L'ENCYCLOPEDIE DE BOURGES
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BOURGES GALLO-ROMAIN
Par Roland NARBOUX

Au premier siècle de notre ère, Bourges devient une grande cité gallo-romaine, et cela va durer plusieurs siècles.

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Version 2009

 

Après la chute d'Avarich (Bourges) par César, une ville nouvelle est édifiée dans les tous premiers siècles de notre ère, c'est l'Avaricum gallo-romaine assez méconnue du grand public.
Bourges devient une cité parmi les plus prospères de la Gaule. C'est une ville de passage, son industrie et son agriculture l'enrichissent. La cité se forme sur un promontoire, elle prospère et édifie de nombreux monuments. Il reste encore quelques traces de ces édifices, une partie non négligeable étant enfouie dans le sol.
Bourges comprend des restes de la muraille gallo-romaine, un portique, une fontaine monumentale, des arènes, des thermes et des portions d'aqueduc comme celui de Traslay. Mais au fil du temps, ces monuments ont été détruits pour la plupart ou sont ensevelis en plus ou moins bon état.
Il est pourtant encore passionnant de se "balader" dans ce Bourges gallo-romain.

Le mur gallo romain

Le mur gallo romain est la trace, actuellement la plus visible de cette époque. Il fut édifié à la fin du III ième siècle à l'approche des invasions barbares. Il est constitué d'une muraille et de tours dont il reste quelques vestiges. Son édification a sans aucun doute été hâtive puisqu'il a été construit avec des matériaux assez divers. On retrouve dans certaines parties de ce mur des colonnes ou des motifs de monuments gallo-romains.
Sur cette enceinte furent construits des monuments modernes comme le Palais Jacques Cœur ou l'Hôtel Lallemant.

Portique et podium gallo-romain

En haut de la rue d'Auron, à l'emplacement de l'enclos des jacobins, un immense podium fut mis à jour dans les années 1980. C'est un massif rectangulaire de 25 mètres sur 38 d'une hauteur de 4 mètres. Il daterait du premier siècle de notre ère
Sur ce podium devait être érigé un temple.
De part et d'autre de ce podium, un portique existait. A quoi pouvait servir ce portique aujourd'hui à demi enterré ? Sans doute d'élément de soutènement, ou peut-être de boutiques ?
En Gaule ce portique semble unique. Pour Jean Pierre Adam, on le retrouve en Italie en périphérie des amphithéâtres ou comme façade d'un mur de soutènement.
Le portique est adossé au flanc ouest de la colline portant la vieille ville; il a une longueur connue de plus de 70 mètres. On aperçoit ce portique au numéro 21 de la rue d'Auron, dans une cour commune. C'est un groupe d'arcades, et comme les constructions actuelles utilisèrent les restes gallo-romains, les niches de ces arcades constituent à chaque fois une salle de cave.
Les arcades font 3,60 mètres de large en moyenne et 2,70 mètres de profondeur, chacune est séparée par un trumeau de 1,10 mètres.

La fontaine monumentale gallo-romaine

Les Fontaines sont rares en Gaule, on en connaît proche de nous celle d'Argentomagus qui faisait 21 mètres sur 13, les spécialistes s'interrogent toujours et se disputent sur la fonction de ces fontaines. C'est un lieu sacré pour les uns, et pour d'autres, il s'agit simplement d'une piscine.
La Fontaine de Bourges à l'époque romaine fut aménagée sur une place couverte de dalles, elle était située dans le prolongement du portique. Les bassins d'après les descriptions de Jean François Chevrot comportent trois niveaux, " ils sont organisés sur un plan en forme de U, sont adossés à un escalier desservant un palier " . Il ne reste qu'une partie de la fontaine, la partie située à l'ouest a été détruite lors de la construction du rempart.
La Fontaine monumentale est effectivement sous terre. Pour la visiter, ce qui est possible, vous entrez dans le Conseil Général, et sur la droite, par un escalier métallique en colimaçon, vous descendez dans une vaste salle.
Cette salle souterraine est longue de 11,10 mètres sur 4,25 mètres de large, elle est couverte d'une voûte d'une hauteur de 2,33 m. Le grand bassin a une largeur de 0,76 m pour une profondeur de 0,74 et une longueur de 5,75 mètres

Les arènes de Bourges

Alors que l'on ne connaît le Bourges Gallo-romain que depuis peu de temps, milieu du XIX ième siècle et qu'aujourd'hui, il reste des pans entiers de la ville ancienne qui sont totalement inconnus, un seul grand monument de la ville est parfaitement situé, et largement connu depuis 2000 ans, ce sont les arènes de Bourges.
Ces arènes sont situées sous la place de la Nation en dehors de l'enceinte gallo-romaine.
Philippe Goldman et Olivier Ruffier affirment qu'une partie de l'édifice a sans doute été détruit au III ième siècle, lors des débuts de la construction de la muraille gallo-romaine. Cela s'explique par le fait que les arènes étant au dehors du rempart, elles n'étaient plus protégées et donc n'avaient plus la même importance.
Les dimensions des arènes ne sont pas connues, on sait que la forme devait être circulaire ou ovale compte tenu de la topographie des lieux. Certains affirment que le diamètre moyen devait être d'une centaine de mètres. Les arènes de Lutèce étaient de 100 X 130 mètres.
La construction serait de l'époque de Trajan et il y avait des gladiateurs puisque des stèles ont été retrouvées et se trouvent au musée du Berry, c'est ainsi que l'on indique que

" Lucius Tarquinus Primus fut un mirmillon qui a remporté trois victoires.... et qui fut tué ".

