Après la chute d'Avarich (Bourges) par César,
une ville nouvelle est édifiée dans les tous premiers
siècles de notre ère, c'est l'Avaricum gallo-romaine
assez méconnue du grand public.
Bourges devient une cité parmi les plus prospères
de la Gaule. C'est une ville de passage, son industrie et son
agriculture l'enrichissent. La cité se forme sur un promontoire,
elle prospère et édifie de nombreux monuments.
Il reste encore quelques traces de ces édifices, une partie
non négligeable étant enfouie dans le sol.
Bourges comprend des restes de la muraille gallo-romaine, un
portique, une fontaine monumentale, des arènes, des thermes
et des portions d'aqueduc comme celui de Traslay. Mais au fil
du temps, ces monuments ont été détruits
pour la plupart ou sont ensevelis en plus ou moins bon état.
Il est pourtant encore passionnant de se "balader"
dans ce Bourges gallo-romain.
Le mur
gallo romain
Le mur gallo romain est la trace, actuellement
la plus visible de cette époque. Il fut édifié
à la fin du III ième siècle à l'approche
des invasions barbares. Il est constitué d'une muraille
et de tours dont il reste quelques vestiges. Son édification
a sans aucun doute été hâtive puisqu'il a
été construit avec des matériaux assez divers.
On retrouve dans certaines parties de ce mur des colonnes ou
des motifs de monuments gallo-romains.
Sur cette enceinte furent construits des monuments modernes comme
le Palais Jacques Cur ou l'Hôtel Lallemant.
Portique
et podium gallo-romain
En haut de la rue d'Auron, à l'emplacement
de l'enclos des jacobins, un immense podium fut mis à
jour dans les années 1980. C'est un massif rectangulaire
de 25 mètres sur 38 d'une hauteur de 4 mètres.
Il daterait du premier siècle de notre ère
Sur ce podium devait être érigé un temple.
De part et d'autre de ce podium, un portique existait. A quoi
pouvait servir ce portique aujourd'hui à demi enterré
? Sans doute d'élément de soutènement, ou
peut-être de boutiques ?
En Gaule ce portique semble unique. Pour Jean Pierre Adam, on
le retrouve en Italie en périphérie des amphithéâtres
ou comme façade d'un mur de soutènement.
Le portique est adossé au flanc ouest de la colline portant
la vieille ville; il a une longueur connue de plus de 70 mètres.
On aperçoit ce portique au numéro 21 de la rue
d'Auron, dans une cour commune. C'est un groupe d'arcades, et
comme les constructions actuelles utilisèrent les restes
gallo-romains, les niches de ces arcades constituent à
chaque fois une salle de cave.
Les arcades font 3,60 mètres de large en moyenne et 2,70
mètres de profondeur, chacune est séparée
par un trumeau de 1,10 mètres.
La fontaine
monumentale gallo-romaine
Les Fontaines sont rares en Gaule, on en
connaît proche de nous celle d'Argentomagus qui faisait
21 mètres sur 13, les spécialistes s'interrogent
toujours et se disputent sur la fonction de ces fontaines. C'est
un lieu sacré pour les uns, et pour d'autres, il s'agit
simplement d'une piscine.
La Fontaine de Bourges à l'époque romaine fut
aménagée sur une place couverte de dalles,
elle était située dans le prolongement du portique.
Les bassins d'après les descriptions de Jean François
Chevrot comportent trois niveaux, " ils sont organisés
sur un plan en forme de U, sont adossés à un escalier
desservant un palier " . Il ne reste qu'une partie de la
fontaine, la partie située à l'ouest a été
détruite lors de la construction du rempart.
La Fontaine monumentale est effectivement sous terre. Pour la
visiter, ce qui est possible, vous entrez dans le Conseil Général,
et sur la droite, par un escalier métallique en colimaçon,
vous descendez dans une vaste salle.
Cette salle souterraine est longue de 11,10 mètres sur
4,25 mètres de large, elle est couverte d'une voûte
d'une hauteur de 2,33 m. Le grand bassin a une largeur de 0,76
m pour une profondeur de 0,74 et une longueur de 5,75 mètres
Les arènes
de Bourges
Alors que l'on ne connaît le Bourges
Gallo-romain que depuis peu de temps, milieu du XIX ième
siècle et qu'aujourd'hui, il reste des pans entiers de
la ville ancienne qui sont totalement inconnus, un seul grand
monument de la ville est parfaitement situé, et largement
connu depuis 2000 ans, ce sont les arènes de Bourges.
Ces arènes sont situées sous la place de la Nation
en dehors de l'enceinte gallo-romaine.
Philippe Goldman et Olivier Ruffier affirment qu'une partie de
l'édifice a sans doute été détruit
au III ième siècle, lors des débuts de la
construction de la muraille gallo-romaine. Cela s'explique par
le fait que les arènes étant au dehors du rempart,
elles n'étaient plus protégées et donc n'avaient
plus la même importance.
Les dimensions des arènes ne sont pas connues, on sait
que la forme devait être circulaire ou ovale compte tenu
de la topographie des lieux. Certains affirment que le diamètre
moyen devait être d'une centaine de mètres. Les
arènes de Lutèce étaient de 100 X 130 mètres.
