rues de Bourges - Roland Narboux - Bourges Encyclopédie

L'ENCYCLOPEDIE DE BOURGES
ECONOMIE
URBANISME
PATRIMOINE
CULTURE
POLITIQUE
ENVIRONNEMENT
HISTOIRE

LES VIEILLES RUES DE BOURGES
Par Roland NARBOUX

Bourges, est connue par la beauté et le caractères de ses rues anciennes. En fin d'article, quelques noms de rues récentes.cliquer ici
PHOTOS : Rues de Bourges
 RETOUR AU SOMMAIRE
 
 
RETOUR A LA PAGE D'ACCUEIL
Version 2010

Les rues de Bourges, dans le centre-ville, ont toujours fait la joie des touristes et des berrichons. Elles n'ont pas ou peu évoluées depuis des lustres et le livre de Roger Richet intitulé "Bourges pas à pas" publié en 1984 est toujours lu avec plaisir, il fait autorité dans l'origine du nom des vieilles rues de Bourges par les anecdotes qui y sont rattachées. Nous allons parcourir ces vieilles rues, dans un hommage particulier pour ce grand érudit berrichon.

Rue Moyenne, rue Bourbonnoux, rue Mirebeau , rue des Arènes, rue Mausecret, rue du Puits-Noir et rue de l'Alchimie, rue des Juifs, rue Montcenoux, rue des Vertus, rue de la Cage Verte, telles sont les rues objet de cet article.

La rue la plus ancienne de la ville semble bien être la Rue Moyenne, qui partage la cité en deux, sensiblement du nord au sud. Les touristes sont toujours surpris de parcourir cette avenue principale, moderne, peu en adéquation avec le passé ancien et patrimoniale de la ville, et comportant des magasins peu typiques, des marchands de lunettes, de téléphones portables…. Et des banques.
Une rue pseudo commerçante et somme toute assez décevante dans une ville d'Arts et d'Histoire.
On trouve le nom de cette rue, que l'on devrait davantage appeler médiane que moyenne, dès le XII e siècle, et on notera qu'une portion de cette rue s'appelait avant la Révolution française "rue du Dieu d'Amour", nom magnifique dans laquelle se trouvait le temple maçonnique en 1785..

Les rues des fossés

Au IV e siècle la ville de Bourges construit une belle muraille, et cette protection se poursuit durant plusieurs siècles. En 1180, sous Philippe Auguste, la cité se développe en dehors de ses premiers remparts, et une seconde enceinte est édifiée.
C'est alors qu'au pied de la muraille gallo romaine, des maisons sont construites et des rues tracées. Elles deviennent des rues typiques et c'est ainsi que l'on découvre ces rues si attachantes et pleine de caractères, comme Bourbonnoux, Mirebeau ou la rue des Arènes.

La rue Bourbonnoux descend du chevet de la cathédrale jusque vers la place Gordaine. Elle est identique à ce qu'elle était au moyen âge, et les pavés, s'ils font les délices des amateurs de patrimoine urbain, sont une calamités pour les dames à talons aiguille….. Pendant plusieurs siècle, cette rue aura pour nom, "vicus Burbonensis", sans doute à cause de la route qui allait de Bourges à Bourbon-l'Archambault, elle changera de nom une seule fois, à la Révolution, pour prendre l'appellation conforme à l'actualité d'alors : "rue des Bonnets-Rouges".
Elle comporte aujourd'hui de nombreuses boutiques, très typiques, avec des décorateurs, antiquaires et autres luthiers. Descendant de l'oppidum vers la porte Gordaine, elle est agréable, avec de nombreuses maisons en pan de bois datant de la fin du XV e siècle. La couleur des poutres apparentes pouvant être de couleur marron, bleue ou… rose. Ces teintes sont homologuées et précisées par les Monuments Historiques, car, contrairement à ce l'on pense parfois, ce sont des couleurs du moyen âge, beaucoup plus coloré qu'on le perçoit généralement.
A l'angle de la rue Bourbonnoux et de la rue des rats (rebaptisées fort heureusement rue de La Thaumassière), se trouvait l'Hôtel le plus couru du moyen âge, "l'Hôtel du Bœuf Couronné". Il est devenu depuis quelques années, une maison d'Hôte qui a repris le nom des "Bonnets Rouges".

