Bourges
a vu naître des personnages illustres, des rois et des
princes, mais l'homme qui s'identifie le plus avec sa ville ce
fut Jacques Coeur. Grand Argentier du roi Charles VII, c'est
avec l'argent qu'il prête à la cour et au roi qu'il
permet à la France de " bouter les Anglais hors de
France ".
Jacques Coeur est né à Bourges
en 1400 dans une maison proche de l'église Saint-Pierre-le-Marché,
rue de la parerie, où son père exerçait
la profession de marchand pelletier. Il passe son enfance dans
ce quartier de la rue des toiles, au pied du rempart et pas loin
du Palais du duc Jean. Très jeune, il gérera un
des douze changes de la ville. C'est à cette époque
qu'il se trouve en difficulté, jouant un peu avec les
titres et faisant quelque peu dans la fausse monnaie.
Jacques Coeur devient un commerçant à une échelle
beaucoup plus ample que ses concurrents de l'époque. Il
conçoit des routes, installe des comptoirs pour faire
" commerce avec les infidèles ", créa
une flotte de navires et le négoce devint plus que prospère.
En fait, la fortune du grand argentier ne serait pas dans la
vente de quelques tissus ou fourrures aux nobles de la cour,
ni dans la fabrication de l'or à partir de métaux
vils comme cela se murmurait dans les milieux alchimistes. C'était
sans doute plus simple et plus rentable. Jacques Coeur profitait
des différences de change qui existaient au Moyen Age.
L'Occident possédait beaucoup d'argent et le Moyen Orient
beaucoup d'or, par le jeu des échanges, le grand argentier
transformait le plus légalement du monde son argent en
or.... Encore fallait-il aller à l'aventure.
Jacques Coeur est anobli en 1441, et deux ans plus tard, il
acquiert un terrain, pour y construire une " grand'maison
", ce que nous appelons le Palais.
Les travaux vont commencer assez vite, mais les difficultés
techniques apparaissent, car la construction se fait sur une
partie du rempart gallo-romain.
En 1450, le Palais est presque terminé. Jacques Coeur
donne une fête dans la salle des festins, pour la réception
organisée à la suite de l'accession comme archevêque
de Bourges de son fils, Jean. Ce sera une des rares occasions
pour Jacques Coeur de profiter de son palais.
Jacques Coeur est arrêté sur l'ordre du roi Charles
VII le 31 juillet 1451. Il est emprisonné pour une dizaine
de motifs plus ou moins sérieux. Mais à l'époque
on ne badine pas avec les aveux. Torturé et soumis à
la question il avoue tout ce que veulent ses détracteurs,
et il est condamné le 23 mai 1453.
Il va finir sa vie aventureuse comme dans un roman de cape et
d'épée. Il s'évade de sa prison, rejoins
Rome et le Pape, affrète une flotte au nom de son illustre
hôte, et s'en va combattre les infidèles. Il meurt
le 25 novembre 1456 dans l'île de Chios, sans doute lors
d'un combat naval avec les Turcs.
Le nom donné aujourd'hui de "
Palais " pour l'édifice est récent. Jusqu'au
siècle dernier, on parlait de la " la grand maison
de monseigneur l'argentier ". C'est sans doute à
partir du moment où il reçoit la cour de justice
de Bourges que l'on parle du bâtiment, comme d'un "
palais de justice " et le mot " palais " est resté.
L'histoire du monument est peu commune. En 1457 il est rendu
aux enfants de l'ex-grand argentier, et Geoffroy Coeur en prend
possession. Son fils Jacques Coeur II en hérite puis le
vend à la famille Turpin en 1501. C'est ensuite qu'il
se retrouve dans les mains de la famille de Laubépine
qui va le garder un siècle. A cette époque le frère
de Claude de Laubépine, évêque de Limoges
fait construire un hôtel qui prend comme nom Hôtel
de Limoges, aujourd'hui disparu. De 1629 à 1636, le prince
de Condé et son frère le prince de Conti habiteront
respectivement le palais de Jacques Coeur et l'hôtel de
Limoges. En 1679, Colbert acquiert l'édifice. Acheté
par la municipalité en 1682, c'est l'Hôtel de Ville
de Bourges. Il subit alors de profondes modifications intérieures
pour permettre le travail administratif et l'archivage. Il héberge
ensuite des institutions de justice, le bailliage et le présidial.
Ce n'est qu'au début du XX ième siècle après
le départ de la mairie puis celle de la justice que le
bâtiment revenu à l'état devient le fleuron
du patrimoine civil berruyer.
L'intérieur possède encore de magnifiques architectures,
cheminée, plafond, chapelle, mais les restaurations ont
dénaturé de nombreuses pièces. Il reste
toutefois quelques belles sculptures, dont un Tristan et Iseult,
un bas relief représentant une galée et des vitraux
remarquables.
En savoir plus en allant sur
le site des Amis de Jacques Coeur. :