Les Etablissements Militaires, c'était
aussi à Bourges, l'Atelier de Construction de Bourges,
qui vit le jour en 1860 ; il était alors appelé
"La Fonderie Impériale de Canons de Bourges".
A partir de 1870, tous les grands canons vont sortir de Bourges.
Les matériels "Reffye" de 7 et de 8, la famille
des "De Bange", construits en 5000 exemplaires, puis
le 95 mm de Lahitolle, du nom d'un Ingénieur remarquable,
Perrier de Lahitolle qui est le véritable "père"
des constructions des canons de Bourges.
-
- Ce nom de Perrier de Lahitolle devient
à partir des années 2000 un des noms les plus utilisés
à Bourges. Lahitolle devient un nom commun ou presque,
car c'est un site essentiel en matière de recherche et
d'enseignement.
- Voici quelques notions sur l'Histoire
de ce site , texte réalisé par Nicolas Varin et
la Ville de Bourges pour les Nouvelles de Bourges de juin 2008.
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- Le site de Lahitolle
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- Alors que le site de Lahitolle a connu
d'importantes transformations, une occasion nous est donnée
de retracer l'histoire industrielle de ce secteur de Bourges.
- La nécessité de regrouper
au centre du pays les fabrications d'armements jusqu'alors dispersées
près des frontières - du nord et de l'est - est
apparue dès le début du XIXe siècle.
Le choix de Bourges répondait à la nécessité
stratégique d'un site loin des frontières et eut
lieu après élimination de villes telles que Tours
qui comptait un régiment d'artillerie et Nevers dont le
site du " delta " possédait des établissements
métallurgiques travaillant pour la Marine.
-
- L'implantation des établissements
militaires à Bourges voir
aussi l'article Ets militaires etsmilitaires.htm
Outre sa position centrale, à l'abri des invasions, la
région bénéficie de ressources industrielles
importantes (bois, métallurgie). Et, en 1860, Napoléon
III décide donc d'implanter à Bourges les établissements
militaires, un complexe de fabrications d'artillerie composé
d'une fonderie de canons et de l'Ecole de Pyrotechnie militaire
chargée principalement des projectiles.
Dans le même temps, un régiment d'artillerie prend
ses quartiers à Bourges qui devient peu à peu une
ville de garnison avec un état major de division et une
école d'artillerie qui entraîne la création
d'un premier polygone de tir.
- La création de la Commission d'expériences
Dès la fin de la guerre de 1870, une Commission d'expériences
(actuel E.T.B.S) les rejoint, qui assume les essais de l'ensemble
des armements.
L'acquisition de terrains agricoles pour construire les bâtiments
et aménager le polygone de tir (72 hectares en tout) entraîne
de nombreuses expropriations. Sur ces terrains, la Commission
d'expériences testera la plupart des pièces d'artillerie
et des munitions en service dans l'armée française
pendant la guerre de 14-18, notamment le fameux " canon
de 75 ".
Avant 1870, un ensemble de voies distribuées par deux
ronds-points, dont celui de la place Malus, est déjà
réalisé et délimite les espaces à
occuper sur une vaste superficie à l'est de la ville.
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- Des canons de bronze
aux canons
d'acier
La Fonderie impériale coule ses premiers canons à
la fin de l'année 1866. Ce sont les derniers canons de
bronze se chargeant par la bouche (système de 1858), puis
par une culasse (système de Reffye).
- Après 1870, la Fonderie usinera
les premiers canons d'acier à partir des lingots forgés
par la métallurgie (matériels de Lahitolle et de
Bange). Les recherches entreprises dès cette époque
dotent la France d'une artillerie particulièrement redoutable
en 1914, grâce au légendaire 75 Mle 1897, fabriqué
à près de 30 000 exemplaires à raison de
30 par jour, en 1918, à la fonderie de Bourges.
Ces fabrications d'artillerie perdurent jusqu'à aujourd'hui
avec la diversification engendrée par l'évolution
des techniques : canons pour char, pour la ligne Maginot, contre
avions ; etc.
- Après la seconde guerre mondiale
le bâtiment servira de ... gymnaste.
-
- Le bâtiment emblématique
de cette Fonderie impériale se retrouva par la suite dans
le Centre de Formation de la Défense, et chacun pouvait
remarquer le fronton qui fut érigé à la
gloire de Napoléon III.
