Jeanne
d'Arc en Berry
La période de la première
moitié du XV e siècle, sous le roi Charles VII,
comporte des personnages fabuleux qui ont une relation directe
ou indirecte avec la ville de Bourges.
Dans ce cadre on peut citer jean de Berry,
l'oncle vieillissant, mais aussi la belle Agnès Sorel,
et enfin deux "géants" de notre Histoire : Jeanne
d'Arc et Jacques Cur.
Tous
deux vont partager un destin comprenant de nombreux points communs,
c'est le départ de rien, des conditions modestes, puis
une ascension fulgurante, et une allégeance au roi Charles
VII. Ils vont tout donner pour le roi, mais aussi recevoir beaucoup,
en particulier de la part de la population. Et puis c'est la
chute, une fin dramatique pour tous les deux à la suite
de l'ingratitude de Charles VII.
Comme le rapporte Jean Yves Ribault dans
un article fort documenté, la question centrale, c'est
de savoir si ces deux personnages qui vivaient en même
temps autour du roi, et donc à Bourges se sont rencontrés.
La question une fois posée, "la
réponse est incertaine".
Jeanne d'Arc dont la vie "publique"
est extrêmement courte, deux ans pas plus, a passé
de longs moments à Bourges. En particulier au cours de
l'automne et de l'hiver 1429 - 1430.
Dans
les rues de Bourges, qui n'était pas une cité très
étendue, en 1430, la vie se déroulait entre la
cathédrale, la rue Bourbonnoux, le palais du duc Jean,
et la maison de Jacques Cur, était située,
son palais n'étant pas encore construit, en haut de la
rue d'Auron, et vers la rue de Linière près de
la rue de l'équerre. Donc un aire très petite.
Jacques Cur a une trentaine d'années,
ce n'est pas un "gamin", mais il n'est que le fils
d'un marchand aisé, et son beau-père est une personnalité
locale importante.
Le jeune Jacques Cur, depuis plusieurs années, sans
doute depuis 1427 est associé-gérant de la Chambre
des monnaies de Bourges, une entreprise comme le dit Jean Yves
Ribault, semi-publique et semi-privée. Il frappe monnaie
pour le compte du roi de France.
Il gardera cette fonction une dizaine d'années,
et en 1429 il est empêtré dans des "affaires",
c'est à dire qu'il a été accusé de
fabriquer de la fausse monnaie, en réalité, comme
d'autres, il ne devait pas mettre le bon poids d'or ou d'argent,
c'était "de la monnaie de mauvais aloi".
Il recevra finalement une lettre de pardon
du roi le 6 décembre 1429. A l'époque de Jeanne
d'Arc.
C'est ce même hiver 1429 / 1430 qu'il
forme, sentant peut-être que son avenir dans les monnaies
soit compromis, il forma avec les frères Godard une société
qui se fixait semble-t-il pour but de proposer des marchandises
de tous ordre à la cour du roi, au Dauphin et au Roi lui-même.
Cette entreprise est juste un peu en avance par rapport à
ce que sera sa charge d'argentier qui n'est pas celle d'un ministre
des finances, mais d'un fournisseur privilégié
de la cour.
Jacques Cur n'est donc pas très
connu en 1429, il est à la veille de devenir un grand
négociant, il a de l'ambition, il a trouvé la faille
entre l'entreprise privée et l'entreprise publique, il
est proche de la réussite sociale.
Dans les rues de Bourges à l'automne
1429, Jeanne d'Arc qui n'a que 17 ans est déjà
une figure de légende. Le 8 mai 1429, elle a fait lever
le siège d'Orléans, redonné confiance à
la France et au Roi, elle a dirigé plusieurs campagnes
guerrières sur les bords de la Loire et enfin, elle a
conduit tout simplement le Roi à Reims pour qu'il soit
couronné le 17 juillet. Un exploit lorsque l'on connaît
l'état de non-sécurité des routes du royaume.
Pourtant l'étoile de la jeune pucelle
donne des signes de faiblesse, le 8 septembre, devant Paris,
elle doit reculer et blessée, elle doit revenir sur l'arrière
à Bourges, un peu contrainte par le Roi.
A Bourges, elle loge chez Marguerite la
Touroulde, qui est l'épouse d'un fonctionnaire des fiances
royales, cette dame s'occupa avec beaucoup d'attention à
Jeanne d'Arc.
Elle était très célèbre
et chacun de ses déplacements en ville donnaient lieu
à des attroupements. C'était une intense curiosité,
et les femmes apportaient leurs enfants pour que Jeanne les bénissent.
" Des commères l'assiégeaient pour lui faire
toucher leurs patenôtres, et la jeune fille repoussait
tout ce monde, avec un peu d'agacement, sans doute de colère
". Elle répondait assez souvent d'un "Touchez-les
vous-même, ça fera le même effet". Sa
vie à Bourges devait lui pesait, elle n'aspirait qu'à
poursuivre le combat et l'inaction ne devait pas être dans
son tempérament.
Dans l'entourage du roi, mener une campagne
en hiver n'était pas dans les traditions, et c'est avec
l'appui de la municipalité de Bourges que Jeanne d'Arc
lève une petite troupe pour aller prendre la ville de
Saint Pierre le Moutier, ville placée sous la coupe de
Perrinet Gressard, un chef de guerre "pro anglo-bourguignon".
