Jacques Coeur de Bourges par Roland Narboux - encyclopédie

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JACQUES COEUR DE BOURGES
Par Roland NARBOUX

Personnage de légende, il représente à lui seul, Bourges. L'argentier de Charles VII a une vie digne d'un roman. + Photos et Images

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Version 2009

JACQUES CŒUR,
            UNE GRANDE AVENTURE AU XV ième SIECLE

Jacques Cœur est né selon toute vraisemblance à Bourges, rue Parerie en l'an 1400, ce sont les résultats des dernières recherches de Jean Yves Ribault.
Bourges a donc, au cours de l'année 2000, et dans les années qui ont suivi, avec l'association des Amis de Jacques Cœur commémoré cet événement.
Se sont succédées, des fêtes costumées, des visites sur les pas de Jacques Cœur, des conférences, des jeux sur Internet ou dans les commerces de la ville, un colloque, des expositions de livres et de tapis, pour tous les goûts et tous les âges.
L'encyclopédie de Bourges se devait de participer à la fête par un article sur le Grand Argentier de Charles VII.

De très nombreux ouvrages ont été écrits sur Jacques Cœur, en les lisant, on pense tout connaître personnage. Il n'en est rien, il y en a encore beaucoup de zones d'ombres dans sa vie, et les recherches se poursuivent.

Jacques Cœur est le personnage le plus illustre de la ville de Bourges, qui a pourtant vue naître des personnages illustres, des rois et des princes, un seul fait : c'est avec l'argent qu'il prête à la cour et au roi qu'il permet au " Petit Roi de Bourges de bouter les Anglais hors de France ".

UNE JEUNESSE ORDINAIRE

Jacques Cœur est né à Bourges en 1400 dans une maison proche de l'église Saint-Pierre-le-Marché, où son père exerçait la profession de marchand pelletier.
Ce père, Jean Cœur, de condition modeste venu de Saint Pourçain va épouser la veuve d'un boucher, la dame Bacquelier, ce qui le propulse d'une marche dans la notoriété, la corporation des bouchers étant particulièrement puissante.

Le petit Jacques passe sa petite enfance dans ce quartier Notre Dame, au pied du rempart avant d'aller habiter à l'angle de la rue des Armuriers et du Tambourin d'Argent, en face d'une superbe maison appartenant à la famille de Lambert de Léodepart, le prévôt de Bourges, " valet de Chambre du duc Jean de Berry ".
C'est à proximité du Palais du Duc Jean que se déroule l'adolescence de Jacques Cœur, à deux pas de la Sainte Chapelle où il poursuivra ses études.
Jacques Cœur n'est donc pas né dans la maison qui porte superbement la plaque " ici est la maison natale de Jacques Cœur " et ne l'habitera pas. Il vivra juste en face……

Ce début du XV ième siècle n'est pas particulièrement réjouissant, la période est fort tourmentée avec la " guerre de cent ans ", alors que les épidémies et la peste sont des maux quotidiens. A cela s'ajoutent les méfaits des écorcheurs et autres brigands.
Jacques Cœur a 15 ans lorsque se déroule une des plus cuisantes défaites de l'armée française à la bataille d'Azincourt. Trois ans plus tard, le dauphin, futur Charles VII quitte précipitamment Paris, chassé par Jean sans Peur et se réfugie en Berry, devenant " le petit roi de Bourges ", titre donné avec beaucoup de dérision.
La présence du dauphin et de la cour va stimuler la ville sur le plan des échanges et du commerce.

On connaît très mal les 20 premières années de la vie de Jacques Cœur à Bourges. Très jeune, il gère un des douze changes de la ville. Son entrée dans le monde des affaires se fait avec l'aide de sa belle famille, puisqu'il épouse Macée de Léodepart, sa belle voisine, fille du prévôt de la ville. Il commence un travail de change place Gordaine avec ses associés, Godard et Ravant le Danois. Bientôt il est inquiété pour " falsification " dans les titres des monnaies frappées.
Il s'en sort plutôt bien, le roi Charles VII signant une lettre de rémission, alors qu'il aurait pu être envoyé dans une basse fosse ou sur une galère.

