Les etats generaux a Bourges - 1789 - Roland Narboux - encyclopédie -

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LES ETATS GENERAUX A BOURGES en 1789
Par Roland NARBOUX

Bourges, sous la Révolution, que s'est-t-il passé, un premier volet sur les Etats Généraux.

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Version 2009

 

Vers les Etats Généraux à Bourges

Tout d'abord, la convocation des Etats généraux en France ne s'est pas faite dans la précipitation. En effet, la décision remonte à juillet 1788, et l'objectif du pouvoir était … de trouver de l'argent pour la couronne. C'est à la fin de l'année 1788 que Bourges commence à s'intéresser à ces Etats généraux.

Les modalités d'organisation n'étaient pas très simple, car plus personne ne savait faire. Il faut savoir que les derniers Etats généraux remontaient dans le temps à 1614, et c'était à Tours. Il fallait réinventer le nombre de députés, les électeurs, les collèges… bref tout était à construire.

Mais la première étape des Etats généraux, c'est l'élaboration et l'écriture des cahiers de doléances.
Pourtant la politique politicienne reprend vite son rôle et cette période est avant tout consacrée à savoir si le nombre de députés du Tiers Etat aura ou non autant de députés que la somme des députés de la noblesse et du clergé.

Le 27 décembre 1788, le Conseil du roi accepte la proposition du Tiers Etat, à la demande du ministre Necker. C'est un peu le début de la toute nouvelle puissance de ce qui sera " le peuple " pendant cette révolution qui va durer une dizaine d'années.

Ce point qui n'était pas un détail intéressait davantage Châteauroux qui était pour le Berry plus en avance que Bourges pour les idées nouvelles.

Le responsable de la convocation des Etats généraux pour l'ensemble de la province du Berry est Claude de Bengy dont un contemporain a pu dire de méchante manière :

" Il était un honnête homme, doux, modeste, sans énergie, sans ambition ".

Claude de Bengy, dont le portrait est peu flatteur réalisa ce travail d'organisation de fort brillante manière.

Bourges et le Berry soufraient de l'absence des fortes personnalités, l'apanage, le gouverneur, l'archevêque, ils étaient absents de leur province du Berry. Aussi Claude de Bengy du les suppléer dans le travail administratif.

L'apanage appartenait au Comte d'Artois, le futur Charles X. Mais bien peu de berrichon se souvenaient de lui, tant il était absent. Quant au gouverneur de la province, il s'agissait là encore d'un " Grand " de l'époque, le prince de Conti, lui, n'avait jamais mis les pieds dans sa province.
L'intendant du Berry, se nommait Dufour de Villeneuve, pour faire sans doute comme les autres il demeurait loin de Bourges, il était malade, mais il rentrera quelque temps jusqu'au lendemain de la nuit du 4 août, et il sera le premier noble berrichon à émigrer.
Enfin, l'archevêque de Bourges, Mg Chastenet du Puységur, il avait été nommé à ce poste le 6 avril 1788, mais ne vint à Bourges qu'un an plus tard.

Les Etats généraux correspondaient à une forte attente de la population, mais le besoin était flou et diffus, car ce qui préoccupait les gens, c'était le quotidien, et pas les grandes idées, et encore moins une hausse des impôts.
Beaucoup attendaient plus de justice fiscale, et en Berry, tout cela était amplifié par une dizaine d'années de mauvaises récoltes, et en 1788, cela fut accru par une forte mortalité du bétail, les intempéries avaient en effet décimé le bétail, les vignobles avaient eux aussi beaucoup soufferts.
Aussi, lorsque l'hiver 1788 / 1789 arriva, avec un froid qualifié de " fameux " et des inondation à la fin de l'hiver et au début du printemps, la population était à bout. Les gens des campagnes qui formaient l'essentiel de la population du Berry, mais aussi les négociants, et autres juristes mettaient beaucoup d'espoir dans les Etats Généraux.

Les Etats généraux se réunissent

Tout d'abord, la première phase des Etats généraux se déroule en province, et donc en Berry. Il faut attendre le 5 mai 1789 pour que Paris et Versailles prennent rang dans l'actualité et l'histoire.

En Berry, Claude de Bengy organise ces Etats Généraux à partir d'un règlement de convocation daté du 24 janvier 1789. Les électeurs sont dans les 3 ordres, clergé, noblesse et tiers état et c'est le 16 mars 1789 qu'ils se réunissent à 10 heures du matin en l'église des Carmes, sur la place qui est aujourd'hui la place Cujas. C'est le comte de La Chatre qui assure la présidence des premières séances.

Le clergé est à droite, ce qui semble normal, la noblesse à gauche ce qui l'est moins, et le tiers état est face au président, aussi nombreux à lui seul que les deux autres ordres.
Tout commence avec une messe, puis un appel nominal et un discours d'ouverture du comte de La Chatre, grand bailli de France et ses propos sont assez surprenants, ils annonce la futur nuit du 4 août prochain, il dit par exemple :


" les députés vont s'occuper de déraciner un grand nombre d'abus…. Le tiers état ne sera plus foulé… enfants adoptifs d'un même père, tous les français sont frères, ils sont tous égaux pour la cause commune " ".

