Lahitolle - Bourges Encyclopédie

L'ENCYCLOPEDIE DE BOURGES
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LE SITE LAHITOLLE A BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges, et un site qui est une technopôle, avec de la recherche et de l'enseignement, voici l'Histoire de ce site.

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Version 2009

 

Les Etablissements Militaires, c'était aussi à Bourges, l'Atelier de Construction de Bourges, qui vit le jour en 1860 ; il était alors appelé "La Fonderie Impériale de Canons de Bourges". A partir de 1870, tous les grands canons vont sortir de Bourges. Les matériels "Reffye" de 7 et de 8, la famille des "De Bange", construits en 5000 exemplaires, puis le 95 mm de Lahitolle, du nom d'un Ingénieur remarquable, Perrier de Lahitolle qui est le véritable "père" des constructions des canons de Bourges.

 
Ce nom de Perrier de Lahitolle devient à partir des années 2000 un des noms les plus utilisés à Bourges. Lahitolle devient un nom commun ou presque, car c'est un site essentiel en matière de recherche et d'enseignement.
Voici quelques notions sur l'Histoire de ce site , texte réalisé par Nicolas Varin et la Ville de Bourges pour les Nouvelles de Bourges de juin 2008.
 
Le site de Lahitolle
 
Alors que le site de Lahitolle a connu d'importantes transformations, une occasion nous est donnée de retracer l'histoire industrielle de ce secteur de Bourges.
La nécessité de regrouper au centre du pays les fabrications d'armements jusqu'alors dispersées près des frontières - du nord et de l'est - est apparue dès le début du XIXe siècle.
Le choix de Bourges répondait à la nécessité stratégique d'un site loin des frontières et eut lieu après élimination de villes telles que Tours qui comptait un régiment d'artillerie et Nevers dont le site du " delta " possédait des établissements métallurgiques travaillant pour la Marine.
 
L'implantation des établissements militaires à Bourges voir aussi l'article Ets militaires etsmilitaires.htm

Outre sa position centrale, à l'abri des invasions, la région bénéficie de ressources industrielles importantes (bois, métallurgie). Et, en 1860, Napoléon III décide donc d'implanter à Bourges les établissements militaires, un complexe de fabrications d'artillerie composé d'une fonderie de canons et de l'Ecole de Pyrotechnie militaire chargée principalement des projectiles.
Dans le même temps, un régiment d'artillerie prend ses quartiers à Bourges qui devient peu à peu une ville de garnison avec un état major de division et une école d'artillerie qui entraîne la création d'un premier polygone de tir.
La création de la Commission d'expériences
Dès la fin de la guerre de 1870, une Commission d'expériences (actuel E.T.B.S) les rejoint, qui assume les essais de l'ensemble des armements.
L'acquisition de terrains agricoles pour construire les bâtiments et aménager le polygone de tir (72 hectares en tout) entraîne de nombreuses expropriations. Sur ces terrains, la Commission d'expériences testera la plupart des pièces d'artillerie et des munitions en service dans l'armée française pendant la guerre de 14-18, notamment le fameux " canon de 75 ".
Avant 1870, un ensemble de voies distribuées par deux ronds-points, dont celui de la place Malus, est déjà réalisé et délimite les espaces à occuper sur une vaste superficie à l'est de la ville.
 
Des canons de bronze… aux canons d'acier

La Fonderie impériale coule ses premiers canons à la fin de l'année 1866. Ce sont les derniers canons de bronze se chargeant par la bouche (système de 1858), puis par une culasse (système de Reffye).
Après 1870, la Fonderie usinera les premiers canons d'acier à partir des lingots forgés par la métallurgie (matériels de Lahitolle et de Bange). Les recherches entreprises dès cette époque dotent la France d'une artillerie particulièrement redoutable en 1914, grâce au légendaire 75 Mle 1897, fabriqué à près de 30 000 exemplaires à raison de 30 par jour, en 1918, à la fonderie de Bourges.
Ces fabrications d'artillerie perdurent jusqu'à aujourd'hui avec la diversification engendrée par l'évolution des techniques : canons pour char, pour la ligne Maginot, contre avions ; etc.
Après la seconde guerre mondiale le bâtiment servira de ... gymnaste.
 
