Maurice Estève - Roland Narboux - Bourges encyclopédie

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MAURICE ESTEVE, BERRICHON DE CULAN 
Par Roland NARBOUX

Maurice Estève est un des peintres majeurs du XXe siècle. Il est originaire de Culan dans le Cher et il a son musée à Bourges.

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Version 2010

 

MAURICE ESTEVE LE BERRICHON DE CULAN


Maurice Estève est né à Culan le 2 mai 1904. Sa mère était venue le mettre au monde chez ses beaux-parents, simples paysans. Elle le leur confiera pour poursuivre son travail dans un atelier de haute-couture comme couturière d'abord puis modéliste. Alors, Estève sera élevé par ses Grands Parents paternels à Culan.
Il écrira plus tard, se rappelant de son enfance :


"Dès que j'avais un moment libre, et souvent même plutôt que de jouer avec mes petits camarades, je m'enfermais pour dessiner".

Estève va vouer une véritable vénération à sa grand-mère illettrée mais d'une grande sensibilité.
Au cours d'un voyage à Paris, il n'a pas dix ans et il découvre le Musée du Louvre, petit enfant, il est attiré par Chardin, Corot et Courbet.
Estève raconte encore :


" Je me souviens même qu'à Culan, avant mes neuf ans, au sortir d'une maladie d'enfance lorsque, après un mois de chambre, je fis ma première sortie à la naissance d'un printemps très beau et très doux, en franchissant le petit pont sur la rivière, j'eus comme une illumination.
je découvris le merveilleux : la lumière, les champs, les fleurs. Tout concourait à me mettre dans un état d'intense émotion devant la beauté véritable".


Il vient à Paris retrouver ses parents en 1913, mais la guerre arrive et il la passe à Culan qu'il quitte seulement à 14 ans, en 1918 avant de rejoindre ses parents à Paris. C'est un milieu peu ordinaire que cet adolescent découvre, d'un côté les coulisses de la riche haute couture avec sa mère, d'un autre côté, ce sont les meetings syndicaux qu'il fréquente avec son père.


ESTEVE CHERCHE SON STYLE


C'est à l'âge de 11 ans qu'Estève commence à peindre. Mais tout ne se passe pas facilement. Son père veut en faire un travailleur manuel, il va combattre la vocation du jeune Maurice.
" Je voulais continuer mes études, mon père y était hostile", la vie "de famille" devenant intenable, Estève quitte Paris, en 1923, à 19 ans, il s'en va à Barcelone pour diriger un atelier de dessins de châles.


De retour à Paris après un an en Espagne, il se remet à peindre en alternant avec des "petits boulots".
A partir de 1930, Estève s'installe dans un vrai atelier de peintre, Porte de Vanves. On lui propose à cette époque d'exposer 25 toiles (dont certaines sur le thème du Couple, ce sera " Le grand couple ", mais aussi " Les fiancés du jour de l'An " et enfin " Le couple sombre ") à la galerie Yvangot : aucun vente en raison de la crise. L'exposition suivante se déroulera seulement 18 ans plus tard.


En 1929, Estève a 25 ans, il vit à Paris, il subit les influences des grands mouvements de la peinture du XX° siècle, il flirte avec les surréalistes, mais il cherche son style. Parfois, dans une toile, on trouve ce qui sera la pièce maîtresse de toute son œuvre.
C'est à partir de 1930 qu'il commence à abandonner tout modèle, dans son atelier de la rue de Vanves, il peut enfin faire des toiles de toute dimension. Pour Dorival, il y a dans cette période, "la volonté de l'artiste de repenser le monde en termes de plastique pure".
En 1936, il est traumatisé comme l'ensemble des intellectuels, par la guerre civile de l'Espagne, c'est une des rares périodes où il fait éclater son sentiment sur l'injustice et les inégalités de la Société, on ne retrouvera guère ce cri dans le reste de son œuvre.


C'est l'époque des difficultés financières, il ne peut pas s'acheter facilement ses toiles et ses tubes de couleurs, il en est réduit à réutiliser des toiles peintes auparavant.


