Affaire Maurice Terminet de Bourges - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

 

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 L'AFFAIRE MAURICE TERMINET DE BOURGES

Un drame qui a frappé Bourges en 1961.


L'Histoire

1/ Le contexte

Tout commence dans la presse locale de fin, mai 1961, c'est un fait divers qui va se révéler d'une ampleur rare en Berry et à Bourges.
Maurice Terminet a 23 ans, il est le fils de Robert Terminet, un " notable " comme on peut le dire à Bourges, il était sous-directeur de la Caisse de Sécurité Sociale de Bourges.
Le couple de Robert et Andrée Terminet a trois enfants, Maurice 23 ans, marié depuis 3 ans, Serge, qui a 20 ans et il est militaire à Belfort et enfin le plus petit, Yves qui est un écolier de 11 ans.
Ce garçon, Maurice est marié à Rose-Marie qui a le même âge ou presque, 22 ans.
Le couple s'est marié comme l'on disait à l'époque " par obligation " et un enfant va donc naître très vite, lors du mariage, il y a sans doute eu des tensions entre les familles, d'autant que Maurice fait son service militaire, il est en Allemagne avant de partir en Algérie pour " faire la guerre ".
Le petit garçon meurt à moins de 6 mois en janvier 1960.
Je jeune Maurice travaille chez un architecte de Bourges, il est apprenti métreur, ce sera un bon métier dans une période économiquement saine, ce sont encore les 30 Glorieuses.
Un point noir toutefois, selon les témoins, ce jeune couple, après la mort du premier enfant début 1960, bat de l'aile, ça ne va pas très fort, même si Maurice est très amoureux de son épouse. Mais il est loin de Bourges, l'Allemagne puis l'Algérie pour plusieurs mois.
Autre point noir et d'importance, si l'économie va bien, l'arrivée du général de Gaulle en 1958 au pouvoir ne règle pas en première approche la guerre d'Algérie appelée " les évènements d'Algérie " et les jeunes gens français sont appelés pour leur service militaire à aller faire la guerre en Algérie pour une durée qui va varier de 12 mois à 27 mois, c'est à dire plus de 2 ans. Un drame dans de nombreuses familles.
Et Maurice est " appelé " et part en Algérie. Nous y reviendrons, car le couple vit chez les parents de Maurice, lorsque celui-ci vient en permission, ce qui est assez rare. En réalité ils n'ont pas de maison et ne vivent pas ensemble.
Son épouse Rose-Marie continue à vivre, elle travaille au Crédit Agricole et selon les témoins, elle fréquente la jeunesse locale, sort et va au bal.
Le couple a un second enfant né en en mai 1960 est donc âgé de 13 mois et il est en nourrice chez une voisine dès l'âge de 2 mois.
Et puis Maurice est démobilisé et revient à Bourges le 17 févier 1961.


2 / Les préludes d'un drame


Lorsque Maurice revient d'Algérie, il retrouve son épouse chez la sœur de celle-ci, elle a quitté ce qui était le domicile de Maurice chez ses parents, avenue de Paris. Elle habite alors cours Anatole France, à deux pas de la cathédrale de Bourges. Curieusement, Rose-Marie a quitté l'appartement " commun " le 16 février 1961, c'est-à-dire la veille de la démobilisation de son mari.
Le couple ne va pas mieux que lors du départ de Maurice sans doute deux ans plus tôt, et même si cela n'était pas trop courant à l'époque, le mot " divorce " commence à apparaître dans les conversations familiales. Il est question d'un avocat.