- Il s'agit d'une sculpture monumerntale
de 9 mètres sur 3 de forme triangulaire, avec au centre
un magnifique aigle.
-
- Il est à près d'un dizaine
de mètres de hauteur et c'est l'oeuvre d'un sculpteur
local Jules Dumoutet et il est classé monument historique
depuis 1995.
- Le fronton ayant beaucoup souffert avec
le temps, la rénovation fut demandée par Les Amis
du patrimoine d el'armement de Bourges et les travaux en 2013
/ 2014 vont durer une année, sous la conduite de Benoît
Moreau architecte du patrimoine.
- Ainsi l'aigle, les canons, les épées
ont été restaurées.
-
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- Une ville dans la ville
Vers 1880, les " grands établissements militaires
de Bourges " sont devenus une ville dans la ville, avec
leurs propres équipements (hôpital, prison, embranchement
ferroviaire). Ce complexe industriel conditionne désormais
le développement urbain, comme le souligne Eugène
Brisson en 1878 : " l'agrandissement de Bourges et le développement
de sa voirie sont les suites nécessaires de leur création,
qui modifient tous les jours la physionomie extérieure
de la ville et la vie économique des habitants "
.
- 4 092 salariés en 1914
En 1884, les établissements militaires emploient 2 886
personnes.
Vers 1914, l'industrie de l'armement à Bourges regroupe
4 092 salariés, dont un bon nombre de femmes (42 % à
la Pyrotechnie).
Sur la route de Nevers (aujourd'hui avenue Ernest Renan), le
long des rues perpendiculaires récemment crées
dans la partie proche du carrefour de Pignoux, sont construites
des maisons ouvrières en bande ou jumelées et des
maisons de contremaître ou " employés ".
L'habitat continue à se développer jusqu'au rond-pont
Malus après la première guerre mondiale sous la
forme d'un habitat plus individualiste : pavillons en retrait
de la rue entourés d'un jardin.
- La première guerre mondiale : une
période d'expansion pour les établissements militaires
Pendant la guerre, les industries d'armement ont fonctionné
avec un rendement maximum. La superficie des établissements
militaires et du polygone de tir ont considérablement
augmenté : l'usine de munitions de Louis Billant au Prado
et l'entrepôt de Port-Sec (route de la Charité)
sont venus compléter le complexe industriel et militaire
déjà très important. La main d'uvre
s'est accrue également : 23 000 personnes au plus fort
de la guerre.
-
- Des cités créées
Pour répondre à l'accroissement de la population
(il semble que la ville atteigne les 100 000 habitants à
cette époque), des baraquements militaires sont installés
en face de l'enclos Lahitolle sur des terrains inoccupés
entre la place Malus et le carrefour de Pignoux. Un nouveau quartier
prend naissance au lieu-dit " les Bigarelles ", aménagé
d'abord avec des constructions provisoires, remplacées
après la guerre par des immeubles et des équipements
collectifs en dur.
Des immeubles sont construits à partir de 1918 aux Dumones
et quelques années plus tard, apparaît la cité-jardins
des Fonds-Gaidons dont les pavillons individuels ou jumelés
répondent aux normes de la loi Loucheur.
Une architecture de prestige pour les établissements militaires
de Bourges
- L'architecture des établissements
militaires reprend le style ostentatoire des grandes usines sidérurgiques
de la France du XIXe siècle.
Les bâtiments donnant sur le boulevard Lahitolle évoquent
l'entrée d'un château XVIIe siècle. Ces édifices
réservés à l'administration et au logement
des officiers utilisent un répertoire décoratif
néo-classique. De même la forerie de la " Fonderie
Impériale " bénéficie d'un fronton
sculpté de trophées d'armes.
Les autres bâtiments, situés à l'arrière
et souvent cachés par de hauts murs (quartiers Auger et
Carnot, pyrotechnie) sont les plus sobres : leur unique décor,
constitué de chaînes d'angle et encadrement de baies
en pierre, se répète selon le principe de l'architecture
modulaire.
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- Le pavillon de l'ancienne fonderie de
canons
Les bâtiments de la Fonderie impériale de canons
sont construits entre 1862 et 1866, avec la richesse architecturale
qui s'impose pour des édifices voulus par l'empereur.