"Dès que j'avais un peu d'argent, je peignais, lorsque je n'avais plus rien, je cherchais un modeste gagne pain. Cela dura jusqu'en 1939."


ESTEVE APRES 1940 : UN GRAND PEINTRE


Pendant la guerre, Estève continue à peindre, il réalise en particulier de nombreuses esquisses qu'il espère pouvoir finaliser plus tard.
L'Art est difficile à faire de manière libre. Picasso est en sommeil, et pendant toute la période nazie, l'abstraction est tout simplement interdite.
C'est aussi l'arrivée de la nouvelle génération des peintres avec Lapicque, Manessier, Tal Coat et bien sûr ESTEVE. Pour eux, c'est l'attachement aux leçons constructrices du cubisme et son goût pour la couleur héritée de Matisse et Bonnard. Ils se tournent vers l'abstraction sans refuser la réalité.


Estève commence à vivre de sa peinture. Vers 1943 il va vers l'abstrait, il dira lui-même :
" Je peux fixer à 1944 le début de mon évolution "rectiligne"... j'ai l'impression de partir en voyage dans un monde inconnu".


Avec d'autres jeunes peintres, ils ont alors un peu plus de 40 ans, ils sont attachés à la sensibilité picturale humaniste. Il y a Bazaine, Pignon, Manessier : ce sont les espoirs de demain ! Cette Ecole de Paris occupe des positions avancées, la notoriété d'Estève s'affirme. Il expose beaucoup en particulier dans les pays du nord de l'Europe, qui semblent aimer les teintes chaudes du peintre, ce jaune qui est dans la plupart de ses toiles. Estève touche à d'autres formes picturales, comme l'aquarelle, et il se tourne aussi vers la tapisserie.

Il y aura deux grands moments dans cette période, le premier, c'est la rétrospective en octobre 1986 au Grand Palais à Paris, il y avait là, François Léotard, Jack Lang et Jacques Rimbault.....pour le vernissage, ils entouraient un des grands peintres contemporains. Le second, c'est l'ouverture du Musée ESTEVE à Bourges, dans cet Hôtel c'était le 19 décembre 1987.


Dans ce magnifique musée, ouvert au public, il y a des dizaines de toiles d'Estève, des tapisseries, des dessins, des aquarelles, des lithographies originales et quelques papiers collés, c'est la chance de Bourges de disposer d'une telle richesse.
Maurice Estève meurt en 2001 à Culan où il est enterré, il avait 97 ans.


LA COTE DES TOILES D'ESTEVE


Estève accordera à la galerie Louis Carré, un contrat en 1942 qui lui permettra dès lors de vivre de son œuvre.
Ce galiériste, avocat d'origine était aussi passionné d'orfèvrerie. Mais il se fait connaître par ses achats en matière d'art. Il expose Picasso, Bonnard, Léger et bien sûr Estève. Louis Carré meurt en 1977, et c'est Patrick Bongers, son petit fils, qui reprend la galerie.
Après la mort de Maurice Estève, il apparaît que la "cote" des tableaux augmente.

A l'hôtel Drouot, lors de la vente des œuvres de la collection d'Alain Delon, le tableau d'Estève " Noirbel " de 1957" a atteint le prix de 478.624 euros, soit un record mondial pour cet artiste.

Quatre donations seront réalisées par Monique et Maurice Estève en 1985, 1989, 1992 et 1997.
En 2005, une exposition de "monotypes" est organisée à partir des œuvres d'Estève, il était entouré de Braque, Picasso ou Matisse.
En octobre 2007 deux collages de Maurice Estève sont donnés à la ville par Mme Estève, il s'agit :
- du collage C 275 réalisé en 1993, à l'occasion de l'inscription de la cathédrale de Bourges au patrimoine mondial de l'UNESCO.
- du collage C 320, créé par Estève en 1998 pour le carton d'invitation, l'affiche et la couverture du catalogue de l'exposition "Collages. Invention, subversion, ou diversion ?" présentée en 1999 au musée Estève.

juillet 2010

 

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