mairie de Bourges - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

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MAIRIE DE BOURGES, LES LIEUX A BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges, voici un article sur les différents lieux où le pouvoir municipal s'est exercé. Il est régulièrement repris par la presse loclae, ce qui semble en faire un point fort de la curiosité locale !

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Version 2010

La mairie de Bourges, en cette fin d'année 2000 est composée de deux bâtiments situés à deux pas de la cathédrale Saint Etienne, l'un classique, datant du XVII ième siècle, l'autre très récent, puisqu'il a été construit en 1992. Mais auparavant, le pouvoir municipal s'est baladé dans plusieurs lieux de la ville, parmi les bâtiments les plus prestigieux.
C'est cette visite dans le temps en prenant les pas de Christophe Gratias, guide conférencier des monuments historiques qui est proposée dans cette première encyclopédie sur Bourges.
Il apparaît que la motivation de ces changements de lieux a toujours la même cause : il n'y a pas assez de place pour travailler et stocker les documents administratifs municipaux.

Le premier pouvoir municipal

Ce n'est que vers le XII ième siècle que les habitants de Bourges commencent à prendre conscience de la nécessité de se regrouper en assemblée générale des habitants et d'élaborer des actions communes comme en 1210 lorsque la population demande que les rues soient pavées et décident, pour le financement de lever des taxes. Un lieu de réunion s'avère nécessaire et ces assemblées générales se déroulent dans le cloître du prieuré de Notre-Dame-la-Comtale.
Cette première symbolisation du pouvoir municipal est importante, il est situé à l'emplacement actuel de la galerie d'art de l'école de Beaux Arts : la Box. De ce lieu, les habitants ont une vue superbe sur les Prés-Fichaux, un vaste marais nauséabonde.

Il y a donc, nous rappelle Christophe Gratias un premier pouvoir municipal qui s'occupe de la voirie, qui élit les députés envoyés auprès du Roi, qui lève les taxes… etc et sans qu'il y ait véritablement un maire ou un corps municipal constitué.

Les Maires et les Echevins

C'est au XIV ième siècle qu'apparaît la notion de corps municipal avec les " Bonhommes " qui sont les quatre représentants des quatre quartiers de la ville. Le mot Echevin viendra du Nord un siècle plus tard. Mais cet ancêtre du Conseil Municipal a rapidement des occupations très importantes, il doit défendre la ville lors de la guerre de 100 ans et la reconstruire en partie après l'incendie de 1353.
Progressivement, la ville se dote de cette institution comprenant un maire et quatre Echevins, personnages majeurs, élus par le " peuple ". C'est Louis XI, natif de Bourges, qui n'était pas un grand démocrate qui va supprimer l'élection des Echevins et nommer lui-même, le maire et les Echevins, diminuer leurs prérogatives en matière de justice et en échange, ceux-ci sont anoblis !

La Première vraie Mairie (1492)

Bourges a toujours été une ville d'incendies et le plus dramatique qui détruira dit-on 3000 maisons se déroula le 22 juillet 1487, le jour de la sainte Madeleine, et en fin de soirée, le maire et ses Echevins verront partir en fumée tous les écrits et documents administratifs de la ville, puisque Notre-Dame-la-Comtale se situait dans le périmètre brûlé.

Après un instant de découragement, les échevins décident de construire une véritable mairie, ce sera l'hôtel des Echevins. En attendant, ils font leur conseil municipal dans les lieux les plus divers, même à l'intérieur de la cathédrale !
Ce lieu, situé à proximité de Notre-Dame-la-Comtale, appartenait à un bourgeois, Pierre Jehanin qui vend le terrain " à la ville " pour 425 écus.

La construction commence vers 1489 et dure 3 ans, suivant les plans d'un maître maçon, Jacquet de Persigny, appelé parfois Jacques de Pigny. Le style de l'ouvrage a des similitudes avec le palais du Duc Jean et même le palais de Jacques Cœur, mais l'intérieur est parfaitement adapté au travail des Echevins avec une grande pièce pour les assemblées générales des habitants et surtout une salle toute en pierre pour le secrétariat et les archives que l'on ne voulait plus voir partir en fumée.

