Les cinémas à Bourges furent
pendant des lustres une des distractions
favorite des
berruyers au XX e siècle. Aucune étude semble-t-il
n'a jamais été faite sur le sujet. Si un internaute
pouvait compléter ce texte il en serait remercié.
les restes du cinéma
Royal, rue Marcel Haegelen.
Les salles après la guerre
de 1940 furent les suivants :
- Le Grand Palais : grande salle
située rue Pelvoysin (actuellement lieu de vente de vêtements
comme Naf- Naf...) c'était la salle mythique de Bourges
avec un balcon et on pouvait voir des films dans une seule salle,
mais aussi des conférences et des réunions politiques.
Cette salle comprenait 1500 places assises,
dans de bonnes conditions de vision et audition.
Il prendra par la suite le nom de Concorde
avec 3 salles.
Le Grand Palais sera racheté par
Georges Raymond (de La Rochelle) pour faire de ce grand cinéma
plusieurs salles (3 semble-t-il).
Il sera fermé au mois de juin 2000,
avec une manifestation assez lamentable d'Irène Félix
et de quelques uns de ses amis, refusant les nouveaux cinémas
Multiplex du Prado allant jusqu'à voter contre en CDEC,
ce qui fit reculer le dossier de près d'un an.
- L'Alhambra qui sera appelé
aussi le Paris : un cinéma de bonne facture situé
place de la Nation. Elle comprenait envirion 900 places.
- Toujours dans cette zone, le "Cinéma
Monopole Pathé" s'installe à Bourges dans
les Salons de la Victoire place de la Nation et montre en 1910
les premiers spectacles cinématographiques.
- Le Royal : un cinéma situé
dans le haut de la rue Marcel Haegelen, ce fut un cinéma
de quartier, celui de l'Aéroport puis il s'était
spécialisé dans les années 1970, dans les
films "X" et donc le porno lorsque celui-ci arriva
dans les salles.
- Le Lux, rue de Beaumont, la salle
de M. Jacquet qui était le cinéma d'Art et d'essai,
gérée par un "fana" du cinéma,
à la fois très serviable et compétent.
Auparavant, cette salle de cinéma
dès 1950 avait été la propriété
de Raymond Gallais qui était un fabriquant de produits
vétérinaires et qui s'achète cette salle
comme le dit Rémy Beurion.
M. Gallais va gérer cette salle
jusqu'en 1968, avant de la céder à M. Jacquet.
La salle comportait 700 places et M Gallais
va être le premier cinéma de Bourges a s'équiper
d'installation en cinémascope.
- Le Jean de Berry, cinéma
situé vers l'Eglise du Sacré Coeur, rue Jean de
Berry, était un petit cinéma de quartier ou une
salle de cinéma paroissiale. Robert Lechêne évoque
ce cinéma : "Dans cette période de 1942
à 1944, il m'arrivait d'aller à un quatrième
cinéma, la salle paroissiale du Sacré-Coeur, devant
un petit square de la rue Jean-Baffier. Il y passait parfois
de très bons films. Je me rappelle y avoir vu "La
charrette fantôme".
- Le Rex, cinéma situé
à proximité de la Place des 4 Piliers, il jouxtait
l'Hôtel Témoin devenu bibliothèque municipale.Dans
ce cinéma, qui a été installé juste
avant la dernière guerre, Robert Lechêne se souvient
"parce qu'il était permanent, il n'y avait
pas de séance, on entrait , on sortait comme on voulait...
je me rappelle avoir vu en 1943 "La ville dorée",
premier film en couleurs projeté en France et atout de
propagande nazie. "
- le Familia qui
était une petit cinéma de quartier dans les jardins
de l'église St Henri dans les années 1950/60 avec
un balcon et des attractions à l'entracte. Cette salle
existe toujours, elle sert davantage aux riffles et autres réunions.
- Les cinémas Jacques Coeur
situés rue Littré, fermeront pour cause de travaux
importants de sécurité.
- Orléans
Cinéma qui est une petite
salle située à proximité de la butte d'Archelet
sur l'actuelle avenue du G de Gaulle.
Il semble qu'il y ait litige sur cette
salle, pour Jacques Pascaux, elle était située
sur la commune de Saint Doulchard, il s'agissait d'une ancienne
salle paroissiale, laquelle avait remplacé une église.
Le cinéma a été fermé en 1970, et
par la suite, cela sera remplacé par un "pâte
à pain" qui existe encore en 2009. (à confirmer
et à suivre)
(Ces deux derniers cinéma ont été communiqués
par M. Max Balland)
Changement d'époque
: les CGR
Tout commence avec des propositions vers
1996 et 1997 d'implanter à Bourges un complexe cinématographique,
et un groupe belge est sur les rangs. Mais les choses traînent
et surtout, le groupe veut construire ses salles vers l'autoroute,
et il cherche entre Bourges, La Chapelle et Le Subdray.