Elle poursuit son uvre ou son destin en allant sous les
murs de La Charité dès le 24 novembre 1429, mais
la ville résiste et Jeanne dut reculer à Noël.
Jeanne d'Arc revient à Bourges et
passe le reste de l'hiver dans cette cité. Le Roi, un
peu gêné semble-t-il veut la consoler et plutôt
que de lui donner une armée, il lui donne des lettres
de noblesse, que la jeune femme reçoit à Mehun
sur Yèvre des main de Charles VII, à la fin du
mois de décembre 1429.
On dit que Jeanne d'Arc pendant cet hiver
1430, jusqu'au printemps, "va ronger son frein au milieu
des Berrichons"
Et puis, lorsque les beaux jours arrivèrent,
Jeanne d'Arc s'en alla faire quelques combats au nord de Paris
et fut capturée à Compiègne le 23 mai 1430.
On connaît la suite, elle est brûlée à
la suite d'un procès en sorcellerie et fut brûlée
à Rouen le 30 mai 1431, un an après.
Jeanne d'Arc pendant plusieurs mois à
Bourges en 1429 et 1430 a certainement rencontré Jacques
Cur, on n'en a aucune trace écrite, mais il faut
savoir que sur Jacques Cur en cette période, on
ne sait pas grand chose.
Jean Yves Ribault affirme "qu'il serait
inconcevable de penser qu'il ne l'a pas croisée, aperçue,
connu son aventure, été attentif à ses faits
et gestes, à ses combats, à sa mission, en un mot
et à sa triste fin dans les mois qui suivirent".
Il apparaît donc fort probable que
Jacques Cur, comme d'autres berruyers ait vu les attroupements
et se soit approché de la jeune fille, sans pour autant
l'importuner.
Mais une rencontre formelle entre Jacques Cur et Jeanne
d'Arc parlant de Charles VII, au pied de la cathédrale
Saint Etienne a du être un grand moment, s'il s'est produit.
Deux remarques enfin, sur la liaison entre
ces deux personnages, la première concerne la sacristie
capitulaire qui est dans la lignée du patriotisme de Jeanne,
et ce chef d'uvre situé dans la cathédrale
a été financé et réalisé par
Jacques Cur.
Et puis, le 10 novembre 1449, lorsque Charles
VII entre victorieux dans Rouen, ville libérée,
Jacques Cur chevauchait au côté du roi, il
devait songer sans doute, à la jeune pucelle qui fut brûlée
18 ans plus tôt.
Et le roi Charles VII, dans cette ville
de Rouen, songeait-il à celle qui l'avait fait Roi ? ou
à sa prochaine traîtrise vis à vis de Jacques
Cur , ce sera dans quelques mois.
info
du 2/2/2006 : Le docteur Charlier,
sur la lancée et le succès obtenu avec Agnès
Sorel travaille aujourd'hui sur de supposés restes
de Jeanne d'Arc, des reliques qui sont à Chinon..... conservées
par l'association " des Amis du Vieux Chinon".
Philippe Charlier avec la même
équipe que pour les restes d'Agnès Sorel va tenter
de savoir si ces restes calcinés, dont un bout de côte
pourraient appartenir à la Pucelle d'Orléans. Il
dispose aussi d'un morceau d'os d'animal et il serait intéressant
de savoir s'il s'agit d'un chat car à l'époque,
ces chats étaient lancés dans le bûcher où
l'on brûlait les sorcières.
Pour ces travaux multiples il va déterminer
si ces restes supposés de Jeanne d'Arc sont ceux :
- - d'un homme ou d'une femme ( avec
l'ADN)
- - s'ils ont été brûlés
3 fois (ce qui est la réalité historique)
- - de quelle époque ils sont
(au carbone 14)
- - l'âge approximatif de la personne.
Ensuite, il y aura des présomptions
ou des probabiltés.
- Une conférence sur ce thème
est d'ors et déjà prévue à Bourges
fin 2006 ou début 2007 avec le docteur Philippe Charlier.
- 4 avril 2007
-
- C'est au début de 2007 que Philippe
Charlier, de passage à Bourges donnera les premières
informations. Comme il le présentait, la relique de Jeanne
d'Arc est un faux.
- Elle avait été mise à
jour en 1867, et conservée au Musée de Chinon.
L'équipe de Philippe Charlier va rapidement démontrer
qu'il s'agit non pas de Jeanne d'Arc, mais de plusieurs type
de "produits" dont un morceau d'une momie égyptienne
remontant à 5 siècles avant Jésus Christ.
Jeannne
d'Arc sur son bûcher
Photos de Jeanne
d'Arc issues de filme :
dans le bandeau d'ouverture,
Jeanne d'Arc est Renée Falconetti, le filme "La Passion
de Jeanne d'Arc" est signé Carl Dryer en 1928
Au milieu de l'article,
c'est Ingrid Bergman qui interprète le film Jeanne d'Arc
de Victore Fleming en 1948
Dernière photo,
Simone Genevois dans "la mystérieuse vie de Jeanne
d'Arc" de marc de Gastyne en 1929
Il manque, Michèle
Morgan, Jean Seberg et Milla Jojovich.