La rue Mirebeau prend la suite en continuité de la rue Bourbonnoux, elle est située au pied du rempart, et il est possible de traverser le rempart et de sortir rue Branly, par un escalier "casse cou", très typique de ces passages piétons du moyen âge.
Cette rue s'appelait "Vicus Infernus" qu'il est possible de traduire par la rue de l'Enfer, car ce devait être un lieu particulièrement dangereux…. Et à l'opposé, lorsque l'on remonte l'escalier casse-cou, on arrive dans "la rue de Paradis", tout un programme !

C'est une rue devenue piétonne dans les années 1980, elle comporte de grandes et magnifiques maisons en pan de bois. Certaines sont séparées par un mur pare-feu, en pierre de taille. Ce mur fait suite à la destruction par l'incendie de la Madeleine de 1487, de l'ensemble des habitations, et lors des reconstructions qui ont suivies, les architectes, prudents ont voulu mettre ces cloisons pour éviter le retour de telles catastrophes.

La rue des Arènes, part de la place Planchat pour aller vers la place de la Nation, sous laquelle se situait les arènes gallo-romaines de Bourges. C'est une rue commerçante mais moins encastrée que les deux précédentes, même si elle est située en bas du rempart.
C'est du bas de cette rue que l'on peut voir la partie rempart sur lequel est bâti le palais Jacques Cœur.
Mais le nom des rues comporte toujours des mystères, et une partie de cette rue des Arènes prendra pour nom "rue de la Femme qui accouche"…. Tout simplement parce qu'une sage-femme tenait boutique en cet endroit.

Les rues sulfureuses de Bourges

C'est dans le quartier Bourbonnoux au pied du chevet de la cathédrale que se trouvent un certain nombre de petites rues, à la fois typiques et pour certains, "sulfureuses". Toutes ces rues sont pavées comme autrefois, sans trottoir, calme, avec peu de circulation automobile. Elles sont peu connues, des berruyers comme des touristes.

Ces rues ont des noms mystérieux, c'est la rue Mausecret, rue du Puits-Noir et enfin la rue de l'Alchimie.

Il s'agit d'un quartier très ancien, qui comprenait à la fois le quartier des juifs avec la présence de la synagogue, et sans doute le quartier des pratiques mystérieuses ou douteuses constituées par la sorcellerie, la magie noire ou l'alchimie.

Ainsi, on trouve le nom de rue "Montsecret" dès 1541, qui verra l'orthographe de son nom se modifier. Pour certains érudits locaux, deux versions de cette rue peuvent être apportées, soit "mon secret", c'est à dire une rue qui comporte des éléments inconnus, soit "mau secret" que l'on peut traduire par "mauvais" secret, et on touche alors la magie noire.

Il en est de même de la rue du Puits-Noir, qui était placée dans un foisonnement de maisons mal alignées, de zones d'ombres, et de ruelles particulièrement dangereuses. Ce n'est que très récemment que cette rue a été en partie dégagée, elle respire et voit enfin le soleil.
Le Puits-Noir, c'est tout à la fois l'athanor des alchimistes, et le lieu où se récupère la "prima matera", point de départ de la recherche de la pierre philosophale.
D'où la rue de l'Alchimie située à deux pas de là. Il existe en effet à Bourges une rue de l'alchimie, ce qui est très rare, on en connaît une autre….. à Prague. Elle a ce nom depuis le début du XVI e siècle, ce nom venant des expériences d'un alchimiste célèbre, maître Goninus qui défraya la chronique locale en 1522, par sa recherche du "grand œuvre" et une explosion mémorable de sa cave…….qui fit trembler le quartier tout entier.