La construction serait de l'époque de Trajan et il y avait
des gladiateurs puisque des stèles ont été
retrouvées et se trouvent au musée du Berry, c'est
ainsi que l'on indique que
" Lucius Tarquinus
Primus fut un mirmillon qui a remporté trois victoires....
et qui fut tué ".
Ce sera en 1536 le dernier des grands spectacles
donnés dans ces arènes. Il s'agissait d'une oeuvre
en vers de Gréban (frères) qui comportait plus
de soixante milles vers. Elle fut jouée par 500 personnages.
Le spectacle dura deux mois, et l'on affirme qu'il y avait plusieurs
milliers de spectateurs, c'était le Printemps de Bourges
de l'époque.
Les arènes sont comblées en 1619, sans doute à
la demande des habitants du quartier. A cette époque,
on ne se soucie pas plus de patrimoine que de théâtre.
Sous la
Résidence Maxime Lebrun
On a découvert sous la résidence
Maxime Lebrun, rue E. Branly, là où se situait
l'Hôtel de Blosset, une intéressante maison gallo-romaine.
La maison a été fouillée sur seulement 40
mètres carrés. Elle date du 1 er siècle.
Elle possédait un petit aqueduc souterrain qui devait
sans doute alimenter en eau le caldarium. Une reproduction de
ce site sous les gallo-romain a été fait et donne
une bonne idée de l'édifice.
Le creusement de caves au Moyen âge a détruit de
nombreuses traces de cette période.
Les thermes
de Séraucourt
C'est lors de la construction de la Maison
de la Culture en 1937 que l'architecte Marcel Pinon découvre
un certain nombre d'éléments archéologiques.
Ce sont des vestiges gallo-romains.
Il met en avant une salle sur hypocauste, ce qui signifie quelques
vestiges de thermes. Les recherches reprennent en 1983 avec Olivier
Ruffier lors de la construction de l'immeuble du " Palmarium
".
Cette fois les recherches
démontrent la présence d'un remarquable complexe
de thermes gallo-romains. Les dimensions sont importantes avec
un diamètre du péristyle de 40 mètres. La
largeur de la galerie de ce péristyle est de 3,5 mètres.
Le mur du stylobate, sur lequel repose les colonnes est formé
de dalles provenant de calcaires de Bourges. Ces dalles de près
de 1 mètre au carré ont 25 centimètres d'épaisseur.
Les colonnes sur ce stylobate sont importantes, avec un diamètre
de 60 centimètres, une hauteur d'environ 6 mètres
et un espacement entre chaque colonne de 2,6 mètres. Cela
donne l'importance du monument.
Les spécialistes affirment que ces thermes datent du début
du III ième siècle.
L'ensemble comprend aussi un puits, une fontaine et un bassin.
Il faut remarquer que cet édifice, important n'a pas des
dimensions exceptionnelles, il est parfaitement symétrique,
et s'apparente aux Thermes de Trajan à Rome.
L'aqueduc
de Traslay
Les romains, comme chacun sait étaient
des " fanas " de l'eau, des bains, et autres thermes.
Autour de Bourges, l'eau potable était insuffisante, celle
des marais sans doute dangereuse, et il n'y avait pas de station
d'épuration et on n'avait pas inventé ou découvert
le chlore.
A Bourges on s'en alla cherche de l'eau assez loin, puisque l'aqueduc
de Blet qui a son origine aux sources du ruisseau de La Fontaine,
un affluent de l'Airain, et ces sources sont très exactement
situées à Traslay (vers Ourouer les Bourdelins).
La longueur est de 42 kilomètres.
En longeant la rive droite de l'Auron, l'aqueduc arrivera à
Bourges. Son parcours est bien entendu suivant une pente faible,
il n'y avait pas de station de remontée des eaux. Sa pente
était de 0,0006 m par mètres. Le sol n'étant
pas régulier, l'aqueduc est sous terre dans la majeure
partie de son parcourt, et parfois sur des massifs de maçonnerie.
Sous terre, il est généralement situé entre
40 cm et 2 mètres de profondeur.
Un homme pouvait circuler dans l'aqueduc pour le nettoyer. Les
dimensions étaient de 40 cm par 40 pour l'écoulement
de l'eau, la hauteur sous clé était de 1,70 m.
A Bourges, il semble que l'aqueduc passait par le polygone, puis
la place de la pyrotechnie, coupait le boulevard Auger et Foch,
longeait la rue P. E. Martin, coupait la rue Bourdaloue à
proximité de la place du Commandant Martin, traverserait
le jardin de l'Archevêché, passerait devant la cathédrale,
rue Porte Jaune et bifurquerait par les rues Louis Pauliat et
Mayet Génétry
Ensuite, il y aurait une division en deux, une branche allant
vers la Fontaine monumentale, une autre par la rue des armuriers
irait aux Arènes de la Place de la nation.
Pour terminer cet article, on peut signaler
une dernière information, c'est la présence de
statues dans le sol Berruyer. Ainsi à deux pas de la Fontaine
monumentale, dans l'Hôtel de Chouys qui date de 1670, il
y aurait dans le sol, enfoui, une statue monumentale d'Hercule.
Elle serait en marbre blanc et n'aurait pas pu être déplacée
compte tenu de sa grandeur. Il dort sans doute à jamais
dans les fondations de cet Hôtel classique.
L'Hôtel est devenu le lieu d'habitation des archevêques
de Bourges.