Maurice ne veut rien entendre, il veut reprendre la vie commune, mais quelle vie, car il cherche un logement en dehors de ses parents, il est fragile mais il aime son épouse, laquelle semble bien avoir fait une croix sur son mariage et son mari, alors que se pose comme toujours la garde de l'enfant qui a désormais un an.
C'est sans doute le début d'une confrontation familiale entre Rose-Marie et sa sœur Huguette d'un côté et Maurice est ses parents de l'autre, avec au centre l'enfant, un garçon prénomé Thierry.
Maurice croit qu'il peut récupérer " Rose-Marie, et il maintient le contact, il va l'attendre à la sortie de son travail et ils mangent parfois ensemble
Le petit Thierry était gardé par un couple, les Perriot qui vont les recevoir le 25 janvier, un jeudi et la conversation de table va sans doute être un élément déclencheur. En effet, Maurice ayant annoncé qu'il avait un logement en vue pour reprendre la vie commune, c'est la douche froide : Rose-Marie refuse la proposition d'une manière semble-t-il très nette.
Maurice est fâché, " l'ambiance du repas qui avait été assez bonne, devient glaciale " diront les Perriot.
Maurice travaillait chez un des grands architectes de la Ville, M. Pinon, architecte départemental. Maurice était métreur et à son retour d'Algérie, il avait repris son travail. On notait que Mme Terminet était aussi chez Pinon, comme comptable. Et Maurice le matin du crime avait travaillé normalement, il n'était pas revenu … l'après-midi ;


3/ Le drame

Marc Allen dans le Magazine du Berry daté de 1997 a détaillé ces jours tragiques du vendredi 26 mai au 30 mai 1961.
C'est dans les deux journaux locaux que l'on suit jour par jour et heure par heure sur près d'une semaine la suite de cette affaire qui bouleverse la ville très calme de Bourges.
En première page de la NR du samedi 27 mai 1961, c'est l'annonce du double crime avec les photos de la mère et de son enfant : Drame atroce à Bourges, un jeune commis d'architecte tue sa femme et étrangle son bébé âgé de 14 mois " et de sous-titré que le meurtrier a pris la fuite.

Et c'est le film du drame :

Vers 12 h 30 Maurice Terminet arrive chez Huguette Sauvage sa belle-sœur au 4 cours Anatole France où vit sa femme depuis trois mois et demi, le 16 février très exactement.
Le journal ajoute que les deux époux sont en tête à tête alors que fonctionne la radio… Maurice frappe sa femme à l'aide d'un marteau.

Vers 13 h 30 Maurice Terminet quitte la maison, la radio reste en marche, comme le dit la voisine.

Vers 14 h Maurice Terminet arrive rue de Paris chez la personne qui garde son fils Thierry âgé de 13 ou 14 mois, elle est sa nourrice depuis le 18 juillet, c'est chez Mme Perriot au 67 avenue de Paris.
Il prend son fils, prétextant qu'il l'emmène chez lui pour un quart d'heure, c'est-à-dire chez ses parents qui sont à quelques pas, au 104 de cette même avenue de Paris.

14 h 15, un témoignage curieux, de M Devaux qui a un garage Azur et il affirme avoir vu Maurice Terminet prendre un car de la ville pour la direction du centre-ville de Bourges.

16 h 30 C'est madame Perriot qui voit le jeune Yves Terminet, 11 ans qui est donc le frère de Maurice qui joue et elle lui demande d'aller voir cher lui ce que devient Thierry et si on lui ramène bientôt.

16 h 35 c'est précis, le jeune Yves est affolé, " il dit que le petit Thierry qui est son neveu est couché sur le lit de son père, et qu'il est tout bleu, ajoutant : " j'ai peur ".

16 H 35 toujours, madame Perriot ne comprend pas, elle court, traverse la route nationale Paris-Bourges pour aller avertir son mari qui travaille comme pompiste à la station Moindrot , en face de sa maison qu'il se passe quelque chose.

16 H 40, Madame Perriot donne l'alerte et ce sont des coups de téléphone à la police, aux pompiers, au docteur et au père de Maurice.

16 h 50 La police arrive avec un officier et deux inspecteurs, ils constatent la mort de l'enfant
Et ils trouvent une lettre dans la cuisine qui dit " j'ai tué ma femme, j'ai tué mon fils et je vais aller me jeter sous un train ", une autre version donne ces mots " Pardon à tous et adieu. Vous retrouverez sans doute mon corps sur la voie ferrée. "

17 h l'alerte est donnée à la police pour rechercher Maurice, et la SNCF est avertie.

