le secteur sauvegarde par Roland Narboux - Bourges Encyclopédie -

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LE SECTEUR SAUVEGARDE DE BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges, un des plus grands et des plus anciens des secteurs sauvegardés de France.

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Version 2009

 

André Malraux va multiplier les initiatives pour défendre le patrimoine du pays. Il sera assez souvent brocardé pour ses ravalements des façades des monuments parisiens.
Une loi en date du 4 août 1962, complétée de ses nombreux décrets, va permettre de définir dans des villes à caractère historique des secteurs qui seront à la fois protégés et subventionnés. On les appellera "secteurs sauvegardés". Une protection particulière et des avantages pratiques devront favoriser la conservation de ses immeubles, de ses rues et places et de ses quartiers. Un architecte-urbaniste, monsieur Socard, a été désigné par l'Etat, qui doit collaborer avec les intéressés. Il existe désormais un système de subventions, de primes et de prêts à taux réduits.


Raymond Boisdé, au début de l'année 1964, va rencontrer André Malraux, afin que Bourges soit bénéficiaire, au même titre que 13 autres villes, des avantages de la loi du 4 août 62.
Le 25 mai 1964, le maire s'adresse ainsi à ses conseillers municipaux :

"La loi apporte une solution générale aux problèmes posés. Elle le fait de façon généreuse parce qu'elle organise tout un système de subventions, de primes et de prêts à taux réduits. Elle le fait d'une manière libérale parce qu'elle respecte le droit d'initiative des particuliers."

Chacun s'accorde pour considérer qu'il faut créer de grandes voies de circulation pour accéder à l'intérieur de la ville de Bourges. L'architecte-urbaniste, doit prendre en charge ces préoccupations.

Et c'est ainsi que la municipalité adopte le projet et définit ce que sera le secteur sauvegardé, avec un périmètre comprenant le boulevard de Strasbourg, l'îlot Saint-Bonnet, la rue Calvin, la rue des Arènes, ..... jusqu'à la cathédrale.
La discussion se poursuit, avec des interventions de Mrs. Cothenet et Depège sur la situation de la Chapelle de l'Hôtel Dieu ou de la Maison de la Reine Blanche, située rue Gambon. Mais ces deux conseillers trouvent que le périmètre est beaucoup trop étendu, ils estiment que cette opération va apporter de nouvelles contraintes et des servitudes supplémentaires.
Par contre chacun a bien conscience qu'il faut que Bourges se débarrasse des zones insalubres, véritables coupe-gorge qui constituent une partie de ce centre historique.
Raymond Boisdé, qui a montré le plan réalisé par l'administration elle-même, pour définir ce secteur sauvegardé, s'inquiète essentiellement de la zone entourant la "nouvelle maternité". Cet édifice, "dont le chantier est resté, disons vulgairement, en panne" dit le maire, va repartir car les étapes administratives, techniques et financières, sans oublier les exigences du Ministère de la Santé, ont été franchies. Avec le secteur sauvegardé, le maire ne se voit pas reprendre des démarches "pendant deux ans", et il conclut :
"nous n'en sortirons pas!"
La discussion va se poursuivre, et finalement, la maternité verra..... le jour.
Le projet, malgré ces oppositions, sera adopté après une dernière intervention de M. Boisdé : "Nous n'avons pas tellement intérêt à restreindre le périmètre, parce que nous priverions certains propriétaires d'avoir des avantages. Et puis, nous sommes les gestionnaires de l'Hôpital, c'est aussi de faire en sorte qu'on n'empêche pas cet Hôpital de s'achever".

La Tournelle,


Le plan de sauvegarde sera mis au point par M. Julien, Architecte en Chef des Monuments Historiques, et exécuté d'après les conseils de la SO.BE.R.E.M. En définitive, la surface de l'ensemble sera de 58 hectares, et l'opération commencera avec des îlots numérotés 1 et 5. Ils seront délimités par la rue Edouard-Vaillant, la rue Mirebeau et la rue Calvin, pour l'îlot n°1, et par la rue Bourbonnoux, la rue Molière, la rue des Trois-Maillets et le passage Casse-cou pour l'îlot N°5.

Monsieur Carnat, directeur de la SO.BE.R.E.M., évoquera ce plan comme :
"un plan d'urbanisme qui remplace tous les plans antérieurs et notamment annule les plans d'alignement pour ce qui concerne le secteur sauvegardé"
Il ajoute qu'il ne s'agit pas d'imposer, ni d'interdire, mais d'orienter et d'aider les propriétaires. Pour M. Carnat, "il faut commencer par faire une enquête, immeuble par immeuble, afin de déterminer l'intérêt de chacun d'eux, de connaître l'état de vétusté et les possibilités d'amélioration des conditions de l'habitat".