Le bâtiment emblématique de cette Fonderie impériale se retrouva par la suite dans le Centre de Formation de la Défense, et chacun pouvait remarquer le fronton qui fut érigé à la gloire de Napoléon III.
Il s'agit d'une sculpture monumerntale de 9 mètres sur 3 de forme triangulaire, avec au centre un magnifique aigle.
 
Il est à près d'un dizaine de mètres de hauteur et c'est l'oeuvre d'un sculpteur local Jules Dumoutet et il est classé monument historique depuis 1995.
Le fronton ayant beaucoup souffert avec le temps, la rénovation fut demandée par Les Amis du patrimoine d el'armement de Bourges et les travaux en 2013 / 2014 vont durer une année, sous la conduite de Benoît Moreau architecte du patrimoine.
Ainsi l'aigle, les canons, les épées ont été restaurées.
 
 
Une ville dans la ville

Vers 1880, les " grands établissements militaires de Bourges " sont devenus une ville dans la ville, avec leurs propres équipements (hôpital, prison, embranchement ferroviaire). Ce complexe industriel conditionne désormais le développement urbain, comme le souligne Eugène Brisson en 1878 : " l'agrandissement de Bourges et le développement de sa voirie sont les suites nécessaires de leur création, qui modifient tous les jours la physionomie extérieure de la ville et la vie économique des habitants " .
4 092 salariés en 1914
En 1884, les établissements militaires emploient 2 886 personnes.
Vers 1914, l'industrie de l'armement à Bourges regroupe 4 092 salariés, dont un bon nombre de femmes (42 % à la Pyrotechnie).
Sur la route de Nevers (aujourd'hui avenue Ernest Renan), le long des rues perpendiculaires récemment crées dans la partie proche du carrefour de Pignoux, sont construites des maisons ouvrières en bande ou jumelées et des maisons de contremaître ou " employés ".
L'habitat continue à se développer jusqu'au rond-pont Malus après la première guerre mondiale sous la forme d'un habitat plus individualiste : pavillons en retrait de la rue entourés d'un jardin.
La première guerre mondiale : une période d'expansion pour les établissements militaires
Pendant la guerre, les industries d'armement ont fonctionné avec un rendement maximum. La superficie des établissements militaires et du polygone de tir ont considérablement augmenté : l'usine de munitions de Louis Billant au Prado et l'entrepôt de Port-Sec (route de la Charité) sont venus compléter le complexe industriel et militaire déjà très important. La main d'œuvre s'est accrue également : 23 000 personnes au plus fort de la guerre.
 
Des cités créées

Pour répondre à l'accroissement de la population (il semble que la ville atteigne les 100 000 habitants à cette époque), des baraquements militaires sont installés en face de l'enclos Lahitolle sur des terrains inoccupés entre la place Malus et le carrefour de Pignoux. Un nouveau quartier prend naissance au lieu-dit " les Bigarelles ", aménagé d'abord avec des constructions provisoires, remplacées après la guerre par des immeubles et des équipements collectifs en dur.
Des immeubles sont construits à partir de 1918 aux Dumones et quelques années plus tard, apparaît la cité-jardins des Fonds-Gaidons dont les pavillons individuels ou jumelés répondent aux normes de la loi Loucheur.

Une architecture de prestige pour les établissements militaires de Bourges
L'architecture des établissements militaires reprend le style ostentatoire des grandes usines sidérurgiques de la France du XIXe siècle.
Les bâtiments donnant sur le boulevard Lahitolle évoquent l'entrée d'un château XVIIe siècle. Ces édifices réservés à l'administration et au logement des officiers utilisent un répertoire décoratif néo-classique. De même la forerie de la " Fonderie Impériale " bénéficie d'un fronton sculpté de trophées d'armes.
Les autres bâtiments, situés à l'arrière et souvent cachés par de hauts murs (quartiers Auger et Carnot, pyrotechnie) sont les plus sobres : leur unique décor, constitué de chaînes d'angle et encadrement de baies en pierre, se répète selon le principe de l'architecture modulaire.
 
