C'est au tout début du XX e siècle
que les Grands Magasins de Bourges commencent à s'édifier
au centre la ville, le long de la rue principale, la rue Moyenne,
de la Place Planchat, jusque vers le palais des Archevêques.
Au centre de Bourges, les grandes bâtisses
prennent leur forme actuelle, c'est ainsi que les banques commencent
à occuper les meilleurs emplacements. Si le Crédit
Lyonnais était présent depuis 1873, l'autre banque,
la Société Générale s'installe en
1912.
De même les Grands Magasins montrent
leur devanture. Les enseignes sont aguichantes avec des noms
très "parisiens", comme "A la Samaritaine",
"Au Bon Marché" ou encore "La Belle Jardinière".
Vers 1890, en face de la Halle, un grand magasin s'installe avec
des noms successifs, de Gonstel au Louvre. C'est cette sorte
d'Etablissement qui lancera "Les Dames de France",
à Bourges, puis à Vierzon, Nevers et même
Roanne dans la Loire.
Image
des magasins Aubrun en construction
- Photo exclusive de Fernand Lechêne.
Plus tard, les Nouvelles Galeries ouvriront
le 2 mai 1904, on les remarquera par l'importance de la publicité
qui apparaît dans les journaux locaux : souvent une demi-page,
parfois une page entière. Les Dames de France deux ans
plus tard, ouvrent à leur tour des rayons dans l'immeuble
dressé place Planchat et qui comprend deux étages,
c'est grandiose pour l'époque. C'est un magasin avec beaucoup
de vente de tissu, mais aussi des meubles, des jouets et des
objets pour la maison. Pour la première fois, semble-t-il,
la vente se fait à prix fixe, cela évite d'avoir
des prix en fonction de l'épaisseur supposée du
portefeuille de l'acheteur. Ce magasin occupe près de
300 personnes, principalement des vendeuses. Sur les murs de
ce magnifique immeuble, des sculptures ont été
érigées donnant du caractère à ce
magasin qui disparaîtra dans les années 1980.
Les Etablissements Aubun
Puis, les futurs Etablissements Aubrun
prennent en 1929 leur essor, alors que cette aventure familiale
qui se poursuit depuis 5 générations avait commencé
en 1836 rue Coursarlon (devenue rue du docteur Témoin),
avec Sylvain Aubrun et son épouse Marguerite, laquelle
venait de la Creuse.
Ancien ouvrier agricole Sylvain Aubrun
vendait de la toile pour faire les sacs à destination
de l'agriculture. Une boutique de 80 M2 et lui vendait toile
et sacs que son épouse cousait, car c'était très
demandé en Berry, pour mettre les pommes de terre ou des
céréales.
Plus tard, en 1929, les Etablissements
Aubrun seront créés avec, comme caractéristique,
un peu de vente sur catalogue, ou par correspondance et la vente
au détail.
M. Sylvain Aubrun en 1836 était
appelé "le vieux", car en 1847 apparaît
un autre Sylvain Aubrun que l'on appellera alors "le jeune",
très exactement comme la famille Lallemant et les Jean
Lallemant.
Le gros de la vente se faisait au détail,
et les deux Sylvain, père et fils à partir de l'arrivée
à Bourges du chemin de fer en 1847, partaient en train
dans le Nord, et, à Lille ou Armentière, où
l'on tissait la toile sur de bons métiers à tisser.
Ils allaient cherchaient des marchandises, toiles, tissus, calicots,et
tout pour faire des trousseaux, qu'ils ramenaient par le train.
Après Sylvain le jeune, c'est son
fils qui prend les affaires en main, il s'agit de Paul Aubrun
puis André Aubrun et aujourd'hui Paul-André Aubrun
bien connu dans la ville de Bourges.
Le magasin Aubrun actuel a été
réalisé dans les années 1928, la famille
ayant acheté maison par maison les boutiques de la rue
Coursarlon et Moyenne à proximité immédiate
de leur propre boutique, afin de construire un grand magasin
comme cela se faisait à l'époque à Paris
et à Bourges.
Lorsque en septembre 1928, les Nouvelles
Galeries sont détruites par les flammes, le magasin Aubrun
est en construction, les ouvriers en étaient au premier
étage, et les échafaudages vont être détruits,
sachant que la construction était en béton armé,
ce qui était encore rare à l'époque.
Le Grand Magasin Aubrun ouvre en août 1929,
sous la direction de Paul Aubrun, alors qu'en face, il y avait
des ruines, car aux Nouvelles Galeries, tout s'était effondré
! Et de l'autre côté de la rue, là où
se trouve actuellement "l'amie caline", c'était
un terrain vague, avec des palissades car la construction ne
date que des années 1950.
Dans le même esprit,
la Maison de la Forestine a été implantée
par Georges Forest à l'angle de la rue Moyenne et de la
place Cujas en 1894. Cet Etablissement très créatif,
le N° 1 de la confiserie berruyère, va développer
cet excellent bonbon "en forme de coussin allongé
en sucre satiné qui, sous son enveloppe croustillante,
abritait un onctueux praliné parfumé au chocolat",
et qui connut un succès qui dure toujours, un siècle
après son "invention".
