Il est rarement possible de
la visiter, parfois lors des journées du patrimoine, quelque
fois dans le cadre des visites de l'Office de Tourisme. Descendre
dans ce lieu souterrain et magique est toujours un grand moment.
La Fontaine monumentale
gallo-romaine
Si le podium est désormais enfoui
à jamais sous l'ensemble des immeubles modernes de l'enclos
des Jacobins, si le portique est tout juste accessible dans quelques
secteurs privés de la ville, il est un monument gallo-romain
visible, et même visitable par les touristes : c'est la
Fontaine monumentale.
Les
fontaines sont assez rares en Gaule. On connaît en Berry,
à quelques lieues de Bourges, celle d'Argentomagus d'une
dimension de 21 mètres sur 13 mètres ou encore
plus loin du Berry celle de Lyon qui est très belle.
Les spécialistes
s'interrogent toujours et se querellent sur cette fontaine d'Avaricum.
Pour les uns, il s'agit d'un lieu
sacré, nécessaire aux ablutions, alors que pour
d'autres, il s'agit simplement d'une piscine ou encore d'un élément
de décoration améliorant l'esthétique.
La découverte date de 1857, elle est due comme souvent
au hasard, mais ce sont les travaux de Jules Dumoutet, en 1861
qui permettent de dégager la fontaine et les différents
édifices voisins. Il lit une communication à la
Sorbonne sur les "Fouilles des caves du palais du Duc Jean
de Berry" en novembre 1861. Quelques années plus
tard, Paul-Adrien Bourdaloue en trace les plans, et donne une
certaine ampleur à la découverte de ce monument
souterrain.
Et puis tout tombe dans l'oubli, fontaine
et recherche. Il faut attendre.
. plus d'un siècle
après les premières découvertes pour que
les archéologues s'intéressent à nouveau
au monument, avec l'équipe de Jean-Pierre Adam qui étudie
"ces édifices de première importance pour
la connaissance de l'architecture monumentale de l'Antiquité".
Comme l'indique une superbe plaquette éditée par
le Conseil général du Cher, la fontaine de Bourges
à l'époque romaine fut aménagée sur
une place couverte de dalles, dans le prolongement du portique.
Les bassins d'après les descriptions de Jean François
Chevrot, archéologue départemental, comportent
trois niveaux.
La plaquette donne les éléments suivants :
" les trois
étages de bassins se développent sur un plan en
forme de U. Ils sont adossés à un escalier à
deux volées qui accède au sud à un troisième
étage de gradins. La fontaine devait être alimentée
en eau par un des nombreux aqueducs qui desservaient Avaricum
".
Il ne reste qu'une partie de la fontaine,
la partie située à l'ouest a été
détruite lors de la construction du rempart.
La Fontaine monumentale est effectivement
sous terre. Lors de la visite, le touriste entre dans le palais
du duc Jean, propriété du Conseil général.
Sur la droite, par un escalier métallique en colimaçon,
il descend, en prenant mille précautions, car les marches
en métal déployé ne sont pas de première
jeunesse. Le visiteur découvre alors dans une salle grandiose
et mystérieuse la Fontaine monumentale.
Cette salle souterraine est longue de
11,10 mètres sur 4,25 mètres de large, elle est
couverte d'une voûte d'une hauteur de 2,33 mètres.
Le grand bassin a une largeur de 0,76 mètre pour une profondeur
de 0,74 mètre et une longueur de 5,75 mètres. Ce
sont des dimensions modestes. Lors de récentes études,
il est apparu qu'il n'y avait pas de trace laissant à
penser qu'il y avait eu de l'eau dans la fontaine de Bourges
! C'est donc un nouveau mystère sur la question, la fontaine
est-elle restée sèche ? Non terminée ? Ou
ce monument était-il tout autre chose ? Les recherches
continuent.
Depuis quelques années, il est possible de faire en ces
lieux, une superbe visite guidée, organisée par
l'Office de Tourisme de Bourges.