L'extérieur est un petit bijou, avec une magnifique tour comprenant de nombreuses sculptures comme " les sergents de la ville ", ancêtres de la police municipale, situés dans les fausses fenêtres. Il faut montrer que l'incendie de 1487 n'est qu'un mauvais souvenir et que la puissance de Bourges et des édiles locales est toujours intacte.
Dans la grande salle une cheminée monumentale comporte les sculptures de moutons, symboles de la ville (les moutons du Berry sont en réalité des béliers….). Des vitraux et des peintures aux armes du roi, mais aussi du maire et de ses quatre Echevins complétaient la décoration.

La mairie est donc dans un superbe bâtiment, mais se trouve à l'étroit, et on construit d'abord une tourelle, puis un siècle plus tard, une galerie à arcades, œuvre de Jean Lejuge. Le prince de Condé, alors gouverneur du Berry organise dans ce lieu de très nombreuses réceptions.

Mais l'hôtel des Echevins, même avec les derniers aménagements du XVII ième siècle n'a pas la splendeur et la grandeur d'un palais. C'est alors que dans la ville un autre bâtiment est à vendre, il s'agit de l'hôtel construit par Jacques Cœur.

L'hôtel de Ville chez Jacques Cœur (1682)

" La Grant Maison " de l'argentier de Charles VII appartenait à Colbert qui l'avait acheté en 1679 et en 1681, il décide tout simplement de s'en séparer, et le propose à la municipalité qui ne peut refuser, entrant par là même dans les bonnes grâces du ministre.
La ville s'en rend acquéreur ainsi que l'hôtel de Limoges qui le jouxtait (et qui n'existe plus), en contrepartie, ils vendent l'hôtel des Echevins aux Jésuites.

Le palais de monseigneur l'Argentier devient donc la mairie de Bourges en 1682.
Mais passer de l'Hôtel des Echevins à celui de Jacques Cœur, c'est un pas considérable. L'édifice est à la fois plus prestigieux et plus vaste, mais comme il faut de l'argent pour les frais de fonctionnement, le maire n'occupera pas l'ensemble du Palais Jacques Cœur : il en louera une partie en …. Appartements.
A la Révolution, on installe les tribunaux qui manquent de place et bientôt, la mairie prend la partie supérieure du corps de logis et la magistrature s'installe plus bas, côté rue Jacques Cœur. Et le problème de place ressurgit sous l'Empire avec l'arrivée des cour impériales et de la cours d'assises, une partie des services municipaux s'en vont dans l'hôtel de Limoges, alors qu'au fil des ans, la place réservée à la ville diminue au profit de la justice.
Le nom même de Palais Jacques Cœur vient de cette époque, on allait " au palais…. de justice ", auparavant on parlait de l'hôtel ou de la " grant-maison " et jamais de " Palais ".

Mérimée de passage à Bourges écrira que ce lieu " est fait pour être la mairie de Bourges " et il déplore le peu de place disponible dans l'hôtel de Limoges. Sur sa lancée, il fera classer en 1840 le bâtiment monument historique.
Mais la place manque cruellement, il faut trouver un autre lieu dans Bourges.

Mille et un projets de Mairie

A partir de 1856, une commission municipale travaille sur un nouvel hôtel de Ville, qui doit comprendre les services administratifs, mais aussi une bibliothèque et un musée. Trois ans plus tard, ce sont 7 lieux qui sont proposés au conseil municipal pour que l'architecte Roger fasse construire la nouvelle mairie qu'il a dans ses cartons.
Cela va de la place Cujas aux terrains de l'Oratoire, alors qu'une étude économique montre qu'il serait préférable d'acquérir un hôtel existant. Ce sera fait avec l'achat pour 100 000 francs de l'hôtel Paskiewicz, situé à l'emplacement actuel de la poste, rue Moyenne. Cet hôtel Paskiewicz devient donc la mairie de Bourges en 1865.

La caractéristique de cet hôtel était son intégration dans un grand projet d'urbanisme, un peu à la manière d'Haussman, comportant une trouée dans l'axe de la cathédrale entre le parvis et la rue Moyenne.
C'est le maire Pierre Planchat qui inaugure la nouvelle mairie, un 11 novembre de l'année 1865, et dans son discours, s'il déplore que le bâtiment vu de l'extérieur est assez quelconque, l'intérieur est parfaitement adapté et " tous les services de la mairie s'y trouvent admirablement bien installés ".
Et la ville restera en cet emplacement près de 45 ans, avant de rejoindre à nouveau un palais : celui des archevêques de Bourges.