Pendant un siècle, les Grands Magasins
vont servir de locomotive au commerce local. Mais depuis 1980,
de manière progressive, les magasins vont disparaître,
ou se scinder en plusieurs ou encore changer de vocation.
Il faut noter les informations de Robert
Lechêne, "une ouverture qui avait frappé
les esprits en 1938 ou 39, avait été celle du Monoprix,
en prolongement des Nouvelles Galeries, avec des articles à
prix uniques accessibles presque en libre service".
Ainsi les Dames de France sont fermées
en octobre 1982, et dix ans plus tard, ce seront les Nouvelles
Galeries alors que les Ets Aubrun résistent tout en diminuant
leur surface.
Arrivent alors à partir de 1998,
des magasins nouveau de Centre-ville comme la FNAC, Eurodif et
H&M, des enseignes nationales qui redonnent au commerce de
Centre ville un peu d'oxygène, malgré l'opposition
de certains commerçants locaux.
Très vite, la présence
d'Eurodif (1997) et de la FNAC (1999) attirent des gens de Nevers,
Issoudun ou Châteauroux qui viennent acheter en Centre-ville.
C'est Paul André Aubrun, outre qu'il
était le patron de ce grand magasin qui portait son nom,
avait été élu sur la liste de Serge Lepeltier
aux élections municipales de 1995 et était devenu
maire-adjoint. Il était et est toujours un des grands
spécialistes du commerce.
C'est Paul André Aubrun qui fera
venir, d'une manière discrète Eurodif puis la FNAC.
Tout est venu d'un coup de fil d'un neveu
de Paul André Aubrun, qui sortait d'une réunion
au cours de laquelle il avait été question que
la FNAC "pourrait venir en province avec un nouveau concept,
et cherchaient deux villes pour un test. Poitiers et Amiens étaient
sur les rangs".
Et
c'est ainsi qu'en octobre 1997, PA Aubrun prend langue avec des
responsables de la FNAC, Mrs Michel Seror et Jean Fournioux et
leur propose de venir voir à Bourges pour une FNAC nouvelle
formule.
Visite des Magasins Aubrun, mais aussi
visite de la ville et de plusieurs emplacements... ainsi que
M Eric Ducourneau, directeur de cabinet du maire Serge Lepeltier.
Il leur fallait 1300 M2 sur un seul niveau
avec 500 M2 de réserves.
Comme la partie alimentaire située
dans le sous-sol des Nouvelles Galeries était en difficulté,
c'était Major qui voulait partir.
Les négociations commencèrent
entre les Nouvelles Galeries, la FNAC et la Ville, et c'est PA
Aubrun qui organisera les premières réunions...
Et au bout d'un an, tout s'est matérialisé !
18 ans après Paul André Aubrun
sera très fier de cette venue de la FNAC et du rôle
qu'il a joué.
L'inauguration de la
FNAC se déroule le 28 octobre 1999 en présence
du PDG de la FNAC, François Henri Pinault, accueilli par
Jean Louis Morin, le directeur local. Beaucoup de monde cet après
midi, puisque Patrick Bruel est venu pour l'événement,
tout comme Thomas Fersen et Jacques Lanzman. C'est un énorme
succès politique du maire Serge Lepeltier dans ce domaine
difficile, car la FNAC est le premier symbole du renouveau du
commerce de Centre-ville.
Dans cette atmosphère de renouveau, est constituée
une structure Bourges Centre 2000, avec la participation de la
Ville, de la CCI et de l'Etat, pour 3 ans. Des permanents tentent
de faire " bouger le commerce local ", avec des animations,
des initiatives et des propositions, beaucoup d'idées,
mais un résultat mitigé et des responsables découragés.
Voir aussi : Le
commerce à Bourges
Des grands magasins
inscrits à l'inventaire supplémentaire des Monuments
Historiques (2005-2006)
Ancien magasin des « Nouvelles
Galeries » (rue Moyenne)
Reconstruit après l'incendie de
1928, à l'emplacement du magasin plus ancien, cet édifice
est également représentatif des réalisations
de ce type dans l'entre-deux guerres.
Les façades et les toitures de l'ancien magasin des «
Nouvelles Galeries » ont été inscrites à
l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques
en février 2005.
Ancien magasin des « Dames
de France » : (place Planchat)
Construit
en 1905, ce bâtiment est typique de l'architecture des
grands magasins de cette époque notamment pour l'emploi
des matériaux (fer, fonte, verre).
Les façades et les toitures de l'ancien magasin des «
Dames de France » ont été inscrites à
l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques
en février 2005.
Magasin « Aubrun » (rue Moyenne)
L'architecte Sylvère Laville a réalisé
cet édifice juste après l'incendie de la rue Moyenne
en 1928. Le décor des façades et des rotondes du
magasin Aubrun est représentatif de l'architecture des
années trente.
Les façades et les toitures du magasin Aubrun ont été
inscrites à l'inventaire supplémentaire des Monuments
Historiques en février 2005.