LA MONTEE VERS LA PUISSANCE

Jacques Cœur devient un commerçant à une échelle beaucoup plus ample que ses concurrents français de l'époque. Il rêve sans doute de rivaliser avec les Médicis de Florence ou les marchands de Gênes. Son premier voyage dans les pays du Levant se déroule en 1432, on ne sait pas ce qu'il a ramené, sinon l'ébauche d'une stratégie d'approche de ce commerce. Le retour est délicat, il fait naufrage au large de Calvi. Prisonnier, il est relâché contre une rançon assez faible, ce qui signifie qu'à cette époque il n'était pas considéré comme un personnage important.

Il fait construire des navires sur le modèle des bateaux génois, après en avoir copié un qu'il avait acheté... ce qui lui vaudra quelques ennuis.
Marchand mais aussi banquier, armateur, industriel, maître de mines dans le Forez, il est le contemporain de Jeanne d'Arc, qui habitera Bourges en 1429, de Gilles de Rais, et le confident d'Agnès Sorel. Ne dit-on pas que Perrette, la fille de Jacques Cœur accueillait dans son château de Bois Sir Amé, les amours de Charles VII et de la belle Agnès. Il conçoit des routes, installe des comptoirs pour faire " commerce avec les infidèles ", créa une flotte de navires, ses galées, et le négoce avec le Levant devint plus que prospère.
Il est un " manager " d'une grande modernité, à la fois Receveur des taxes sur le sel, Commissaire aux Etats du Languedoc, maître des Monnaies et Argentier du Roi, il tisse un réseau commercial de toute première importance, avec Montpellier, puis Lyon, Avignon, Limoges, Rouen et Paris. Plus au nord, il commence l'installation d'un comptoir à Bruges.
Comme l'écrivent ses biographes, " Il fut créateur, sans le savoir, des sociétés multinationales et des entreprises à succursales multiples, il réussit à stopper la dévaluation de la monnaie ". Il fut un génial administrateur et un diplomate dans des situations délicates, fréquentant les rois, les princes et les papes.

Il reste beaucoup de questions sur cette période, sur l'importance de sa flotte de navires, 4, 7 ou plus de bateaux, c'est assez différent. Quant à son talent de diplomate, certains affirment qu'il était utilisé essentiellement parce qu'il payait les frais de déplacement et les réceptions. Quant à ses relations privilégiées avec plusieurs papes, c'est encore un mystère, ce petit berrichon qui dialogue d'égal à égal avec un pape, puis un autre, c'est assez curieux.

LA FORTUNE DE JACQUES CŒUR

En fait, la fortune du grand argentier ne serait pas due totalement à la vente de tissus ou de fourrures aux nobles de la cour, ni dans la fabrication de l'or à partir de métaux vils comme cela se murmurait dans les milieux alchimistes. C'était sans doute plus simple et plus rentable, il " jouait les différences de cours de l'Or et de l'Argent, entre l'Occident et le Levant.
En occident, le bi-métallisme était de rigueur, mais il manquait beaucoup d'or, alors que les mines de plomb argentifère étaient prospères. Inversement, le Levant " regorgeait d'Or " et la cote de l'argent était au plus haut. Il devenait alors aisé, pour un financier un peu aventureux de changer des quantités d'argent venues d'Occident contre de l'Or.

Jacques Cœur est anobli en 1441, et deux ans plus tard, il acquiert un terrain, pour y construire une " grant'maison ", ce que nous appelons le Palais. Les travaux vont durer 8 années.
En 1450, le Palais est presque terminé. Jacques Cœur donne une fête dans la salle des festins, pour la réception organisée à la suite de l'accession comme archevêque de Bourges de son fils, Jean. Ce sera une des rares occasions pour Jacques Cœur de profiter de son palais.

Outre son Palais de Bourges, le grand Argentier acquiert moult maisons, châteaux et propriétés en Berry comme Ainay-le-Viel, ou encore à Menetou-Salon. Plus loin, il aura une loge des marchands à Montpellier, une autre à Tours, alors que le château de Boisy, proche de Roanne devait être une étape entre Bourges et le midi.
En 1450, il est au somment de son art, il a construit un vrai palais, il est riche, et le roi Charles VII, comme une grande partie de la cour lui doivent de l'argent, beaucoup d'argent !