Le pavillon de l'ancienne fonderie de canons
Les bâtiments de la Fonderie impériale de canons sont construits entre 1862 et 1866, avec la richesse architecturale qui s'impose pour des édifices voulus par l'empereur. Ce pavillon abrite le logement du directeur et les services administratifs. Un édifice identique lui fait pendant pour le logement du sous-directeur et de quelques cadres supérieurs.
La Fonderie impériale de canons, ou Fonderie de Bourges après la chute de l'Empire, devint l'Atelier de construction de Bourges (ABS) en 1910, fusionne en 1967 avec l'Ecole centrale de pyrotechnie (ECP) pour former l'Etablissement d'études et de fabrication d'armement de Bourges (EFAB), lui même fondu en 1991 dans le creuset de la société Giat Industries. L'enceinte de la fonderie abrite désormais le Centre de formations de Bourges (CFBS).
 
L'ancienne Ecole de pyrotechnie
Depuis 1824, une Ecole de pyrotechnie militaire installée à Metz, assure la formation des artificiers et autres personnels amenés à manipuler des explosifs. Cette école a également une mission de recherche et d'étude dans le domaine des munitions. En 1860, le second Empire décide son transfert à Bourges en même temps qu'il y crée la fonderie de canons. Le transfert est effectif en juin 1870 bien que le portail d'honneur porte la date de 1867.
A la fin de la première guerre mondiale, l'Ecole centrale de pyrotechnie est devenue un pôle majeur de la production de munitions, avec 200 hectares d'ateliers et 12 500 ouvriers et ouvrières.
 
La salle d'armes
 
La salle d'armes est une grande bâtisse de dimensions impressionnantes, 132 mètres de long, 20 mètres de large et d'une hauteur de 24 mètres. La superficie est d'environ 10 000 mètres carrés ( 10 660 SHOB, surface hors oeuvre brute).
 
La construction de ce bâtiment date, selon l'inscription qui figure sur le mur, de 1873. Mais certains documents semblent montrer que c'est vers 1880 qu'elle se termine devenant un "magasin de fusils", c'est en effet là que sont entreposés les armes légères comme les fusils.
D'ailleurs en 1940, les Allemands entrant dans la ville découvrent dans cet bâtiment plus de 300 000 fusils Lebel qu'il vont prendre. Une riveraine, Solange Méchineau se souvient :
"La salle d'armes était gardée par des militaires, un jour, j'ai eu le droit de franchir le seuil de cet endroit interdit : il y avait beaucoup de fusils, de la sellerie, mais pas de canons. Les parquets cirés faisaient un vrai musée. J'en garde un souvenir émerveillé".
 
 
En 1956, la salle d'armes est intégrée dans l'ABS, qui est en fait l'Arsenal de Bourges avant que cette structure ne forme en 1967, avec L'Ecole de pyro, l'EFAB.
L'EFAB prend le nom de GIAT Industrie en 1987.
 
En 1991, le bâtiment est en quelque sorte désaffecté et il tombe dans l'oubli.
Dans le cadre du contrat de site, il est envisagé de détruire le bâtiment, comme d'autres sur le site. Lors d'une réunion, la ville de Bourges et le département se liguent et finalement la salle d'armes est sauvée. Seule la préfète de l'époque, donc l'Etat sont favorables à la destruction.
 
Le Conseil général achète la salle d'arme en 2005 pour 300 000 Euros pour en faire un lieu d'enseignement, avec l'extension de l'Ecole d'Ingénieurs (ENSIB).
En 2008, après d'importants travaux, la salle d'armes ouvre ses portes pour l'ENSIB étendue, et d'autres structures vont suivre vers 2009. Le projet architecturel a été réalisé par le cabinet Carré d'Arche avec Jean Pierre Prin. Le coût total sera de 10, 8 millions d'euros (pour 2007 - 2013), avec 3,5 pour l'Etat, 3,5 pour l'Europe, puis la Région Centre pour 1,4 M d'euros, le Conseil général pour 1,2 et la ville de Bourges, 1 million d'Euros.
 

Contacts
Service du Patrimoine de la Ville de Bourges - 02 48 57 81 46
Les Amis du Patrimoine de l'Armement de Bourges - 12, rue de Lazenay - 02 48 21 27 23

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