LA
PLACE DE LA NATION est devenue une des grandes et belles places
centrale de Bourges, et son histoire est millénaire, elle
a toujours été très impliquée dans
l'Histoire de la Ville. Et puis elle recèle dans son sous-sol
les célèbres arènes gallo-romaines de Bourges.
La datation n'est pas simple, ce serait
sous le règne de Trajan oi d'Hadrien, c'est à dire
à la fin du 1 er ou début du 2 ième siècle
ap JC. Ce sont les recherches à proximité de ce
lieu qui semblent donner une date.
Dans les premiers siècles de notre
ère, cette place était donc le lieu d'un théâtre
gallo-romain. Plus tard, on l'appellera la " fosse des arènes
".
Les arènes de Bourges
La connaissance du Bourges gallo-romain
est assez récente, et les recherches datent de peu de
temps. C'est au milieu du XIXe siècle que des historiens
et curieux locaux se sont intéressés à cette
époque. Aujourd'hui encore, il reste des pans entiers
de la ville ancienne qui sont totalement inconnus. Dans ce domaine,
un seul grand monument de la ville est parfaitement situé,
et sa qualité est réputée depuis 2000 ans,
ce sont les arènes de Bourges.
Ces arènes sont situées sous l'actuelle place de
la Nation.
Lorsque l'on examine un plan ou une carte
de Bourges représentant la cité dans les premiers
siècles de notre ère, on observe que les arènes
figurent largement au dehors de l'enceinte gallo-romaine.
Par contre, les dernières études archéologiques
dans ce secteur prouvent qu'elles furent édifiées
dans un important quartier : les fouilles ont montré la
valeur de l'habitat de plusieurs lieux proches des arènes.
Lors de la construction d'immeubles comme les terrasses d'Auron
ou encore des travaux réalisés sous le CES Littré,
de nombreux témoignages de l'époque ont été
mis à jour. C'est un quartier complet et urbanisé
qui apparaît, bien avant la construction de la muraille
gallo-romaine.
Les dimensions des arènes
ne sont pas connues, on sait que la forme devait être circulaire
ou ovale compte tenu de la topographie des lieux. Certains affirment
que le diamètre moyen devait être d'une centaine
de mètres. Les arènes de Lutèce étaient
ovales avec pour cotes des valeurs de 100 mètres par 130
mètres.
La construction daterait de l'époque de Trajan et elle
"accueillait" des gladiateurs puisque des stèles
ont été retrouvées et sont exposées
au musée du Berry, c'est ainsi que l'on indique que :
"
Lucius Tarquinus Primus fut un mirmillon qui a remporté
trois victoires.... et qui fut tué ".
Les arènes vont servir de "salle
de jeux" pendant plusieurs centaines d'années. Après
les gladiateurs, ce sont les artistes et poètes qui prennent
la relève.
Charles Cabillaud parle "du gigantesque amphithéâtre
que furent les arènes de Bourges".
Il ajoute, selon les renseignements obtenus que :
"les caves des maisons avoisinant
leur ancien emplacement recèleraient encore des caveaux
où l'on enfermait les gens et les bêtes destinées
aux spectacles souvent inhumains qui y étaient donnés".
A la fin du XV ième siècle,
le 30 mai 1487, deux mois avant le grand incendie, on sait par
la recherche d'une estrade par le chapitre de Saint Pierre le
Puellier qu'il y a eu des "jeux" en cet emplacement.
Comme le rappelle P. Goldman, une représentation
importante se déroula en 1515, sans doute lors de la venue
à Bourges de ... François 1 er !
Ainsi, ce ieu va servir à jouer
des Mystères, mais ce qui pourrait nous surprendre, c'est
le nombre de places et de spectateurs, puisque Chaumeau nous
dit qu'il a assisté à une représentation
de "La Passion", et qu'il n'était pas seul,
il y avait 25 000 à 30 000 spectateurs.
6 fois plus grand que le Palais des Sports
de Bourges de 2015.
Le sieur de Quantilly fit la description
de la représentation " du mystère des
Saints-Actes des Apôtres " en 1536, ce fut
le dernier des grands spectacles donnés dans ces arènes.
Il s'agissait d'une oeuvre en vers des frères Gréban
qui comportait plus de soixante milles lignes, et elle fut joué
par 500 personnages. Le spectacle dura deux mois, du 30 avril
au 14 juin, un "livre" étant joué chaque
dimanche, et l'on affirme qu'il y avait plusieurs milliers de
spectateurs, c'était le Printemps de Bourges de l'époque.
La destruction des arènes
est bien connue. Philippe Goldman
et Olivier Ruffier affirment qu'une partie de l'édifice
a sans doute été détruite au IIIe siècle,
lors des débuts de la construction de la muraille gallo-romaine.
Cela s'explique par le fait que les arènes étant
en dehors du rempart, elles n'étaient plus protégées
et donc n'avaient plus le même intérêt. Une
pierre comportant une inscription montrant son appartenance aux
arènes a d'ailleurs été trouvée en
1858 dans la muraille.
Les arènes sont comblées en 1619, sans doute
à la demande des habitants du quartier. A cette époque,
on ne se soucie pas plus de patrimoine que de théâtre,
mais on aime les grandes places, et Bourges sur ce plan n'est
pas très riche. On peut donc penser, pour se rassurer,
qu'il s'agissait non pas d'un magnifique édifice mais
d'une " fosse " comme cela était dit, et en
conséquence, ce devait être tout simplement un "
dépotoir ".
On ne sait pas si les arènes avaient encore à cette
époque des parties hautes qui furent alors détruites
et mises dans la fosse ou s'il ne restait qu'un vaste trou. Ce
qui est certain c'est que les restes furent comblés et
donc il doit rester aujourd'hui sous la place, des gradins et
une scène.
Cet espace ne sera comblé qu'au
début du XVII ième siècle, en 1619, une
place est alors crée, elle s'appelle "place Bourbon
" du nom d'Henri de Bourbon, prince de Condé
qui avait des liens particuliers avec Bourges..
C'est à la révolution
qu'elle prend son nom actuel de place de la Nation.
La place de la Nation sera utilisée pour le marché
du samedi matin, à la belle époque, c'était
une partie non couverte de la halle au blé puis comme
parking lors du développement de l'automobile.
En 1998,
après une requalification totale d'un authentique caractère
esthétique, la place est aménagée pour recevoir
les bus de la ville, et devenir le carrefour stratégique,
auparavant dévolu à la place Planchat. Certains
nostalgique du temps passé auraient voulu que l'on creuse
l'espace pour y redécouvrir les arènes dans l'espoir
qu'elles auraient la forme et la conservation de Fréjus
ou Lutèce......
Rue de la Nation, est construit sous le second Empire, une magnifique
bâtisse, comportant de nombreuses sculptures, c'est le
" salon de la Victoire ". Dans ces lieux se déroulent
de prestigieux bals et de grands banquets. Par la suite, ce salon
se transforme en cinéma, l'Alhambra. C'est aujourd'hui
un hôtel particulier.
Cet article a été
demandé par "Amélie" en décembre
2004 qui avait un travail à faire sur la Place de la Nation.
mise à jour en 2015