17 h 30, les deux corps sont emmenés à la morgue de Bourges.

 

Il est indiqué le lendemain :
Que les obsèques se feront le lundi et le mardi, la mère sera inhumée au cimetière des Capucins et le petit Thierry à celui de Saint Lazare.

Que le meurtrier n'a pas été retrouvé, il a été vu pour la dernière fois à Vierzon, il aurait pris le train pour une destination inconnue.

Les jours suivants

On apprendra que l'épouse a bien été tuée par des coups de marteau et que l'enfant a été étranglé par une ceinture de blouse.

Maurice Terminet a pris le train à Bourges pour Vierzon, il a voulu ouvrir une portière pour se jeter sur la voie, mais il hésite et repousse ce projet.

Arrivé en gare de Vierzon, il tente de se jeter du haut de la passerelle, mais il hésite encore et ne franchi pas le pas… De même il part le long du canal pour s'y jeter, une fois encore il recule et va errer dans les rues de Vierzon, et là, il a rencontré une amie, madame Sajot lui disant " il faut que j'achète des fleurs à ma femme ", et la dame d'en dire un peu plus, " c'était vendredi vers 17 heures à Vierzon, boulevard de la République, il m'a accosté, je l'ai retrouvé comme je l'avais toujours connu, souriant, aimable et décontracté ".
Ils ont parlé de la fête des mères et de l'achat de fleurs, la dame pour sa mère et Maurice pour sa femme.
Cette volonté de se tuer est-elle réelle ? Est-ce une suggestion de ses avocats, c'est probable. En fait, il ne voulait pas mourir.
De Vierzon, Maurice ne se jette pas sous un train, mais il en reprend un cette fois pour Paris, et descend donc gare d'Austerlitz, et prend une chambre à l'hôtel Terminus, le vendredi soir.
Jusqu'au lundi matin alors le samedi 27 et dimanche 28, il déambule dans les rues de Paris et dans les couloirs du métro, un journal local écrit " qu'il va essayer de se faire écraser sous une voiture, ne recevant que des insultes des automobiliste ", est-ce exact ? Nul ne sait.

On ne sait pas trop comment se sont passées ces 48 heures à Paris.

Et puis le dénouement

Le lundi 29 mai, à midi, de Paris, il reprend un train pour Gien, voulant éviter Vierzon pensant que la police le recherchait dans cette ville. Et nul ne sait comment de Gien il arrive à Bourges en fin de soirée de lundi.

Il réapparait et vient sonner à la porte de la maison paternelle, c'était en pleine nuit, sur les coups de minuit.
Il explique à Maurice et Andrée ses parents : " Je suis revenu pour embrasser ma mère et voir le cercueil de mon fils ".

Sans trop savoir la suite, sans doute des pleurs, des regrets, une demande de pardon, mais la famille Terminet est déchirée, et elle parvient à convaincre Maurice d'aller se livrer à la justice.

Le mardi 30 mai, c'est ce qui se produit.
Il est écrit en première page du journal que Terminet le meurtrier berruyer s'est livré hier matin à la justice, après " une pathétique rencontre avec sa famille ". En fait il s'est présenté au procureur de la République accompagné de M° Lambert qui était nous dit Marc Allen l'avocat de son divorce.

Le mardi matin, c'est aussi l'enterrement du petit Thierry, au cimetière Saint-Lazare.

Le matin de son retour à Bourges, c'est l'interrogatoire qui dure 5 heures de 8 h 15 à 13 h 15 effectué par le juge Bonnefous.

