Le canon de 75 fut le véritable
héros de la guerre de 1914. Et il a été
construit à Bourges. On peut encore le voir dans le musée
des Amis de l'armement de Bourges sur le site de Lahitolle.
Ce canon remonte finalement à
la guerre de 1870 qui avait opposé l'Allemagne et la France,
et notre pays avait été vaincu, les stratèges
avaient bien remarqué qu'il manquait une arme. Un vrai
canon, moderne et performant.
C'est alors l'étude de ce canon
qui ne se fait pas à Bourges mais à Puteaux dans
la région parisienne. Il faudra de nombreuses années
pour que les ingénieurs mettent au point ce canon. L'armée
française reçoit ses premiers canon en 1897, et
il est utilisé pendant la guerre des "boxers"
en ..... Chine où il fait merveille.
La différence avec les canons
de l'époque est simple :
- lorsque l'on tirait un obus, le canon
en entier, avec le recul était déplacé vers
l'arrière et c'était à la fois le fût
du canon et son support qui étaient "bougé"
et il fallait alors repointer l'ensemble ce qui faisait perdre
un temps considérable.
- avec le canon de 75, fini, car un
système hydraulique permet de maintenir le support en
place et seul le fût recule lors du tir pour reprendre
sa place, on peut retirer tout de suite. De plus, le chargement
se fait pas la culasse et non par le haut du canon.
Il est alors possible de tirer avec
le canon de 75, 30 obus à la minutes contre 1 tir toutes
les 3 minutes, un gain considérable.
Bien sûr, les Allemands ne vont
rester à ne rien proposer et bientôt le canon allemand
de 77 de chez Krupp apparaît.
Le canon de 75 est
fabriqué à Bourges,
L'accroissement du personnel des Etablissements
militaires pendant la guerre de 1914/18 est considérable
dans les fabriques de canons et d'obus de Bourges. A l'Atelier
de Construction, il y a 729 employés au début du
conflit, ils seront 8376 à la fin de la guerre. De même,
la Pyrotechnie comprenait 1619 spécialistes des explosifs
en 1914, ils seront 12 500 quelques mois plus tard.
A la Pyrotechnie, les bâtiments
et installations de production existants furent utilisés
au maximum de leur capacité. Mais très vite, ils
devinrent insuffisants, on adjoignit deux grands ateliers de
chargement des munitions ainsi qu'un atelier pour produire le
fulminate. Entre le début et la fin du conflit, les surfaces
se trouvèrent multipliées par 5 !
Il en fut de même à l'Atelier de Construction, on
édifia à la hâte, des ateliers d'usinage,
mais aussi des magasins, des quais et même une usine d'alimentation
en eau. Les surfaces occupées furent multipliées
par 3 entre 1914 et 1918.
Les canons sortiront à grandes
cadences, le 65 mm de montagne, le 155 mm Rimailho, et enfin
le 155 GPF du Colonel Filloux. Ce dernier sera utilisé
sur le front à partir de 1917 , il figure parmi les armes
qui furent décisives pour la victoire. Les cadences de
travail sont importantes, on travaille 24 heures sur 24, et il sort de Bourges, chaque
jour plus de 40 canons de 75. Il en sera produit au total plus
de 3000 exemplaires.
C'est sans aucun doute le canon de 75 qui a permis la Victoire
de la France dans cette guerre horrible.
Les voisins de la Pyrotechnie avaient
les mêmes préoccupations, la plupart des munitions
de l'Artillerie et de l'Aviation sortiront de cet Etablissement
qui était passé, en surface, de 20 à 300
hectares. Les chiffres donnés pour les productions de
cette époque sont vertigineux.
En 1918, la production journalière atteignait :
80 000 cartouches de 75
40 000 fusées diverses
700 kilogrammes de fulminate de mercure.
En 1917, il y aura plus de 23 000 personnes,
logées pour beaucoup aux Bigarelles. La ville de Bourges
atteint alors le chiffre considérable de 100 000 habitants.
Le canon de 75 sera utilisé jusqu'en
1960, ce qui est considérable.
Aujourd'hui, les "anciens"
des Etablissements Militaires veulent conserver la mémoire
de ce qu'ils ont produits, eux et leurs parents, à Bourges.