Le chemin de fer arrive de manière
assez précoce à Bourges dès 1847 avec la
ligne Paris - Orléans puis Vierzon et enfin Bourges.
La première gare est inaugurée
en juillet 1847 sur la commune de ... Saint Doulchard, il s'agit
en fait d'un simple embarcadère, car on ne sait pas alors
où construire une vraie gare.
Finalement, c'e'st en 1851 q'une vraie
gare est construite dans le quartier de Taillegrain, au bas de
la butte d'Archelet. Elle comprend un bâtiment central
et deux ailes.
Mais retour sur ce chemin de fer qui
est une belle aventure controversée.
Depuis un siècle,
il est courant que les Berruyers se lamentent de l'erreur historique
de leurs ancêtres qui ont refusé la ligne de chemin
de fer de Paris à Bourges. Pour la plupart des Berrichons
si cette ligne passe par Vierzon et non par la capitale du Berry,
c'est la faute de ses édiles d'alors et de la population.
Régulièrement, les maires de Bourges exhortent
leurs concitoyens "à ne pas renouveler l'erreur de
1840, qui a rejeté ces monstres fumants loin de Bourges,
pour assurer leur petite tranquillité".
En réalité, sommes-nous si certains de ce rejet
?
Le fait que la ligne principale de chemin
de fer venant de Paris et Orléans ne passe pas par Bourges
qui se trouve dès lors sur une transversale, mais s'en
va vers Châteauroux, est-ce une erreur des responsables
berruyers? Et si tout cela n'était qu'une légende
?
Cet article est une première contribution
à ce qui doit être une réalité historique
et non une succession d'affirmations, reprises au fil des décennies,
par les historiens locaux.
PETIT SURVOL
DU CHEMIN DE FER VERS 1840
Le premier chemin de fer en France,
long de 23 kilomètres date du 1er octobre 1828, entre
Saint-Etienne et Andrézieux. Il était un bon compromis
entre la diligence et le chemin de fer, puisqu'il était
encore tiré par des chevaux. C'est
en 1832 que la traction à vapeur supplante les chevaux
pour la vapeur, entre Saint-Etienne et Lyon.
La France n'est pas très en avance dans ce domaine, en
1835, sur 1574 kilomètres de voies ferrées, 1290
se trouvent aux Etats Unis. Mais le réseau, en quelques
années, de par le monde va devenir considérable,
en 1840, il y a 7700 kilomètres de réalisés
et à la fin du XIX e siècle, le monde comprend
790 000 kilomètres.
Du côté de Paris, le chemin de fer ne s'implante
pas très vite, 19 kilomètres entre Paris et le
Pecq en 1835, puis le Paris-Versailles fut ouverte au public
en septembre 1840.
Une des plus longues ligne de l'époque, fut le Paris-Orléans
en 1843, inauguré un 2 mai, cette ligne avait coûté
43 millions de francs.
C'est dans ces années-là
que Bourges et le Berry vont s'intéresser à ce
nouveau moyen de locomotion.
PROJET
D'UNE LIGNE ORLEANS-VIERZON
Le grand homme des chemins de fer pour
notre Berry s'appelait Casimir Leconte. Il est ingénieur
et directeur de la Compagnie du Centre qui a réalisé
Paris-Orléans et a l'intention de poursuivre par une ligne
de chemin de fer entre Orléans et Vierzon.
Le projet date de 1837, alors que le train ne rejoint toujours
pas Paris à Orléans. Leconte parle de ce projet
au marquis de La Rochefoucault-Liancourt, alors député
du Cher, lequel se montre très favorable à cela,
tout comme son principal opposant : Michel de Bourges, avocat
et ami de Georges Sand.
Leconte
qui n'est pas un philanthrope, mais un grand industriel se tourne
vers plusieurs cibles. D'une part, il écrit le 18 octobre
1840, au Ministre des travaux publics pour exposer son projet.
Après avoir insisté sur "son dévouement
et l'énergie qui ne l'ont jamais manqué" dans
la réalisation de la ligne Paris-Orléans, Leconte
poursuit sa lettre sur le tronçon suivant. Il écrit
: "J'ai fait choix, sous ce dernier point de vue, d'une
localité qui m'a paru merveilleusement appropriée
à l'expérience projetée. La ligne d'Orléans
à Vierzon s'étend sur des terrains d'une valeur
souvent minime, jamais élevée. Ces terrains sont
possédés par un petit nombre de propriétaires
; des bois nombreux et inexploités; faute de communications,
sont à ,portée".