Puis c'est la reconstitution qui se déroule immédiatement, c'est-à-dire dans l'après-midi,

Maurice a répété les gestes de son double crime

Lors de la reconstitution, la foule est présente, et lorsqu'il sorti de la voiture cellulaire, beaucoup de femmes se jetèrent sur lui très en colère pour le frapper.
On entendit des " … Et il n'a pas eu le courage de se tuer " ou encore " Et quand je pense qu'il va sortir " et puis " on ne t'avait sans doute pas assez gâté ".
Il fallut protéger le double assassin.

Maurice répéta les gestes et les mots et un agent fit le mort au sol à l'endroit où gisait son épouse quatre jours auparavant dans une mare de sang.

A la sortie, la foule avait grossi, des mouvements de foule et on a entendu des cris " à mort ", des femmes sont venues, nombreuses, et elles crient leur soif de vengeance.

Puis ce fut le passage chez Mme Perriot, la nourrice, laquelle est en larme

Au 104, dans le pavillon de famille Terminet, Maurice tomba, il était effondré. Il se réfugia dans les bras de sa mère, de son père et de son grand père en larme.

A 17 h 35 à l'issue de la reconstitution, dans les trois lieux du drame, il passait du calme aux pleurs et c'est en pleurs qu'il quitte le domicile de ses parents pour la maison d'arrêt du Bordiot et la presse note que 5 minutes plus tard, le fourgon franchit la porte de la prison située à 10 mètres du lieu où est enterré son fils Thierry. Et il aurait dit alors :
" J'espère que je n'arrive pas trop tard pour casser la graine ", première parole au Bordiot de Maurice !

Comment Maurice, de sang-froid a-t-il pu tuer son fils, la justice cherche à comprendre. Et Maurice dira : " J'ai tué mon fils pour qu'il ne soit pas déshonoré "

Deux ans plus tard : le procès

Il faudra attendre deux ans, de mai 1961 à début avril 1963, pour que Maurice Terminet soit jugé, et comparaisse devant la cour d'assises du Cher à Bourges il est accusé d'assassinat et de meurtre sur descendant, ce qui le rend passible de la peine de mort.

Le procès commence le 2 avril 1963 et il va durer 3 jours.
La presse locale décrit ainsi Maurice Terminet :

" Nous n'avons pas reconnu Maurice Terminet, celui que nous avions rencontré le jour de la reconstitution de son double forfait.
L'accusé, vêtu d'un costume sombre, d'une chemise d'un blanc immaculé, cravate noire, il est rasé de frais, paraît beaucoup plus jeune que deux ans auparavant et le soleil qui éclaire son visage accentue encore cette impression et le côté anonyme du personnage ".

Le président est M. Le Bailly, très vite, il prévient le public sur de possibles manifestations hostiles et prévient sur une éventuelle exclusion de la salle.

L'interrogatoire commence et Maurice Terminet répond comme un écolier sage et médiocre sans donner d'explications, c'est comme " un accusé anonyme, un monsieur tout le Monde "

Le meurtrier répond plus ou moins aux questions du Président, mais assez souvent il s'effondre en pleurs, incapable alors de prononcer un mot.

Les deux familles, Terminet et Sauvage sont effondrées, " anéanties de douleur ".

Il y aura 22 témoins

On apprend rapidement que ce couple était mal assorti, et surtout issu d'un mariage un peu forcé.

On entendra Gabriel Linguanotto qui réfute avoir été l'amant de Rose-Marie, " il n'y a jamais rien eu entre Rose-Marie et moi " alors que Jean Léveillé affirme " Que nous nous retrouvions à peu près tous les samedis ".

Ce qui ressort de ce procès,

Maurice était un jeune homme très sensible, qui avait trouvé une jeune et jolie jeune femme qu'il épousa le 19 mars 1959, profitant d'une permission, alors qu'il était appelé en Allemagne pour son service militaire et que son épouse est enceinte.
On notera qu'il y avait eu des fiançailles qui furent rompues.

Le couple eut un enfant, Didier né le 20 mai qui disparait le 24 janvier 1960.

Ils s'étaient connus à l'école, un amour de printemps.