Les débats en Bureau Municipal sont
vifs, entre Paul André Aubrun et Jean Marie Nunez qui
s'opposent sur le sujet.
Finalement l'opportunité du Prado,
une ancienne zone industrielle dont une grande partie est en
friche met tout le monde d'accord.
Et c'est la société CGR (Cinéma
ou Circuit Georges Raymond) qui obtient le marché de construction.
Cette société a été fondée
en 1974, il est au départ un indépendant, et possède
des salles dans plus de 30 villes avec 367 salles de projection.
Et c'est en 1995 qu'il ouvre à La
Rochelle son premier multiplexe qui va s'appeler Méga
CGR, il en possèderait aujourd'hui, en 2011 près
de quarante.
Ce sont 12 salles qui sont alors offertes
à Bourges au public dans une belle qualité de confort
et de son.
Les cinémas Multiplex donnent les
résultats attendus et font l'unanimité de la jeunesse,
les deux restaurants prévus prennent du retard, et la
patinoire voit son ouverture reportée
. d'un an !
Quant aux surfaces commerciales, comprenant 4500 mètres
carrés, elles existent quelques commerçants qui
lance comme en 1982 / 83 une pétition, n'ayant pas tout
compris des enjeux économiques d'une cité comme
Bourges.
Le succès des multiplex surprend
beaucoup de monde, depuis l'inauguration du 26 juillet 2000,
ce sont des milliers de personnes qui vont désormais régulièrement
au cinéma. Les jeunes ont vite compris l'apport des 12
salles de cinéma et le week-end, les personnes d'un certain
âge ou les enfants prennent la direction du Pré
Doulet. Certains jours, il manque déjà des places
de parking !
L'inauguration se déroule avec à
l'affiche le film "La Tempête" avec Georges Cloney
et des effets spéciaux assez extraordinaires.
La Maison de la Culture réplique
:
Alors que les cinémas CGR font le
plein, une nouvelle salle est construite dans les locaux mêmes
de la maison de la Culture pour proposer des films plus "difficiles",
et avec un peu plus de 100 places (110) , ce nouveau cinéma
de grande qualité prend sa place dans le paysage berruyer.
Le nombre d'entrées fut de 35 000
en 2004 pour diminuer à 32 900 en 2005.
Avec les travaux de réhabilitation
de la Maison de la Culture, la salle de cinéma sera indisponible
pour plusieurs années, et sous l'impulsion de Philippe
Gitton, adjoint à la culture de la ville, une nouvelle
salle de cinéma d'art et d'essai sera "construite"
dans les locaux du Foyer Saint François, Bd Clémenceau.
LES CHIFFRES A BOURGES
Avant l'arrivée des CGR, le nombre
d'entrées aux cinémas était d'environ 280
000 personnes.
- 1994 = 258 000
- 1995 = 270 000
- 1996 = 286 000
- 1997 = 294 000
- 1998 = 334 000
- 1999 = 278 000
-
- Et puis arrivent les CGR en juillet
2000 et c'est une hausse très forte des entrées
(Méga CGR + Maison de la Culture) :
-
- 2000 = 390 000
- 2001 = 576 000
- 2002 = 566 000 (550 000 pour les seuls
CGR)
- 2003 = 514 000
- 2004 = 573 000 ( dont 535 000 pour
les seuls CGR)
- 2005 = 466 000 ( dont 440 000 pour
les seuls CGR)
-
- 2006 = 501 000 ( dont 470 000 pour
les seuls CGR ).
-
- la baisse de 2005 ( - 18%) s'explique
par la faiblesse des films proposés. Mais aussi l'implantation
de cinémas modernes à Vierzon.
-
- 2006, ce fut les Bronzés 3, Pirates
des Caraïbes 2, je vous trouve très beau et prête
moi ta main.
- A noter en France et à Bourges
la contre-performance du Grand Meaulnes.
- Pour 2006, les résultats sont totalement
connus, les responsables des CGR pensaient retrouver les chiffres
de 2004 ( 535 000 pour les seuls CGR) et ils espèrent
espèrent beaucoup pour 2007, ils pensaient atteindre les
600 000 entrées, mais ce sera sans doute 500 000 avec
des films comme Shrek 3, Harry Potter 5 ou Spiderman 3.... etc,
une pente montante, mais encore trop faible pour arriver à
600 000.
- A noter le film "Michou d'Auber"
( tourné dans l'Indre) avec pour les CGR le meilleurs
score national en salles.
-
- En 2009 (fin 2008) les premiers films
commencent à être projetés en numérique,
et certains se retroyuvent même en 3D avec les fameuses
lunettes qu'il faut acheter 2 euros.
- 2010 = 520 000 entrées
-
- Depuis cette année 2010, la plupart
des films sont désormais projetés en numérique
dans les 12 salles.
