît que le canal n'est plus utilisé par
les bateaux et que sa remise en état coûterait plus
de 1 milliard de francs..... et même s'il était
aménagé, rien n'indique qu'il serait utilisé.
C'est donc sans beaucoup de regrets que les notables berrichons
du Cher "font une croix sur leur canal". La seule demande
du Conseil Général consiste à exiger que
des facilités soient accordées au cas où
les collectivités désireraient maintenir en eau
certains tronçons.
L'acte de
décès du canal de Berry sera consécutif
à l'article premier du décret du 3 janvier 1955
signé de Pierre Mendès-France qui stipule :
"le canal
de Berry est fermé à la navigation et déclassé
sur la totalité de son parcours, avec effet au premier
février 1955. Les ouvrages déclassés seront
remis au service des domaines".
Il est noté aussi qu'il y aura un
maintien en eaux de quelques sections, les conseillers généraux
avaient eu gain de cause ! Mais c'était avant tout pour
maintenir l'activité du "parti des pêcheurs".....
qui sont aussi des électeurs.
Quant au canal de Berry, le
linéaire sur la commune de Bourges est de 9,26 kilomètres.
Canal de Berry : La Bouinotte
n° 37 (automne 1991)
Bulletin d'Information du Cher par Jean Yves Hugoniot
Bulletin Officiel Municipal de Bourges 1955.
Le
canal de Berry à vélo :
Il sagit ainsi de réaliser
un itinéraire cyclable reprenant les principes dune
voie verte, en y intégrant la possibilité dy
enfouir éventuellement tous les réseaux pertinents,
dorganiser la gestion de leau et des usages associés,
de privilégier toute activité économique
qui puisse sintéresser au projet et enfin daménager
les paysages de manière globale.
Le Conseil général en sa
séance du 23 juin 2008 a décidé de fixer
le montant prévisionnel du marché de maîtrise
doeuvre pour létude de litinéraire
cyclable du Canal de Berry à 520 000 HT,
et a autorisé la poursuite de cette opération,
notamment pour les procédures de choix dune équipe
de maîtrise doeuvre et les études pour la
réalisation de ce projet.
Le coût estimatif des travaux étant estimé
à 20 000 000 HT.pour ce « Canal de
Berry à Vélo »,
Le projet proposé comporte plusieurs
ambitions :
- laménagement dune voirie dédiée
aux circulations douces sur les bords du canal,
- la prise en compte de lensemble des réseaux susceptibles
de distribuer les communes traversées ou proches de litinéraire
(fibre optique, eau potable, électricité), à
chaque fois que cela sera utile,
- la gestion de leau du canal et ses usages, étant
précisé que ce projet ne consistera pas à
remettre en eau le canal sur lensemble du tracé.
Par ailleurs, et surtout, le respect et lamélioration
de la gestion de leau entre
le Canal et les milieux humides lentourant devront être
impérativement pris en compte,
- la mise en valeur du patrimoine du canal (ouvrages, écluses,
maisons éclusières
),
- la prise en compte des paysages et leur traitement.
Il est proposé de faire de ce projet
un vrai appel qui démarquera le territoire et contribuera
à porter ses valeurs :
- développement par le tourisme,
- respect de lenvironnement,
- mise en valeur de lhistoire et du patrimoine,
- diffusion de la technologie la plus large,
- accessibilité au plus grand nombre.
Cette voie deau déclassée
en 1951, longue de 190 Km dans le Cher, reste la propriété
de 35 communes, regroupées au sein de plusieurs syndicats
géographiques, en charge de son entretien.
Le tracé de cette infrastructure fut et reste, dans lhistoire
du Berry, un élément extrêmement structurant
de léconomie locale, connu de tous, bien que délaissé
sur de nombreux kilomètres, mais auquel ses habitants
restent très attachés. Il relie les principales
agglomérations du département et intéresse
ainsi près des deux tiers de la population du Cher.