Il a tué sa femme qu'il jugeait infidèle, et il ne veut pas " que plus tard on puisse reprocher à son fils d'avoir un père assassin ". Une drôle de logique.

Et puis arrive un point important avec un témoin, un Guyanais, Jean Léveillé qui est sergent à la base aérienne de Bricy et qui évoque ses relations avec Rose-Marie :
" C'était le 11 novembre 1960 et ça se passait au Canari, alors que M Léveillé était détaché à Avord, il rencontre Rose-Marie et nous dansons une partie de la soirée, à la fin, je donne le numéro de téléphone du mess des officiers de la BA 702 "
Et Jean et Rose-Marie vont se revoir et un soir, ils s'en vont à Châteauroux, avec d'autres jeunes gens pour s'en aller danser. Il semble que Rose-Marie était très portée sur la danse, elle aimait ça.
Ils parlèrent apprend-on de Maurice et selon Jean, ce n'était pas en bien.

Et pendant ce temps, Maurice était, lui en Algérie.

Et puis c'est la nuit du réveillon alors que Maurice " monte la garde dans l'Ouest-Constantinois, Rose-Marie veut s'amuser et avec Jean elle va réveillonner à Châteauroux, et danser … Et au retour, ils s'arrêtèrent dans un bois.
Jean devint l'amant en titre de Rose-Marie.

En Algérie plaide la défense, Maurice en Algérie envisage d'utiliser son fusil " contre lui-même ".

Une simple histoire d'adultère comme il devait y en avoir beaucoup à, cette époque troublée en France,

Jean et Rose-Marie allèrent au mariage d'un ami de Léveillé et Rose- Marie écrit à son mari : " Ne t'inquiète pas mon chéri, il ne s'agit que d'une petite cérémonie ". C'était vrai sauf que cette cérémonie se termine pour le faux couple à l'Hôtel.

Les témoins ne sont pas toujours fiables, ainsi Huguette, fait un portrait très curieux de sa sœur Rose-Marie " elle était perpétuellement angoissée, hantée par des idées morbides et par l'idée de mort ". C'était en contradiction avec les apparences extérieures de la jeune femme.

Huguette raconte l'enfance de Rose-Marie qu'elle qualifie de très enfantine. A l'adolescence ce sont les premières rencontres masculines, avec même un projet de mariage qui reste sans suite.
Et puis la jeune fille tombe enceinte, et Maurice qui était fiancé à ce moment rompt ses fiançailles pour épouser Rose Marie.

 

Elle évoque aussi des sorties de Rose-Marie avec M. Linguanotto et sa rencontre à un bal de l'ALAT à Bourges.

Lorsque Rose-Marie déménage du domicile conjugal, c'est-à-dire de chez ses beaux-parents et donc de chez Robert et Andrée Terminet, elle demande l'aide de sa sœur et de Léveillé pour déménager.

Le verdict

Le président prend les devants et demande qu'il ne tolérera aucune manifestation du public et de la salle, si tel est le cas, il prononcera le huis-clos.

C'est l'avocat général M Chauvet qui axe son propos sur " la préméditation de son acte ", il revient sur la journée tragique, et dit " que Rose-Marie ne pouvait pas être heureuse avec un tel individu, perpétuellement inquiet ".
L'avocat général ne retient aucune circonstance atténuante et souligne que la peine de mort existe en France.
Pour l'avocat général Chauvet, il ne fait aucun doute que la mort s'impose et il demande aux jurés de ne point accorder de circonstances atténuantes.

Et ce sont les plaidoiries de la défense avec M° Lambert et M° Chantre.
Ils insistent sur l'amour que portait le meurtrier sur sa femme et son fils et donne pour accentuer ses propos que dans sa cellule au Bordiot, Maurice avait affiché des photos de Rose Marie et de Thierry.

Les avocats avec talent et une certaine émotion plaident ainsi :
" Il a aimé sa femme et son fils … C'est invraisemblable, mais il les aime encore. Maurice a tué parce qu'il adorait son enfant ".

