Autour de Saint Henri, un quartier original
est appelé " les castors ", non pas par référence
à la présence de ces petits rongeurs, mais en souvenir
des moyens mis en oeuvre pour construire ces habitations individuelles.
Dans les années 1950, la crise du logement bat son plein,
des habitants de Bourges décident de construire eux-mêmes
leur maison. Un " comité ouvrier du logement "
se constitue, achète un terrain et chaque adhérent
du comité participe à la construction de sa maison
et de celle de ses voisins.
Devant une certaine carence de pouvoirs
locaux en matière de logements, et surtout l'inertie et
la lenteur dans les réalisations, une opération
totalement originale commence à se développer,
il s'agit de ce que les Berruyers vont connaître sous le
nom de "castors".
La crise du logement est telle que toutes les initiatives sont
mises en oeuvre. Ainsi, un "Comité Ouvrier du logement"
se constitue en 1950 afin de construire sous une forme originale
de coopérative, un vaste ensemble de maisons individuelles.
Le Comité s'adresse à la
municipalité de Bourges pour obtenir " une
avance des fonds nécessaires à l'achat d'un terrain
de 3,5 hectares situé entre Beauregard et la route de
la Chapelle". Dans ce courrier, le Comité
suggère à la Ville de prendre à sa charge
les travaux de voirie, car si aucune aide concrète n'est
apportée, la création de logements ouvriers en
accession à la propriété "resteront
éternellement dans le domaine des rêves".
Le système des "Castors"
est à base coopérative, avec une construction par
les gens eux-mêmes, en s'entraidant les uns les autres.
Les spécialistes estiment qu'il faudra bien 5 ans pour
que ces 60 maisons soient terminées.
Pour M. They, :
"la proposition
est intéressante, elle procurerait des logements à
des ouvriers. Ainsi une partie laborieuse de la population va
pouvoir construire. Il faut l'aider. Le système Castor
offre un aspect moral incontestable, puisque c'est l'union de
chacun travaillant pour tout le monde".
Le débat se poursuit essentiellement
sur le plan technique, avec les possibilités d'aider ces
gens, d'autant plus que la crise du logement "prend de telles
proportions qu'il est envisagé d'installer des baraquements"
pour répondre à l'urgence du moment.
A la fin de l'année 1951, les
"Castors" sortent de terre rue Guilbeau, et la municipalité acceptera de prendre
à sa charge la viabilité qui coûtera une
quinzaine de millions de francs. Mais les difficultés
ne sont pas terminées, la Nouvelle République rappelle
que 23 pavillons individuels vont pouvoir bientôt recevoir
leurs occupants, et ajoute que cette opération "
n'a pas été prise au sérieux" par les
responsables locaux de la ville, il n'y a pas eu d'aide et les
terrains devront être remboursés. Le journal conclut
sur le mérite des "Castors" qui font l'admiration
de tous.
Les
Castors Aujourd'hui.
Aussi lorsque Louis Mallet est élu
maire de Bourges en 1953, le logement reste le sujet principal
de Bourges. Il axe son propos sur les deux points qui lui paraissent
essentiels : le logement bien entendu et la circulation dans
la ville.
Pour le logement, de nombreux travaux sont
en cours :
- la Cité de l'Aéroport qui va permettre de distribuer
64 logements.
- Une cité de relogement va être édifiée
à La Chancellerie, les travaux ont été confiés
à l'entreprise Leiseing. Au total, et si le Crédit
Foncier donne satisfaction à la municipalité, ce
sont 96 logements qui devraient être terminés et
disponibles à court terme.
- Toujours à La Chancellerie, les H.L.M. ont un projet
qui doit sortir "prochainement" avec une quarantaine
de logements. Ce n'est pas encore l'immense chantier qui se déroulera
dans la décennie 1960.
En y ajoutant les "Castors et autres",
ce sont environ 300 logements qui seront disponibles d'ici la
fin de 1954.
Plus de 50 ans après, les Castors
sont toujours en place et contrairement à d'autres secteurs
de construction, ces maisons "n'ont pas vieilli", leur
entretien par les propriétaires a été réalisé,
et aujourd'hui, ce quartier reste un des plus prisé de
la ville.