- Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

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LE CAQUESIAU, JOURNAL SATIRIQUE DE BOURGES
Par Bernard Epailly

Bourges dans les années 1960 avait deux journaux, le Berry Républicain et la Nouvelle République lorsqu'arrive une gazette satirique, le Caquésiau, voic son histoire par Bernad Epailly.

roland narboux

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Version 2012

 

S'il avait survécu…le Caquésiau aurait 60 ans !

Qu'est ce qu'un caquésiau ; un moustique, pardi !

A Bourges, dans le temps, il y avait un Caquésiau voici sa courte histoire :

Ce Caquésiau là, il avait tenu deux ans. Ce n'était pas un moustique mais une gazette ! Forcément satirique avec un nom pareil ; un peu comme le Canard enchaîné, qui volait dans toute le France ; mais le nôtre était plus fragile. Il ne s'aventurait guère en dehors du Cher. Modeste mais quand même gonflé. Bien sûr, on peut rire de tout ; mais pour remplir huit pages par mois, il faut un tombereau d'anecdotes et le Cher, même avec une pincée d'Indre, c'est petit. Pari audacieux ? Pari réussi !

Nous sommes en octobre1954, il y a juste 60 ans - les Berriauds qui ne sont plus en âge de travailler s'en souviennent encore - le Caquésiau n°1 arrive dans les kiosques : d'un seul coup, 3000 exemplaires vendus ! Pas mal… A la Une, un conseil : Si le Caquésiau vous démange, donnez-le à votre voisin ! Miracle, celui qui le lit le fait. Donc beaucoup plus de 3000 lecteurs. Voici que Bourges, qui ronronnait doucement dans les mièvreries diffusées par la presse quotidienne régionale, éclate de rire ! Et, avec l'aide du bouche à oreille, la bonne humeur gagne progressivement tout le département. Préfets, conseillers généraux, maires, adjoints, mais aussi comédiens, sportifs, curés, enseignants pittoresques, etc. : tous caricaturés ! Evidemment, à Bourges comme à Paris, les personnalités politiques bénéficient de la plus grande partie des piqûres malveillantes de l'insecte maudit… et, pour tout savoir, se précipitent chez le marchand dès la sortie du journal !

Mais qui donc ose ainsi se moquer des personnages respectables, dénoncer des injustices et des manœuvres douteuses, colporter des potins, caricaturer des profils ? Mystère. Il y a bien un directeur de la publication4 mais c'est un prête-nom et il n'est pas tenu de communiquer l'identité de ceux qui signent les impertinences qui font l'intérêt du journal. Bien sûr, il ne dit rien. Le secret a été longtemps bien gardé mais en octobre 2014 il ne tient plus. S'il avait survécu, le Caquésiau aurait soixante ans. Pour saluer cet anniversaire, le Petit Berrichon vous en dit plus, avec la complicité de Jean Goblet5, l'un des acteurs de cette aventure.

" Nous n'avons jamais été identifiés, assure notre interlocuteur. Seuls, quelques amis très sûrs étaient dans le secret. Nous étions très prudents, il y allait de notre place et de notre fiche de paye ! ". Tous les rédacteurs étaient, en effet, des journalistes de la presse quotidienne régionale6, une équipe jeune (tous avaient moins de 30 ans), tonique, mordante, qui pensait que le journalisme local manquait de fantaisie. Des jeunes qui s'ennuyaient un peu dans les rédactions dotées de directeurs plus âgés et spécialistes, selon Jean Goblet, de la " brosse à reluire vis-à-vis des autorités ". Les jeunes du Caquésiau avaient envie d'en découdre mais pas de perdre leur place. Côté direction, black-out complet ! En octobre 1964, contrairement aux usages, l'arrivée sur le marché du petit monstre - un confrère pourtant ! - n'a été annoncée ni par la Nouvelle République ni par Le Berry Républicain. Et pourtant, les élus ont rapidement pris l'habitude de faire avec. Ainsi, raconte encore Jean Goblet, " à Bourges, en séance du Conseil Municipal, Alfred Depège, adjoint au maire, concluant une discussion confuse, s'écria un jour : Ah !si au moins le Caquésiau était là ! Il y était ". Et il était demandé par ceux-là même qui supportaient ses critiques.

Que l'on dise du bien ou que l'on dise du mal d'un élu, qu'importe ? L'essentiel c'est qu'on en parle !


Jean Goblet, né à Plou (Cher) en 1928, journaliste à La Nouvelle République (Bourges) jusqu'en 1968 puis directeur départemental du quotidien à Angers ; auteur de plusieurs livres, dont J'ai été envoyé spécial à bicyclette, Editions du Petit Pavé, 2012, ouvrage truffé d'anecdotes situées dans le Cher de l'après-guerre (entre autres, évocation du Caquésiau). 6 Louis Carraz, Raymond-Louis Pinçon, Bernard Hilbert, Robert Léchelon et Jean Goblet de la Nouvelle République ; Michel Noizat et Patrice Potier du Berry Républicain ; Henry Boudrant de La voix du Sancerrois. Parmi les " amis très sûrs ", Rochelet, le dessinateur, a largement contribué au succès du journal.

Bernard Epailly

Le Caquésiau de Bourges

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