En fait, chacun a bien conscience qu'il est nécessaire d'améliorer la salubrité de ces lieux en donnant des avantages aux propriétaires, ainsi pour monsieur Julien :

"Le secteur sauvegardé est une réhabilitation des constructions anciennes pour lesquelles non seulement on restaure les façades et le gros oeuvre, mais on installe aussi le confort moderne de façon à rendre vivables des constructions que l'on aurait considérées sinon comme trop vétustes pour être conservées et servir à l'habitation telle qu'on la conçoit actuellement".

Il y a dans cette opération, un double objectif, le premier est de permettre de meilleures conditions de confort, le second de mettre en valeur les façades pour des raisons esthétiques et favoriser le tourisme.
L'objectif, rappelle aujourd'hui Jean Pierre Roger, était à l'époque d'avoir un règlement d'urbanisme, avec un périmètre comprenant des recommandations parcelles par parcelle. Il ajoute :


"Il fallait effectivement sauvegarder, et pour cela créer une dynamique de réhabilitation. Le plan Julien comme il était appelé, devait constituer des îlots et favoriser un effet d'entraînement chez l'ensemble des propriétaires. En fait, cette démarche volontariste était finalement très autoritaire. De plus, la procédure était lourde et coûteuse."

Encore faut-il que les propriétaires suivent, mais M. Julien n'est pas inquiet, "évidemment, il y a quelques réfractaires, mais ils sont peu nombreux, et je compte beaucoup sur l'exemple général pour les convaincre".

L'acte de création du secteur sauvegardé sera en date du 18 février 1965.

En réalité, la ville de Bourges n'a jamais approuvé le plan Julien, et il faudra attendre 1978 pour qu'il soit remis en chantier. Les explications sont complexes et multiples. Parmi les premiers reproches, Jean Pierre Roger souligne que Monsieur Julien était un "architecte médiéval", aussi dans le classement des parcelles, il avait coloré en jaune ce qui pouvait être détruit, c'est à dire tout ce qui ne datait pas du Moyen-Age. En particulier l'architecture du XIXe siècle n'avait aucune chance de rester en place. M. Roger ajoute "que les petites cours et dépendances qui servaient aux commerçants berruyers comme des réserves ou des petits entrepôts, devaient être détruits, et si l'activité économique n'avait plus la possibilité de stocker des marchandises, c'est toute la vie commerciale qui disparaissait".

Par la suite, le Conseil Municipal décide, par une délibération en date du 12 octobre 1968, d'engager l'opération de rénovation sur les îlots opérationnels N° 1 et 5, et d'en confier la réalisation à la SO.BE.R.E.M. pour une durée de 7 ans.
Les difficultés inhérentes à ce type de réalisation sont essentiellement dues à une augmentation du coût des travaux depuis 1968, à un démarrage très lent "en raison de la complexité du domaine bâti", et aussi à la volonté de ne pas imposer trop brutalement aux occupants des immeubles concernés, une mutation de leur cadre de vie. Le coût pour la municipalité de Bourges sera considérable, et les conflits pouvant aller jusqu'à des expulsions ne contribueront pas à rendre populaire l'opération.


C'est à cette époque que chacun prend conscience que les dégradations d'un certain nombre de monuments de Bourges sont à combattre. L'exemple du Couvent des Augustins est un cas symptomatique. Cet édifice appartenait à M. Rouzier, lequel avait bien voulu le céder pour un chiffre "ridicule" à la Ville. Il faut dire que le propriétaire avait des charges énormes d'entretien des bâtiments, et la présence de locataires qualifiés "d'hétéroclites" ne facilitait pas la gestion. C'est ainsi que le bâtiment sera restauré, ce dont Raymond Boisdé est très fier :


"... Emmenez maintenant qui vous voudrez dans la cour intérieure de ce Couvent des Augustins, regardez ce cloître, dont les 3/4 restent debout, entrez dans cette salle magnifique où se trouve la chaire dite de Calvin, et vous dites : cela est digne d'une grande Ville".

C'est à partir d'un de ces îlots, celui compris entre la rue Bourbonnoux, le passage casse-cou, la rue Molière et celle des trois maillets que les urbanistes vont mettre à jour la promenade des remparts, dans les années 1980.
Ainsi Bourges commence à s'intéresser de manière soutenue, et avec de bons moyens financiers, à ce "vieux Bourges" qui tombait en décrépitude, sans pour autant négliger, bien au contraire, la construction de logements dans le nord de la ville.

Bulletin d'information du Cher n°52 (M. Julien)
Bulletin Municipal Officiel de Bourges de 1964
Conversations avec M. Jean Pierre Roger (1994)

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