Et L'ingénieur demande au ministre Jaubert d'une part
de participer aux études de tracé "aux frais
de l'état" et ensuite de commencer les enquêtes
d'utilité public pour le projet.
Ainsi, en 1840, le projet Leconte était
destiné à établir une ligne entre Orléans
et Vierzon. Dans cette même
lettre, aucun mot sur Bourges, par contre, il signalait l'accueil
favorable des assemblées de Vierzon et... Châteauroux,
il écrivait : "ma voix a été entendue"
dans ces deux cités.
RETOUR
EN HAUT DE PAGE
BOURGES
DANS LE PROJET DE LA LIGNE ORLEANS - VIERZON
Casimir Leconte recevra du ministre Jaubert,
des encouragements et une promesse de financement de l'Etat pour
effectuer les études préliminaires, avec la désignation
d'un ingénieur des ponts-et-chaussées, M. Floucaud.
Après le ministère, Leconte
revient sur le terrain du Berry et réunit à Bourges,
Vierzon et Châteauroux, les assemblées pour exposer
son projet.
A Châteauroux, sous l'impulsion du député
Muret de Bort, l'ensemble des acteurs locaux se réunit
le 28 octobre 1840 et montre un très grand intérêt
pour le chemin de fer. . Comme l'écrit le Journal du Cher,
"La ville de Châteauroux avait montré
une grande intelligence des intérêts généraux
du département". Et le grand quotidien de
publier un extrait des délibérations du conseil
municipal par 16 voix contre 1 pour le chemin de fer qui "considère
les avantages immenses et incalculables pour la ville et le département
de l'Indre tout entier, de trouver à leur porte une tête
de chemin de fer à partir de laquelle ils ne seront plus
qu'à 6 heures de la capitale". Et le journal,
de conclure : "nous proposons cette délibération,
comme un bon exemple à suivre, au conseil municipal de
Bourges".
A Bourges, il est vrai que les édiles
ne s'affolent pas. Si Leconte a déjà effectué
des réunions à Vierzon et Châteauroux, il
en est prévue une le 5 novembre 1840.
Ce jour-là, un jeudi, ils sont
200 personnes, réunies à Bourges dans la salle
des distributions du collège royal, sous la présidence
de M. le préfet. Leconte expose son projet de ligne Orléans-Vierzon
aux berruyers, et il indique le mode de concours qu'il réclamait
pour son exécution, en particulier vis à vis "des
propriétaires, des industriels, des capitalistes, des
communes", car le problème était d'ordre financier.
Comme il estimait que beaucoup de publicité avait été
faite sur le projet, il ne s'appesantit pas trop, et demanda
assez vite si des Berruyers avaient des observations à
formuler.
Il y eut des questions auxquelles Leconte répondit.
Un membre de l'assemblée posa alors
une question afin de savoir pourquoi, la ligne venant d'Orléans
et passant par Vierzon ne serait pas prolongée sur Bourges
immédiatement. Leconte ne sera pas mis en difficultés,
il répondra "qu'il lui faut 4 millions et, si on
pouvait se les procurer, il ne demanderait pas mieux que d'arriver
à Bourges sans retard". La presse locale comme La
Gazette du Berry parle longuement de la réunion du 5,
et le 11 novembre, le journal revient sur cette question du passage
par Bourges de la ligne en évoquant une autre question
d'un contradicteur, qui se demandait pourquoi ne pas faire la
ligne directe Orléans-Bourges, "après avoir
traversé la Sologne, laissant Vierzon sur la droite venant
d'Orléans, afin de gagner 12 à 16 kilomètres
!"
Devant cette question, Leconte semble s'être fâché.
Il répondit qu'il "ne savait pas si c'était
possible, et il répéta que Vierzon "était
une heureuse position". Enfin, les études sur Orléans-Vierzon
étaient faites, la question posée concernait un
autre projet.... et "ce n'était pas l'objet de la
réunion". Le ton péremptoire de l'orateur
bloquait sans aucun doute de possibles intervenants.