Ce pavillon abrite le logement du directeur et les services administratifs.
Un édifice identique lui fait pendant pour le logement
du sous-directeur et de quelques cadres supérieurs.
La Fonderie impériale de canons, ou Fonderie de Bourges
après la chute de l'Empire, devint l'Atelier de construction
de Bourges (ABS) en 1910, fusionne en 1967 avec l'Ecole centrale
de pyrotechnie (ECP) pour former l'Etablissement d'études
et de fabrication d'armement de Bourges (EFAB), lui même
fondu en 1991 dans le creuset de la société Giat
Industries. L'enceinte de la fonderie abrite désormais
le Centre de formations de Bourges (CFBS).
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- L'ancienne Ecole de pyrotechnie
- Depuis 1824, une Ecole de pyrotechnie
militaire installée à Metz, assure la formation
des artificiers et autres personnels amenés à manipuler
des explosifs. Cette école a également une mission
de recherche et d'étude dans le domaine des munitions.
En 1860, le second Empire décide son transfert à
Bourges en même temps qu'il y crée la fonderie de
canons. Le transfert est effectif en juin 1870 bien que le portail
d'honneur porte la date de 1867.
A la fin de la première guerre mondiale, l'Ecole centrale
de pyrotechnie est devenue un pôle majeur de la production
de munitions, avec 200 hectares d'ateliers et 12 500 ouvriers
et ouvrières.
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- La salle d'armes
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- La salle d'armes est une grande bâtisse
de dimensions impressionnantes, 132 mètres de long, 20
mètres de large et d'une hauteur de 24 mètres.
La superficie est d'environ 10 000 mètres carrés
( 10 660 SHOB, surface hors oeuvre brute).
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- La construction de ce bâtiment date,
selon l'inscription qui figure sur le mur, de 1873. Mais certains
documents semblent montrer que c'est vers 1880 qu'elle se termine
devenant un "magasin de fusils", c'est en effet là
que sont entreposés les armes légères comme
les fusils.
- D'ailleurs en 1940, les Allemands entrant
dans la ville découvrent dans cet bâtiment plus
de 300 000 fusils Lebel qu'il vont prendre. Une riveraine, Solange
Méchineau se souvient :
- "La salle d'armes était
gardée par des militaires, un jour, j'ai eu le droit de
franchir le seuil de cet endroit interdit : il y avait beaucoup
de fusils, de la sellerie, mais pas de canons. Les parquets cirés
faisaient un vrai musée. J'en garde un souvenir émerveillé".
-
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- En 1956, la salle d'armes est intégrée
dans l'ABS, qui est en fait l'Arsenal de Bourges avant que cette
structure ne forme en 1967, avec L'Ecole de pyro, l'EFAB.
- L'EFAB prend le nom de GIAT Industrie
en 1987.
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- En 1991, le bâtiment est en quelque
sorte désaffecté et il tombe dans l'oubli.
- Dans le cadre du contrat de site, il est
envisagé de détruire le bâtiment, comme d'autres
sur le site. Lors d'une réunion, la ville de Bourges et
le département se liguent et finalement la salle d'armes
est sauvée. Seule la préfète de l'époque,
donc l'Etat sont favorables à la destruction.
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- Le Conseil général achète
la salle d'arme en 2005 pour 300 000 Euros pour en faire un lieu
d'enseignement, avec l'extension de l'Ecole d'Ingénieurs
(ENSIB).
- En 2008, après d'importants travaux,
la salle d'armes ouvre ses portes pour l'ENSIB étendue,
et d'autres structures vont suivre vers 2009. Le projet architecturel
a été réalisé par le cabinet Carré
d'Arche avec Jean Pierre Prin. Le coût total sera de 10,
8 millions d'euros (pour 2007 - 2013), avec 3,5 pour l'Etat,
3,5 pour l'Europe, puis la Région Centre pour 1,4 M d'euros,
le Conseil général pour 1,2 et la ville de Bourges,
1 million d'Euros.
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Contacts
Service du Patrimoine de la Ville de Bourges - 02 48 57 81 46
Les Amis du Patrimoine de l'Armement de Bourges - 12, rue de
Lazenay - 02 48 21 27 23
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