LA CHUTE

Alors que tout va bien, semble-t-il, Jacques Cœur est arrêté sur l'ordre du roi Charles VII le 31 juillet 1451 au château de Taillebourg. Il est emprisonné pour une dizaine de motifs plus ou moins sérieux.
Il a fait beaucoup de jaloux, et ne dit-on pas cette formule qui ne devait pas faire très plaisir à Charles VII : " Le Roi fait ce qu'il peut, Jacques Cœur fait ce qu'il veut ". Il était devenu l'égal des " grands " du royaume, paradant à Rouen en 1449 avec le roi et les hauts dignitaires !
Les accusations et les procès de l'époque sont caractéristiques : on ne badine pas avec les aveux. Torturé et soumis à la question il avoue tout ce que veulent ses détracteurs, et il est condamné à mort le 23 mai 1453, mais sa peine est commuée en détention à perpétuité.

On ne connaît toujours pas les raisons de cette arrestation, dans un premier temps, il est accusé d'avoir empoisonné Agnès Sorel, c'est assez vite rejeté. Le reste ne tient pas plus. La raison ne serait-elle pas la haine de Charles VII envers son fils le dauphin et futur Louis XI. Jacques Cœur servait le roi, mais avait sans doute des relations avec le Dauphin, ce qui était insupportable pour Charles VII, d'où l'arrestation.

Il va finir sa vie aventureuse comme dans un roman de cape et d'épée. Il s'évade de sa prison de Poitiers, avec l'aide de ses amis, et par le canal des couvents dont celui de Beaucaire, il rejoint Rome et le Pape, affrète une flotte au nom de son illustre hôte, et s'en va combattre les infidèles. Il meurt le 25 novembre 1456 dans l'île de Chio, sans doute lors d'un combat naval avec les Turcs. Son corps sera enterré dans le couvent des Cordeliers, et les restes seront dispersés par un tremblement de terre pour les uns, par des pillages et destructions des infidèles pour les autres.

Jacques Cœur, personnage fabuleux, quel film ferions-nous avec son extraordinaire existence, génial bourgeois, il monte au sommet de l'état, est " descendu en flèche ", mais se redresse et repart vers d'autres aventures.

 

LA GRANT'MAISON

Le nom donné aujourd'hui de " Palais " pour l'édifice est récent. Jusqu'au siècle dernier, on parlait de la " la grand maison de monseigneur l'argentier ". C'est sans doute à partir du moment où il reçoit la cour de justice de Bourges que l'on parle du bâtiment, comme d'un " palais de justice " et le mot " palais " est resté.
L'histoire du monument est peu commune. En 1457 il est rendu aux enfants de l'ex-grand argentier, et Geoffroy Cœur en prend possession. Son fils Jacques Cœur II en hérite puis le vend à la famille Turpin en 1501. C'est ensuite qu'il se retrouve dans les mains de la famille de Laubépine qui va le garder un siècle. A cette époque le frère de Claude de Laubépine, évêque de Limoges fait construire, adossé au Palais, un hôtel qui prend comme nom Hôtel de Limoges, aujourd'hui disparu. De 1629 à 1636, le prince de Condé et son frère le prince de Conti habiteront respectivement le palais de Jacques Cœur et l'hôtel de Limoges. En 1679, Colbert acquiert l'édifice. Acheté par la municipalité en 1682, c'est l'Hôtel de Ville de Bourges. Il subit alors de profondes modifications intérieures pour permettre le travail administratif et l'archivage. Il héberge ensuite des institutions de justice, le baillage et le présidial.
Ce n'est qu'au début du XX ième siècle après le départ de la mairie puis de la justice que le bâtiment racheté par l'Etat devient le fleuron du patrimoine civil berruyer.
L'intérieur possède encore de magnifiques architectures, cheminée, plafond, chapelle, mais les restaurations ont dénaturé de nombreuses pièces. Il reste toutefois quelques belles sculptures, dont un Tristan et Iseult, un bas relief représentant une galée et des vitraux remarquables.


http://www.jacques-coeur-bourges.com

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