Roland Narboux -Jardin des Prés Fichaux de Bourges - Bourges encyclopédie

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LE JARDIN DES PRES FICHAUX DE BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges, jardin superbe des années 1920 summum de l'Art déco. Il est trop peu connu.
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Version 2009

 

Le jardin des Prés Fichaux est situé entre l'Yèvre et le boulevard de la République. A l'origine, il s'agissait d'une étendue de terre, souvent recouverte par les eaux, c'était en fait un marais qui dépendait de l'Abbaye Saint Ambroix.
On raconte que les moines de l'Abbaye louaient leur terrain pour que l'on y cultivât du chanvre et des légumes. Pendant des siècles, les "Pretz-Fichault" seront des lieux de rencontre pour les manifestations les plus diverses. Des psaumes de Clément Marot étaient déclamés par les partisans de la Réforme. Un siècle après, au mois de juillet 1619, les Prés Fichaux étaient utilisés pour les concours d'arquebusiers. Bien plus tard, en 1948, la chanteuse Edith Piaf, avec les Compagnons de la Chanson proposeront un tour de chant, alors que récemment, les berruyers avertis ont apprécié un concert de musique électroacoustique.

C'est dans les années 1920 que l'idée germe dans la tête des responsables locaux pour faire de ce terrain un jardin public. Le premier projet date ... du 1° avril 1921. Le plan d'ensemble est signé de Paul Marguerita, c'est un jardin dit "à l'anglaise", il n'a aucune ressemblance et aucun point commun avec ce qui sera bientôt édifié. Les plans définitifs sont réalisés en 1922, toujours par Paul Marguerita, il sera le véritable père de cette oeuvre. Cet architecte paysagiste de la Ville de Bourges proposera un jardin "à la Française", très classique, avec plusieurs zones très précises, comme la terrasse, le tapis vert, le théâtre de verdure, la roseraie.

Pendant une dizaine d'années, les travaux vont se dérouler, avec d'énormes problèmes techniques, mais aussi des problèmes financiers et une opposition d'une grande partie de la population. Il faudra toute la volonté et l'énergie du maire Henri Laudier pour faire face aux difficultés d'une décennie. En ville chacun évoquera "ce gouffre financier que représentent les Prés Fichaux".

Les chiffres qui vont permettre de réaliser ce jardin sont éloquents: sur une surface de 4 hectares, il faudra amener 100 000 mètres cubes de remblais, des centaines de mètres de canalisations souterraines et plus de 6000 mètres de drains.
Dix ans de travaux colossaux pour aboutir à ce 30 juin 1930, jour de l'inauguration. Ce jour là, le cortège des personnalités, Henri Laudier en tête, va longuement parcourir le jardin. Monsieur Paul Léon, Directeur des Beaux Arts de Paris n'est pas présent, c'est lui qui devait présider cette inauguration, mais il est malade, et n'a pas pu venir.....

La visite commence à la terrasse, où chacun admire le bas relief de Coulhon, toujours en place aujourd'hui. Le cortège, assez maigre, parcourut les 100 mètres de la longueur de la pelouse, avec ses ifs délimitant les allées, pour atteindre au fond, un bassin de 300 mètres carrés agrémenté d'une fontaine à trois chutes, comprenant, au centre un marbre délicieux de Blanchard, appelé "Diane Surprise". Cette oeuvre, très fine, sera remplacée par "un Popineau". De part et d'autre du bassin, le "clou" du jardin: deux vases monumentaux en grès de Sèvres, ils sont du ciseau de Patout, ils ont aujourd'hui disparu.
Henri Laudier et ses amis arrivèrent ensuite au théâtre de verdure, dont l'entrée était gardée par deux "Centaures" de Monard, alors que la roseraie toute proche et son escalier de 6 marches permettait la découverte d'une fontaine avec le Dieu Pan et deux vases de Sèvres, intitulés "les Saisons", sur un modèle de Nevicq, comme l'écrit la presse locale, "ce sont de magnifiques taches blanches sur l'émeraude des pelouses latérales". Le long du parcours, deux oeuvres remarquables, "une femme nue" de Barrias, puis le "Bûcheron" de Riché, deux statues qui ont disparu du jardin.

L'inauguration de ce 30 juin 1930 est une grande victoire pour Henri Laudier. Après tant de critiques, et une matinée à demi-ratée par l'absence des personnalités parisiennes et celle de nombreux berruyers, l'après-midi, la foule va se précipiter pour voir le jardin. Ce sera vite l'émerveillement, le jardin des Prés Fichaux de l'avis de tous, est un des plus beaux d'Europe : et il se trouve à Bourges.

Depuis les années 1930, des sculptures ont été réformées et d'autres ajoutées, c'est ainsi que l'on découvre sous de grands arbres un " Bernard ", intitulé Harmonie et un " Jules Dalou ", le paysan.


Aujourd'hui, ce jardin reste très art-déco, même s'il manque quelques grès de Sèvres. Le fleurissement est toujours d'une grande qualité et la roseraie attire de nombreux touristes. Si Henri Laudier revenait, il ne trouverait pas de grandes différences. Les rangées d'ifs sont plus fournies et les espèces végétales ont parfois évolué. Il faut sans cesse trouver des espèces nouvelles, ou entretenir celles qui existent.
Il fait l'objet d'une recherche continue. Ainsi, au mois d'août 97, M. Roland Marie Marceron convoqua la presse pour montrer des plans de tabac. Chacun accourut, c'était une aubaine, on trouvait désormais du tabac dans les jardins public de la ville ..... et à quant le pavot..... ?
Il fallut assez vite déchanter, car les plans de tabac présentés au jardin des Prés Fichaux étaient du tabac d'ornement avec des fleurs magnifiques, mais assez peu de feuilles, pas de quoi fumer.
Le tabac fut importé par Jean Nicot qui offrit pour la première fois une " prise " en poudre à Catherine de Médicis qui souffrait de maux de tête.... Ce fut un succès.
Mais dans les cultures nouvelles des Prés Fichaux, il ne s'agissait pas de produire du tabac à fumer, mais du tabac d'ornement : cinq espèces étaient présentées à titre expérimental par l'Institut du Tabac de Bergerac afin que la ville de Bourges puisse en étudier la culture.

Le jardin des Prés-Fichaux, avec ses concerts d'été, reste " le grand jardin de la Ville ", par sa conception, son histoire et la beauté de son fleurissement.

 

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