Ce sera en 1536 le dernier des grands spectacles donnés dans ces arènes. Il s'agissait d'une oeuvre en vers de Gréban (frères) qui comportait plus de soixante milles vers. Elle fut jouée par 500 personnages. Le spectacle dura deux mois, et l'on affirme qu'il y avait plusieurs milliers de spectateurs, c'était le Printemps de Bourges de l'époque.
Les arènes sont comblées en 1619, sans doute à la demande des habitants du quartier. A cette époque, on ne se soucie pas plus de patrimoine que de théâtre.

Sous la Résidence Maxime Lebrun

On a découvert sous la résidence Maxime Lebrun, rue E. Branly, là où se situait l'Hôtel de Blosset, une intéressante maison gallo-romaine. La maison a été fouillée sur seulement 40 mètres carrés. Elle date du 1 er siècle.
Elle possédait un petit aqueduc souterrain qui devait sans doute alimenter en eau le caldarium. Une reproduction de ce site sous les gallo-romain a été fait et donne une bonne idée de l'édifice.
Le creusement de caves au Moyen âge a détruit de nombreuses traces de cette période.

Les thermes de Séraucourt

C'est lors de la construction de la Maison de la Culture en 1937 que l'architecte Marcel Pinon découvre un certain nombre d'éléments archéologiques. Ce sont des vestiges gallo-romains.
Il met en avant une salle sur hypocauste, ce qui signifie quelques vestiges de thermes. Les recherches reprennent en 1983 avec Olivier Ruffier lors de la construction de l'immeuble du " Palmarium ".

Cette fois les recherches démontrent la présence d'un remarquable complexe de thermes gallo-romains. Les dimensions sont importantes avec un diamètre du péristyle de 40 mètres. La largeur de la galerie de ce péristyle est de 3,5 mètres. Le mur du stylobate, sur lequel repose les colonnes est formé de dalles provenant de calcaires de Bourges. Ces dalles de près de 1 mètre au carré ont 25 centimètres d'épaisseur. Les colonnes sur ce stylobate sont importantes, avec un diamètre de 60 centimètres, une hauteur d'environ 6 mètres et un espacement entre chaque colonne de 2,6 mètres. Cela donne l'importance du monument.
Les spécialistes affirment que ces thermes datent du début du III ième siècle.
L'ensemble comprend aussi un puits, une fontaine et un bassin.
Il faut remarquer que cet édifice, important n'a pas des dimensions exceptionnelles, il est parfaitement symétrique, et s'apparente aux Thermes de Trajan à Rome.

L'aqueduc de Traslay

Les romains, comme chacun sait étaient des " fanas " de l'eau, des bains, et autres thermes. Autour de Bourges, l'eau potable était insuffisante, celle des marais sans doute dangereuse, et il n'y avait pas de station d'épuration et on n'avait pas inventé ou découvert le chlore.
A Bourges on s'en alla cherche de l'eau assez loin, puisque l'aqueduc de Blet qui a son origine aux sources du ruisseau de La Fontaine, un affluent de l'Airain, et ces sources sont très exactement situées à Traslay (vers Ourouer les Bourdelins). La longueur est de 42 kilomètres.
En longeant la rive droite de l'Auron, l'aqueduc arrivera à Bourges. Son parcours est bien entendu suivant une pente faible, il n'y avait pas de station de remontée des eaux. Sa pente était de 0,0006 m par mètres. Le sol n'étant pas régulier, l'aqueduc est sous terre dans la majeure partie de son parcourt, et parfois sur des massifs de maçonnerie. Sous terre, il est généralement situé entre 40 cm et 2 mètres de profondeur.
Un homme pouvait circuler dans l'aqueduc pour le nettoyer. Les dimensions étaient de 40 cm par 40 pour l'écoulement de l'eau, la hauteur sous clé était de 1,70 m.
A Bourges, il semble que l'aqueduc passait par le polygone, puis la place de la pyrotechnie, coupait le boulevard Auger et Foch, longeait la rue P. E. Martin, coupait la rue Bourdaloue à proximité de la place du Commandant Martin, traverserait le jardin de l'Archevêché, passerait devant la cathédrale, rue Porte Jaune et bifurquerait par les rues Louis Pauliat et Mayet Génétry
Ensuite, il y aurait une division en deux, une branche allant vers la Fontaine monumentale, une autre par la rue des armuriers irait aux Arènes de la Place de la nation.


Pour terminer cet article, on peut signaler une dernière information, c'est la présence de statues dans le sol Berruyer. Ainsi à deux pas de la Fontaine monumentale, dans l'Hôtel de Chouys qui date de 1670, il y aurait dans le sol, enfoui, une statue monumentale d'Hercule. Elle serait en marbre blanc et n'aurait pas pu être déplacée compte tenu de sa grandeur. Il dort sans doute à jamais dans les fondations de cet Hôtel classique.
L'Hôtel est devenu le lieu d'habitation des archevêques de Bourges.

 

Bourges est donc sans aucun doute une cité majeure du monde gallo-romain, mais la ville comprend tant de joyaux patrimoniaux des XIV ième et XV ième siècle, que la période des premiers siècles de notre ère a souvent été occultée.

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