-
- Une bonne année 2010 pour le responsable,
Nouredine Daouadji, avec des films comme "La Princesse de
Montpensier" (une partie fut tournée à Bourges),
et de grands films comme "Harry Potter" ou "Inception".
Les films tournés
à Bourges
Film d'Art et de Patrimoine, on aurait
pu penser que les tournages de scènes autour d'une cathédrale
ou d'un Palais ait attiré les réalisateurs. Ce
ne sera jamais le cas. Bien entendu quelques films sont tournés
en Berry comme "Jour de Fête" de Jacques Tati,
ou encore en 1921 "La Petite Fadette".
Quelques scènes
de films sont tournées à Bourges, mais ils sont
rares comme :
Le Grand Meaulnes
d'Albiccoco , un magnifique film, tourné entre autre dans
les ruines de l'Abbaye Saint Ambroix, c'était en
1966. Des effets spéciaux remarquables. Le film est tourné
à Epineuil et en Sologne autour de l'abbaye de Lorroy.
Parmi la distribution, Brigitte Fossey.
(Ce film sur le Grand Meaulnes a été
tourné une nouvelle fois en 2005/2005, pour une sortie
réalisée le 4 octobre 2006 avec une réalisation
de Jean Daniel Verghaert, et dans les rôles principaux,
Nicolas Duvauchel et Jean Baptiste Maunier.Le film a été
tourné en Sologne, au château de Roujoux, c'est
dans le Loir et Cher, et les reste dans des studios parisiens).
La critique fut assez mauvaise et le film n'a pas rencontré
un gros succès. La fin ne correspondant pas du tout au
livre. Ce film est sans doute à oublier.
Le Franciscain de Bourges de Claude Autant-Lara en 1967 avec Hardy Kruger,
des scènes ont été tournées dans
les rues de Bourges.
Mais ce furent surtout des téléfilms
pour la télévision qui sont tournés en partie
à Bourges comme :
Jeanne d'Arc
pour la chaîne de télévision Antenne 2,
un film réalisé par Pierre Badel, en 1988. Beaucoup
de scènes au palais Jacques Coeur, à Noirlac et
la scène finale avec le bûcher est tourné
place Etienne Dolet face à la Cathédrale.
César Bireautau est tourné pour la première et seule
chaîne de l'époque
D'Artagnan
en 2004 pour France 2 avec Sophie Marceau
Autre production, dans la cadre de "C'est
pas Sorcier", une émission sur les constructeurs
de cathédrale avec de nombreux figurants locaux dont les
Amis de Jacques Coeur.
Autre film qui fut tourné en décembre
2009, La Princesse de Montpensier, de Bertrand Tavernier
avec Mélanie Thierry et Lambert Wilson. Il fut trourné
à Noirlac et aussi au palais Jacques Coeur.
Dans un ouvrage de 2011, Maud Bruneau a
écrit un ouvrage aux éditions CPE intitulé
"Le Berry à l'affiche" avec les films tournés
à Bourges et en Berry. On retrouvera "Jour de Fête"
de Jacques Tati, mais aussi "la vouivre", et "Michou
d'Aubert".
Sur les films tournés en Berry,
Maud Bruneau a trouvé 15 films, mais 11 dans l'Indre et
3 dans le Cher. (et 1 dans les deux départements).
- Voici un document
important d'un internaute, M Jean Marie Meunier qui nous
fait part du tournage d'un film anglais sur la Révolution
française :
-
- A TALE OF TWO CITIES
(L'HISTOIRE DE DEUX VILLES) - vécue
et narrée par un figurant.
-
- L'été 1957 - le mois de juillet, principalement - vit le tournage
à Bourges de scènes du film anglais " a tale
of two cities " (l'histoire de deux villes -Paris et Londres
- au moment de la Révolution française). C'était
une production de la " Rank " (le sigle en était
homme qui tapait sur un gang énorme). Le metteur en scène
anglais était Ralph Thomas - très connu à
l'époque -, les " vedettes " : côté
français : Jacques Dufilho, Bob Ingarao (musclé
au possible), Marie Versini , côté anglais : aucun
souvenir, mais... on ne les a pas trop vues. Les scènes
tournées à Bourges ont été essentiellement
des scènes d'extérieurs.
-
- Après une campagne de recrutement
faite sous la conduite d'un régisseur au printemps 1957,
j'ai été retenu comme figurant pour tout le mois
de juillet. A 14 ans, je venais de passer (et réussir)
le Certificat d'Etudes Primaire et aussitôt : le tournage
; quelle aubaine : je me suis " amusé " tout
le mois et... bien payé : 1000f de l'époque par
jour (un peu plus de 30 000f pour le mois, car il y eut deux
ou trois tournages de nuit). Pour les 30 000 f de l'époque,
on pouvait s'acheter un vélo ½ course ! Avec les
figurants, il y avait aussi des chevaux : il fallait apporter
de la paille, du foin et de l'eau pour toutes ces bêtes
; les " charrettes " étaient de modèles
divers : carrosse, cabriolet, etc. Dans beaucoup d'endroits
de Bourges, les décorateurs " enjolivaient "
ici un mur, là un pignon de maison ; tout était
fait pour nous replonger en 1789.