D'autres personnes argumenteront que par
Vierzon, "on est assuré d'obtenir la ligne jusqu'à
Bourges", et puis certains reconnaissent que Bourges n'a
pas pris l'initiative, "serait-il raisonnable de changer
un plan établi et tracé pour le plus grand intérêt
général ?"
C'est sans doute à cet instant
que Bourges a perdu "son chemin de fer". Mais, non
pas par refus, tout au contraire, il y avait dès cet automne,
une volonté de voir arriver ce chemin de fer à
Bourges.
LE QUIPROQUO
: ORLEANS - VIERZON - NEVERS PAR BOURGES
Il est intéressant de suivre l'idée
globale de Casimir Leconte, qui avait une vue stratégique
assez remarquable. Il répondit qu'il comprenait les intérêts
de Bourges mais qu'il se devait d'avoir un point de vue plus
général.
A cet effet, il évoqua la ligne Orléans-Vierzon
qui aurait un double avantage, "parce qu'une fois
arrivée à Vierzon, ce chemin formerait comme une
tête de pont d'où partiraient deux lignes, l'une
passant par Bourges et Nevers, se dirigerait sur Lyon et Marseille.
L'autre passant par Châteauroux se dirigerait sur Bordeaux".
Du point de vue d'un ingénieur, une telle position est
inattaquable.
Ainsi, la ligne Orléans-Vierzon - Bourges - Nevers, c'est
à dire le chemin de fer qui devra desservir Lyon puis
le midi de la France. Il apparaît évident que le
chemin de fer de Vierzon sera poursuivi vers Bourges sur une
des lignes principales du réseau français. Cette
dernière phrase cache toute l'ambiguïté de
la situation. Pour l'ensemble des édiles locales, Bourges
est sur la ligne de chemin de fer, et c'est une bonne chose.
Leconte écrira en ce mois de novembre
1840, un opuscule dans lequel il développera sa théorie.
Il souligne "que deux projets sont à l'étude,
au départ de Paris. Le premier prolonge le Paris-Corbeil,
longerait la Loire, passerait à Nevers, laissant à
sa droite le département du Cher. Le second partant d'Orléans
devrait se diriger vers Bordeaux, par Blois, en laissant à
gauche le département du Cher". Et il ajoutait "si
ces deux projets s'accomplissent, le centre de la France est
anéanti". Et il développe alors l'intérêt
de "son" chemin de fer Orléans-Vierzon, "qui
s'avance au coeur du Berri et alors, ce Berri, jusqu'ici resté
en arrière de tout progrès, se trouve compris dans
la banlieue de la capitale".
Le journal du Cher comme la Gazette du Berri sont favorables
aux idées de Leconte, et à aucun moment, il ne
semble y avoir d'opposition au projet.
RETOUR
EN HAUT DE PAGE
LA COMMISSION
DES 9 MEMBRES DE BOURGES
Une commission de 9 membre fut alors constituée,
avec les personnalités locales du département.
On trouvait ainsi, M. Mayet-Génétry, maire de Bourges,
à ses côtés, Adrien Corbin, conseiller à
la cour royale, le marquis de Travanet directeur des forges et
fonderies de Bourges, puis l'avocat Michel de Bourges, Faiseau-Lavanne,
directeur d'usines, Fabre, ancien géomètre, Félix
Tourangin, ancien négociant et Thiot-Varennes, avocat.
Le maire de Bourges est président de cette commission
qui se réunit le 13 novembre. Et dans ses délibérations,
on trouve des mots sans équivoque pour le projet du chemin
de fer dans le Cher. C'est ainsi qu'elle :
"Considère
que l'existence du chemin de fer projeté serait d'un immense
intérêt pour le département du Cher.
Considère qu'en ce moment, il paraît absolument
impossible de réunir à la fois les fonds qui seraient
nécessaires pour établir ce chemin jusqu'à
Vierzon, et de le prolonger jusqu'à Bourges, que d'ailleurs
la commission regarde comme certain que le chemin de fer se continuera
un jour pour se diriger vers le canal de la Loire et les villes
de Nevers et Lyon. Et que dans ce cas, d'après les assurances
données par M. Casimir Leconte, il ne pourrait manquer
de passer par la ville de Bourges.....".
Suite alors un certain nombre d'arrêtés de cette
commission sur l'aide qu'elle apportera, ainsi que son action
vis à vis des municipalités du Cher et de Bourges,
afin d'obtenir des votes de minimum d'intérêts.