Nous sommes en 1960 et bien avant M° Badinter, le sujet fait polémique.

" En aucun cas la peine de mort se justifie, elle déshonore profondément le pays qui l'applique encore "

" Il a voulu reconquérir son foyer, sans violence, alors qu'il se heurtait presque à chaque pas à un rival ".

Et après les dernières plaidoiries, les jurés se réunissent et Maurice Terminet sauve sa tête, il est condamné à 20 ans de réclusion criminelle, la cour n'a pas retenu la préméditation et lui a fait profiter des circonstances atténuantes.

Peut-on répondre à certaines questions ?

Soixante ans après les faits, que dire sur ce drame ?

1/ ce pourrait être une histoire banale, celle de l'homme trompé qui tue sa femme infidèle, dont il est éperdument amoureux.

Mais il se trouve qu'il y a l'assassinat de son fils qu'il aimait au-dessus de tout et qu'il étrangle, alors que le petit garçon avait fait ses premiers pas quelques jours auparavant.
Si les coups portés à son épouse sont prémédités, il devait y penser pour avoir pris un marteau avant d'aller chez elle, un déclic a fait le reste.
Quelques mots, cette histoire de lettre, des images qui devaient lui revenir, et une dispute qui tourne mal.

Mais qu'ensuite il aille tuer son fils, c'est en dehors de l'ordre des choses, c'est pendant un instant, un esprit dérangé, et ses arguments explicatifs, alors qu'il est " normal " au dire des experts restent une énigme.

Et puis ces gestes fatidiques exécutés, il a écrit qu'il allait se tuer, et il ne l'a pas fait. Nouvelle incompréhension d'un esprit faible ou tourmenté.

2/ Si la peine de mort n'a pas été prononcée par le jury, cela vient des plaidoiries des avocats et du portrait de Marie-Rose dont l'attitude ne fut pas exemplaire, surtout à une époque très stricte, et alors que le mari était dans " le bled à faire la guerre en Algérie ".

Les jeunes gens de ces années partaient pour le service militaire à leur majorité qui était de 18 ans et ils partent pour de longs mois. Il va varier, allant de 18 mois à 27 mois et parfois plus, 30 mois pour certains.
Grossièrement, ces jeunes partaient pour deux ans, parfois en France, et d'autres fois en Allemagne et de plus en plus en Algérie " pour faire la guerre aux fellagas ".

En Algérie, les appelés du contingent font aussi du coup de feu, ils subissent des attaques, des bombes, et participent " aux opérations " pour reprendre le vocabulaire de l'époque.
Maurice a vu ou a entendu ses camardes décrire les atrocités du FLN, des photos circulent montrant des sévices indescriptibles.
Et puis d'un côté la torture et de l'autre la barbarie. Et tout ça pour de jeunes gens qui pensaient que leur belle et gentille épouse les attendait en France au coin du feu.

Il est difficile aujourd'hui de bien saisir les dégâts psychologiques des jeunes appelés, certains plus faibles que d'autres ont pu " craquer " à leur retour. C'était comme cela s'est dit " une sale guerre ", qui n'explique pas tous les gestes lors du retour.

En conclusion sur cette partie de l'étude, c'est une accumulation de déboires, un mariage contraint, un enfant arrive et meurt quelques mois plus tard, un second enfant mais un couple qui n'est pas autonome et " qui n'est pas fait l'un pour l'autre ", il est gentil, peu expansif, sous la coupe de parents sans doute exigeants, et elle, très jeune d'esprit songe surtout à s'amuser et puis ils sont séparés par la force des choses, la guerre d'Algérie.

Robert Terminet le père de Maurice :

C'était un homme important dans la petite cité de Bourges dans les années 1960. Il avait un poste important comme sous-directeur (ou ?) directeur de la Caisse de Sécurité sociale.

Il devait être né vers 1921, (décédé à l'âge de 86 ans le 14 mars 2007) et incinéré, sans que l'on sache si ses cendres ont été dispersées ou non.