-
- J'avais un rôle de sans-culottes
: perruque de cheveux longs, chemise noircie et déchirée,
petit gilet ouvert, pantalon arrêtant aux genoux et chaussures
à boucles... ayant beaucoup servies. Le rassemblement
des figurants avait lieu tous les jours au Parc Saint-Paul (Parc
des Expositions) dont un hall au moins avait été
loué par la production. Le matin, on se changeait, et
passait au maquillage : pour ma part, j'étais "noirci
" sur les bras, les mains et les jambes...
Ensuite, nous nous rendions en groupe sur les différents
lieux de tournage : il fallait voir tous ces " sans-culottes
" dans Bourges... Quel effet !!! Et là, la plus grande
partie de la journée était " l'attente "
: il fallait que le soleil se montre, pas trop, que les nuages
se voient, pas trop ; bref, la météo commandait
; pendant ce temps d'attente, nous discutions beaucoup entre
figurants ; pour ma part, j'étais impressionné
par l'assistant qui régnait en maître sur ce tournage
en extérieurs : parfaitement bilingue, avec un imposant
porte-voix, lisant un journal anglais, et.. respectueux (madame,
monsieur..) avec les figurants.
-
- A certains endroits j'avais une "
petite sur (4-5ans) " que je tenais par la main, et
ma plus grande peur... était de la perdre.
- Rue Geoffroy Tory : une scène ; un carrosse venant de la rue
Joyeuse écrasait un enfant qui courait ; la foule du "
bon peuple de Paris " faisait un sort aux personnages du
carrosse; toujours la rue Geoffroy Tory avec une autre scène
: une charrette avec des énormes barriques de vin (c'était
de l'eau colorée avec un immonde produit) descendait la
rue : Bob Ingarao sautait sur la charrette, coupait une sangle
et les barriques roulant à terre éventrées
laissaient couler le vin : aussitôt tout le peuple se précipitait
pour boire à même le caniveau : la scène
a été répétée plusieurs fois...
La cour d'entrée du Foyer Saint-François servait
de lieu de rassemblement et de point central pour recevoir les
consignes et...attendre.
D'autres sites dans Bourges : rue Voltaire (là
où il y a une résidence maintenant, et à
l'époque
des bâtiments qui intéressaient la production),
un incident. Un après-midi, il faisait chaud et un cheval
piqué par un taon s'est emballé : il s'est enfui
avec sa charrette vers la place st Bonnet et le boulevard
de la République où il a été
arrêté par des passants courageux : plusieurs voitures
ont subi des dommages. Dans le centre administratif Condé
: une charrette pleine de condamnés que l'on menait à
la guillotine, rentrait par le porche de la rue Victor Hugo
pour descendre vers le site de la Direction de l'Agriculture
: le peuple des sans culottes de Paris dont je faisais partie
criait " à mort, à mort, à la guillotine
" ; à la fin de la journée, je n'avais plus
de voix. Autre scène rue de la Halle : scène de
rue avec charrettes, carrosses, et... le peuple de Paris.
- Une grande émotion : la scène
place Séraucourt; une guillotine était installée
: les condamnés étaient amenés par charrettes
entières ; à chaque fois la guillotine faisait
son oeuvre ; évidemment, il y avait " un trucage
" ; autre point : les techniciens " sons " ont
mis plus de deux heures à régler les roulements
de tambour ( il y avait dans ces soldats qui jouaient du tambour,
des musiciens d'une fanfare très connue à l'époque
: l'Avenir de Bourges ; ils avaient été engagés
pour cette scène). Pendant ce temps je recherchais l'ombre,
car ce jour là, le soleil était de.. plomb !
-
- Je regrette que ce film n'ait jamais
été projeté à Bourges à ma
connaissance. Des berruyers l'auraient
vu en Espagne (information lue dans un journal local), mais l'on
ne retrouve pas beaucoup d'éléments de Bourges.
Il paraît que l'on peut le trouver sur Internet en V.O.
: peut-être, un jour en ferais-je l'acquisition. Pour l'instant
je reste avec mes souvenirs : ma ville mise en valeur, bousculée
un peu par ces " diables d'Anglais ", combien sympathiques
(l'anglo-berrichon en un mois n'est pas facile à maîtriser),
et le tournage d'un film au cours de l'été de mes
quatorze ans..
- Jean-Marie MEUNIER 31/05/2007