Le 17 novembre 1840, Casimir Leconte écrit
une lettre au Rédacteur du Journal du Cher, pour le remercier
de sa prise de position positive en faveur de la ligne Orléans-Vierzon,
et il donne des explications complémentaires afin de rassurer
les Berruyers : la ligne future passera bien par Bourges.
Il écrit
"que le projet
est reconnu bon,..... Les personnes qui ont fait dans cette circonstance
le sacrifice de leur opinion, en seront récompensées
plus tard, lorsqu'elles reconnaîtront que le prolongement
de Vierzon à Nevers, par Bourges, est la conséquence
inévitable de notre début plus modeste".
Leconte veut obtenir à tout prix
la ligne jusqu'à Vierzon, c'est celle qui lui offre par
la suite, le plus de possibilités. Il envisage bien entendu,
une ligne vers Châteauroux, Limoges et Toulouse, mais surtout,
un Paris-Lyon par Orléans, Bourges et Nevers. Il n'existe
alors que de vagues projets de joindre Paris à Lyon et
Marseille par l'Est. Ainsi, Bourges, dans cette hypothèse
se trouverait sur un axe majeur.
Le conseil municipal
de Bourges se réunit à la fin du mois de novembre
1840 et accepte, à l'unanimité moins une voix,
nous dit la Gazette du Berri, la ligne de chemin de fer d'Orléans
à Vierzon. Après un exposé du maire, et ayant
remarqué que les villes de Châteauroux, Issoudun,
Argenton avaient voté des "garanties d'intérêt
minimum", la municipalité de Bourges "considère
que le Cher et principalement la ville de Bourges doivent retirer
un notable avantage de l'établissement du Chemin de fer
projeté, et qu'il doit en résulter un accroissement
considérable et prompt des propriétés situées
dans les département du centre de la France...... etc
assure, comme les autre villes de Vierzon, et Châteauroux,
la garantie d'emprunt de 4% sur une somme d'un million pendant
46 ans".
La Gazette du Berri qui donne l'information ajouté que
"la décision du conseil municipal a été
bien vite répandue dans la ville, et y a produit le sentiment
de la plus vive satisfaction". Quelques jours plus tard,
les Berruyers se demandent de quel côté passerait
la ligne, par le quartier d'Auron ou le faubourg Saint-Privé
?
POURQUOI
CETTE LEGENDE DU REFUS DES BERRUYERS DU CHEMIN DE FER ?
Jusqu'à preuve du contraire,
nul document de l'époque mentionne un refus des Berruyers
pour le chemin de fer. On trouve
quelques affirmations sur ce thème, mais elles datent
de 1952 et ne s'appuient sur aucun document d'époque.
Le 14
novembre 1840, la presse locale parle des "avantages
d'un chemin de fer par Bourges", car cette ville
est assurément celle qui en a le plus besoin afin "d'être
régénérée". Un journal signale
que "Moulins, Châteauroux, Limoges sont traversés
par des routes qui sont la continuation des grandes rues de Paris....
Bourges, placée à l'écart, n'est même
pas traversée par une malle-poste ! L'action du canal
de Berri commence à peine à se faire sentir. Ses
murs pourraient contenir 75 000 âmes au lieu de 25 000.
Le meilleur moyen de la repeupler, c'est de multiplier les voies
de communication. Suit alors une longue tirade en faveur du chemin
de fer.
Lorsque la Gazette du Berry publie un article sur les avantages
que Bourges retirerait du Chemin de fer, il signale uniquement
l'hostilité de certains commerçants qui pensent
"que le commerce local y perdra et que pour les objets
de luxe et de mode, tout se centralisera encore davantage à
Paris".
Hormis ces quelques commerçants,
les journaux de l'époque, la commission Mayet-Génétry,
le conseil municipal, tous semblent mécontents de ne pas
voir la liaison directe Orléans-Vierzon-Bourges immédiatement.
Ils se trouvent rassurés par la conviction de Leconte,
le patron de la ligne, qui affirme que la ligne Paris-Lyon ne
peut pas passer ailleurs qu'à Bourges. C'est cette confiance
qui a perdu Bourges.
En effet, le ministre des travaux publics
n'a pas voulu s'engager au-delà de Vierzon, car il ne
voulait pas se laisser forcer la main vers Lyon, via Nevers.