Il appartenait à la société " secrète " de la franc-maçonnerie il y était entré en mars 1949 selon un de ses " frères ".
Il sera fidèle jusqu'à sa mort en 2007 à sa loge maçonnique.
Il était à la fois dans la loge du Grand Orient de France, Travail et Fraternité, et de celle du Droit humain appelé Pax Labore, une double appartenance qui n'était pas rare à l'époque, mais cela montre son attachement à la franc-maçonnerie.

Lorsque le drame survient Robert est déjà dans cette société de pensée depuis plus de 10 ans, et son épouse Andrée sera elle aussi initiée dans la loge mixte Pax Labore.
Selon quelques (rares) témoins de l'époque, c'était un homme très actif, durant sa longue présence dans la franc-maçonnerie il occupera plusieurs offices, comme Maître des banquets.

Plus tard, c'est lui qui s'occupera de la rénovation du Temple du boulevard Chanzy à Bourges, il va s'impliquer dans les travaux matériels de restauration de la " salle humide ".

Le drame pour son épouse et pour lui, comme il le dira, et on comprend, " fut la catastrophe de sa vie ". Dans les années qui suivirent le crime et l'incarcération, il en parlait un peu au début, vers les années 1965, et pour lui, un humaniste qui se doit de développer " l'homme et la société ", ce fut terrible.

Par la suite, ses frères connaissant sa situation éviteront de lui parler de cette période, et lui fera de même, on peut penser qu'il oubliera que son fils est en prison au Bordiot.
Par contre Robert, très actif parlait et bavardait beaucoup, c'était dans les années 1970, mais de sujets autres que de son fils Maurice.

Maurice, avait 23 ans en 1961, donc né en 1938 et il est décédé en 1996 à l'âge de 58 ans.
On peut penser, sans avoir encore tous les éléments qu'il est sorti de prison après 20 ans derrière les barreaux, et avec les remises de peine, des amis consultés affirment qu'il est sorti au bout de 10 ou 12 ans, car sa conduite en prison était " exemplaire ".

J'ai en mémoire, un ami, sans doute un élu de cette période qui était allé visiter la prison et le nouveau directeur de l'époque, un franc-maçon semble-t-il et il fut très surpris que la première personne qu'il vit, ce fut Maurice Terminet qui poussait un chariot et distribuait le repas aux autres détenus.

Le temps fera son œuvre, je ne sais pas si Robert a accueilli son fils à sa sortie de prison, j'ai tendance à le penser, car Robert dans cette société philosophique dans laquelle il donnait beaucoup voulait sans doute au nom de la fraternité humaine et familiale tirer un trait sur le passé.

Les questions qui restent en suspens

Après ce retour dans un passé tragique, il reste encore beaucoup de questions sur " cette énigme humaine ".

- La tombe du petit Thierry qui avait été enterré en 1961 au cimetière Saint Lazare n'existe plus. Elle a été reprise en 1976 pour des raisons d'organisation du cimetière, et les archives ne disent pas si le corps a été transporté dans un autre caveau ou un autre cimetière ou dans une fosse commune.

- Robert Terminet est décédé le 14 mars 2007 et il a été traumatisé par ce drame, cherchant sa part de responsabilité, aussi bien lors du mariage de son fils que dans gestion de la crise qu'il devait voir dans le comportement de sa bru. Un couple visiblement mal assorti, dans une période troublée et insaisissable.

- Enfin une question à laquelle il n'est pas possible de ne pas se poser : et si Maurice avait des doutes sur sa paternité ? A aucun moment il n'en est question, peut-être que le jeune Thierry lui ressemblait comme souvent et alors l'interrogation n'a pas lieu d'être.

- Dernière question, Maurice est sorti de prison vers 1976, et est décédé 20 ans plus tard. Comment se sont passés ces deux décennies ? Où a-t-il vécu ? Comment ? Ce serait intéressant pour clore cette affaire de le savoir.

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