De tels propos sont à rapprocher du vocabulaire maçonnique de l'époque, et le comte était un " initié " parisien, alors que le maire de Bourges, Clément de Beauvoir, son premier échevin Sué, et Claude de Bengy l'organisateurs tous étaient des francs maçons de Bourges.

Le comte de La Chatre ira encore plus loin en déclarant :


" Des trois ordres de l'état, nous voulons être le premier à offrir nos fortunes à la patrie, comme nous sommes les premiers à combattre pour elles ".

Le ton à Bourges est donné, et les trois ordres vont se séparer pour s'en aller rédiger les cahiers de doléances, et ensuite pour élire leurs députés.

Le clergé se réunit au palais épiscopal (aujourd'hui mairie de Bourges) sous la direction de l'archevêque Mg de Puységur. La noblesse s'en ira à l'Hôtel de Ville, c'est à dire au palais Jacques Cœur, et c'est le comte de La Chatre qui préside. Enfin le tiers état reste sur place à l'église des Carmes et ira ensuite au collège, aujourd'hui hôtel des Echevins.

Certains auteurs affirment que la noblesse de Bourges était, contrairement aux propos du comte de La Chatre, particulièrement intolérante.

Les cahiers de doléances

Au cours des premières réunions, chacun rédige son propre cahier de doléances, et c'est celui du tiers état qui présente la meilleure rédaction.
Il demande, l'égalité devant les charges publiques, la réforme de l'impôt, la suppression des lois qui excluaient les roturiers des grades civils et militaires.

A lire ces cahiers, on peut lire pour le Berry, que " la presse sera libre sous la condition que l'auteur demeurera responsable de sa production ",, mais aussi ces lignes qui vont revenir très souvent dans les provinces, " qu'il n'y ait plus à l'avenir qu'un seul poids et une seule mesure dans toute la France ".

L'élection des députés

Puis ce sont les élections des députés qui vont s'en aller siéger à Paris, alors on trouve des personnages qui vont avoir une importance considérable durant une dizaine de ces années, alors que d'autres vont sombrer dans l'anonymat. Pour le Berry, il y aura donc 4 députés pour la noblesse et 4 pour le clergé, mais 8 représentants pour le tiers état.

Pour l'ordre de la noblesse, sont élus :

Le comte de La Chatre
Le marquis de Bouthilliers
Le vicomte Heurtault de Lammerville
Philippe, Jacques de Bengy-Puyvallée.

Pour l'ordre du clergé, c'est la surprise, car si l'archevêque de Bourges est élu, les trois autres appartiennent au bas-clergé ce qui provoque une grave crise, car la défaite des chanoines et autres dignitaires de l'église passe très mal, certains très fâchés, vont en parler au roi.

Sont élus :

Mg de Puységur, archevêque de Bourges
Poupart, curé
Villenanois, curé
Yvernault, professeur de théologie.

Enfin, pour le tiers état, ils sont 8 :

Thoret, docteur en médecine à Bourges
Sallé de Choux, avocat à Bourges
Grangier, avocat à Sancerre
De Boery, avocat à Châteauroux
Poya de l'Herbe, lieutenant particulier d'Issoudun
Legrand, avocat à Châteauroux
Auclerc Descote médecin à Argenton
Beaucheton, avocat à issoudun.

En examinant la liste, ion remarque 5 avocats, 2 médecins et un lieutenant de baillage, les berrichons envoient à Paris des gens qui savent parler… et 3 d'entre eux sont des nobles !

Parmi ces personnages, deux auront un destin fort. D'abord Legrand, l'avocat de Châteauroux, c'est lui qui va quelques semaines plus tard, faire proclamer que le tiers état soit transformé en Assemblée nationale, avec l'aide de Sieyes c'est un acte majeur de la Révolution.

Le second est Sallé de Choux, à qui l'on doit la départementalisation du Berry et la formation du cher et de l'Indre.

Enfin, à la veille de se rendre à Paris, on remarque que ces représentants berrichons ne sont pas des révolutionnaires, ils sont tous monarchistes et veulent simplement davantage de justice et d'égalité. Ils ne " montent " pas à Paris pour tout chambouler !

Les berrichons à Paris

Une fois les cahiers de doléances rédigés, les députés élus s'en vont à Paris où plutôt à Versailles, où ils sont reçus par le roi Louis XVI le 2 mai de cette année 1789. C'est dans la salle dite des " menus plaisirs " que se déroule cette séance inaugurale qui a du impressionner nos députés berrichons.

Ils sont là, 16 députés, divisés, au milieux de 1165 de leurs collègues élus.

Le premier à se porter au devant de la scène est le marquis de Boutilliers, député de Bourges qui fait adopter une motion le 28 mai 1789 qui fut adoptée, stipulant que les délibérations se feraient par ordre avec des veto respectifs de chacun des ordres. C'était le principe constitutif de la monarchie, et rien de bien nouveau et encore moins révolutionnaire.

A Paris et Versailles, les événements se précipitent, le 20 juin, c'est le serment du jeu de Paume, le 9 juillet, l'assemblée nationale devient assemblée constituante et quelques trois semaines plus tard, c'est le 14 juillet et la prise de La Bastille.

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