Les
caves, quelles qu'elles soient, sont des lieux relativement bien
connus des populations. Pour la génération de l'avant-guerre,
la cave représente la sécurité et la sûreté.
Pour la génération de l'après guerre, la
cave devient un fantasme et un objet de peur. Combien d'enfants
n'ont-ils pas entendu cet avertissement du père criant
: "si tu n'es pas sage, je t'enferme dans la cave",
et la cave existait bien puisqu'elle avait été
utilisée dans les moments difficiles d'alertes aériennes
lors du dernier conflit. A la campagne, toute ferme possédait
une cave, lieu de stockage de certaines denrées. En ville,
et en particulier à Bourges, il en est de même,
la cave existe et c'est une réserve.
Après les monuments gallo-romains
situés dans le sol de Bourges par le hasard et le temps,
les caves de la ville représentent le thème le
plus connu du monde souterrain par l'ensemble des Berruyers.
Les caves du Moyen Age
Ces caves sont situées dans plusieurs
secteurs de la ville ancienne. Chacun connaît un voisin,
un ami ou un parent à Bourges qui lui a fait visiter un,
deux ou trois niveaux de caves. Les études ne sont pas
simples. Ces caves sont situées pour la plupart du temps
dans le domaine privé, et un propriétaire n'a pas
toujours envie ou intérêt à dire que sa cave
comporte des sculptures magnifiques et parfois uniques.
Dans son étude, Jacques Lamy, à
l'époque où il était chef de l'Agence de
Bourges des Bâtiments de France a écrit sur la construction
des caves avec beaucoup de bon sens et de logique :
"Celui qui n'a pas eu la chance de
consacrer un peu de temps à ces visites souterraines,
ne peut soupçonner la quantité de caves occupant
le sous-sol de la ville et la beauté propre à chacune".
Jacques Lamy poursuit en signalant la splendeur
de certaines salles, et ces caves, superposées sur 2 ou
3 étages sont à la fois bien conservées
et parfaitement saines.
Le marquis des Méloizes, dans une
plaquette intitulée "Bourges à travers les
âges", signale que "la
ville gauloise d'Avaric est enfouie sous dix huit siècles
de ruines répétées". A partir de là, il est possible de dresser
un premier constat : la cave est construite dans la différence
de niveaux entre le pied du rempart gallo-romain et la surface
actuelle de la ville ou celle du Moyen Age.
Lorsque les événements se
précipitent au IIIe siècle et qu'il faut édifier
très rapidement une muraille face à l'arrivée
des hordes barbares, les autorités d'alors ne font pas
"dans la dentelle". Ils prennent les blocs de pierre
là où ils se trouvent c'est à dire sur les
ruines des monuments importants. Les colonnes et blocs gigantesques
qui étaient à terre et s'étaient écroulés
avec le temps sont utilisés. De plus, certains temples
païens n'étant plus dans l'air du temps sont démolis
sans état d'âme. On a donc évité le
creusement de fondations profondes et mis à même
le sol les blocs les plus importants, certains très sculptés
et magnifiques.
Les recherches depuis un siècle
ont montré qu'il y avait parfois une dizaine de mètres
entre le bas de la muraille et le sol du Moyen Age. La ville
s'est progressivement haussée pendant près d'un
millénaire, avec des blocs de pierre, de la terre et du
remblai. Il y a donc au Moyen Age une ville posée sur
du sol peu solide, formé de détritus et de gravas
...
La construction de maisons en bois, puis en pierre comme cela
commence à se faire rue Bourbonnoux exige une édification
sur un sol dure et stable. Pas question de mettre des murs directement
sur le sol d'alors. Les bâtisseurs vont donc creuser pour
se retrouver sur la roche dure, et c'est ainsi que des mètres
cubes de terre ou de remblai sont enlevés :
"Pour occuper le volume
ainsi mis à jour, d'autant que l'on cherchait de la place,
alors on construit des caves sur plusieurs niveaux".
On creuse ainsi sur 7 à 8 mètres de profondeur
pour placer la première pierre des fondations de la maison.
Dans les villes, et cela n'est pas propre à Bourges, on
n'enlève pas les déblais suite aux travaux, on
se contente de niveler.... et la ville sur une longue période
s'est ainsi élevée de 3 à 9 mètres
selon les quartiers.
La cave devient presque l'élément essentiel de
la construction d'une maison, et chaque bâtisse possède
sa ou ses caves sur un, deux ou trois étages. Comme les
maisons sont toutes côte à côte, les caves
le sont aussi, et c'est un véritable réseau souterrain
qui est ainsi édifié.
Enfin, Parmi les hypothèses crédibles
expliquant la situation, lorsque l'on creusait dans le remblai,
on arrivait vers le sol meuble, et là, parfois, le terrassier
se trouvait à proximité de galeries datant des
gaulois et les constructeurs d'alors utilisaient ces galeries
pour faire un étage supplémentaire. "Ils les
transformaient ainsi en nouvelles salles convenablement voûtées
et situées toujours plus profondément".
A suivre.....