D'autant plus que les députés de l'Est commençaient
à s'agiter. La ligne Paris-Lyon par l'Est faisait l'objet
de trois projets, et les députés de l'Est montèrent
au créneau.
Début 1841, le journal "Le Bourbonnais" déplore
la passivité des députés du Cher, de l'Indre,
de l'Allier et du Puy de Dôme, car "ils ne voient
pas l'intérêt pour nous que Bourges et Moulins fussent
le lieu de passage de Paris à Lyon".
Les événements vont alors
s'accélérer. Le 25 août 1841, le conseil
général du Cher se réunit et convoque Leconte.
Les responsables du département craignent le prolongement
de Paris-Corbeil vers la Bourgogne et Lyon. De plus, en "haut
lieu", il semble y avoir une "défaveur marquée"
vis à vis de la liaison Paris-Lyon par Bourges. Le projet
d'extension vers Nevers n'était pas au point......L'inquiétude
en Berry grandit.
De plus, la ligne Paris-Orléans
se termine, elle est inaugurée le 2 mai 1843, mais si
son prolongement sur Vierzon ne pose pas de problèmes
techniques, les dures réalités financières
entrent en scène. Déjà en 1842, une avance
de 3 millions de francs avait été demandée
à l'Etat, lequel devenait le maître du jeu par rapport
aux projets de la compagnie.
Bientôt, la Compagnie du Centre annonçait qu'elle
renonçait à la ligne Orléans-Lyon. C'en
était fini d'une grande ligne passant par Bourges.
La déception sera grande à
Bourges, et certains, à cet instant de dépit, "mettront
en doute le chemin de fer et son avenir".
UNE CONCLUSION
POUR LES RESPONSABLES D'AUJOURD'HUI
On a le sentiment, en lisant les documents
de l'époque, que les responsables locaux "se sont
faits blousés" pour prendre une expression triviale.
En réalité, il y avait réelle volonté
des berruyers de voir le chemin de fer passer par Bourges. Cette certitude acquise, ils n'ont pas vu les
pièges possibles, c'est à dire que la parole donnée
par un directeur de compagnie ne faisait pas force de loi. Et
puis, les hauts responsables de Bourges ont joué la confiance,
et n'ont pas fait le siège des ministères ou des
banquiers. Le "lobbying" des Berruyer, pour reprendre
une expressions d'aujourd'hui, n'a pas été effectué,
les députés de l'Est se sont défoncés
pour obtenir le Paris-Lyon par l'Est, leurs homologues berruyers
ont attendu.......
Visiblement, il n'y a pas eu mobilisation
des élus, ni de la population, et cela rappelle la perte
de l'ONF et de l'Ecole d'Architecture qui devaient venir à
Bourges. Dans ce second cas, malgré un bon dossier, l'Ecole
ira à Tours. On n'a pas vu l'ensemble des élus
de tous bords, pas plus que la population berruyère se
mobiliser, placarder des affiches, écrire au ministre,
manifester devant la préfecture, dans les rues de Bourges
où devant le ministère. C'est ce manque ce conviction
ou d'action, en 1840, comme en 1994 qui font des occasions perdues.
Finalement, le chemin de fer de Vierzon
s'en ira sur Châteauroux, Limoges et Toulouse. Bourges
recevra son train en 1847.
Dessin de Bernard CAPO
Compléments :
Le réseau de chemin de fer de Bourges
va s'accroître avec en particulier des lignes qui vont
aller de la gare vers les Etablissements militaires, ce qui va
être important durant la première guerre mondiale.
Plus tard, il en sera de même avec les établissements
aéronautiques.
Bourges sera ensuite reliée à
d'autres villes comme Nevers vers 1850 et Montluçon en
1861.
Outre le chemin de fer, tel que nous le
connaissons aujourd'hui, il existe aussi un réseau secondaire
qui est fondé en 1893 selon C. Belser dans son livre des
100 ans de Bourges en cartes postales, il comprend des lignes
secondaires que les Berruyers vont appeler "le Tacot"
Pour traverser les voies, à la gare
de Bourges, une passerelle est édifiée en 1912,
financée par la compagnie Paris - Orléans, afin
de rejoindre la partie sud de la ville au chemin d'Asnières.
C'est une belle structure métallique de 106 mètres
de long sur une largeur d'environ 1,5 mètres.