La mairie rue de la monnaie

La mairie du XX ième siècle (1910)

C'est la suite de la loi de 1905 de séparation de l'Eglise et de l'Etat qui permet à la ville d'acquérir gratuitement cette fois le palais archiépiscopal situé à proximité de la cathédrale. Cet édifice avait été construit par Pierre Bullet à la demande de l'archevêque Phélippeaux de la Vrillère au XVII siècle.
Les conditions qui ont porté la municipalité dans ces lieux en 1910 et les manifestations qui ont suivi lors du départ de l'évêque, Monseigneur Servonnet nécessiteront à elles seules un nouvel article dans la Bouinotte, car il s'agit d'un événement très important du début du siècle à Bourges.
Pour utiliser ce nouvel édifice, il faudra modifier l'ensemble de l'agencement intérieur et les travaux seront permanents. Le plus difficile fut de loger la totalité des services municipaux dans des pièces plus hautes que larges ou dans des lieux si étroits qu'un bureau n'y entrait pas.

Dernière étape : l'extension controversée (1992)

A l'étroit, une fois encore, dans les années 1980, la municipalité de Jacques Rimbault décida de construire un bâtiment jouxtant le palais archiépiscopal et après plusieurs années de fouilles archéologiques, un immense vaisseau vit le jour dans un style futuriste du à l'architecte Claude Vasconi.
Placé devant la cathédrale cette construction verra un déchaînement de passions rarement vu en Berry ces dernières décennies tant le style de l'édifice est décalé par rapport au patrimoine de la ville. L'intérieur et son gris bleuté sont d'une froideur à laquelle beaucoup seront allergiques !
Mais le temps fera son œuvre et dix ans plus tard, la " nouvelle mairie " fait partie de l'espace Berruyer et chacun s'y est fait et vit avec, même si certains nostalgiques regrettent toujours ce bâtiment, et l'auraient vu ailleurs, loin de la cathédrale.
A quant un nouveau lieu pour la prochaine mairie, parions pour 2015, mais à quel endroit ?

Claude Vasconi :

Il fit ses études à l'Ecole Supérieure des Arts et Industrie de Stasbourg (ENSAIS),

Comptant parmi les constructeurs les plus présents sur les marchés français et allemand, Claude Vasconi né en 1940 à Rosheim, en Alsace, avait obtenu le Grand Prix national d'architecture en 1982. Il avait réalisé, en collaboration avec Georges Pencreac'h, plusieurs établissements publics dans les villes nouvelles, notamment à Cergy-Pontoise, ainsi que le centre commercial du Forum des Halles, achevé en 1979. En 1981, les deux architectes avaient séparé leurs pratiques.

Il laissera ensuite des oeuvres solides, efficaces, parfois massives comme le Corum de Montpellier (1992), la Filature à Mulhouse (1994), l'hôtel du département (1990) à Strasbourg et la nouvelle mairie de Bourges.

L'architecte Claude Vasconi est mort le mardi 8 décembre à Paris, des suites d'un cancer. Il était âgé de 69 ans.

"Seul maître à bord Architecte parfois contesté pour la dureté froide de son style un peu répétitif, où dominent les couleurs du métal, il est respecté pour son efficacité et il est appelé par de très nombreuses villes, souvent après concours. On le voit arriver, élégant, la barbe soigneusement élaguée, le chapeau sur la tête, un foulard soigneusement noué autour du cou. Fier, indépendant, il est respecté, attachant, mais aussi craint, car ses coups de gueule ne sont pas rares. Son volontarisme fera qu'on ne connaît guère de ralentissement dans sa carrière."

Franck Hammoutène, architecte et président de l'Académie d'architecture, dont Claude Vasconi était membre depuis 1991, utilise exactement les mêmes adjectifs qualificatifs que Francis Soler, auxquels il ajoute : "libre", "indépendant", "droit", et aussi "charismatique", "discret", "curieux".

La mairie de Bourges, de l'avis des architectes locaux, a particulièrement bien vieilli sur l'extérieur, alors que l'intérieur est à revoir, à la fois sur l'espace, sur l'énergie et sur les couleurs. Pour Frédéric Blatter, "c'est le seul nâtiment modezrne de notre ville .... Vasconi a réussi à construire ce bâtiment sans toit, tout proche d ela cathédrale, et ça il fallait le faire. En fait l'intérieur a vieilli, pas l'extérieur".

(Nota : M Blatter oublie l'Ecole de musique et le Hublot dans les bâtiments modernes).

A noter que lors des hommages et de la carrière de Claude Vasconi, dans ses réalisations, sur Internet, a aucun moment ne figure Bourges.


 

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