Sattacher à mettre en valeur cet ouvrage et en faire
un vrai outil de promotion du territoire sont les enjeux dun
projet dont les contours précis sont à définir,
en respect des valeurs portées par notre territoire :
le respect de
lenvironnement, la culture, le patrimoine.
Il existe un musée
sur ce canal de Berry à Dun sur Auron, et une association
ARECAB
Et dans le site de l'ARECAB,
site très intéressant, nous avons extirpé
quelques dates :
http://www.arecabe.org/html/canal-histoire-00.html
- 1484 Etats généraux
de Tours qui évoque l'aménagement du Cher pour
la navigation.
- 1545 à 1603- Sully
puis Colbert étudient le projet et l'abandonnent.
- 1765-1772 Le duc de Béthune-Charost
pense avec d'autres à un aménagement du Cher entre
Tours et Vierzon et un creusement d'un canal entre Vierzon et
le Bec d'Allier.
- 1786 Dotation pour les premiers
travaux par lAssemblée provinciale du Berry, mais
le projet sera annulé sous la convention.
- 1807 Ordonnances de Napoléon
1er pour des études sur le canal.
1809 début des travaux (région Montluçon).
Camps à Augy, Vallon, La Perche, Drevant, Charenton.
1810 - Revendication du Conseil Général du Cher:
tracé par Bourges (vallées de la Marmande, de lAuron,
de lYèvre) - Nouvelle ordonnance impériale.
1811 (24 février) - Décret ordonnant l'étude
dun canal de Nevers à Vierzon.
1814 (9 décembre)
- le Canal du Cher devient Canal du Duc de Berry.
1819 (22 décembre) - Tracé définitif fixé
par ordonnance royale de Louis XVIII : le canal quittera le Cher
à St Amand: vallée de la Marmande- Bassin de Fontblisse-vallée
de lAubois, vallées de lAuron et de lYèvre.
Le Canal sera construit sur le modèle des canaux Anglais
à petit gabarit (5m largeur en plafond, écluses
de 2,70m x 27,75m).
1820 - 40 km de Montluçon au pont de la Tranchasse (terrassement
réalisé, maçonneries en attente)
1822 - Ressources du canal à partager pendant 40 ans (péages,
affermage de la pêche, vente aux enchères du bois
et du foin sur les terrains du canal.
1824-1828 - Creusement de canal de jonction Cher-Loire à
Tours.
1828-1832 - Construction du pont-canal de la Tranchasse.
1829 - Ouverture à St Avertin / tours
1831 - Mise en service Bourges-Vierzon.
1832 - Traversée de Bourges
1834- Bourges-Montluçon.
1840 - Problèmes d'alimentation en eau : création
d'étangs-réservoirs.
1845 - Les travaux sont terminés
1840-1846 - Etangs-réservoirs de Goule (sur lAuron),
et Pirot (sur la Marmande).
1865 - 890 Berrichonnes sur le Canal de Berry
1852 - L'Etat rachète les actions à la compagnie
des 4 canaux.
1872 - Elargissement de la cuvette du pont-canal de la Tranchasse
(de 3m à 5.20m).
1879 - Intervention de Freyssinet : élargissement des
ponts-canal de la Tranchasse et de la Queuene.
1905 - Record du trafic fluvial.
1905-1915 - Début du déclin.
1915-1918 - recroissance du trafic.
après 1918 - Longue période de déclin.
1924 - Quasi abandon de la construction de péniches.
1932 - Mise en place de "L'affrêtement au tour".
Inconvénient pour les "Berrichonnes" mal adaptées
aux changements de cargaison.
1934 - Premier projet de déclassement.
1940 (mai) - Crue record du Cher ;nombreux dégats . La
navigation est interrompue de mai 40 à février
41.
1944 - Ultime projet d'élargissement du Canal.
1952 - Lancement de la dernière berrichonne "Le derneier
Dunois" à Dun-sur-Auron.
1953 (16 février) - Enquête en vue du déclassement.
1955 (3 janvier) - Décret de déclassement avec
effet au 1er février et aliénation du Canal de
Berry.