Il y a aussi une rue des Juifs, ce qui ne cesse de surprendre le touriste qui découvre en haut de la rue Bourbonnoux, presque en face du chevet de la cathédrale, une ruelle étroite; pavée et dans laquelle il hésite à s'engager.
Le nom provient de la présence dans cette rue et ce quartier, au moyen âge d'une grande partie de la communauté juive, et c'est ainsi que l'on retrouve une magnifique synagogue. Ce qui est plus curieux, c'est que ce nom de "rue des Juifs" ait subsisté, aussi bien pendant l'Occupation, qu'après l'holocauste. C'est sans doute la rue de Bourges la plus représentative de ce qu'étaient les rues du haut moyen âge.

Des rues au passé surprenant

Autre rue, dans un tout autre régime : la rue des Vertus va du quartier d'Auron jusqu'au parc Saint Paul. Elle porte un nom inversement lié à son utilisation au cours du moyen âge. En effet, comme dans toutes les villes, il s'agissait d'un lieu comportant des auberges que l'on peut qualifier comme Roger Richer, de mal-famée. Vers 1650, le nom utilisé est des plus subjectifs, avec pour nom "rue du Jardin du Vieux Bordel", ce qui a le mérite d'être clair.
Et se serait par dérision qu'elle change ce nom infâme en rue des Vertus…. Ce qui a du faire fuir les filles de joie, pour un autre quartier de la ville.

En restant dans le même registre, il n'est pas possible d'évoquer les vieilles rue de Bourges sans un mot pour la rue de la "Cage Verte". Ce nom provient comme souvent, de la présence d'une auberge qui portait ce patronyme. On peut penser que ce lieu possédait une cage à oiseaux peinte en vert par les propriétaires … à moins que ce ne soit l'enseigne que chacun pouvait découvrir en passant dans cette rue. Cette voie était surtout connue comme le chemin le plus classique pour aller du palais du duc Jean ou de sa Saint Chapelle jusqu'à la cathédrale. C'était le parcourt classique des chanoines, et comme cette rue pavée n'était pas toujours bien entretenue, de grandes orties poussaient au travers des joints des pavés et de larges flaques d'eau apparaissaient lorsqu'il pleuvait. Aussi, les chanoines parcourant cette rue, devaient remonter leur soutanes pour ne pas les tacher …. Et se faisaient piquer par les orties, et le nom de la rue devient "vicus gratii cursi" que chacun peut traduire par "rue gratte-couilles" tant le parcourt était dangereux pour certaines partie de l'anatomie de ces hommes d'église.

Ainsi, si vous voulez voir Bourges autrement, c'est à dire en dehors des circuits traditionnels, il faut parcourir ces rues comme la rue Montcenoux, déboucher sur la place Louis Lacombe, et poursuivre sur la rue Joyeuse. C'est une structure de rues en pavées d'époque, avec un mélange de maisons à colombage, et parfois d'hôtels particuliers de l'époque classique.


La liste des noms des rues de Bourges depuis 1995 : cliquer ici

Et aussi la manière dont sont donnés les noms des rues : cliquer ici

PHOTOS : Rues de Bourges

 

Retrouvez quelques articles de l'Encyclopédie :
Ils sont nés à Bourges,
François Mitterrand à Bourges
Chiffres essentiels
Les Templiers
Les élections à Bourges au XXe siècle
Les Très Riches Heures du duc de Berry
les villes jumelles
Radios locales
Les francs-maçons
Kiosque et musique
Agnès Sorel
L'horloge astronomique
Les tramways de Bourges
L'Yèvre à Bourges
L'alchimie
La Bouinotte, magazine du Berry
L'usine Michelin
La maison de la Reine Blanche
Serge Lepeltier
L'industrie à Bourges au XXIe s
Monuments Historiques Classés
 

Et puis une nouveauté : L'information et l'actualité à savoir sur Bourges, en quelque clip et quelques lignes :

http://www.bourges-info.com/

 

Vous souhaitez enrichir le site de l'Encyclopedie de Bourges ?